Texte intégral
Français d'Abord : mars 1996
Priorité sociale et actions catégorielles
La stratégie du 3e pilier
Dans la perspective de la grande bataille de 1998, il est essentiel de développer la crédibilité de notre mouvement pour qu'il soit perçu par les Français comme capable de résoudre d'abord leurs difficultés quotidiennes. Cette crédibilité existe aujourd'hui sur les problèmes liés à l'insécurité et à l'immigration, il faut qu'elle s'affirme demain sur la question sociale et du chômage.
La question sociale doit devenir avec l'immigration et l'insécurité le troisième pilier de notre crédibilité pour la conquête du pouvoir.
Or c'est possible car le Front National est aujourd'hui la seule force politique en phase avec les réalités d'aujourd'hui et capable d'apporter des solutions effectives aux problèmes sociaux des Français.
La carte de Maastricht
Le mouvement de grève et de manifestation de l'automne dernier, par-delà les revendications classiques et l'exploitation qui en a été faite par les syndicats institutionnels, révèle une profonde inquiétude de nos compatriotes à l'égard des bouleversements liés à Maastricht et à l'ouverture des frontières. Ce n'est pas un hasard si la carte des grands défilés de rue correspond à celle du « non » à Maastricht lors du référendum de 92. Les Français ressentent en effet une inquiétude croissante à l'égard de l'avenir.
Chacun sait ou ressent que le courant de mondialisation de l'économie, de dérégulation, de concurrence sauvage crée une situation où plus rien n'est acquis, où toutes les positions et notamment les situations personnelles peuvent être mises en cause. Et chacun voit bien que cette orientation prise par notre économie provoque l'aggravation du chômage et de la précarité.
Or cette incertitude est encore renforcée par le fait que les partis et les syndicats institutionnels sont incapables d'apporter des solutions crédibles. Les organisations de gauche et surtout le PS sont en voie d'être totalement discrédités sur le terrain qui était traditionnellement le leur à savoir le social. En effet elles adhèrent plus ou moins à Maastricht, au GATT et au processus de mondialisation. Ce faisant elles soutiennent et favorisent le développement d'un capitalisme sauvage qui écrase les individus alors qu'elles le combattaient autrefois et qu'elles en avaient fait leur fond de commerce.
Aujourd'hui leur discours est devenu schizophrène : le PS combat d'un côté de mur d'argent selon la rengaine habituelle mais par ailleurs il encourage une politique qui lui ouvre toutes les barrières.
Résultat : les Français s'en rendent compte et se sentent doublement abandonnés.
Notre stratégie
Dans ce contexte, nous devons donc mener une grande offensive sociale qui doit se développer selon une stratégie comportant trois axes.
Sur le plan de la crique, nous devons multiplier les initiatives pédagogiques pour faire comprendre aux Français que la régression sociale qu'ils subissent actuellement est la conséquence de l'étatisme et de la mondialisation et donc le résultat immédiat et direct de la politique menée par la classe politicienne, qu'elle soit de droite comme de gauche.
Sur le plan des propositions nous devons montrer qu'il est possible de mener une toute autre politique que celle actuellement pratiquée. Il faut à cet égard réhabiliter le principe de la protection. L'une des missions essentielles de l'Etat est de protéger les citoyens et de créer les conditions d'un minimum de pérennité et de stabilité dans leurs situations. Il faut dans cet esprit montrer qu'il est possible de faire du social sans faire du socialisme. C'est ainsi par exemple que les socialistes ont fait la chasse à la propriété privée qu'ils considéraient comme néfaste. Pour nous, au contraire, la possibilité de se constituer un patrimoine et de pouvoir le transmettre à ses enfants constitue non seulement un droit mais aussi une nécessité sociale qui apporte protection et stabilité. Encore faut-il que cette opportunité soit offerte aux plus pauvres comme elle l'est aux riches. Ainsi nous sommes favorables au développement d'une grande politique de propriété populaire.
Enfin, sur le plan de l'action, notre stratégie doit reposer sur une démarche de proximité vis-à-vis des Français. Nous devons nous ériger concrètement comme leurs défenseurs dans leur vie quotidienne et professionnelle. Et nous devons leur faire parvenir le message non seulement par le canal grand public habituel, mais aussi par le truchement de leur milieu catégoriel et professionnel.
C'est tout l'objet de la stratégie des actions catégorielles lancée dès mai 92 au sein de la délégation générale et qui vient de prendre sous l'impulsion de Philippe Olivier, Yves Dupont et Gilles Pennelle un essor spectaculaire avec notamment l'émergence d'opération dans la police, dans les entreprises publiques de transport, dans le monde enseignant etc…
Cette action va être largement développée dans les mois à venir ; elle le sera en liaison avec les Cercles notamment avec EML pour ce qui est du monde de l'entreprise (cf. article de B. Gollnisch ndlr.) mais elle doit l'être aussi par les fédérations et par chacune et chacun des membres du Front National car cette entreprise de crédibilité sociale, ce front social, nécessite une mobilisation de tous.
C'est la condition pour édifier, d'ici 1998, le troisième pilier de notre victoire à venir.
Français d'Abord : 15 mars 1996
Inversion des valeurs et parti-pris
La justice politiquement conforme
Une succession récente d'incroyables décisions de justice contribue à jeter le discrédit sur une institution et, dans l'esprit de millions de nos compatriotes, sur le principe même de justice. Alors que la justice a pour fondements l'équité et l'impartialité, le politiquement correct la dénature aujourd'hui comme jamais.
Un récent et excellent ouvrage paru récemment à l'initiative de deux magistrats tend à démontrer au fil d'un réquisitoire solidement argumenté qu'un l'État affaibli dirige son appareil judiciaire davantage vers les citoyens ordinaires que contre les délinquants avérés. De fait, la clientèle privilégiée aujourd'hui des tribunaux correctionnels (jusqu'à 70 % des affaires à Quimper !) n'est pas composée de voleurs de voiture, de racketteurs de banlieue, de terroristes corses, mais tout simplement de citoyens automobilistes ! Il faut, bien sûr, punir avec fermeté les chauffards et les alcooliques invétérés, mais cela autorise-t-il l'État et la justice à ne consacrer leur énergie répressive que sur des feux rouges brûlés, des défauts de port de ceinture et des dépassements de vitesse autorisée ?
Boucs-émissaires
Boucs émissaires faciles, les automobilistes sont forcément suspects, forcément fauteurs de troubles. La situation grotesque décrite par les deux magistrats rejoint celle que connaît le courant national.
Au moment où la criminalité, la petite délinquance, les émeutes ethniques ou la violence terroriste n'ont jamais été aussi présentes dans notre société, les tribunaux sont encombrés par des affaires de Code de la route, mais aussi par des plaintes d'antiracistes professionnels … La police de la pensée est plus active et dispose de bien plus de moyens que la police nationale, censée faire régner l'ordre et la sécurité pour les honnêtes gens… Tout récemment Jean Madiran, directeur du quotidien Présent a été traduit en justice pour avoir écrit sept fois dans un article le nom du substitut du procureur de Toulon, responsable de déclarations politisées intempestives dans le cadre de l'assassinat de M. Poulet-Dachary. Le fils de Jean-Yves Le Gallou voit sa condamnation dans l'affaire du jeu électronique confirmée en appel alors que le fait ayant motivé le premier jugement (la représentation de M. Sylla avec un os dans le nez) s'est avéré sans fondement. Moi-même à Vitrolles, j'ai subi une condamnation d'inéligibilité au mépris de la jurisprudence et au vu d'affirmations fallacieuses et non démontrées de mon adversaire.
La justice se disqualifie chaque jour davantage et, bien souvent, en fonction de la personnalité du magistrat, on sait d'avance le jugement qui sera rendu, les décisions variant selon que vous soyez faible ou puissant, membre ou non de l'établissement politico-médiatique, prolétaire ou bourgeois bien en Cour. Français ou immigré, patriote ou cosmopolite !
Responsabilité et châtiment
Autrefois, la conception de la justice qui prévalait était celle de la justice « rendue », c'est-à-dire rendue à l'ordre souverain perturbé par l'acte délictuel ou à la victime atteinte par la malfaisance du délinquant. Autrefois, la justice, pouvoir régalien, considérait de son devoir sacré de punir, car les individus étaient jugés responsables de leurs actes. Responsabilité et châtiment étaient indissociables. Aujourd'hui, les banlieues nous en donnent des exemples quotidiens, les actes délictueux ne sont plus considérés comme des fautes qu'il conviendrait de sanctionner, mais plutôt comme une maladie du corps social. Il ne s'agit plus de juger et punir, mais de prévenir et guérir…
La crise de la justice est d'abord le reflet de la crise des valeurs et de la crise de la société.
L'influence délétère du Syndicat – gauchiste – de la magistrature et des groupes de pression conduit à une politisation croissante de la justice et à une remisse en cause de la neutralité de l'institution, au point que certains magistrats ont rétabli purement et simplement le délit d'opinion.
À la tête du client ?
Le glaive et la balance ont, de tout temps, symbolisé la justice dans notre pays. Le glaive qui punit, la balance qui assure l'équité, ont été oubliés par ceux qui, aujourd'hui, rendent la justice « à la tête du client ». Rappelons alors à M. Toubon et ses amis, qu'il ne saurait y avoir de réhabilitation de la justice sans que soit réaffirmé le principe de séparation des pouvoirs qui garantit l'indépendance des juges à l'égard de l'établissement politique et des lobbies. Sans que la magistrature soit aussi rappelée à son devoir de réserve, la politique n'ayant pas à s'étaler dans les prétoires. Nous saurons nous en souvenir.
* Les Automobilistes politiquement incorrects, Didier Gallot – Jean de Maillard, Albin-Michel. 98 F.