Texte intégral
France-Soir : 22 janvier 1996
France-Soir : Le nombre d'emplois prévu dans le Pacte est inférieur aux annonces précédentes. Pourquoi ?
Éric Raoult : Absolument pas ! Le nombre d'emplois de ville prévu dans le Pacte correspond à notre objectif de départ. J'ai annoncé les 100 000 emplois de ville dès le 12 octobre 1995, en réponse à une question de Jean-Marie Cavada, à « La Marche du siècle » ! Bien entendu, cette proposition avait le soutien du Premier ministre, Alain Juppé, nous n'avons jamais varié sur cet objectif ambitieux.
France-Soir : Pouvez-vous donner quelques exemples de ce type de travail ?
Éric Raoult : Avec Jean-Claude Gaudin, nous voulons favoriser la création de « vrais métiers de ville ». Il y a des gisements d'emplois possibles dans le soutien scolaire, la sécurité, les transports, les espaces de loisirs, le sport ou pour entretenir les espaces extérieurs et l'environnement des immeubles. Une vraie fiche de paye, pour un vrai boulot, en attendant une vraie place dans la société.
France-Soir : Plus précisément, quels seront les emplois proposés ?
Éric Raoult : Écrivain public, gardien de stade, agent d'accueil dans les bibliothèques, gardes d'enfants, accompagnateur de personnes âgées. Il y aura également des correspondants jeunesses qui travailleront durant l'été, de 19 heures à 2 heures du matin, au moment où il faut parer à tout incident, ils iront d'un groupe de jeunes à l'autre dans les quartiers pour discuter avec eux.
Il y aura aussi des agents d'ambiance dans les transports en commun. C'est l'expérience qui a été menée déjà à Chanteloup-les-Vignes, dans les Yvelines, avec les Messagers. Il y aura aussi des gens pour assurer la sécurité des magasins, mais attention, le but n'est pas de créer des vigiles.
France-Soir : Vingt ou trente heures payées au SMIC. Ne retombe-t-on pas sur une somme proche du RMI ?
Éric Raoult : Ce sera 30 heures, plus 10 heures de formation. Notre pari, c'est celui de l'emploi de proximité, du retour de l'activité pour les grands frères. Nous ne voulons pas d'emplois de ville au rabais. Je vous ai parlé de vrais métiers de ville et d'une vraie formation. Cela signifie une rémunération décente. Ces emplois seront donc payés à hauteur du SMIC. Ce n'est pas le RMI !
France-Soir : Et après ?
Éric Raoult : Et je vous donne rendez-vous sur le terrain, lorsque ces emplois auront été créés. Pour être encore plus précis, les 100 000 emplois de ville seront rémunérés en moyenne à 4 000 F net avec 10 heures de formation, ce qui représente un salaire brut de 5 200 F. Pas de petits boulots, mais de vrais emplois. Nous avons écouté les jeunes, les maires et les travailleurs sociaux. De surcroît nous garantissons une durée de 5 ans à ces emplois de ville.
L'idée est surtout que, sur cinq ans, on leur apprenne un boulot et qu'ensuite, il y a une possibilité de passerelle vers un emploi dans le privé, dans une ville ou un office HLM.
France-Soir : Bruxelles peut-elle remettre en cause la création des zones franches ?
Éric Raoult : Nous consultons la Commission européenne. Le gouvernement souhaite recréer de l'activité et des emplois dans ces quartiers, et non des bassins industriels.
Bruxelles comprendre nos préoccupations. Les zones franches ne remettent absolument pas en cause les conditions de la concurrence entre les pays européens. Cela intéresse en priorité les PME-PMI, les commerçants et les artisans. Nous ferons du donnant-donnant. Des facilités fiscales contre de l'emploi pour les quartiers.
Il ne s'agit pas de faire venir de grands groupes industriels, mais, par exemple des imprimeries, des activités artisanales, des petits commerces.
France-Soir : Pouvez-vous donner des exemples de quartiers qui seront retenus pour devenir des zones franches ?
Éric Raoult : Il appartiendra au législateur de se déterminer. La concertation avec les élus se poursuit donc pour rétablir cette liste de 20 à 30 quartiers. Nous tiendrons compte notamment du chômage des jeunes, du potentiel fiscal des communes et du nombre de jeunes non-diplômés.
Si on nous dit qu'il faut un autre critère, qui pourrait être par exemple le nombre de jeune, on veut bien l'accepter. Il y a une certaine souplesse. Nous voulons un consensus sur les critères. Mais nous retiendrons les plus proches de ceux dont l'Europe nous demandera de tenir compte. Ces trois critères sont ceux qui sont retenus pour les zones de défiscalisation existantes.
France-Soir : En Grande-Bretagne, cela n'a pas bien marché, qu'en sera-t-il en France ?
Éric Raoult : C'est votre appréciation ! Certaines ont bien marché, d'autres pas. Nous engageons, nous, un appel à projets. Plus près de nous, et en France, l'expérience des zones d'entreprises de 1986 à 1988, mise en place par Alain Madelin sous le gouvernement de Jacques Chirac, s'est traduite à Dunkerque. La Seyne et La Ciotat, par 14 000 emplois créés directement ou indirectement. C'est un résultat bien supérieur à ce qui était espéré. Avec Alain Juppé, nous avons l'ambition de réussir pour les quartiers.
France-Soir : Les entreprises vont-elles venir avant que la sécurité ne soit rétablie ?
Éric Raoult : C'est vrai, la sécurité est un préalable. L'emploi et la sécurité vont de pair dans ces quartiers. L'expérience prouve que l'on peut prendre toutes les mesures incitatives pour créer des emplois.
Sans agir dans le même temps pour rétablir la paix publique, ces mesures ne servent à rien. Les maires, notamment, le savent bien et nous l'ont exprimé très clairement. Notre pacte est global. Comme le Président de la République l'a rappelé dans son discours du Havre, l'avenir des quartiers passe par la sécurité et la dignité pour ses habitants.
France-Soir : Pourquoi n'y a-t-il pas eu de création de postes dans la police ?
Éric Raoult : Si, il y en a 200.
France-Soir : Pourtant, dans les fiches de présentation détaillées du plan, il est parlé exclusivement de redéploiements.
Éric Raoult : Deux cents postes d'enquêteurs vont être créés. Par ailleurs, l'objectif est le redéploiement de policiers supplémentaires. Cela veut dire qu'on les retire des ambassades, des ministères, des préfectures et qu'on les met sur le terrain. Quatre mille policiers seront affectés en trois ans, dont deux mille dès cette année. Ainsi, l'amorce de redéploiement engagé par Charles Pasqua se poursuit avec Jean-Louis Debré.
France-Soir : Le chiffre d'affaires des trafiquants de drogue est de 15 à 25 milliards de francs. Qu'allez-vous faire contre ?
Éric Raoult : La toxicomanie est l'expression d'un mal-être, elle génère une forte délinquance. Les trafiquants et dealers s'appuient sur ce mal-vivre pour s'enrichir aux dépens des jeunes, notamment.
C'est un problème que je connais bien et qui intéresse le gouvernement dans son ensemble. Avec mes collègues Jean-Louis Debré, Jacques Toubon et Hervé Gaymard, nous avons décidé de renforcer fortement les actions de lutte contre la toxicomanie. Le gouvernement va notamment intensifier la campagne de prévention auprès des jeunes et des familles.
Enfin, un projet de loi, en cours d'examen actuellement au Parlement, va permettre de réprimer plus sévèrement le « deal » et d'être plus efficace pour lutter contre l'économie souterraine. Vous le voyez, nous conjuguons prévention et répression contre la drogue. Nous ne luttons pas contre la « French connection », mais contre la « quartier connection ».
La Croix : 23 janvier 1996
La Croix : Les zones franches constituent l'un des points forts du pacte de relance pour la ville, quels sont ses objectifs
Éric Raoult : Il s'agit de revitaliser des quartiers en favorisant, par une défiscalisation, un apport d'activités. Le pacte de relance pour la ville prévoit que les entreprises et commerces qui s'implanteront, d'ici à la fin de l'an 2000, dans ces zones bénéficieront de l'exonération pendant cinq ans de la taxe professionnelle, de l'impôt sur les sociétés et de la taxe foncière sur les propriétés bâties, ainsi que de l'exonération, pour la même durée, des cotisations patronales de sécurité sociale.
Nous allons choisir 35 sites parmi les plus défavorisés. Les critères retenus devraient être ceux utilisés pour les actions de développement, social urbain (DSU) : potentiel fiscal très faible, fort pourcentage de jeunes chômeurs et sans diplôme. Afin d'éviter des aides à des secteurs industriels, les normes européennes imposent un nombre limité de sites et des activités très localisées.
Un appel à projets va être lancé pour que, parmi les 35 sites potentiels, nous puissions en retenir entre 30 et 20. Nous nous fonderons sur le volontariat. On ne pourra, ainsi, nous reprocher aucun ostracisme. Nous souhaitons, par ailleurs, que 20 % au minimum des emplois créés soient réservés aux habitants des zones déterminées.
La Croix : La zone franche, n'est-ce quand même pas le risque d'avoir soit des entreprises bancales, soit des sociétés qui proposent des emplois trop qualifiés pour les habitants ?
Éric Raoult : Nous nous apprêtons à définir le dispositif avec les différents partenaires concernés, notamment les élus et les acteurs du monde économique. Nous souhaitons aussi que les zones franches bénéficient d'une souplesse d'application. Concrètement, il est évident que cela ne consistera pas à la simple délocalisation d'entreprises ou d'activités. Nous allons mettre aux normes, encadrer. Dans les quartiers délaissés, les formes d'économie parallèles, liées par exemple à la drogue, doivent céder devant le circuit économique légal.
La Croix : Quel est le calendrier d'élaboration des zones ?
Éric Raoult : Nous avons engagé avec les instances européennes une négociation, qui pourrait durer deux à trois mois. Les premières entreprises devraient entrer dans les quartiers dans six mois. Nous nous fixons une obligation de résultats. Nous ferons un état régulier des avancements.
La Croix : Certains élus redoutent que l'on stigmatise ainsi des quartiers.
Éric Raoult : Au contraire, les zones franches vont permettre aux quartiers concernés de ne plus être maudits. Ils retourneront dans le cycle normal des transferts économiques et sociaux.
La Croix : Quel est l'éventail des activités que vous imaginez pour les zones franches ?
Éric Raoult : Il convient de faire revenir dans ces zones tous les commerces qui sont partis des cités : le libraire, le cafetier, le boulanger, etc. Il faut aussi faire revenir un certain nombre de professions libérales : médecins, avocats ; Quant aux entreprises, ce seront des PME-PMI.
La Croix : Comment rendre les emplois-villes durables ?
Éric Raoult : L'objectif est, sur cinq ans, de faire passer l'idée de métier chez les jeunes concernés par les emplois-ville. Cela, grâce à un sas d'activité stable, de formation et de rémunération minimum. Ainsi, l'écrivain public d'une cité pourra se préparer à la fonction publique territoriale.
La Croix : À quelles sortes d'emplois-ville pensez-vous ?
Éric Raoult : Je pense surtout à des emplois d'utilité sociale et de proximité : agents d'ambiance dans les transports en commun gardiens d'immeubles, correspondants jeunesse. Ils permettent de rétablir le lien social à certaines heures et dans certains lieux. Ils sont destinés principalement aux « grands frères », qui ont entre 18 et 25 ans.
On peut imaginer une vingtaine d'idées d'emplois-ville. Leur concrétisation va être préparée durant les quatre prochains mois. Les villes ne seront pas seules à appliquer. Les départements et les régions seront aussi mises à contribution.
La Croix : L'emploi-ville ne sera-t-il pas un gadget ?
Éric Raoult : Il y aura un contrat de travail d'une durée de cinq ans. La rémunération pourra aller jusqu'à 120 % du Smic, sur trente heures effectives, auxquelles pourront s'ajouter dix heures de formation. On peut considérer que cela permettra aux jeunes de s'en sortir. Désormais, on va insérer pour former, alors qu'avant, on formait pour insérer.
La Croix : En lançant le pacte, le Premier ministre a promis la concertation. Comment celle-ci va-t-elle être organisée ?
Éric Raoult : Avec Jean-Claude Gaudin, nous allons rencontrer rapidement l'association des maires de France, les associations qui œuvrent dans les quartiers, les chefs d'entreprise, les chambres de commerce et de métiers, les représentants des départements et des régions. La politique de la ville doit être faite non en prêt-à-porter, mais sur mesure.
La Lettre de la Nation Magazine : 26 janvier 1996
La Lettre de la Nation Magazine : Pourquoi le mot intégration est-il associé à celui de ville dans votre titre ?
Éric Raoult : Les mots de ville et d'intégration renvoient en fait à deux réalités différentes de la politique que ce gouvernement veut mener. Vous avez d'un part l'aspect géographique, spatial de notre action, auquel correspond directement le terme de ville. D'autre part un aspect humain, auquel renvoie le mot intégration. Mon action concerne donc tout à la fois des lieux qu'il faut réparer et des populations qu'il faut aider. Avec Jean-Claude Gaudin, nous voulons allier l'humain et l'urbain.
La Lettre de la Nation Magazine : Quelle est votre définition de l'intégration à la française ?
Éric Raoult : Le respect de ses racines dans l'amour de la France. Un exemple : j'ai dans ma ville (ndlr : Le Raincy, en Seine-Saint-Denis) une des deux dernières écoles arméniennes de France. Cette école est le symbole de l'intégration : les enfants gardent leurs racines, continuent à parler arménien dans leurs familles mais ils chantent aussi la Marseillaise. En fait, ils deviennent des Arméniens d'origine. Il faut redonner toute sa noblesse et sa beauté à ce qualificatif : « d'origine ». La communauté arménienne comme la population issue de la diaspora juive représentent deux exemples d'intégration réussie en France.
La Lettre de la Nation Magazine : Venons-en maintenant au pacte de relance pour la ville. Quelle est la philosophie de ce plan ?
Éric Raoult : C'est une approche globale, cohérente et lisible de la politique de la ville. Grâce à Jacques Chirac et Alain Juppé, la droite gaulliste est devenue sociale et urbaine. Cette nouvelle approche remonte aux élections municipales de 1983. L'opposition de l'époque a gagné de nombreuses villes dont la sociologie électorale n'avait rien à voir avec ses bastions habituels. Je pense à Poissy, à Aulnay, qui sont bien loi de La Baule ou du XIVe arrondissement à Paris. À mon avis, c'est à ce moment-là que la droite a entamé une profonde réflexion sur les problèmes urbains. Je passe sur les différentes étapes de cette réflexion tout au long de la dernière décennie mais elles nous ont amenés à nous forger trois convictions qui forment le socle du pacte de relance pour la ville : d'abord, la nécessité après le pari urbain et le pari social de faire le pari économique dans les quartiers difficiles (d'où la naissance des zones franches). Ensuite, le besoin de créer ces emplois d'utilité sociale dont on parlait depuis longtemps et que nous mettons en place, enfin l'urgence d'en finir avec les effets d'annonce et d'instaurer un plan contenant des obligations de résultats.
La Lettre de la Nation Magazine : Comment ce plan a-t-il été élaboré dans les derniers mois ?
Éric Raoult : Nous avons préféré l'écoute des gens aux décisions unilatérales. Je voudrais insister sur deux points : d'abord, la politique de la ville est par essence interministérielle, transversale, et donc il y a eu un large débat entre ministères. Ensuite, nous avons souhaité, avec Jean-Claude Gaudin, procéder à une très large concertation. J'ai rencontré quasiment la moitié des maires concernés par les contrats de ville, les organisations d'élus, soixante-dix associations. Ces contacts nous ont permis, grâce à un vrai travail d'écoute, de nous imprégner des idées des uns et des autres, et beaucoup de ces idées ont été reprises. Toute notre réflexion a été guidée par une seule règle, celle du pragmatisme absolu. C'est en écoutant les gens et en analysant les dysfonctionnements que l'on peut comprendre les problèmes et proposer des remèdes : nous sommes des mécaniciens, pas des magiciens. Par exemple, quand sur 70 associations, vous en avez 50 qui vous disent : « On a des problèmes financiers parce que chaque année nous recevons avec retard les subventions qui nous ont été accordées », il vous apparaît clairement qu'il faut instaurer un financement pluriannuel des associations. C'est exactement ce que nous avons décidé : la règle des trois mois, trois ans proposée par le Premier ministre, trois mois pour recevoir une subvention rapidement, trois ans pour être assuré de son action par un contrat. Je dois dire que j'avais déjà, de par mon travail de parlementaire et d'élu local de Seine-Saint-Denis, une bonne connaissance de ces partenaires, des difficultés qu'ils rencontrent au quotidien et des moyens de les résoudre.
La Lettre de la Nation Magazine : Une des grandes questions qui touchent la politique de la ville est : faut-il d'abord ramener de l'ordre dans les quartiers pour permettre à l'emploi de s'y développer ou d'abord créer des emplois pour rétablir l'ordre républicain ? Quelle est votre position sur ce sujet ?
Éric Raoult : Ma position est intermédiaire : ni Père Fouettard, ni Père Noël. Les quartiers en difficulté ont tout à la fois besoin d'autorité et d'activité. L'autorité est nécessaire car la violence engendre la violence. Quand je parle d'autorité, je ne pense pas seulement à celle des policiers, mais aussi à celle des parents. Ce qu'il faut, ce sont des pères et des repères. Mais l'activité aussi est indispensable parce que la feuille de paie est le premier signe d'intégration : le chômage dans les quartiers génère un climat de désœuvrement et d'abandon déstructurant pour les individus. Le pacte de relance pour la ville apporte ces deux éléments, la sécurité et l'activité. Comme le Président de la République l'avait rappelé au Havre : « Les quartiers ont un besoin de dignité et de sécurité. »
La Lettre de la Nation Magazine : Avez-vous pensé à mettre en place des systèmes d'évaluation de votre plan afin que l'obligation de résultat soit une réalité ?
Éric Raoult : Absolument. La première évaluation qui va avoir lieu concerne les dispositifs qui existent déjà dans le cadre de la politique de la ville contractualisée dans le XIe plan (1994-1998). Les préfets et les maires vont étudier de janvier à mars, ce qui s'est fait en 1994 et en 1995. Pour analyser nos propres dispositifs, un comité de suivi va être mis en place, associant les élus et les sous-préfets à la ville. Nous avons prévu un certain nombre d'outils d'évaluation, par exemple un système de rendez-vous mensuels perpétuels avec les sous-préfets à la ville, les chefs de projets qui suivent telle ou telle partie du programme. Ce suivi aura un caractère interministériel. Avec Jean-Claude Gaudin, nous en assurerons la coordination.
Toutefois, avant même de parler d'évaluation des mesures prises, je souhaite rappeler comment nous désirons mettre en œuvre ces dispositifs nouveaux. Bien sûr, nous souhaitons aller le plus vite possible, mais en même temps, nous voulons que l'application du programme se fasse dans la plus grande concertation – n'oublions pas qu'il s'agit d'un « pacte ». Je vais donc continuer dans les jours qui viennent à rencontrer les maires, les associations et les partenaires économiques avec une idée en tête : « Écrivons ensemble les décrets d'application du pacte de relance pour la ville ! »
La Lettre de la Nation Magazine : Le jour où vous quitterez votre ministère, qu'est-ce qui vous permettra de dire : « J'ai fait du bon travail » ?
Éric Raoult : Mon but, c'est de soigner les quartiers et de revitaliser les villes. Si le développement des symptômes des difficultés (échec scolaire, violence, toxicomanie) se stabilisait et si par miracle on pouvait supprimer mon ministère à mon départ, j'en serais ravi. Le projet de réduction de la fracture sociale souhaité par Jacques Chirac et Alain Juppé passe d'abord par la réduction de la fracture urbaine. Avec le pacte de relance pour la ville, nous souhaitons écrire le premier chapitre de la restauration du pacte républicain, voulue par Jacques Chirac.