Texte intégral
CFTC - 9 juin 1997
Des promesses au Pacte
D’élection en élection, les Français indiquent, par-delà les familles politiques, leur refus du déterminisme économique et leur volonté que soient vaincus le chômage et la précarité.
Il y a bien, à la base de l’engagement dans la cité, qu’il soit syndical ou politique, une exigence de vérité et de justice.
Nous savons à la CFTC que rien ne s’obtient seulement par la loi, qu’elle soit celle du marché ou celle de l’Assemblée. Le véritable changement se fait avec l’engagement de tous. C’est l’objet du pacte de progrès social demandé par la CFTC, engageant l’Etat, le patronat et les syndicats, sur des objectifs précis. Nous avons pris rendez-vous avec le nouveau Premier ministre pour lui exprimer nos priorités.
Il faut créer les conditions indispensables à de vraies négociations sur l’aménagement et la réduction du temps de travail, les salaires, le statut du salarié. La TVA devrait être baissée en priorité sur les produits de consommation courante. Le SMIC ne devrait pas être inférieur à la moitié du plafond de la Sécurité sociale (c’est-à-dire à 6 860 F brut par mois). La réforme de la Sécurité sociale devra être poursuivie, dans la concertation, la subsidiarité et le renforcement des solidarités de proximité.
La participation des salariés à l’orientation de leur entreprise, tel est donc l’essentiel de la réforme à entreprendre au niveau du droit du travail. Il faut tirer de façon définitive les leçons de Moulinex et de Vilvoorde. Le sort des salariés et de leurs familles ne peut se décider sans eux.
La CFTC appelle donc massivement à la manifestation européenne pour l’emploi du 10 juin prochain. Le travail doit reprendre les droits que l’argent lui conteste. C’est une question de dignité.
CFTC - 16 juin 1997
L’Europe en marche
Hier, au moment où la direction de Renault évoquait l’éventualité de solutions alternatives à la fermeture de Vilvoorde, nous étions quatre-vingt mille à défiler de la République à la Nation pour mettre l’Europe sur les rails du social. L’enjeu de Vilvoorde rejoint celui du Crédit Foncier : il n’y a pas de déterminisme économique qui ne finisse par se plier à la détermination des salariés. Il n’y a pas d’entreprise qui ne réussisse sans ses hommes. C’est un principe d’économie autant que de politique. Les hommes sont les acteurs et les destinataires des actions économiques. Sortir de ces évidences conduit à l’exclusion d’abord, à l’explosion sociale ensuite. Les dirigeants de Renault, du Crédit Foncier et l’ensemble des responsables feraient bien de ne pas l’oublier.
Dans une Europe libre, riche et prospère, regardée avec envie par la plupart des peuples de notre planète, le scandale de la pauvreté, de la précarité et de l’exclusion résonne avec d’autant plus de force. Priorité donc à l’emploi, à tout ce qui le conforte, le développe et le multiplie. C’est ce que nous irons dire demain à Lionel Jospin.
Les salaires au rabais tuent la confiance, la croissance et l’emploi. Il faut donc encourager les salaires et en priorité le SMIC. La réduction du temps de travail, mais aussi son aménagement doivent contribuer à créer des emplois. A condition que les salariés soient acteurs de la négociation et associés à l’organisation de leur propre travail.
L’Europe et la France ne doivent pas non plus se contenter de constater le vieillissement de la population. La politique familiale, l’articulation entre la vie professionnelle et la vie personnelle, bref le pari sur l’avenir et la participation des salariés à l’orientation des décisions qui les concernent doivent constituer le moteur de la croissance et de la confiance.
Tout cela constitue la base du pacte de paix et de progrès, que la CFTC entend porter au cœur de l’innovation économique, politique et sociale. C’est un pacte de liberté qui associe la responsabilité à la solidarité.
CFTC - 30 juin 1997
Il faut garder les idées claires
Les Français viennent de réaffirmer par les urnes la priorité qu’ils accordent à la lutte contre le chômage. A peine installé, le Gouvernement semble à la fois se donner du temps – d’accord si c’est pour réussir -, et, en même temps se précipiter sur le dossier des Allocations familiales et se tromper de combat en confondant politique familiale et politique sociale.
L’urgence c’est l’emploi. Il faut mobiliser l’ensemble des énergies, l’ensemble des acteurs, l’ensemble des mesures pour construire une stratégie globale pour l’emploi. On sait bien que la politique sociale ne trouve son équilibre que dans la mesure où l’emploi se redresse. Prolongeons donc la loi Robien, renforçons-là en direction des jeunes. L’objectif d’une réduction du temps de travail définie par une loi cadre permettant une négociation active dans les branches et dans les entreprises va dans le bon sens. Relancer dans le même temps la politique salariale ne peut que redonner confiance.
Le Gouvernement souhaite plus de justice et un meilleur financement de la politique sociale. Sur l’objectif tout le monde est d’accord. Le moyen juste, démocratique et républicain pour financer la solidarité nationale, c’est l’impôt. Ne demandons donc pas aux seules familles de financer la politique sociale en direction des familles. Ne nous engageons pas dans la mise en place de plafonds qui finissent toujours par descendre et toucher la classe moyenne. Ce serait abandonner de façon définitive la politique familiale.
Le sujet vient, de plus, d’être débattu pendant deux ans et l’ensemble des syndicats et des associations familiales ont déjà refusé de façon nette et précise la mise sous conditions de ressources des allocations familiales lors des conférences sur la famille. Si le Gouvernement souhaite donner un sens à la négociation et à la concertation, c’est l’occasion de le montrer. De grâce, ne recommençons pas les erreurs du passé encore dans toutes les mémoires.
Dans ces temps d’urgence et de crispation sociales, il est important de garder les idées claires. L’emploi, la croissance, la confiance sont les priorités immédiates. Ne nous trompons pas de cible.
CFTC - juin 1997
C’est possible !
Avant d’inventer le miroir, les hommes se voyaient dans les yeux des autres. Les nouveaux miroirs que sont les écrans de toutes sortes prétendent aujourd’hui nous montrer ce que nous sommes. Les statistiques, les diagrammes, les pourcentages et autres sondages nous figent, nous programment. Spectateurs trop dociles, nous aurions tendance à nous y conformer.
Comment ne pas se révolter face à ce sentiment d’aller nulle part ?
Comment ne pas vouloir briser nos chaînes, passer de l’autre côté de l’écran, devenir acteurs, intégrer les chiffres, les tendances, nous en servir pour qu’ils deviennent utiles ?
Telle est l’image que nous renvoient nombre de militants qui s’engagent dans les entreprises, les Comités d’entreprise, les bassins d’emplois, les branches professionnelles. Et c’est précisément ce qui redonne vie aux chiffres. Les mesures pour l’emploi, comme les indicateurs qui viendront les figurer ne seront que des statistiques si l’initiative des différents acteurs ne vient pas les animer.
Au national, au politique d’assurer les moyens de placer les garde-fous et de donner les impulsions pour libérer les actions. Les accords EDF, France-Télécom pour l’emploi, les accords de branche et bien d’autres marquent cette volonté. La « loi Robien » apporte sa part d’emplois (48 000), même si elle mérite bien des améliorations. L’ARPE (Allocations de Remplacement pour l’Emploi) permet pour sa part l’embauche de 56 500 jeunes demandeurs d’emploi. Les organisations syndicales et patronales prennent leur place, avec leurs partenaires régionaux, comme par exemple dans la région Centre, pour construire des dispositifs favorables à l’embauche des jeunes.
C’est par la présence CFTC, l’action coordonnée, notre détermination et l’organisation de partenariats positifs que la construction sociale devient réalité. Les élections prud’homales nous donnent une occasion de faire entendre la voix de la CFTC et de faire partager son projet. Chaque militant, chaque adhérent doit porter la conviction résolue qu’un développement économique et social aux services de l’homme : c’est possible !