Texte intégral
Q - Lors des universités d'été du Parti communiste, R. Hue a vertement tancé les Verts en leur disant qu'un départ ne bouleverserait pas la majorité. Est-ce que la gauche plurielle est en train d'exploser ?
– « Je ne crois pas, mais je pense qu'il n'est pas inutile de rappeler l'importance et le poids politique du Parti communiste dans la majorité plurielle. C'est cet équilibre qui a bâti la cohésion. Maintenant, il nous reste beaucoup de travail à faire pour répondre aux attentes des Français, pour répondre aussi à l'espoir de ce gouvernement de la gauche plurielle. Je pense que maintenant il faut se mettre au travail. »
Q - Cela veut dire que les élections européennes n'ont pas redistribué la donne politique ?
– « Je ne le pense pas. D'ailleurs on n'a pas demandé aux électeurs de se prononcer sur la composition du gouvernement français. »
Q - C'est déjà l'heure des bilans sur le plan touristique. Vous aviez dit que 1999 serait un bon cru ?
– « On ne peut parler que de tendances puisque nous sommes encore dans la saison estivale, mais je pense que l'on fera aussi bien qu'en 98, qui avait été une excellente année, voire mieux puisqu'un certain nombre de régions ont vu leur fréquentation touristique augmenter cette année, notamment avec davantage d'étrangers – des Britanniques, des Allemands, des Néerlandais – et un certain nombre de sites touristiques sont en train de faire le plein actuellement, surtout la partie sud qui est prisée pendant la saison estivale, mais aussi des régions où il y a eu de grands événements. Je pense en particulier à la Normandie avec l'Armada du siècle, mais aussi à toute la partie de l'éclipse totale qui a fait sauter tous les taux de réservations. »
Q - Est-ce que vous avez pu observer des changements du comportement des français en vacances ?
– « De plus en plus les Français ont un comportement différent de celui que l'on a connu depuis trente ans. Ils partent plus souvent et moins longtemps, donc la saison estivale est plus courte. L'aspect famille prédomine parce que les vacances sont un moment de retrouvailles, de ressourcement, les enfants comptent beaucoup. Il y a aussi davantage d'aspirations à un tourisme plus doux, de découvertes, de randonnées, également de tourisme culturel. Ce qui a caractérisé cette saison touristique ce sont ces grands moments de convivialité que l'on avait déjà connus à la Coupe du monde et qui se sont manifestés à nouveau à l'Armada du siècle, dans les grands festivals. Les ferias, par exemple, ont un succès très important. Je pense aussi au Festival interceltique qui a amené des foules immenses. »
Q - On lézarde un peu moins sur la plage ?
– « On se repose toujours beaucoup, parce que c'est un repos bien mérité. Mais l'on a envie de découvrir, l'on a envie de retrouver ses racines à travers les vacances. »
Q - Est-ce que l'aspect financier est un frein très important ?
– « Cela existe. On sent très bien qu'un certain nombre de nos concitoyens calculent beaucoup en vacances, ils vont moins au restaurant – ce qui fait une difficulté pour les restaurateurs. Ils gèrent leur argent en fonction de leurs aspirations, et vont davantage vers des activités gratuites. »
Q - Beaucoup de Français ne partent pas encore.
– « Il reste encore, malheureusement, 40 % de nos concitoyens qui ne partent pas. On ne saurait se réjouir d'accueillir les étrangers si les Français aussi n'en profitaient pas. C'est la raison pour laquelle je mène aussi une politique sociale du tourisme. Cela a été manifesté cette année par l'extension du chèque-vacances aux salariés des petites et moyennes entreprises ; c'est aussi l'objet de la bourse solidarité-vacances qui, dans une démarche de solidarité, unit les professionnels du tourisme et les associations caritatives qui le font déjà : 1 000 personnes sont parties cet été, des personnes qui sont au RMI, des chômeurs, des femmes avec des enfants. Ils ont pu goûter aux vacances sur les lieux les plus prestigieux avec les autres. »
Q - Qui finance cela ?
– « C'est une action de solidarité entre les professionnels du tourisme qui offrent à tout marginaux des places dans leurs établissements, que ce soit les privés ou les associatifs. J'ai mis à leur disposition une structure qui aide à faire fonctionner cette démarche de solidarité. »
Q - C'est une solidarité qui va vers des vacances beaucoup plus culturelles ?
– « Complètement ! Les personnes qui sont dépourvues d'argent, qui ne partent pas, ont envie de découvrir nos sites, notre patrimoine. Pour eux, c'est un souffle d'oxygène qui leur permet de se ressourcer pour réattaquer une année dans laquelle ils auront à surmonter beaucoup de difficultés. »
Q - Les restaurateurs se plaignent : on va moins au restaurant, les dépenses ont changé.
– « La fréquentation a des nuances d'un lieu à l'autre mais il est vrai que, globalement, l'on sent qu'au niveau de la restauration les restaurateurs ne retrouvent pas leurs saisons touristiques d'antan. C'est certainement dû, en partie, au pouvoir d'achat mais aussi aux changements de comportement – on a moins envie de rester trois heures à table. Peut-être faudrait-il que les restaurateurs pensent à avoir une offre de restauration qui corresponde plus aux besoins. C'est en mêlant tous ces éléments que l'on retrouvera cet épanouissement de la restauration que l'on avait avant. C'est important la gastronomie ! »