Article de M. Lucien Rebuffel, président de la CGPME, dans "La Volonté" de septembre 1997, sur l'excès des charges des entreprises dû pour partie à l'importance du degré de "fonctionnarisation" en France, intitulé "Halte au trop plein d'Etat".

Prononcé le 1er septembre 1997

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Média : LA VOLONTE

Texte intégral

Halte au trop plein d’État

L’État n’augmentera pas ses prélèvements obligatoires. Le Gouvernement vient de nous le promettre. Notre économie redémarrant, explique-t-il, le Trésor va bénéficier d’un surcroît de rentrées. Il était temps, car nous battons un record en Europe : celui du montant de ces prélèvements. Il atteint 45,7 % de notre produit intérieur brut quand celui des Allemands n’excède pas 39,8 %, celui des Anglais 34,1 % et celui des Américains 29,3 %. Encore ne s’agit-il que d’un chiffre officiel. Si l’on tient compte des rentrées non fiscales, le taux réel de prélèvement s’élèverait à 57 %. À quand les 60 % ? Dès à présent, un Français travaille un jour sur deux pour l’État.

Ce qui nous vaut cet handicap : notre excès, depuis plus d’une décennie, de bureaucratie, de fonctionnarisation. Tout agent de l’État doit être rémunéré et d’où l’État tire-t-il de quoi le payer ? Des impôts, des taxes en tout genre dont il nous surcharge. C’est autant qui nous est soutiré et qui nous manque pour consommer et investir, pour nous développer, nous moderniser. Une entreprise ne prospère que grâce aux bénéfices qu’elle réalise et plus l’État lui en retire, moins une entreprise peut tourner et quand elle ne met pas la clef sous la porte, elle débauche. À qui la faute ? À l’État qui en arrive à fabriquer du chômage. Recrutez deux fonctionnaires, un chômeur de plus en résultera. Toute garantie d’emploi pour les uns constitue une garantie de chômage pour les autres.

Des chiffres parlent. Quand 25 % des Français sont des fonctionnaires, notre taux de chômage atteint 12,5 %, sinon plus. Ce taux n’excède pas 7 % aux États-Unis où le degré de fonctionnarisation ne dépasse pas18 %. Quant au Japon, où le chômage ne va pas au-delà de 2,5 %, sa fonctionnarisation se limite à 8 %. Que le nombre de chômeurs soit proportionnel à l’effectif des agents de l’État est aussi vrai qu’il l’est que deux et deux font quatre. Tant que nos profits continueront d’être limités par l’État, nos entreprises indépendantes seront empêchées de créer des postes de travail. Elles resteront à la traîne tant que les prélèvements de l’État ne connaîtront pas une baisse. Cette démonstration relève de l’arithmétique la plus élémentaire.