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La Tribune. – Peut-on s'attendre à un allégement de la fiscalité pour les jeunes entreprises françaises de l'Internet ?
Dominique Strauss-Khan. – Je ne pense pas qu'il faille pratiquer l'exonération fiscale pour les start-ups, cela ne convient pas : après tout, les jeunes entreprises ne sont que très peu concernées par les problèmes de fiscalité dans leurs premières années. Ce que nous devons faire, c'est pratiquer le lissage, trouver des modalités d'adaptation permettant aux entrepreneurs de soutenir leur croissance. Nous y réfléchissons et nous adopterons une position d'ici la fin de l'année.
La Tribune. – Êtes-vous satisfait de l'état du capital-risque aujourd'hui en France ?
– Le problème du capital-risque a considérablement évolué ces derniers mois. La levée de fonds opérée au travers des contrats « DSK » a résolu en grande partie le problème de la disponibilité des fonds. Le problème du potentiel de développement de technologies ne se pose pas non plus aujourd'hui. Le problème principal consiste donc à développer les entreprises, à former les entrepreneurs. C'est quelque chose qui prend du temps, mais nous avons ici à Hourtin quelques bons exemples de réussite.
La Tribune. – Où en est le développement du régime des stocks options ?
– Nous avons renforcé considérablement dernièrement le système des BSPCE. Ce système de participation au capital de l'entreprise pour les employés ne concernait auparavant que les entreprises de moins de sept ans. Nous avons prolongé cette validité à quinze ans. Nous avons également étendu ces BSPCE au domaine de la finance, permettant aux sites financiers sur l'Internet, je pense en particulier au site des sociétés de bourse en ligne, d'en bénéficier. Un nouveau texte de loi qui sera présenté au Parlement au début de l'année poursuivra la réforme de ce système. Il existe encore quelques divergences d'opinion sur les stock-options mais c'est un système maintenant généralement admis.
La Tribune. – Vous évoquiez dans une tribune récente le « contrat social » du XXIe siècle. Quelles pourraient être les principales composantes ?
– La composante principale, qui relève d'une de nos responsabilités majeures, c'est celle de l'éducation et de la formation. Lorsque j'avais évoqué le « passeport Internet » lors de la dernière fête de l'Internet, c'est à dire un ensemble de connaissances de base permettant l'utilisation d'Internet, j'avais misé sur un objectif de 10 millions d'internautes en France d'ici à la fin de l'année. Je pense que cet objectif est en passe d'être atteint. Les jeunes Français, comme le disait le Premier ministre dans son discours, savent aujourd'hui se servir d'Internet.
La Tribune. – On ne connaît pas aujourd'hui d'acteur français réellement présent en termes de contenus sur l'Internet.
– L'un des sujets du moment est, en effet, celui de l'émergence d'un site portail d'origine française, avec des contenus locaux, une politique de développement ambitieuse est qui saura rivaliser avec ses concurrents anglo-saxons et européens. De nombreux projets sont en préparation chez les uns et chez les autres et nous devrions voir des projets se concrétiser très rapidement. C'est un enjeu important et les sociétés françaises ont réellement une carte à jouer dans ce domaine.