Texte intégral
Olivier MAZEROLLE : Bonsoir monsieur Hue.
Robert HUE : Bonsoir.
Olivier MAZEROLLE : La guerre en Serbie a-t-elle pris une nouvelle tournure avec la libération des trois soldats américains jusque là retenus prisonniers à Belgrade. Comment cette guerre pèse-t-elle sur la campagne pour les élections européennes. Voilà ce dont nous allons parler ce soir en même temps que de la Corse et des questions économiques et sociales avec notamment les retraites et le chômage. Pierre-Luc Séguillon et Patrick Jarreau participent à ce Grand Jury retransmis en direct à la radio sur RTL, à la télévision sur LCI et Le Monde publiera l'essentiel de vos déclarations dans son édition de demain. Monsieur Hue, la libération des soldats américains n'a pas modifié le point de vue de l'OTAN et des américains, les bombardements vont continuer, voire même s'intensifier a annoncé par exemple le secrétaire à la défense américain. Estimez vous de votre côté que cette libération constitue au contraire une occasion à saisir pour suspendre les bombardements ?
Robert HUE : Je crois que dans la situation où nous sommes, cette guerre qui en est à son quarantième jour de bombardement, tout ce qui peut être saisi comme opportunité d'aller à une solution politique et rapide me semble vraiment à être saisi. Alors naturellement, je pense qu'il y a eu cette libération. C'est un geste qui est important, le Président Clinton l'a souligné, il y a le contenu de la lettre que le Pasteur Jackson a porté, a donné à Bill Clinton, on a des éléments sur le contenu mais on n'en est pas certain encore. En tous les cas il faut saisir vraiment toutes les occasions parce que au bout de 40 jours de bombardements, qu'est ce qu'on peut constater ? On constate que, malheureusement c'est un constat tout à fait cruel, dramatique, que Milosévic et sa barbarie n'ont pas été réduit, il n'est pas à la table des négociations et en même temps, la situation là-bas est grave, il y a naturellement d'abord et on a ça à l'esprit, la situation des réfugiés, la situation de ceux qui subissent la terrible purification ethnique et puis parce que je ne crois pas qu'on puisse avoir une solidarité sélective, il y a ces hommes, ces femmes qui tombent sous les bombes, alors...
Olivier MAZEROLLE : J'en reviens à ma question, est-ce qu'il faut suspendre les bombardements en saisissant cette occasion ?
Robert HUE : Je pense qu'il faut, je ferais l'appel un peu semblable à ce qu'à fait hier Oscar Lafontaine, à l'arrêt des bombardements et à l'arrêt des violences. Je crois qu'il faut se saisir de cette situation effectivement pour qu'il y ait cet arrêt des bombardements, que nous puissions engager un processus de discussion, de négociation et je répète toute situation fut-elle extrêmement limitée dans les possibilités doit être saisie, ça me semble évident parce que on ne peut imaginer que… Moi je vois bien les ponts détruits, ce pays qui est vraiment… qui subit de plein fouet ces bombardements, c'est le peuple qui trinque et pas Milosévic. Il faut donc de ce point de vue vraiment arrêter les bombardements.
Pierre-Luc SEGUILLON : Pour être très précis, est-ce que aujourd'hui, en fonction de cette libération, en fonction, on va peut être en parler tout à l'heure, des propositions qui sont faites par Slobodan Milosévic, vous estimez que de manière unilatérale, l'OTAN devrait dire aujourd'hui nous arrêtons au moins provisoirement les bombardements pour tester ces propositions ?
Robert HUE : Il faut voir les propositions, si elles contiennent l'arrêt des violences de Milosévic et toute une série de dispositions qui ont été exposées, et bien je crois qu'il faut effectivement arrêter les bombardements, c'est clair.
Pierre-Luc SEGUILLON : C'est la première proposition de Milosévic, arrêt, je lis, arrêt immédiat de la guerre et de la violence, il faut bien qu'il y en ait un qui commence, qui doit commencer ?
Robert HUE : De toute façon, je pense que nous sommes dans une telle situation que, pourquoi pas simultanément ? Il peut y avoir une démarche simultanée et je dis aujourd'hui je crois qu'il faut avec d'autres qui le font déjà et je l'ai moi, fait à plusieurs reprises, souhaiter cet arrêt des bombardements. Je crois que c'est important, il peut y avoir là un engrenage de paix, un engrenage de négociations, il faut saisir toutes les occasions. Naturellement pas dans des conditions qui ne seraient pas acceptables, mais attendons de voir les propositions qui ont été faites là et nous pouvons avancer dans une solution.
Olivier MAZEROLLE : Alors les propositions telles qu'on les connaît par la radio télévision serbe, n'incluent pas apparemment un retrait des forces serbes du Kosovo et parlent de mission internationale de l'ONU, ce qui est tout de même relativement vague.
Robert HUE : C'est un problème, il faut le retrait des serbes mais ces propositions à mon avis doivent être discutées au moins. Là j'entends qu'il va y avoir amplification des bombardements. Il me semble qu'il faut discuter, il faut regarder, les conditions qui sont préconisées par l'ONU, par les européens sont des propositions qui me semblent justes à savoir l'arrêt des violences, le retrait des serbes, la mise en place d'une force internationale qu'on peut appeler d'interposition ou autrement mais en tous les cas la possibilité qu'il y ait d'imaginer enfin un statut autonome du Kosovo, voilà des propositions qui sont à discuter. Mais en tous les cas dans la situation présente quel risque y a t-il à arrêter les bombardements pour que s'engage un processus, quel risque y a t-il ? Plutôt que d'aller à l'amplification. De toutes façons, on sent de façon évidente qu'il faut bien chercher le terrain d'une négociation, d'une discussion, ce qui ne retire rien à la responsabilité total de Milosévic, c'est un barbare, c'est un dictateur, c'est pas mal quand même de le rappeler parce que moi je ne sais pas, vous le disiez tout à l'heure, dans quelles conditions on est, quand je parle d'attitude simultanée, je ne mets pas sur le même plan Milosévic et les forces internationales. Il y a effectivement à prendre en compte la situation nouvelle pour avancer, il faut qu'on se sorte de cette guerre !
Patrick JARREAU : Qu'est ce qu'on peut négocier monsieur Hue parce que à la fois vous dites les conditions posées par l'OTAN initialement reprises par l'ONU sont bonnes, vous y adhérez, Milosévic est totalement responsable de ce qui se passe depuis 40 jours donc qu'est ce qu'on peut négocier avec lui ?
Robert HUE : Mais je pense qu'une négociation participe de points de vue qui doivent pouvoir à un moment donné être discutés, c'est ça la situation dans laquelle nous sommes !
Patrick JARREAU : On pourrait transiger sur quoi, sur l'unité du Kosovo ou pour vous il n'y a pas de discussion possible là-dessus ?
Robert HUE : Je pense qu'aujourd'hui on peut sur la base des propositions, ce ne sont pas celles de Milosévic mais l'arrêt des bombardements est-il de nature à permettre que les conditions effectivement posées par l'OTAN aujourd'hui et par les européens soient retenues, et l'ONU naturellement. Je crois qu'il faut tenter quelque chose !
Pierre-Luc SEGUILLON : Mais quand vous dites on, actuellement, après cette libération, on a entendu l'OTAN dire, après cette libération il n'est pas question que l'OTAN fasse de cadeau à Slobodan Milosévic, on a entendu le Président des États-Unis dire la fermeté reste de rigueur, on a entendu Lionel Jospin dire, au Caire, que la fermeté demeurait de rigueur. Donc qu'est-ce que, étant donné que les États-Unis semblent vouloir poursuivre avec l'OTAN, ses frappes, qu'est ce que devrait faire selon vous le gouvernement français ?
Robert HUE : Mais je pense que le gouvernement français devrait pousser plus vite à l'arrêt des bombardements, de même que j'ai trouvé ...
Pierre-Luc SEGUILLON : Est ce que vous attendez que Lionel Jospin fasse un appel demandant aux alliés d'arrêter ?
Robert HUE : Mais pourquoi... Ce que le socialiste Oscar Lafontaine propose, ce que Mario Suharez propose, ce que les communistes français proposent, ce que d'autres proposent, ce que les autorités religieuses proposent dans bien des domaines, pourquoi ce ne serait pas une solution une voie, je crois que, voyez je vais vous dire, permettez moi une chose, je voudrais vous dire, la situation est très difficile et je respecte vraiment beaucoup de mes amis, de gens qui n'ont pas forcément le même point de vue que moi sur cette question, cette question de la guerre et de la paix doit être prise avec beaucoup de respect, c'est difficile, ça traverse la société ce problème. Je pense qu'on ne peut pas être unilatéral et avoir raison systématiquement. Là, le Gouvernement, il s'est engagé avec le Président de la République, dans une opération où il pensait qu'en huit jours, ou peut-être plus ou un petit peu moins, les choses seraient réglées. Moi, je dis entre ce qui s'est passé à ce moment-là et aujourd'hui, il y a à prendre en compte la réalité. La réalité c'est qu'on ne fait pas plier Milosévic là pour le moment, je le regrette mais c'est la réalité, donc je dis, il ne faut pas s'enfermer dans une attitude unilatérale et je pense que le gouvernement français effectivement pourrait prendre une initiative, moi je pense même plusieurs initiatives, je crois que le moment est venu, sur la base de ce qui avance, y compris au plan diplomatique, de saisir le conseil de sécurité pour qu'on trouve le moyen de s'entendre sur une résolution, ce que Monsieur Tchernomerdine a fait par ailleurs est aussi à prendre en compte me semble-t-il...
Patrick JARREAU : Oui enfin sauf qu'entre ce qu'il a dit, et ce qu'a dit Milosévic, il y avait quand même un écart apparemment !
Robert HUE : Moi j'écoute ce qu'il dit lui, je n'écoute pas Milosévic, c'est bien clair, j'essaie de prendre mes sources pas du côté de Milosévic, je regarde un certain nombre de choses. Donc il est bien clair que l'on doit pouvoir avancer mais de toute façon les bombardements ne règlent pas le problème, ça fait d'avantage de victimes, comment imaginer une paix durable sur un champ de ruines, c'est pas possible !
Patrick JARREAU : Quand vous dites le Gouvernement doit prendre une initiative, vous voulez dire le Gouvernement je veux dire indépendamment du Président de la République ?
Robert HUE : Je pense qu'il faut que ça se fasse avec le Président de la République mais les rapports dans la cohabitation ne participent pas de rencontres où simultanément on fait des propositions. Je pense qu'il y a une discussion, un débat et que le gouvernement français peut, effectivement... Regardez à propos de l'intervention terrestre, moi je me suis félicité après m'en être inquiété y compris auprès du Premier ministre, que le choix de l'intervention terrestre ne soit pas retenu par le gouvernement français.
Patrick JARREAU : Oui mais pas non plus par le Président de la République !
Robert HUE : Ni par le Président de la République mais je pense que vraiment du côté du Gouvernement cette idée était vraiment...
Patrick JARREAU : Vous trouvez qu'on n'entend pas assez le Premier ministre dans cette affaire-là, vous trouvez qu'il devrait marquer davantage éventuellement sa différence avec le Président ?
Robert HUE : Le Premier ministre devant l'Assemblée nationale est venu, il a expliqué ses positions, non je crois que les choses se font normalement. Il était préférable que avant l'intervention il y ait un débat mais çà, les choses sont du passé.
Olivier MAZEROLLE : En ce qui concerne le déploiement d'une force internationale sur le terrain, vous au Parti communiste, estimez-vous que les pays qui font partie de l'OTAN, qui sont membres de l'alliance Atlantique donc qui participent aujourd'hui aux bombardements, ont vocation à être membres de cette force internationale qui maintiendrait la paix au Kosovo ou au contraire, ne doivent-ils pas être présents ?
Robert HUE : Je pense que si c'est une force internationale, il convient que y compris les forces de l'OTAN en fassent partie mais comme toujours dans une situation comme celle-là, est-ce qu'il ne faut pas trouver les moyens d'un bon équilibre, moi je préférerais que ce soit des forces européennes, y compris au delà des forces de l'OTAN, les forces soient sur le terrain à intervenir pour mettre en place le statut autonome du Kosovo, mais bon ça, ça se discute aussi.
Pierre-Luc SEGUILLON : La semaine dernière vous avez dit, prendre ses responsabilités, c'est tenter d'infléchir les choix du Gouvernement, depuis 40 jours qu'a démarré cette guerre du Kosovo, est-ce que vous avez le sentiment d'avoir infléchi en quoi que ce soit les choix du Gouvernement avec lesquels, si j'ai bien compris, vous n'étiez pas en entier accord ?
Robert HUE : Un, effectivement, je n'étais pas en accord du tout avec les bombardements...
Pierre-Luc SEGUILLON : Vous l'êtes un peu plus ?
Robert HUE : Je ne suis pas du tout d'accord avec les bombardements, je viens de réaffirmer que comme Oscar Lafontaine, je souhaiterais que l'on arrête les bombardements. Deuxièmement, je pense que effectivement l'attitude constructive des Communistes, mais très nette, très radicale sur cette question, a contribué à ce que des évolutions se fassent, je pense que les Communistes...
Pierre-Luc SEGUILLON : Lesquelles ?
Robert HUE : Je vais vous dire clairement. Je pense que les Communistes français, les ministres communistes, la majorité à laquelle nous participons donc par ailleurs, tout cela n'est pas étranger à ce que sur l'intervention terrestre il y ait le choix qui a été fait.
Pierre-Luc SEGUILLON : Alors sur l'intervention terrestre précisément, Lionel Jospin a dit qu'elle n'était pas à l'ordre du jour, néanmoins il a dit que si elle devait avoir lieu, il consulterait le Parlement, vous voteriez non, on peut l'imaginer, et si elle avait lieu néanmoins, que feriez-vous ?
Robert HUE : Écoutez, je pense qu'il y a une majorité à l'Assemblée nationale et qu'il y a la possibilité que cette majorité dise non à l'intervention terrestre et je...
Olivier MAZEROLLE : Imaginons qu'elle dise oui, c'est la question de Pierre-Luc Séguillon.
Robert HUE : Écoutez, je ne me place pas dans ce cas de figure et j'ai des raisons de penser que l'on a pas à se placer dans ce cas de figure. Je pense ...
Olivier MAZEROLLE : Il peut y avoir une partie de la majorité plus l'opposition qui dit oui !
Robert HUE : Je pense monsieur Mazerolle que cette question n'aura pas à se poser devant le Parlement parce que je crois que ne sera pas envisagé l'intervention terrestre.
Patrick JARREAU : Quand vous dites non à l'intervention terrestre, c'est non quel que soit le type d'intervention dont il s'agit ?
Robert HUE : L'idée d'intervention terrestre c'est une intervention militaire pour prolonger au sol les bombardements, c'est ça l'intervention terrestre pour tout le monde. Moi, l'intervention d'une force d'interposition c'est très différent, là je suis favorable, ce n'est pas la même chose, il s'agit de rétablir un statut, des droits, de permettre aux réfugiés de revenir...
Olivier MAZEROLLE : Alors revenons à l'intervention terrestre dans la guerre. Avez-vous eu l'occasion de dire à Lionel Jospin, s'il y a une intervention terrestre de la France, nous on claque la porte ?
Robert HUE : J'ai discuté de cette question avec Lionel Jospin et je n'ai pas évoqué ce claquage de porte mais en tout état de cause, nous avons ensemble examiné les conditions de cette intervention terrestre et la conclusion vous l'avez entendue de la voix du Premier ministre.
Olivier MAZEROLLE : Vous pourriez absorber cette couleuvre ?
Robert HUE : Quelle couleuvre ?
Olivier MAZEROLLE : L'intervention terrestre ?
Robert HUE : Je vous dis que cette intervention, je ne crois pas qu'elle aura lieu, c'est clair alors ne me demandez pas de m'inscrire dans des hypothèses qui sont gravissimes, qui seraient celles selon Lionel Jospin lui même d'un embrasement, il faut peser les mots qu'a employés le Premier ministre pour dire qu'il ne souhaitait pas l'intervention terrestre à l'Assemblée nationale lorsqu'il a évoqué cette question. Il a employé des termes extrêmement forts que je partage complètement, on irait effectivement à un embrasement, à un enlisement fou et avec des pertes fantastiques. Donc tout ça, à mon avis, est une hypothèse noire qu'il faut écarter, et que j'écarte donc je ne me place pas dans des cas de figure au cas où cette hypothèse aurait lieu dans l'immédiat. De toute façon il y a beaucoup de choses qui peuvent être faites encore si par malheur cette hypothèse était envisagée et on utiliserait tous les moyens effectivement qui sont à notre disposition.
Patrick JARREAU : Alors ça veut dire monsieur Hue que si vous récusez toute forme, enfin si vous récusez l'intervention terrestre, la guerre au sol, ça veut dire que vous placez tous vos espoirs dans les frappes aériennes pour arriver à faire céder Milosévic ?
Robert HUE : Non pas du tout, je place tous mes espoirs dans une négociation qui peut s'engager désormais si les bombardements s'arrêtent et si simultanément naturellement il y a l'arrêt de la violence et une série de conditions qui sont posées par l'ONU aujourd'hui.
Pierre-Luc SEGUILLON : Je reviens un instant sur l'intervention terrestre que vous excluez avec une certitude que cette hypothèse ne se produira pas, est ce que ça signifie que Lionel Jospin vous a dit que si d'aventure l'OTAN lançait une intervention terrestre de ce type, ce serait la France qui claquerait la porte ? Est ce qu'il vous a fait cette confidence ?
Robert HUE : Je vais vous dire, il n'est pas dans mon habitude de rendre publiques les confidences que me fait le Premier ministre et dans ce domaine il est normal qu'il me tienne au courant de sa réflexion, de sa sensibilité et je ne vous en dis pas plus aujourd'hui.
Pierre-Luc SEGUILLON : Mais sa réflexion et ce qu'il a pu vous dire vous a rassuré si je comprends bien ?
Robert HUE : Absolument.
Pierre-Luc SEGUILLON : Donc c'est une manière de répondre ?
Robert HUE : Écoutez, considérez le comme tel.
Olivier MAZEROLLE : Qu'on le considère comme tel, que c'est une façon de répondre à la question ?
Robert HUE : Oui absolument.
Olivier MAZEROLLE : Donc ça vous a été dit.
Robert HUE : Écoutez je crois que je suis assez clair !
Olivier MAZEROLLE : Vous avez l'air tellement sûr de vous, que la France ne sera pas engagée dans une offensive terrestre !
Robert HUE : Les uns et les autres on se fréquente souvent. Si je dis ça avec cette opinion-là c'est que je suis, je pense effectivement que nous n'aurons pas à envisager ce cas de figure. Maintenant on n'est jamais sûr de rien mais je vous dis que dans l'état d'esprit qui est le mien aujourd'hui fait que j'écarte cette hypothèse, donc voilà c'est clair et je crois avoir entendu à l'Assemblée Nationale le Premier ministre être très net sur cette question, naturellement il a ajouté et c'est un principe auquel je souscris, que il fallait effectivement que l'Assemblée Nationale soit consultée. Ce qui ne signifie pas d'ailleurs que Communistes et Socialistes et la gauche ne pourraient pas se retrouver sur une position commune en la matière.
Patrick JARREAU : Non, pour revenir juste un moment sur la responsabilité de Milosévic, donc vous disiez tout à l'heure qu'à vos yeux elle est entière, mais l'Humanité a publié vendredi un document dont elle tire, l'Humanité qui est le journal de votre parti, dont il tire la conclusion que les conditions posées à Milosévic par la conférence de Rambouillet, étaient pour lui inacceptables et que d'une certaine manière au fond elles le poussaient à refuser cet accord et donc à ce que la guerre se déclenche !
Robert HUE : Oui, mais c'est pas pour autant que Milosévic n'est pas responsable de la situation que nous connaissons. Y compris en révélant que l'on n'a pas été jusqu'au bout à Rambouillet, je le dis voilà, j'estime, ces documents n'ont pas été du tout considérés comme des documents qui étaient des faux, ils ont été publiés par plusieurs journaux, en Allemagne d'abord, en Italie, en France par l'Humanité, et donc ces documents attestent effectivement que à la fois un certain nombre d'articles sur les conditions d'intervention militaire en Yougoslavie pouvaient être considérées comme d'avantage une intervention sur l'ensemble de la Yougoslavie et un contrôle, une occupation de l'ensemble de la Yougoslavie que sur le Kosovo lui même. Or jusqu'à maintenant dans les conditions et de l'OTAN et de l'ONU aujourd'hui, je ne vois pas comme condition l'occupation de la Yougoslavie, ça veut bien dire donc que nous n'avons pas été au bout du processus de Rambouillet et je considère donc que c'est dommage que l'on n'ait pas pu aller jusqu'au bout de ce processus et je pense que les américains ont contribué à forcer la main.
Olivier MAZEROLLE : Pour que les choses soient claires monsieur Hue, estimez vous d'abord que de toute manière intervention de l'OTAN ou pas, la déportation des kosovars aurait eu lieu et deuxième question, estimez vous qu'en l'état actuel des choses et après tout ce que l'on connaît à travers les témoignages que monsieur Milosévic devrait être jugé par le tribunal pénal international ?
Robert HUE : Absolument. Quelles que soient les conditions dans lesquelles les choses évolueront, il est bien clair que quand il y a des crimes de commis ils doivent être jugés. Cela dit, ce que je veux dire aujourd'hui c'est que ...
Olivier MAZEROLLE : Donc monsieur Milosévic devra être jugé ?
Robert HUE : Je condamne avec la plus grande force la façon dont Milosévic, non seulement, parce que vous me posez la question, est-ce que en gros c'est au moment des bombardements que c'est engagé la purification ethnique ? Certainement pas, elle était engagée auparavant, c'est quelque chose de criminel qu'on ne peut pas accepter et que je condamne sans appel, sans appel c'est bien clair. Alors par contre, je considère que les bombardements ont singulièrement contribué à accélérer ce drame, cette purification ethnique et que, plus que jamais aujourd'hui je pense qu'il faut stopper ces violences.
Olivier MAZEROLLE : Mais doit-il être jugé lui-même ?
Robert HUE : Écoutez il y a des tribunaux pour juger effectivement des crimes commis contre l'humanité, s'il est apprécié que c'est ainsi, il devra être jugé comme d'autres devront être jugés, ça c'est évident ! Il y a d'ailleurs à mon avis, dans tous les pouvoirs nationalistes, ce danger qui existe et ce poison, il faut trouver le moyen effectivement de le réduire.
Pierre-Luc SEGUILLON : Vous avez dit il y a un instant au terme de Rambouillet ou très précisément Rambouillet n'a pas été à son terme parce que les américains auraient forcé la main de la diplomatie européenne, est ce que vous estimez ou vous considérez que les américains ont des buts de guerre qui sont autres que ceux officiellement affichés et selon vous lesquels ?
Robert HUE : Je pense que, je ne veux pas tomber dans un ... Je l'ai dit souvent mais je le répète un anti américanisme primaire, il y a incontestablement dans l'attitude américaine des choses qui sont assez troublantes parce que franchement souhaiter, il y a à démontrer l'utilité de l'outil de l'OTAN notamment au moment de son cinquantième anniversaire, il y a à démontrer qu'il faut un nouveau concept de l'OTAN, je crois que tout ça mis bout à bout fait que les États-Unis souhaitent continuer d'avoir sur l'Europe un certain leadership militaire, je le regrette, je pense qu'il faudrait que… c'est un échec de l'Europe, je pense vraiment qu'il faudrait que l'Europe soit en mesure dans la coordination de ses défenses nationales, et bien d'apporter une réponse européenne aux crises qui sont, qui existent…
Patrick JARREAU : Vous parlez comme François Bayrou !
Robert HUE : Je ne crois pas ...
Patrick JARREAU : Mais si vous dites, ce qui vient de se passer nous prouve la nécessité d'une défense européenne, vous dites une coordination ...
Robert HUE : Mais sur la volonté qu'il y a que les communistes s'engagent pour la construction européenne, je n'ai pas fini de les surprendre...
Olivier MAZEROLLE : Mais sur la défense ! Non mais parlez nous de la défense !
Robert HUE : Je vais vous parler de la défense.
Olivier MAZEROLLE : Quand même, c'est une surprise quand même de vous entendre parler de défense européenne !
Robert HUE : Écoutez, je suis content de vous surprendre apparemment positivement !
Olivier MAZEROLLE : Alors allez y, expliquez nous, comment ça pourrait fonctionner par rapport à l'OTAN !
Robert HUE : Je pense que l'OTAN qui a été créée dans les conditions qu'on sait, n'a pas vocation à être éternellement cet outil, l'Europe peut se donner des moyens différents, je ne vais pas rentrer dans le détail des choses, je ne souhaite pas une armée européenne c'est clair, par contre qu'il y ait à mettre en coordination les défenses de chacun des pays composant l'union avec y compris la perspective de sécurité, je crois qui c'est ça aussi, on ne peut pas s'inscrire dans une politique de coordination de défense si elle ne s'inscrit pas, c'est mon opinion, dans une politique générale de sécurité au niveau de l'Europe, il faudra effectivement de ce point de vue, que nous avancions beaucoup mais moi, qu'il y ait une Europe pacifique avec sa volonté d'assurer sa puissance face à d'autres continents sans avoir et en tout indépendance, c'est quelque chose qui me…
Olivier MAZEROLLE : Mais par rapport à l'OTAN, cette force-là, cette coordination, vous la voyez ...
Robert HUE : Ah ! Je ne pense pas qu'il.... Elle doit être tout à fait à mon avis autonome de l'OTAN.
Olivier MAZEROLLE : Indépendante de l'OTAN ou autonome ?
Robert HUE : Indépendante. Indépendante à terme en tous les cas.
Patrick JARREAU : Sans alliance avec les États-Unis donc ?
Robert HUE : Oui, je crois qu'il y a, on est bien d'accord, on parle d'un processus, ce n'est pas une chose qui peut se faire du jour au lendemain mais il y a une bonne fois pour toute à imaginer une politique de sécurité en Europe, une politique de défense et de coordination des défenses des pays de l'union, ça me semble correspondre à la nécessité de cette indépendance, de cette Europe capable de s'assurer elle-même sans avoir affaire aux États-Unis. Si vous voulez, moi je suis pour écarter toutes les formes de domination or je pense que les États-Unis, là militairement c'est incontestable, le font, attestent une domination, je pense qu'ils le font aussi au plan culturel, on l'a vu avec l'AMI, je pense qu'ils ont quand même plus que des arrières pensées concernant l'organisation du commerce mondial, on le voit aussi avec la politique agricole, donc ce n'est pas, je le répète, moi j'aime beaucoup le peuple américain donc il n'y a pas d'ambiguïté, je pense qu'il ne s'agit pas de réagir de façon comme ça brutale, je ne veux pas avoir des propos anti-américains mais en même temps je crois qu'il est logique qu'on souhaite une indépendance, une volonté que l'Europe s'exprime en tant que telle !
Pierre-Luc SEGUILLON : Alors, si on est un peu plus précis sur cette défense européenne, en 98 les dépenses d'équipement militaire des pays européens de l'alliance ont été je crois de 40 milliards de dollars, les États-Unis 80 milliards, est-ce que ça signifie que lorsque l'on va voter la prochaine loi de finance, le prochain budget, vous allez souhaiter que le budget de la défense soit augmenté afin que l'Europe puisse assumer cette défense autonome, voire indépendante que vous souhaitez ?
Robert HUE : Je crois qu'on peut faire autrement. Il y a actuellement des dépenses notamment très fortes dans le domaine nucléaire. je pense que l'on peut réduire sensiblement ces dépenses, je pense que par exemple les milliards et les dizaines de milliards consacrés aux expériences en laboratoires, les essais nucléaires en laboratoires, tout ça peut être regardé autrement et l'on peut imaginer effectivement donc un budget de la défense qui n'augmente pas tout en étant réparti autrement, d'ailleurs ce n'est pas les travailleurs de l'état qui me démentiront dans la nécessité qu'il y ait des budgets qui nous permettent de... on a du matériel militaire à réhabiliter, notre force navale est sacrement hypothéquée, même quand c'est neuf parfois c'est pas toujours efficace, donc il y a bien là des efforts à faire et je vois une répartition différente.
Olivier MAZEROLLE : Indépendante de l'OTAN dites-vous et par rapport à la Russie, quelle relation cette défense européenne ou cette coordination européenne devrait elle entretenir ?
Robert HUE : Je pense que c'est une défense, une coordination qui doit se faire au niveau de l'union. Il y a au niveau européen, à réfléchir à ce que peut être une....
Pierre-Luc SEGUILLON : Une force de police européenne ?
Robert HUE : Non, je pense qu'il faut réfléchir à ce que peut être l'organisation de la sécurité en Europe et là, ça implique et les forces de l'union, les pays de l'union et également un certain nombre de pays comme la Russie, la Biélorussie, l'Ukraine qu'il faut absolument, à mon avis, avoir...
Olivier MAZEROLLE : Mais pas l'Amérique ?
Robert HUE : Mais on est en Europe ou on est aux États-Unis ? Pour moi nous avons à constituer en Europe un certain nombre de structures, elles sont propres à l'Europe, l'idée d'une organisation sous l'égide de l'ONU, d'une organisation de sécurité en Europe est une bonne idée, pourquoi on ne mettrait pas çà en oeuvre ? Voilà des formules que je propose et qui sont très constructives, très pacifiques, très constructives et en même temps s'inscrivant dans une Europe qui est puissante par rapport à l'empire américain.
Olivier MAZEROLLE : Nous marquons une pause pour les informations de 19h00 Monsieur Hue et puis ensuite on parle de votre liste et puis de la campagne européenne proprement dite.
Olivier MAZEROLLE : Et tout de suite une question de Pierre-Luc SEGUILLON.
Pierre-Luc SEGUILLON : Oui, est-ce que avec la liste que vous avez constituée, il n'est pas difficile pour les électeurs éventuels de s'y retrouver ? Parce que, quand on regarde votre liste, il y a ceux qui sont plutôt pour les bombardements du Kosovo, ceux qui sont contre, ceux qui sont pour aller plus loin, beaucoup plus loin dans la construction européen, je pense par exemple à Philippe HERZOG. Ceux qui estiment qu'il faut aller moins vite. Je pense à Francis WURTZ. Et puis, ceux qui connaissent bien les questions européennes, ceux qui ne les connaissent pas du tout. Est-ce que vous ne trompez pas un peu les électeurs avec cette liste que certains appellent " chabada " ?
Robert HUE : Vous portez des appréciations sur les uns et les autres. C'est des dosages dont je vous laisse la responsabilité.
Pierre-Luc SEGUILLON : Ah non, c'est vous qui avez fait les dosages.
Robert HUE : Non, mais moi justement... Cette liste c'est une liste qui est inédite dans son esprit et qui a fait le pari d'être composée à moitié.
Pierre-Luc SEGUILLON : Elle est inédite par manque de colonne vertébrale ?
Robert HUE : Non, non, pas du tout. On va parler de la colonne vertébrale, d'accord. Mais d'abord, on va parler de la liste. Après, on va parler de sa cohérence, puisque c'est la question que vous posez et je suis sûr que vous allez voir qu'il y a des éléments forts de cohérence et que les gens s'y retrouvent. Vous savez, j'en suis à mon 10e ou 11e rassemblement pour cette liste à travers la France. Je peux vous dire qu'il y a beaucoup de monde et qu'il y a une grande diversité de présence qui montre que cette liste suscite beaucoup d'intérêt, parce qu'elle est précisément une liste où il y a la moitié de Communistes et puis une moitié de personnalités qui sont de la société du mouvement social, de féministes. A partir du moment où vous souhaitez effectivement qu'il y ait une grande diversité de sensibilité sur la base d'une cohérence, mais une grande diversité de sensibilité, il faut accepter que cette liste ne soit pas monolithique. Il faut accepter qu'il puisse il y avoir des sensibilités différentes et je crois que ça. Pourquoi ? Parce que les échos que vous avez de la liste, sont des échos que vous avez aussi dans la société. Vous voyez bien que sur des questions aussi difficiles que celles qu'on aborde là. Vous avez évoquez la paix. Il y a des sensibilités qui peuvent être différentes. Il faut respecter ces sensibilités.
Pierre-Luc SEGUILLON : Est-ce qu'une liste s'est fait pour refléter la diversité de la société ou c'est fait pour faire un travail précis au parlement européen ?
Robert HUE : Je pense que c'est inédit là, du point de vue du rapport à la politique. Ça doit être fait pour être le plus représentatif possible de forces qui dans la société se fixent comme des objectifs précis, d'avancer dans une construction européenne, vers des changements profonds de la nature de cette Europe. Autant d'éléments qui... Et la présence du mouvement social dans cette liste, la présence de forces de création dans cette liste me semblent tout à fait correspondre à ce qui est nécessaire pour dynamiser aujourd'hui les choix que nous avons faits. Alors, la cohérence de cette liste. Parce qu'on ne peut pas comprendre sa composition si on ne comprend pas sa cohérence. Il y a un manifeste qui a été adopté par les 87 candidats et qui est sans ambiguïté. Cette liste elle a un pilier essentiel d'abord qui fait toute sa cohérence. Et ça aucune autre liste ne l'a de cette façon. Cette liste est profondément anti-libérale. Elle s'inscrit dans une démarche profondément anti-libérale et elle le traduit dans sa démarche. Vous ne trouverez pas là de démarches qui ne s'inscrivent autrement. Le deuxième aspect, le deuxième pilier, je serais tenté de dire, cette liste se veut profondément citoyenne. C'est-à-dire qu'elle veut être le plus proche possible de la réalité de la société des citoyens. C'est ce qui explique cette ouverture, cette façon de composer cette liste. Ça me semble tout à fait efficace. J'aime mieux ça, Pierre-Luc SEGUILLON, que ces listes qui se composent à l'ancienne, formée d'état major politique, avec des dosages purement d'état-major et qui ne manquent pas non plus, qui derrière en fait une sorte d'unité de façade, sont traversées par des contradictions bien supérieures à celles que vous évoquez concernant la liste. Nous on dit les choses publiquement, on les fait dans la transparence.
Pierre-Luc SEGUILLON : Je me demande parfois et je vous pose la question. Est-ce que vous n'avez pas constitué cette liste, telle que vous venez de la décrire avec la cohérence qui est la sienne, davantage pour manifester une nouvelle image du Parti communiste français que pour faire un travail précis au parlement européen ? D'autant plus, je me permets de le signaler, que vous ne siégerez pas au parlement européen.
Robert HUE : Ça c'est vous qui te dites.
Pierre-Luc SEGUILLON : Vous allez siéger ? Non, non, mais dites moi. Vous allez siéger ?
Robert HUE : Je serai au parlement de Strasbourg si je suis élu, c'est évident. Alors, ensuite on parlera si vous voulez du cumul à un autre moment. Mais ne partons pas dans tous les sens, pardonnez-moi. Je veux vous dire...
Pierre-Luc SEGUILLON : C'est important de savoir si vous siégerez à Strasbourg ?
Robert HUE : Le Parti communiste a engagé une mutation profonde. Une mutation donc du contenu de sa politique, une mutation de ses pratiques, de son fonctionnement. Et, on ne peut pas imaginer cette mutation en permanence sans la traduire dans les actes. Or, là nous traduisons la mutation du Parti communiste dans les actes. C'est à dire que nous voulons effectivement qu'il y ait un rapprochement entre la représentation politique et la société elle-même. C'est un des grands problèmes auquel nous sommes confrontés.
Patrick JARREAU : Si vous permettez, c'est là qu'il y a un point qu'on ne comprend pas très bien. Vous dites la preuve que cette liste est représentative du mouvement social, qu'elle est citoyenne, qu'elle est enracinée dans les réalités d'aujourd'hui. Ben, c'est tous ceux qui ne sont pas communistes justement.
Robert HUE : Pas du tout. Je crois que vous avez bien perçu qu'il y avait... Le Parti communiste est une force politique. Il faut accepter l'idée qu'en dehors des forces politiques organisées, des gens qui ne sont pas dans un parti politique, M. JARREAU, on aussi leur opinion sur la réalité sociale, sur ce qu'il faut faire au plan européen. Et il faut aussi leur donner la possibilité de traduire dans des orientations, dans des choix et dans des postes élus. Il me semble que c'est très important. Quel autre parti politique fait cela ? Je n'en connais pas. Moi, ce que je dis. Je ne me contente pas de dire il y a 50 % des sièges qui sont réservés à des personnalités non communistes, mais qu'ensuite il y aura, comment dirais-je, élus à Strasbourg que des gens de ma sensibilité. Il y aura autant d'élus communistes que d'élus qui ne sont pas communistes parmi ceux qui seront élus. C'est très important et nous pensons effectivement que le Parti communiste aujourd'hui doit donner cette image nouvelle de la politique. Il y a des millions des gens, il faut bien le reconnaître, même si ça ne fait pas plaisir, il faut le reconnaître qui ne se retrouvent pas dans les partis politiques. Est-ce que ces gens ... ces responsables de syndicalistes, ces responsables de comités de chômeurs, ces responsables des milieux artistiques. Ces gens qui ont plein d'idées sur l'Europe. Plein d'idées pour une autre Europe que celle de l'ultra libéralisme qu'on nous construit. Est-ce qu'on leur donne une possibilité à la fois de s'exprimer dans une élection et ensuite d'avoir la possibilité au parlement européen d'agir. Je crois que c'est formidable.
Olivier MAZEROLLE : Près du terrain, M. HUE. Encore une question peut être.
Patrick JARREAU : Juste une question encore si vous permettez, parce qu'on commence à se poser des problèmes d'additions pour le 13 juin. Alors, Charles PASQUA qui était à votre place la semaine dernière, disait que lui il allait additionner les listes anti-fédéralistes et très clairement, il situait la liste du Parti communiste parmi celles-là. Il a raison ?
Robert HUE : Écoutez, Charles PASQUA fait les additions qu'il veut. Moi, je ne m'enfermerai dans un débat entre fédéralistes et souverainistes. On voit bien. Je laisse ça à Charles PASQUA. Moi, la liste du Parti communiste représentera une force déterminée, démocratique, visant à une Europe qui ne soit pas une Europe libérale, qui fasse reculer les marchés financiers, qui permette effectivement d'harmoniser socialement par le haut. Qui permette de transformer un certain nombre de choses qui aujourd'hui ne vont pas dans cette Europe.
Patrick JARREAU : Alors plutôt fédéraliste ou plutôt anti-fédéraliste ?
Robert HUE : Je ne suis pas du tout fédéraliste et je ne considère pas non plus qu'il faut s'enfermer dans le souverainisme. Donc, je suis pour une construction européenne qui participe d'unions de nations solidaires et qui ait un objectif extrêmement précis. C'est celui d'une autre politique que la politique ultra libérale, une politique qui par les actes fasse bouger un certain nombre de choses. Et ces actes, j'étais en train de vous le dire, c'est par exemple de substituer au pacte de stabilité actuelle qui enferme les budgets nationaux. Un pacte de croissance et d'emploi c'est de limiter les pouvoirs de la Banque centrale européenne qui est la banque fabriquée pour les marchés financiers pour une autre politique sociale en Europe, c'est des droits nouveaux à mettre en oeuvre au niveau européen par une harmonisation par le haut. Voilà des propositions très concrètes qui font l'unité de cette liste. Cela dit, je pense effectivement, concernant !a construction européenne, il y a à la fois à sauvegarder ce qui est inaliénable dans notre souveraineté nationale. Ça ne signifie pas qu'il ne puisse pas il y avoir des responsabilités communes de prises au niveau de la construction européenne.
Olivier MAZEROLLE : Alors, près du terrain, parce que quand même. La Cour européenne des droits de l'homme vient de condamner la France pour violation des droits de propriétés et discrimination. Il s'agit des chasseurs. La Cour européenne des droits de l'homme estime que la Loi Verdeil qui depuis plus de 30 ans maintenant permet aux chasseurs d'aller chasser sur les terrains d'autrui, est une loi qui doit être abolie. Alors ?
Robert HUE : Je pense qu'il faut adapter, modifier la loi Verdeil, mais que cette décision, cet arrêt de la cour européenne est excessif. Excessif, parce que ce n'est pas si simple que ça. Il est évident qu'il faut… Il y a à respecter la propriété privée. Mais, imaginer que parce que quelques semaines par an, les chasseurs vont sur des propriétés privées, avec souvent l'accord des propriétaires et que c'est une atteinte aux droits de l'homme. Pardonnez-moi, j'en connais d'autres atteintes aux droits de l'homme qui méritent des directives un peu plus conséquentes. Il est évident que ça pose le problème de ces directives qui sont souvent des solutions complètement absurdes, prises par Bruxelles, qui sont à mille lieux de la réalité du terrain. Vous savez, ceux qui respectent la faune, la flore, savent qu'ils soient écologistes ou chasseurs, ou chasseurs-écologistes, pourquoi pas, savent par exemple que la loi Verdeil a certainement contribué à sauvegarder une partie de la flore et de la faune en France.
Olivier MAZEROLLE : Êtes-vous favorable à ce qu'on permette à un propriétaire de terrain d'interdire aux chasseurs de venir chasser sur son terrain ?
Robert HUE : Je pense qu'il faut, dans l'intérêt général, et de ce propriétaire, qu'il y ait une disposition qui fasse que le fait qu'il ne permette pas d'entrer sur son terrain, ne vienne pas se traduire par une disparition de certaines espèces de gibiers, de la faune, parce que ça participe de l'équilibre. C'est une mesure écologique. Contrairement à ce qu'on imagine, c'est une mesure très écologique de protéger effectivement le gibier, la faune et la flore dans un pays comme le nôtre.
Pierre-Luc SEGUILLON : Vous faites un peu d'électoralisme là, non ?
Robert HUE : Pas du tout. Vous savez, je l'ai dit déjà. Je ne suis pas chasseur. Je suis fils de chasseur, mais cela dit, je considère qu'il faut dédramatiser cette affaire. Il y a bien quelques personnes qui ont des attitudes complètement condamnables, excessives, mais les chasseurs d'une façon générale, sont souvent des gens qui participent de l'équilibre de la nature.
Pierre-Luc SEGUILLON : Mais est-ce qu'à partir de cet exemple relativement anecdotique, d'une manière beaucoup plus générale, vous seriez partisan de la rédaction d'une constitution, qui permettrait de fixer le rôle de chacun dans cette construction européenne ?
Robert HUE : Non, non ; Je suis contre une constitution. L'idée de constitution.
Pierre-Luc SEGUILLON : Parce que vous avez peur qu'elle fige l'effort ?
Robert HUE : La constitution, c'est quelque chose qui doit être étroitement lié, c'est constitutif, à la nation et je ne suis pas du tout pour une constitution. C'est clair. Je ne suis pas du tout sur une base qui est celle que vous indiquiez tout à l'heure, de M. BAYROU par exemple. Je suis contre le fédéralisme, contre la constitution de cette nature. D'ailleurs, je vois bien que sur ces questions, il y a un désaccord total et c'est évident, avec ceux qui veulent mettre un terme à ce qu'est l'atout de la nation. C'est un élément important qu'il ne faut préserver dans la construction européenne.
Olivier MAZEROLLE : Toujours dans le cadre européen, on assiste à un certain nombre de restructurations ou tentatives de restructurations de sociétés de différentes nationalités européennes. France Télécom par exemple est en train de regarder Deutch Telekom et Telecom ltalia se marier peut être et France Télécom, ou certains, estiment que le fait que l'état dispose encore de 62 % des actions, l'empêche de manoeuvrer pour faire entendre sa voix dans ces restructurations.
Robert HUE : Je ne crois pas du tout à cela. Je pense qu'il y a certaines situations où effectivement, l'ouverture du capital plus amplement peut être un facteur positif pour imaginer des alliances avec d'autres pays. C'est le cas pour Air France et je souscris pleinement à ce qu'à fait en la matière mon ami, Jean-Claude GAYSSOT. Mais précisément, ce n'est pas du tout une privatisation. Je suis vraiment par contre très très sévère avec ce qui s'est fait à France Télécom. C'est gravissime, une société comme celle-là qui fonctionne parfaitement, qui dégage des profits, 16 milliards cette année, où l'état est actionnaire principal, ne devrait pas se voir affaiblie.
Olivier MAZEROLLE : Mais quand vous voyez les autres la contourner.
Robert HUE : Mais, écoutez. Il y a moyen, avec une société comme France Télécom, de résister à ces sociétés. Et puis, il y a des accords possibles. Le fait qu'il y ait le statut qu'a France Télécom aujourd'hui n'empêche pas qu'il puisse y avoir des accords.
Pierre-Luc SEGUILLON : Quand vous dites que vous êtes très sévère pour France Télécom, vous estimez que Lionel Jospin a manqué à ses engagements sur France Télécom.
Robert HUE : Je pense, qu'en matière de privatisation, on a assisté à une certaine fuite en avant qui est très critiquable.
Olivier MAZEROLLE : Ça continue là, ça continue. Il y a Aérospatiale ...
Robert HUE : Justement, il faut que les Françaises et les Français sachent qu'il faut plus que jamais un Parti communiste et des forces démocratiques qui se renforcent à l'occasion du 13 juin prochain pour qu'on pèse davantage encore pour se faire entendre sur ces questions. Nous nous sommes faits entendre et j'évoquais à l'instant ce qui a été fait avec Air France. On voit bien que ce qui est fait sur propositions d'un certain nombre de ministres communistes, n'est pas tout à fait, ne va pas dans le sens de ces privatisations et je m'en félicite. Il y a effectivement un apport du Parti communiste.
Olivier MAZEROLLE : Mais quand Lionel Jospin explique qu'il est pragmatique. Que si une stratégie industrielle le nécessite, il fera des privatisations, ça vous inquiète ?
Robert HUE : Eh bien, je ne suis pas d'accord avec lui. Je ne suis pas d'accord avec lui. Je pense qu'il créé les conditions pour qu'une série d'engagements qui ont été pris en commun par !a gauche plurielle ne puissent être tenus et c'est grave. Donc, je crois que vraiment. Qu'est-ce qui se passent avec les privatisations ? Regardons de très près. Le problème des privatisations, c'est la chose suivante. C'est que nous sommes engagés dans une grande bataille pour l'emploi. Le Gouvernement a pris des mesures, tente avec les 35 heures, on pourra y revenir, avec les emplois jeunes, etc., d'avancer dans le domaine de l'emploi. Il y a quelques frémissements, mais on est très très loin. On reste avec un taux de chômage qui est complètement fou. Et bien, qu'est-ce que font les privatisations ? Les privatisations sont, je serai tenté de dire, le meilleur producteur de licenciements. A chaque fois qu'il y a privatisation, il y a des plans sociaux, il y a des milliers de licenciements qui suivent. Des milliers de suppressions d'emplois pour être plus exacts. Donc, ça c'est absolument inacceptable. On ne peut pas avoir une vraie politique dynamique de l'emploi. Si on continue, on ne pourra pas avoir cette politique de l'emploi.
Olivier MAZEROLLE : Il y a eu les deux pourtant. Privatisation et baisse du chômage.
Robert HUE : Non, non. Écoutez, je veux bien qu'on parle de la baisse du chômage, mais, moi vous savez, dès qu'il y a un chômeur de moins, M. Mazerolle, j'en suis très heureux. Je m'en félicite. Je ne néglige pas.
Patrick JARREAU : Il y a eu 38 000 de moins en mars.
Robert HUE : C'est formidable. Mais cela dit, il y en a 3 millions. Donc, vous voyez, si on avance à ce rythme, dans combien de temps on sera dans une situation de plein emploi. Donc, je dis il y a la nécessité de faire autrement que par les privatisations. Sinon, on va aller à une aggravation de la situation et je crois qu'aujourd'hui, on serait bien plus loin, bien plus avancé dans le domaine de l'emploi, s'il n'y avait pas eu ces privatisations.
Pierre-Luc SEGUILLON : Il y a quelque chose qui m'étonne dans ce que vous dites. Vous dites avec beaucoup de fermeté, « ces privatisations ne sont pas une bonne chose ». Mais quand on regarde ce qui s'est passé depuis l'arrivée de Lionel Jospin aux affaires, avec la gauche plurielle. Vous aviez dit, pas de Villevorde. Villevorde a été fermée. On ne privatise pas Thomson.
Robert HUE : Lionel jospin avait dit, pas de Villevorde. Moi aussi je l'avais dit.
Pierre-Luc SEGUILLON : Villevorde a été fermé. Vous dites, Thomson c'est regrettable, mais Thomson a été partiellement privatisé. Mais on appelle pas ça privatisé, on appelle ça « ouverture du capital ». Ça revient à peu près au même. Et puis d'autres privatisations se présentent. Et puis demain, vous n'excluez pas que la même chose se passe du côté d'EDF. Non, vous ne l'excluez pas. Vous n'êtes pas d'accord, mais vous ne l'excluez pas. Je vais encore vous répéter ma question de tout à l'heure : à quoi sert le Parti communiste français ?
Robert HUE : Si le Parti communiste n'était pas dans ce Gouvernement et n'apportait pas par la richesse de ses interventions, par le rôle de ses ministres, parce qu'il ne faut pas le négliger. Je pense qu'aujourd'hui, s'il n'y avait pas Jean-Claude Gayssot, il y aurait effectivement Air-France privatisé. Je pense que s'il n'y avait pas Marie-George Buffet, aujourd'hui et bien, il y aurait les grands clubs sportifs en bourse, en France. C'est une politique, voyez-vous, de résistance à des inflexions libérales qui peuvent venir. Il y a une pression libérale, voire sociale libérale très forte. Et bien, je crois que la présence du Parti communiste est un terrible garde-fou, formidable garde-fou qui effectivement empêche d'aller où on voudrait parfois aller dans le sens libéral. J'ajoute qu'on peut être plus fort. M. Seguillon. Il suffit de nous en donner les moyens. Et les gens vont pouvoir le faire. Ils se rendent compte qu'avec déjà des moyens politiques limités parce que nous n'avons pas assez de suffrages, nous n'avons pas assez de poids. S'ils nous donnent du poids, si le mouvement social par ailleurs intervient plus fortement, il est évident qu'on n'avancera. On ne peut pas imaginer que pour empêcher un certain nombre de choix qui sont faits et que nous ne partageons pas. A nous seuls nous puissions le faire. Il faut aussi voir la place que doit prendre le mouvement social dans le pays pour empêcher cela.
Pierre-Luc SEGUILLON : Je traduis pour être sûr d'avoir bien compris. Vous dites : « attention, il y a glissement libéral de Lionel Jospin. Venez à nous pour essayer de le freiner ».
Robert HUE : Je ne dis pas ça. Je ne dis pas ça. Je dis que dans certains domaines. Vous me parlez des privatisations, je pense que c'est un glissement libéral. C'est clair. Un chat, c'est un chat. Il faut l’appeler, comme ça. Donc, il est bien évident que je pense qu'il faut résister à cette politique de privatisation. Ainsi, par exemple, vous avez bien vu que sur les caisses d'épargne, nous avons mis tout notre poids pour qu'on ait un pôle public qui soit constitué et qui résiste aux privatisations, là aussi, qu'on voudrait faire passer. Ce n'est pas bon. On n'a pas été élus pour ça. D'ailleurs, on a des accords qui stipulent qu'on ne doit pas aller dans ce sens-là. Mais les accords, ça ne suffit pas. Il faut effectivement qu'il y ait le mouvement qui s'exprime, une dynamique ...
Olivier MAZEROLLE : Monsieur Hue, il nous reste cinq minutes. Alors, il faudrait quand même qu'on dise un mot des retraites et puis il y a la Corse aussi. Alors, les retraites. La stratégie suivie par le Gouvernement, c'est-à-dire ouverture de nouvelles négociations, pour voir quelles pourraient être les décisions à prendre, négociations avec les partenaires sociaux. Ça vous paraît être une bonne formule. Il faut se hâter lentement ?
Robert HUE : Je crois que la décision du Premier ministre de ne pas s'engager dans certains objectifs d'ailleurs retenus par M. Charpin dans son rapport, sans qu'il y ait effectivement cette concertation importante avec les syndicats, c'est une bonne chose. Quand Lionel Jospin, fait là, vraiment la démonstration qu'il fait le contraire d'Alain Juppé, j'applaudis.
Olivier MAZEROLLE : Il y a déjà eu une discussion. Alors, on inaugure encore une nouvelle séance de discussions.
Robert HUE : Mais il faut discuter. Il faut discuter.
Olivier MAZEROLLE : Mais jusqu'à quand ?
Robert HUE : Écoutez, de toute façon, il faut d'abord qu'on voit comment on s'en sort de cette affaire. Si on imagine qu'on va s'en sortir par une augmentation des annuités à 42 ans et demi. Le patronat réclame même 45 ans. C'est de la folie. C'est un recul de civilisation. Donc, moi je propose effectivement qu'on n'imagine pas cette augmentation des annuités sans prendre en compte une réalité. C'est l'emploi et le chômage. Moi, j'apporte, le Parti communiste a apporté son soutien à la majorité pour s'engager dans une politique forte de l'emploi. Et on me dit aujourd'hui que dans dix ans, on sera peut être dans la même situation en matière d'emploi. C'est le rapport qui dit ça. Moi, je ne marche pas. Je souhaite qu'il y ait effectivement un recul suffisant du chômage qui fasse qu'on aura des recettes supplémentaires. Un million d'emploi créés donc un million de chômeurs en moins, c'est 80 milliards. Il y a de la marge quand même. Et par ailleurs, est-ce qu'on a utilisé toutes les possibilités de financement de la Sécurité sociale ? Je dis non. Il y a des cotisations patronales actuellement qui sont payés au niveau des salaires, mais les cotisations sur, par exemple, les placements financiers. Pourquoi. zéro ? Il n'y a pas un centime de prélevé au titre de la solidarité sur les placements financiers. Est-ce qu'on ne peut pas, une fois là, faire payer un peu plus ceux qui. C'est 400 milliards, les placements financiers. Je crois qu'il y a quand même là des choses qui montrent qu'on peut financer la Sécurité sociale dans un esprit différent. Et puis il y a des propositions. Et puis, il faut négocier tout cela.
Olivier MAZEROLLE : Alors, la Corse maintenant. Pour vous, s'agit-il d'une affaire grave ? Croyez-vous que la politique de retour à l'état de droit annoncée par le Gouvernement, est condamnée et impossible à mener ?
Robert HUE : Je considère que c'est une affaire grave. C'est une affaire grave. Il faut qu'il y ait une action rapide et complète de la justice. Nous allons ... Le Premier ministre a demandé immédiatement deux rapports. J'attends avec impatience. Je ne crois pas qu'on les ait encore, le contenu de ces rapports.
Patrick JARREAU : Vous estimez que la responsabilité du Gouvernement est engagée ?
Robert HUE : Non, pas du tout. Je n' ai pas dit ça.
Patrick JARREAU : Ou à travers la création de cette unité spéciale de gendarmes.
Robert HUE : Mais ça été imaginé dans une période où, je crois que l'assassinat du préfet Érignac nécessitait que des moyens soient mis en oeuvre. Si ces moyens s'avèrent pouvoir être contournés et ne correspondent pas à ce qu'il faut, il faudra bien mettre un terme à ces dispositifs, à ces structures. C'est évident. Mais attendons de voir les rapports. On ne va pas parler sans avoir. Ce que je sais, c'est qu'il faut tout faire effectivement pour que l'état de droit soit respecté. Mais tout faire dans le respect de la légalité. Ça c'est bien clair. Et, l'état de droit ce n'est pas non plus, le tout répressif dans l'île. Donc, il faut à mon avis une rigueur républicaine qui ne doit être ni plus forte ni plus faible qu'ailleurs. Mais la légalité républicaine. Ça c'est important. Alors, on verra bien les suites qui seront données à cette affaire qui est pour le moins bizarre.
Olivier MAZEROLLE : Ça vous fait penser aux Irlandais de Vincennes, aux écoutes de l'Élysée, ou pas du tout ?
Robert HUE : Non, je ne peux pas dire à quoi ça me fait penser, alors qu'on n'a pas les éléments qui nous permettent d'apprécier. Ce que je vois, que c'est très complexe et très curieux.
Patrick JARREAU : François Hollande, votre homologue du PS, est allé plus loin. Parce que à la fin de la semaine dernière, il a dit : « au fond, voilà, ça démontre que quand on créé ce genre de structures spéciales, eh bien elles se conduisent spécialement. Donc, il vaut mieux ne pas les créer. »
Robert HUE : Écoutez, il a peut être des renseignements que je n'ai pas.
Patrick JARREAU : Vous, à ce stade, vous estimez que le groupe de peloton de sécurité n'est pas condamné.
Robert HUE : J'ai déjà émis un jugement quelque peu sévère. Mais attendons de voir.
Olivier MAZEROLLE : Vous aimeriez une commission d'enquête parlementaire sur cette affaire ?
Robert HUE : Pourquoi pas. Les commissions parlementaires sont efficaces parfois.
Pierre-Luc SEGUILLON : Est-ce que vous avez le sentiment que ce genre de curiosité, pour reprendre votre expression, qui s'est répétée tout au long de l'histoire de la Ve République, est quelque chose qui est un peu constitutionnel de notre fonctionnement ? Parce que ça c'est répété très souvent.
Robert HUE : Je ne pense pas. En tout cas, c'est très mauvais pour la démocratie. C'est très mauvais pour la démocratie. Tout ce qui participe de ces coups tordus, c'est des choses qu'il faut bannir. C'est évident. Le problème qui me préoccupe le plus, c'est que dans un moment où il y a une crise de la politique, de telles choses qui sont curieuses, qui sont un peu rocambolesques, participent d'un rejet de la politique, des institutions qui n'est pas une bonne chose. Donc, il faut vraiment veiller. Si par malheur, tel ou tel excès faisait reculer la nécessité de mettre en oeuvre plus nettement encore l'état de droit en Corse. ça serait gravissime. Donc, je crois que c'est une affaire extrêmement sérieuse. Attendons d'avoir les résultats des rapports.
Pierre-Luc SEGUILLON : Une question qui n'a plus rien à voir avec la Corse, parce qu'on arrive à la fin de l'émission, il y a des mouvements sociaux à la SNCF, des grèves, alors que la CFDT et la CGT se sont mis d'accord autour d'une plate-forme sur les 35 heures. Est-ce que vous avez le sentiment qu'il y a de la surenchère de la part d'autres forces syndicales ? Est-ce que vous êtes mal à l'aise avec ces grèves ?
Robert HUE : Je ne suis pas mal à l'aise. Le problème, je respecte le droit de grève. Si j'étais cheminot je me mettrais en grève moi, parce que je pense qu'il y a là une proposition. Et on parlait tout à l'heure de rapport des ministres communistes. Je crois que proposer une réduction du temps de travail sans diminution de salaire à 35 heures à la SNCF avec en 3 ans, 26 000 emplois statutaires créés alors qu'ils ont diminué en 13 ans de 81 000 ces emplois à la SNCF, je pense que ça vaut le coup d'être discuté. Après, il est normal que les syndicats discutent Ça fait partie du débat démocratique, ça fait partie du droit syndical, y compris le droit de grève. Alors, il y en a qui disent, là il faut se mettre en grève. Je pense qu'il faut négocier, qu'il faut discuter. Ce n'est pas unilatéral. Mais déjà, j'aimerais bien qu'on ait ces mêmes propositions à France Télécom. J'aimerais bien qu'on ait ces mêmes propositions dans d'autres domaines. Il faut bien qu'on voit ce qu'est aussi là, quelque chose qui participe de l'apport des Communistes.
Olivier MAZEROLLE : Qu'elle que soit la situation, vous aimez négocier.
Robert HUE : Mais, c'est bien de négocier. C'est civilisé de négocier. C'est mieux que la guerre.
Olivier MAZEROLLE : Merci. Robert Hue. C'était votre Grand Jury. La semaine prochaine nous recevrons François hollande. Bonsoir à tous.