Texte intégral
Monsieur le directeur,
Mesdames et Messieurs,
Si j’ai souhaité participer personnellement au lancement du nouveau cycle interministériel de formation de l'encadrement supérieur, c'est que j'attache une importance particulière à ce thème et que je voulais saluer une initiative en tout point exemplaire.
L'État a consacré 20 milliards en 1996 à la formation initiale et continue de ses agents. C'est dire s’il s'agit d'une priorité forte, même si une partie importante concerne des actions de formation longues conduites dans les écoles administratives, et que la situation est inégale d'un ministère à l’autre.
Dans cette ensemble, la formation continue de l'encadrement supérieur peut apparaître comme le parent pauvre, alors qu'elle revêt à mes yeux une importance stratégique :
- elle est indispensable pour actualiser les connaissances et les pratiques des cadres de haut niveau chargés de concevoir et d'impulser les politiques publiques. On ne saurait estimer que ces derniers, même issus de filières d’excellence, peuvent être formés une fois pour toutes ;
- elle est également nécessaire pour remédier de façon volontariste aux lacunes couramment constatées dans leur formation initiale, en particulier sur les aspects gestion de ressources humaines, négociation et conduite du changement ;
- elle s’avère enfin un élément clef dans la réussite des stratégies de modernisation : l’exemplarité des cadres dirigeants en matière de formation constitue en effet un facteur important de motivation de leurs collaborateurs à se former et à évoluer.
Bien entendu, la plupart des ministères partagent cette préoccupation et ont développé des actions de formation continue de leur encadrement supérieur, en s'appuyant le plus souvent sur leur réseau d'écoles administratives.
Un excellent rapport de Véronique Chanut, qui est je crois dans la salle, a fait récemment un bilan de ces actions et de leurs perspectives de développement.
L'enjeu de ces formations est de satisfaire les attentes individuelles tout en répondant à des besoins clairement identifiés par les organisations.
Ce n'est pas toujours simple.
Par ailleurs, elles doivent s'intégrer à une véritable gestion de carrière des cadres, y compris en administration centrale. Il s'agit de lier l'effort de formation à l'accès à des responsabilités plus élevées, qui supposent à la fois une excellente maîtrise technique et des capacités avérées d’encadrement.
De ce point de vue, le rapport Chanut a souligné le souci des ministères de rompre avec la conception traditionnelle de la formation « catalogue », en organisant des cycles spécifiques. Deux exemples peuvent être cités parmi d'autres :
- le cycle supérieur du management du ministère de l'équipement (le « CSME »), mis en place en 1986 pour les directeurs départementaux nouvellement nommés, qui s'inscrit dans le cadre nouveau de la décentralisation ;
- la formation des directeurs régionaux et départementaux des affaires sanitaires et sociales et de l'encadrement des services déconcentrés en 1995-1996, dans le cadre de la nouvelle organisation interdépartementale et la conclusion d'accords d'objectifs entre l'administration centrale et les services.
Ces préoccupations communes, liées aux besoins des organisations et à la gestion des carrières, ainsi qu'au caractère de plus en plus transversal des politiques publiques, militent en faveur d'une dimension interministérielle croissante dans ces formations.
Un groupe de travail a prolongé les axes de réflexion du rapport Chanut et mon prédécesseur a fait une communication en conseil des ministres sur la nécessité d'intensifier la politique de formation permanente.
Je reprends bien volontiers le flambeau sur ce thème, qui ne doit pas rester un simple discours.
Je souhaite néanmoins attirer votre attention sur quelques précautions à prendre pour développer la dimension interministérielle de la formation :
- la politique interministérielle de formation doit s'appuyer sur le potentiel des ministères et des écoles administratives pour s'en servir et non pas le suppléer ;
- la politique de formation doit être déterminée en commun, en prenant en compte les besoins de chacun, en faisant du « sur mesure » ;
- les formations interministérielles doivent se positionner sur des thèmes d'intérêt transversaux, tels la gestion des ressources humaines, qui me tient particulièrement à cœur, sans doute parce que dans ma carrière dans le secteur privé j'ai constaté que c'était le meilleur des investissements ;
- ces formations doivent enfin permettre à des cadres provenant de l'administration centrale, de l'administration préfectorale ou des services déconcentrés de confronter leurs analyses et leurs pratiques.
Pour toutes ces raisons, le cycle que nous inaugurons aujourd'hui me paraît être un modèle du genre :
- il a été défini au sein d'un groupe de pilotage regroupement les directeurs de personnels concernés ;
- il s'appuie sur le potentiel des ministères et pour certains cycles sur le savoir-faire de l'École Nationale d'Administration, qui nous accueille aujourd'hui et dont l'excellence et le caractère interministériel lui ouvrent un champ important de développement en la matière ;
- les thèmes qu'il aborde présentent un intérêt stratégique et pratique, comme le contrôle de gestion, dans le développement dans l'administration représente un enjeu formidable.
Le succès est donc au rendez-vous, comme le montre le nombre et la qualité des participants à ce cycle.
Je n'ai qu'un seul regret, c'est qu'il n'y ait que deux femmes, mais c'est sans doute un hasard…
Je laisse la parole à Monsieur Pochard, s'il souhaite apporter quelques précisions sur ce nouveau cycle interministériel de formation, dont la réussite lui est largement redevable, puis aux présentateurs de chaque module.
Je vous remercie de votre attention.