Interview de Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement, dans "La Voix du Nord" du 18 novembre 1997, sur les sites pollués de la région Nord Pas-de-Calais, le remplacement des canalisations en plomb pour la distribution d'eau potable et la gestion des agences de l'eau.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Dominique Voynet - Ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement

Circonstance : Réunion des présidents des agences de l'eau à Douai le 18 novembre 1997

Média : La Voix du Nord

Texte intégral

L’agence de l’eau Artois-Picardie accueille aujourd’hui la conférence des présidents des organismes de bassin. Sept agences qui devront présenter le bilan des actions et annoncer la teneur de leurs projets. Les échanges traiteront d’une actualité plus que brûlante : deux rapports inédits de la Cour des comptes qui épinglent la gestion des agences de l’eau. Directement concernés, les présidents s’en expliqueront à Dominique Voynet ce matin.

Héritage

Si Madame Voynet estime que les atouts de la région sont réels bien que trop méconnus, elle constate aussi à quel point le passé industriel de la région pèse lourd dans la qualité de son environnement. « Le dernier recensement des sites et des sols pollués met une nouvelle fois ce constat en évidence. L’héritage d’une époque où la compétitivité et la performance primaient avant tout. On voit aujourd’hui quelles sont les répercussions sur l’environnement ! Des sites sont certes répertoriés mais d’autres, inconnus encore, seront signalés. Il faut s’attendre à découvrir par exemple des dépôts d’amiante ou de matière radioactive ».

Quant à la question des moyens, Madame Voynet reconnaît volontiers qu’il y a « un manque. Mais mon ministère n’a pas vocation à passer la serpillière sur les erreurs du passé ! Il doit aussi construire l’avenir ! Il s’agit d’appliquer le principe pollueurs-payeurs pour l’état actuel des sols et des sous-sols. Les Directions régionales de l’industrie, de la recherche et de l’environnement (DRIRE) sont là pour faire respecter ce principe et développer leur rôle de conseil auprès des entreprises. » La ministre voit un « lien évident entre la présence de déchets et de pollutions diverses ».

« On estime à environ 50 % le nombre de sites pollués à proximité des cours d’eau. Le passé industriel de la région et sa forte densité de population ont un impact. Il est probable aussi que des produits aujourd’hui inconnus ayant une action sur la santé ne soient pas encore mesurés. La qualité de l’eau est un sujet qui monte en puissance. On parle des nitrates, des phosphates sans aborder le sujet des phytosanitaires. Dans un autre domaine, un rapport de l’INSERM fait état du taux de plomb trop important. La France prend conscience du risque. J’ai soutenu la révision de la directive eau potable au dernier conseil européen des ministres. Le remplacement des canalisations en plomb coûtera 120 milliards de francs par an ! On trouve normal de renouveler le revêtement d’une route. Il en est de même pour les canalisations. Il s’agit ici de santé publique ».

Marge

Sur la gestion des agences de l’eau, épinglée par la Cour des comptes, Madame Voynet reconnaît d’abord que « le concept des agences de l’eau est futé. Gérer l’eau en tenant compte de tous les impacts des activités humaines est une bonne chose. Toutefois, il s’agit d’établissements publics avec une très importante marge de gestion. Il me semble normal de revoir leur fonctionnement ou du moins s’assurer que les sommes considérables qu’elles drainent sont bien utilisées pour améliorer la qualité de l’eau. Je souhaite que s’applique aux agences de l’eau l’un de mes principes d’action : la transparence dans la prise de décisions publiques. »