Texte intégral
Madame le Président,
Mesdames, Messieurs,
C'est avec un très grand plaisir que j'ai souhaité répondre à votre invitation me demandant de venir clôturer les travaux de l'assemblée générale annuelle du Corps des Architectes-Conseils du ministère de l'Équipement.
Je le fais à la fois pour des raisons personnelles, puisque nous nous sommes rencontrés il y a déjà quelques années dans le Département du Lot, mais aussi parce que l'actualité le commande et que je me devais de vous dire ce que j'attends de vous.
Permettez-moi tout d'abord de vous remercier chaleureusement pour l'attachement que vous avez manifesté, et que vous venez une fois encore de renouveler, vis-à-vis de ce ministère dont j'ai la charge.
Ce ministère assume la responsabilité de l'administration de l'urbanisme. Le Premier Ministre, lui-même, a été conduit à le reconfirmer à la fin de l'année dernière.
Mais je sais aussi que cette période a vu naître de nouveaux débats au sujet des missions que l'État vous confie.
Or je crois qu'il est essentiel que les différentes disciplines qui participent à l'acte de construire voient leur enrichissement réciproque bien organisé et qu'elles ne se réfugient pas dans une spécialisation excessive conduisant au cloisonnement et au sectarisme.
À cet égard je suis fondamentalement convaincu que notre urbanisme doit savoir préparer l'architecture.
La volonté gouvernementale a abouti récemment à la création d'une Direction de l'Architecture autonome au sein du Ministère de la Culture, direction confiée à M. François Barré, apprécié de beaucoup d'entre vous et dont je salue la présence parmi nous.
Mon collègue Philippe Douste-Blazy, Ministre de la Culture, et moi-même allons ainsi pouvoir, sereinement, engager ou poursuivre les démarches placées sous le signe de la transversalité et du partenariat puisque nous sommes d'une certaine façon co-responsables des travaux qui signent le territoire.
Comme j'ai déjà eu l'occasion de l'exprimer : l'architecture doit rester au coeur des politiques d'aménagement.
C'est cette préoccupation que vous aviez exprimée lors de votre dernier séminaire de réflexion portant sur le logement social.
C'est cette préoccupation qui a toujours prévalu à la définition de vos missions, mettant ainsi, sous l'égide des Directions Départementales de l'Équipement, votre expérience remarquable au service des acteurs locaux.
Vous êtes et restez en effet les Architectes-Conseils de l'Équipement.
Cette fonction informelle et souple a été créée en 1950 par mon illustre prédécesseur Claudius Petit. Vous étiez appelés alors Architectes-Conseils de la Construction.
Depuis cette création les Architectes-Conseils ont été nommés par le Ministre en charge de l'urbanisme. Il en était déjà ainsi avant que l'Architecture ne rejoigne en 1978 le Ministère de l'Environnement et du Cadre de Vie, et le fait qu'aujourd'hui, celle-ci, par un nouveau mouvement pendulaire, rejoigne le Ministère de la Culture n'est pas de nature à modifier le fondement de votre légitimité.
Je tiens donc, ici, à rappeler que vous êtes toujours nommés par le Ministre en charge de l'urbanisme, en l'occurrence moi-même, et j'entends que ceci soit réaffirmé avec force aux services auprès desquels vous êtes placés.
Car vous êtes des professionnels expérimentés exerçant votre métier à titre libéral. C'est cette indépendance qui fait de vous les conseillers écoutés de nos représentants départementaux.
Vous êtes placés sous l'autorité des Préfets auprès des Directeurs Départementaux de l'Équipement. Vous intervenez dans chacun des départements français. Certains d'entre vous exercent leurs missions auprès de nos administrations centrales, voire même auprès des autres ministères.
Vos conseils couvrent l'ensemble du champ de l'aménagement urbanisme, architecture, ville, habitat.
Les Directions Départementales de l'Équipement exercent dans ces champs les responsabilités de l'État au nombre desquelles figure celle d'instruire les projets et de préparer les décisions qui incombent aux collectivités locales.
C'est la raison pour laquelle vous êtes placés auprès de ces directions et c'est ce qui explique l'efficacité de votre action et l'adhésion qu'elle recueille dans mes services.
Mais vos missions ont bien évidemment, par leur nature, un caractère interministériel, et les Préfets ont vocation à faciliter l'action des services de l'État dans les domaines qui intéressent plusieurs Ministères.
C'est clairement le cas pour les constructions publiques, conduites par de multiples maîtres d'ouvrage et pour la politique de la ville qui doit mobiliser tous les talents.
Un certain nombre de circulaires ministérielles de mes prédécesseurs ont précisé depuis 1973 le rôle multiple de l'Architecte-Conseil.
La plus récente, publiée en 1989, a mis en avant en particulier vos missions dans le domaine des infrastructures et du paysage.
Depuis, les infrastructures font désormais l'objet d'une conception globale, qui assure une insertion de qualité dans l'espace urbain comme dans nos paysages, et conduit à un traitement soigné de l'ouvrage et de ses abords.
La « route » est une oeuvre collective qui génère des transformations profondes et imprime sur le territoire et pour longtemps, la marque des hommes et d'une époque.
En collaboration avec les paysagistes conseils, qui sont venus récemment apporter leurs compétences dans les Directions Départementales de l'Équipement, vous aidez nos services à bien poser les problématiques globales et à définir les contenus d'interventions dont ils ont besoin.
Cette circulaire mettait aussi l'accent sur l'habitat social, priorité forte dans les missions des services déconcentrés.
Le logement social, financé par l'État, est celui qui doit le plus avoir valeur d'exemple.
Pour répondre aux besoins des habitants aujourd'hui, en termes économiques et en termes d'usage, mon Ministère a initié une politique d'innovation économique, technique et conceptuelle sur le thème du logement abordable.
Les Architectes-Conseils ont un rôle important à jouer par rapport à cette politique, un rôle de médiateurs vis-à-vis de la maîtrise d'ouvrage et de garants de la qualité des réponses apportées.
J'attends donc de vous que vous m'alertiez, ainsi que Pierre-André Périssol, Ministre délégué au Logement, sur les problèmes ou les difficultés qui se font jour à l'occasion de l'examen de ces dossiers.
Je sais que vous participez à des séminaires de formation, que vous engagez des actions pédagogiques fortes auprès des subdivisions, que vous sensibilisez à l'aménagement, au paysage en aidant les agents à fabriquer des outils d'analyse qui les guident dans leur travail quotidien.
L'examen de ces opérations sont ainsi l'occasion pour vous de développer un débat, une information et une formation auprès de nos services qui ont à les gérer au quotidien.
Vos évaluations et vos diagnostics sont essentiels pour apprécier la nécessaire adaptation des politiques nationales à la réalité concrète de l'environnement où elles doivent s'appliquer.
Je soulignerai également l'efficacité de votre rôle fédérateur auprès de tous les acteurs locaux de l'urbanisme et de l'architecture, qui commencent à s'organiser informellement en « ateliers d'aménagement », pratiquant ainsi l'échange d'expérience au bénéfice de tous.
Votre pratique tend ainsi à développer un meilleur dialogue avec toutes les professions qui concourent à l'aménagement du cadre de vie.
Vos rapports annuels toujours intéressants ouvrent des pistes et proposent des outils : ils constituent en effet un observatoire de la production, un détecteur des difficultés, et offrent des suggestions qu'il est important de prendre en compte.
Je souhaite, en concertation avec vous, inciter au développement de ces nouvelles pratiques et valoriser les initiatives prises pour faire face dans des situations difficiles aux exigences de qualité pour lesquelles vous êtes missionnés.
Pour cela mon Ministère doit préparer au niveau des Directions Départementales de l'Équipement les conditions les meilleures pour l'exercice de vos missions.
Le relais de l'administration centrale est essentiel.
C'est dans cet esprit que j'ai souhaité voir confier à Mme Florence Contenay, Inspecteur Général de l'Équipement, une mission permanente d'accompagnement et de soutien de votre action : sa grande connaissance de vos activités, sa pratique ancienne de votre profession et son sens de l'écoute et du dialogue en font, au sein du Conseil général des Ponts et chaussées, un interlocuteur déjà apprécié de vous-mêmes, mais aussi du Directeur de l'Architecture.
Au plan local je crois utile, compte tenu du peu de temps – 2 jours par mois – que vous devez consacrer aux tâches qui vous sont imparties, de cibler davantage votre action en l'adaptant aux réalités du Département où vous exercez. Après que vous vous soyez concertés avec le Directeur Départemental de l'Équipement, je suis prêt, si vous le souhaitez, à traduire cette orientation par une lettre de mission personnelle qui prendrait en compte les priorités que vous auriez vous-mêmes dégagées.
Ainsi, à l'écoute de vos évaluations et de vos diagnostics, il devrait être possible de poursuivre les réflexions transversales sur les thèmes prioritaires mis en lumière pour lesquels il est nécessaire que soient mobilisés les centres de ressources dont l'administration centrale dispose.
Mais les exigences de qualité nécessitent une démultiplication de vos actions au niveau des départements.
Je pense notamment au suivi des formations que vous initiez auprès des instructeurs de permis de construire et qui doivent pouvoir ·être utilement prises en charge par nos Centres Interrégionaux de Formation Professionnelle.
Je pense aussi à l'ensemble de vos missions, qui pour être efficaces sur la durée, nécessitent un développement renouvelé des relais locaux qu'il faut, sans cesse, activer.
C'est en particulier le rôle dévolu à la Direction en charge de l'Urbanisme comme à la Direction de l'Architecture et je compte demander prochainement à mon collègue, Ministre de la Culture, de conjuguer nos efforts pour remobiliser l'ensemble de nos réseaux.
Nos actions sont complémentaires face à l'enjeu majeur que représente à mes yeux la qualité du cadre de vie dont vous êtes les défenseurs privilégiés.
Dans votre conclusion, Madame le Président, vous exprimiez un appel à la reconnaissance de votre action déterminante et j'y ai répondu aussi clairement et précisément que possible.
Les Directions Départementales de l'Équipement ont besoin de vous.
J'ai besoin de vous.
L'État a besoin de vous.
Vous saurez, j'en suis convaincu, répondre à nouveau, à cette forte attente et je vous en remercie.