Texte intégral
Q - Vous allez bien ?
– « Je vais très bien. Parfum de vacances déjà dans l'air. »
Q - Mais il n'y a pas une petite réunion cet après-midi ?
– « Ce matin, Conseil des ministres à 10 heures, puis ensuite, pour l'essentiel, nous nous sentirons un petit peu allégés, libérés pour ce mois d'août. »
Q - Est-ce que les valises sont déjà prêtes pour vous ?
– « Les valises sont prêtes et la direction, c'est la Drôme, pour le calme, les paysages, les odeurs et la tranquillité que j'espère y trouver. »
Q - Est-ce que ça va être de vraies vacances pour vous, cent pour cent, ou est-ce que vous allez quand même emporter une petite pile de dossiers ?
– « J'ai emporté des dossiers, mais c'est tout à fait différent du reste de l'année puisque, en fait, il s'agit de dossiers que je souhaite approfondir, comprendre, découvrir un peu plus au fond et ce sont des dossiers que je lirai tranquillement, à l'heure de la sieste, sans pression et sans avoir à décider dans le quart d'heure qui suit, ce qui est tout à fait original et étonnant pour un ministre. »
Q - C'est vrai que c'est difficile pour vous d'être cent pour cent en vacances, là, en ce moment, parce que c'est difficile aussi de ne pas parler de la pollution, puisque c'est dans tous les journaux, ce matin. Voir Le Figaro…
– « Les mesures les plus efficaces sont des mesures de long terme, qu'il s'agisse des plans de déplacement urbain qui vont permettre de limiter la place de la voiture, de redonner toute leur place aux usagers non motorisés de la ville ou au transport collectif qui devrait d'ailleurs être plus attractif pour reconquérir le coeur des usagers, ou qu'il s'agisse de l'utilisation prioritaire du chemin de fer pour le transport des marchandises. C'est tous les jours de l'année que nous travaillons à améliorer la qualité de l'air et c'est presque un rituel estival que d'en parler au moment de ce qu'il est convenu d'appeler des pics de pollution. En fait, les pics n'ont de pic que le nom. Les stocks considérables d'air pollué poussé par les vents qui sont au-dessus de nos têtes existent pratiquement tous les jours de l'année. Simplement, sous l'effet d'une chute de ce vent, du soleil, d'un anticyclone, les stocks d'oxyde de carbone se transforment en ozone : et on en parle. Mais la pollution de l'air pose vraiment un problème tous les jours de l'année. »
Q - J'entendais quelqu'un, tout à l'heure, dans le journal, qui disait que l'ozone est là tout le temps, et en plus on ne la mesurait pas avant. Maintenant, on la mesure et on sait le taux d'ozone. Mais c'est là tout le temps.
– « Les oxydes de carbone sont là tout le temps, et on transforme l'oxyde d'azote en ozone sous l'effet du soleil, en période estivale, et on l'a plus quand même au moment où on la mesure, c'est-à-dire au moment de ce qu'on qualifie de pics estivaux. Mais je dirais que la situation sanitaire est agaçante. Elle n'est pas plus préoccupante au moment des pics que lors des autres jours de l'année. Une étude récente a montré qu'il y avait des dizaines de milliers de vie qui étaient écourtées en raison de la pollution atmosphérique. C'est donc un problème extraordinairement sérieux, grave, qui doit être réglé par une mobilisation tous les jours de l'année. Encore une fois, les plans de déplacement urbain pour toutes les agglomérations de plus de 100 000 habitants seront dotés en l'an 2000. La modification des caractéristiques des carburants et des véhicules, pour qu'ils polluent moins, – ce qui a été fait dans le cadre européen, de l'Union européenne – sont des mesures de long terme, qui vont porter leurs fruits en quelques années. Il faut de la patience et surtout ne pas relâcher un effort qui demande la mobilisation de l'ensemble des administrations des collectivités locales, et puis aussi la modification des comportements des usagers. C'est pour cela que nous avons imaginé la journée « En ville sans ma voiture ». Cela se passera le 22 septembre prochain, et nous pensons que c'est l'occasion de faire réfléchir chacun sur ses déplacements en ville. »
Q - Je vous trouve très optimistes, vous avez raison. Mais, quand vous dites : “Il faut faire appel au sens civique des Français”, pensez-vous que nous avons le sens civique très pointu au point de dire : “Oui je vais laisser ma voiture” ? Est-ce que vous pensez que les Français sont prêts à faire les choses comme cela ?
– « Le Français râle facilement. Le Français devrait aussi assumer les conséquences de ses mouvements de mauvaise humeur en considérant que là où il peut faire un effort, il doit le faire. Et puis l'été, finalement, on peut peut-être aussi planifier mieux ses déplacements ; on n'est pas obligé de faire de grands déplacements le jour du pic de pollution. Les personnes qui travaillent ont – pas toujours – mais souvent le choix d'avoir recours de temps en temps au moins aux transports collectifs. Donc, c'est vraiment dans ces jours de tension que chacun doit réfléchir à sa façon de se déplacer et se demander s'il ne peut pas faire le petit geste qui permettra à l'ensemble de respirer mieux… On a beaucoup parlé de la qualité des eaux de baignade. Les gens s'interrogent sur la qualité de l'eau, etc. Et je me dis qu'en France, quand même la qualité des eaux de baignade est bonne. Simplement, ils ne font pas attention suffisamment, me semble-t-il, à deux risques majeurs qui touchent leurs enfants : la noyade – un petit, ça doit être surveillé tout le temps – et puis le soleil. Le soleil, ça brûle, et moi je suis étonnée de voir tellement de petits mômes au bord de l'eau. »
Q - Sans Tee-shirt, sans protection…
– « Même tout nus, tout nus toute la journée au soleil et rouge-crevette le soir. Je crois qu'un Tee-shirt blanc sur le dos des petits, même pour se baigner, ça ne fait pas de mal. »
Q - On sent la maman qui parle tout d'un coup.
– « Oui, franchement. Ce n'est pas la qualité de l'eau de baignade. Si le gamin boit un verre d'eau en buvant une tasse, ce n'est pas un problème. Par contre, s'il est brûlé de soleil, c'est un problème sanitaire tout à fait sérieux. »