Interview de M. Emile Zuccarelli, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation, dans "Corse matin" du 26 février 1999, sur la suppression des avantages fiscaux en Corse et l'impact de ces mesures.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Émile Zuccarelli - Ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation

Média : Corse matin

Texte intégral

Question
- Pour la grande majorité des Corses, c’est le gouvernement auquel vous appartenez qui a supprimé ces avantages fiscaux…

Emile Zuccarelli
- C’est une contre-vérité. La droite en porte la responsabilité la plus grande. Qui a craqué la première allumette ? Charles Amédée de Courson, député UDF, ami de Jean Baggioni et José Rossi. Chacun sait que c’est lui qui a déposé le fameux amendement. La droite a-t-elle voulu défendre ces avantages fiscaux ? À l’évidence, non. En dehors des habituelles gesticulations à usage local, elle a laissé faire. Au Sénat, où elle détient une majorité écrasante, l’amendement aurait pu être rejeté, il a été aggravé. À l’Assemblée nationale ensuite où, sur 44 députés du groupe Démocratie libérale présidé par José Rossi, 4 seulement ont voté contre la suppression. Quand on sait que l’amendement a été adopté par 7 voix de majorité, je vous laisse apprécier l’effort. Qu’avait préparé l’assemblée de Corse sur la fiscalité ? Rien. Son dossier fiscal est désespérément vide…

Question
- Quel sera l’impact réel de ces mesures ?

Emile Zuccarelli
- En l’état, elles n’auront pas d’impact sur les ménages modestes et moyens. Seulement 20 % des successions, celles qui portent sur les patrimoines les plus importantes seront taxées. Mais rien n’est figé. Nous avons jusqu’au 31 décembre pour y travailler. Dès le mois de mars, si nous sommes majoritaires, nous activerons la commission mixte prévue par le statut Joxe pour engager un travail en profondeur. Nous ferons ce que l’ex-majorité a été incapable de faire en sept ans, pour faire en sorte que les 1 500 millions de francs d’avantages fiscaux annuels soient mis au service de l’emploi et du développement. C’est dans le cadre de ce travail que nous proposerons notamment des mesures intéressant les outils de travail et les sorties d’indivision.

Question
- Jean Baggioni, lui, a promis un amendement pour rétablir les exonérations…

Emile Zuccarelli
- La belle avancée ! Encore un leurre qui témoigne du peu de considération pour l’intelligence de nos concitoyens. Mon approche de la politique est toute autre. Un travail sérieux et responsable, qui démontre plus qu’il ne remonte, sera plus efficace que la succession de rodomontades que j’entends depuis quelque temps…

Question
- La fuite dans « Le Point » ne vient-elle pas affaiblir votre discours sur l’application sereine de la loi ?

Emile Zuccarelli
- J’ai condamné cette fuite dès le lendemain de sa publication et j’attends fermement de connaître les résultats de l’enquête que j’ai demandée. Je l’ai dit alors, elle ne pouvait être le fait de personnes soucieuses de la bonne application de la loi en Corse. L’exploitation qui en est faite à droite, un temps compréhensible et maintenant outrancière, me montre que je n’avais pas tort. Il me semble qu’elle est arrivée à point nommé pour apporter de l’eau au moulin de Jean Baggioni et José Rossi qui commençaient à être à court d’arguments. Cette nouvelle affaire, pour agaçante qu’elle soit, ne modifie en rien mes convictions sur l’avenir de notre île, ni d’ailleurs sur le bilan de l’ex-majorité. La mascarade de Tralonca n’est pas effacée, les détournements de fonds publics restent des faits incontestables et les difficultés économiques aussi.