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Challenges : Le statut de cadre a-t-il encore une raison d'être ?
Chantal Cumunel : Oui, il demeure nécessaire. Chacun veut être reconnu pour ses compétences et ses responsabilités au sein de l'entreprise qui, elle, a besoin d'identifier, de positionner ses salariés. Être ou devenir cadre reste une balise de reconnaissance, une ambition, notamment pour les jeunes diplômés.
Challenges : D'où vient alors le malaise des cadres ?
Chantal Cumunel : Son rôle n'est plus le même. Hier, on lui demandait de savoir de commander, d'être disponible et fidèle. Bref, d'être soumis, en échange d'une rémunération plus élevée et d'avantages individuels. Aujourd'hui, en plus du savoir – qu'il n'est plus le seul à posséder –, on lui demande d'être à la fois expert et polyvalent, responsable et initiateur.
En clair, on passe d'une logique de soumission à une logique d'autonomie. Ce phénomène est amplifié par l'essor des moyens de communication, qui a beaucoup modifié les méthodes de travail. On ne leur demande plus seulement d'être présent dans l'entreprise, mais d'être joignable partout et à tout moment !
Challenges : Quel est désormais l'enjeu principal ?
Cumunel : Un maître mot, la souplesse. Aucune carrière n'est linéaire ! Pour négocier les virages, le cadre n'a d'autre choix que d'exiger de son employeur les outils, bilan de compétences…, lui permettant de faire le point. Voilà l'enjeu pour les entreprises qui ont l'intelligence de privilégier la gestion prévisionnelle de l'emploi.
Challenges : Quel est le rôle de l'enseignement dans cette mutation ?
Chantal Cumunel : Il est capital. Il faut cesser de dire aux jeunes : « Vous avez tel diplôme, donc vous valez tant ». Sans tomber dans l'excès contraire de ceux qui prétendent que les diplômes ne valent plus rien ! L'enseignement doit aussi s'ouvrir à l'entreprise. Afin d'aider les responsables, nous avons mis au point une méthode d'aide à la première insertion professionnelle.
Baptisée Pilote JD, elle aide notamment les jeunes diplômés à élaborer leur projet professionnel. Parallèlement, nous formons les conseillers d'orientation et les enseignants afin qu'ils interviennent en amont de la recherche d'emploi et non pas seulement en fin d'études. Nous comptons poursuivre cette politique de partenariat. Il y a urgence.