Texte intégral
Le progrès : Les farines animales sont une nouvelle fois mises en cause dans une grave affaire de contamination. Les professionnel français d'alimentation animale déclarent ne plus les utiliser. À quand une interdiction totale en France ?
Nous avons déjà pris, en 1996, des mesures extrêmement strictes concernant leur fabrication en France. N'oublions pas que notre pays n'est pas à l'origine de la crise de la vache folle, encore moins de l'affaire du poulet à la dioxine ! Cela dit, je suis favorable à l'interdiction des farines animales entrant dans la composition des aliments pour animaux. Mais attention, des conditions sont à remplir. Cette décision doit être prise au niveau européen. En effet, l'efficacité d'une telle mesure ne se vérifiera qu'à l'échelle de l'Union européenne. Toute solution franco-française ne résoudra pas ce problème. Enfin, des solutions de remplacement doivent être trouvées. Que faire des déchets d'abattoirs ? Leur incinération sera coûteuse, et par ailleurs elle pourrait être la cause d'émissions de dioxine, comme vous le savez. Il sera également nécessaire de répondre aux besoins protéiques de l'alimentation animale. Ces farines devront être remplacées par des protéines végétales. Nous n'en produisons pas assez.
Le progrès : Il s'agit de volonté politique…
Ce sont des décisions à prendre au plus vite, et je le répète, au niveau européen. Rien n'est facile dans ce dossier. Ainsi, les importations de soja répondront aux demandes, mais nous verrons alors arriver des cargaisons de soja américain, génétiquement modifié, il faut changer tout ça.
Le progrès : Vous venez d'exprimer des réserves sur les cultures génétiquement modifiées. Pensez-vous revenir sur les autorisations données ?
Des interrogations sont régulièrement soulevées, un responsable politique doit en tenir compte. Oui, nous ne savons pas tout, et il est clair que la position du gouvernement peut évoluer en fonction des connaissances scientifiques. Mais nous devons analyser les faits, et éviter les faux débats.
Le progrès : Avez-vous répondu à la Commission européenne, qui souhaite connaître le dispositif mis en place dans l'hexagone concernant les poulets à la dioxine ?
Nous l'avons fait, et nous avons tenu à montrer l'importance des mesures prises, dès que nous avons reçu l'information des autorités belges. Le principe de précaution est appliqué. Et la recherche des produits incriminés a mobilisé tous les acteurs de l'industrie agro-alimentaire et de la grande distribution. Les contrôles sont permanents dans tous les départements.
Le progrès : Vous êtes venu dans le Rhône pour saluer une agriculture de qualité, liée au terroir, est-ce l'objectif de votre loi d'orientation ?
Notre priorité est le soutien à l'exploitation. Il faut en finir avec l'agrandissement des exploitations. C'était la course à l'hectare, à la production, il faut écarter cette logique. Par une distribution des soutiens, nous voulons enrayer l'exode rural, et engager l'agriculture plus résolument dans la recherche de la qualité. Ce projet va entrer en application avec la définition du budget de l'État en février 2000.