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Le Parisien : Votre nouvelle taxe sur les stations-service des hypermarchés va-t-elle provoquer une hausse du prix de l'essence ?
Yves Galland : Absolument pas ! J'estime que la grande distribution a largement les moyens de supporter cette ponction supplémentaire sans sourciller. Elle réalise des volumes – près de 50 % de l'essence vendue en France sort de ses pompes – et des marges suffisamment confortables – autour de 20 centimes par litre – pour cela. Le coût, pour elle, sera quasiment nul alors que les 30 millions que rapportera au minimum la taxe dès 1997, permettront d'aider, selon nos estimations, quelque 3 000 petits pompistes indépendants.
Il serait temps que les dirigeants des grandes chaînes de supermarchés arrêtent de se plaindre. Dans un contexte économique difficile, ils ne peuvent plus continuer à pratiquer des « prix de prédation » qui mettent en péril des milliers de commerçants sans contreparties.
Le Parisien : Des patrons de grandes surfaces affirment justement qu'en alourdissant leurs charges, vous allez les contraindre à revoir leurs tarifs à la hausse.
Yves Galland : Je ne peux pas les empêcher d'augmenter leurs prix mais c'est à eux de prendre leurs responsabilités. Je me suis justement battu au Parlement pour que le carburant proposé dans les supermarchés n'augmente pas.
Certains parlementaires voulaient que l'essence entre dans la catégorie des produits sanctionnés par la loi des « prix abusivement bas ». Dans ce cas-là, le litre à la pompe aurait pu, selon certaines évaluations, être majoré dans une fourchette de 7 à 10 centimes. Or, je ne voulais pas que les consommateurs fassent les frais d'un problème d'aménagement du territoire et de rééquilibrage commercial.
Le Parisien : Alors que le gouvernement affirme qu'il n'y aura plus de prélèvement ou d'impôt nouveaux, n'avez-vous pas trouvé, là, un moyen discret d'instaurer une taxe supplémentaire ?
Yves Galland : La taxe sur l'essence n'est pas un nouveau prélèvement. Il s'agit en fait, d'un élargissement de l'assiette d'une taxe ancienne. La loi Royer soumet les distributeurs à payer un impôt sur leurs surfaces de ventes. Or, curieusement, les mètres carrés occupés par les stations-service, et plus généralement, les « espaces automobiles », y ont, jusqu'à présent, échappé. Ce qui est tout à fait injustifié puisque le carburant est un produit d'appel pour la plupart des enseignes.