Interview de M. Daniel Cohn-Bendit, député européen, dans "Paris-Match" du 26 août 1999, sur son souhait d'obtenir la double nationalité française et allemande et sur la décision de Lionel Jospin de ne pas procéder à un remaniement ministériel après le succès des Verts aux élections européennes de juin 1999.

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Média : Paris Match

Texte intégral

Q - Vous revenez de vacances dans l'Hérault. Que fait un vert en vacances ? Il jardine, taille ses rosiers ?

- Je ne suis pas « un vert » ! Je suis moi et je ne jardine pas. Je nage, je joue au foot, je fais du vélo, je lis, je dors, je me balade et je vais au marché…

Q - Vacances en France… Et vous n'arrivez pas à avoir la nationalité française.

- Je n'ai aucun problème pour obtenir la nationalité française ! Le seul souci, c'est que, pour l'instant, en raison d'une convention franco-allemande, je ne peux pas garder la nationalité allemande si je prends la française. Je représente un cas très particulier d'ex-apatride ayant demandé la nationalité allemande à 14 ans pour échapper au service militaire… Il faut que je m'en occupe, mais une solution sera trouvée. Forcément.

Q - Malgré votre succès aux européennes, le gouvernement récemment remanié n'a pas fait davantage place aux Verts. Un camouflet ?

-Nous sommes en Ve République. Le roi Jospin en a décidé ainsi. Il n'a pas voulu faire ce geste, parce qu'il n'arrive pas à intégrer la nouvelle réalité des Verts. Il a en tête un rapport de force classique dans la tradition de la gauche française, incluant une coalition P.S.-P.C.-Radicaux. Il a bien admis les Verts, mais dans leur configuration d'il y a deux ou trois ans. Il n'a pas compris leur nouvelle importance.

Q - Est-ce pour cette raison qu'il ne vous a toujours pas accordé l'entretien que vous demandiez au soir des élections ?

- Il ne se presse pas, c'est le moins que l'on puisse dire. En fait, Jospin ne me recevra pas. Mais je n'en ferai pas une maladie. C'est son problème, s'il pense rencontrer les Verts quand il discute avec Voynet…

Q - Voulez-vous dire que Dominique Voynet n'incarne pas les Verts ?

-Mais bien sûr que si ! Elle est à la fois l'ex-porte-parole et la ministre verte. Elle a bien sûr une grosse influence au sein du mouvement. Mais, après les élections, il y avait diverses possibilités, j'incarne quelque chose d'autre… Maintenant, il faudra attendre les prochaines échéances électorales pour le démontrer.

Q - Les législative en ligne de mire ? Avec changement, si possible du mode de scrutin ?

- Il faut d'abord s'imposer aux municipales. Si le rapport de force évolue dans un an et demi, alors on pourra songer à gagner plus de circonscriptions aux législatives. Mais il faudrait en effet injecter un peu de proportionnelle dans le scrutin majoritaire. C'est ce que demandent les Verts, c'était d'ailleurs inscrit dans l'accord Verts-P.S. Mais je doute qu'il soit respecté. Jospin n'est pas un homme de parole. En attendant, moi, j'essaie de rassembler autour des Verts des forces de la gauche plurielle pour créer un vrai pôle de réformisme radical.

Q - La rumeur vous dit candidat à Paris pour les municipales. Vrai ou faux ?

- Faux. Je ne suis pas candidat ?