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J’ai le plaisir de lancer aujourd’hui, le « Printemps des Initiatives ». Tout au long du printemps, partout en France, dans chaque département, seront organisées des journées des initiatives des jeunes. Un évènement national clôturera l’opération les 29 et 30 juin à Paris. Cela permettra en particulier, de mettre en valeur les initiatives qui auront été les plus remarquées dans les journées départementales. Vous trouverez dans le dossier de presse le calendrier de toutes ces journées.
Ma volonté d’organiser ce printemps des initiatives part de trois constatations :
La première, c’est que les jeunes souhaitent bouger, s’engager, prendre des initiatives associatives, sportives, culturelles, sociales ou économiques.
Dans chacun de mes déplacements, dans chacune de mes rencontres avec eux, j’ai pu le constater.
Bien sûr, ils sont inquiets, quant à leur avenir face au chômage. Mais la plupart rajoutent très vite : « j’ai un projet qui me tient à cœur (économique, associatif, sportif, social…Peu importe) mais je ne sais pas comment m’y prendre pour faire de cette idée une réalité. »
Or ces projets sont souvent intéressants et ils constituent un réel espoir pour notre pays. Un exemple : deux jeunes de Meaux sont venus me voir en me disant « voilà, vous le savez, notre cité a été classée zone franche, pour inciter les entrepreneurs à venir s’installer chez nous. »
Nous, notre quartier nous souhaitions l’aider, nous voulons attirer des chefs d’entreprises. Bénévolement nous nous proposons d’être les « V.R.P. » De la zone franche et d’aller rencontrer des chefs d’entreprise pour les inciter à venir.
Ces jeunes, nous leur devons une réponse, et pas seulement des mots : du concret !
Ce que je veux c’est pouvoir dire à tous ceux qui ont des projets, des initiatives intéressantes : banco ! Je vous fais confiance, vous pouvez vous lancer, la société va vous aider et vous donner votre chance. Ainsi, les jeunes pourront construire leur avenir plutôt que de les subir, passer de la logique de l’assistanat à celle de la réussite.
La seconde constatation, c’est que les jeunes, lorsqu’on leur fait confiance et qu’on leur donne le petit coup de pouce dont ils ont besoin, sont vraiment capables de nous étonner. Il existe au Ministère de la Jeunesse et des Sports un dispositif, sur lequel je m’appuie, puisqu’il marche bien, et je vais amplifier considérablement : c’est le défi jeunes.
En dix ans, avec des bourses d’environ 20 000F, nous avons permis la création de près de 2 000 emplois. Les jeunes lauréats présents autour de moi pourront, si vous le souhaitez, en témoigner tout à l’heure.
Ce dynamisme, cette créativité, c’est très important pour les jeunes eux-mêmes, mais aussi pour la France toute entière : ce n’est qu’en créant des activités nouvelles, des produits innovants en explorant des marchés nouveaux que l’on créera durablement de l’emploi et que l’on pourra répondre aux problèmes de notre société. C’est aux jeunes qu’il revient de le faire, et c’est ce tremplin que leur offre le printemps des initiatives.
L’avenir de l’emploi en France, je le vois pour ma part beaucoup plus dans ces projets portés par les jeunes que dans les embauches autoritaires, décidées par décret, comme certains voudraient nous le faire croire aujourd’hui.
La troisième constatation c’est que les jeunes qui ont une idée sont un peu désemparés car ils ne savent pas où s’adresser. Ils ont l’impression que s’est compliqué, qu’on ne les écoute pas. Ce que je veux, c’est qu’au sein d’un même lieu, les jeunes rencontrent tous les interlocuteurs qui peuvent les aider pour qu’ils se rendent compte de la réalité des soutiens. L’information et l’orientation des jeunes ne doivent pas se reposer que sur des prospectus mais aussi et surtout sur des contacts directs autour d’un projet.
A ces trois constatations s’ajoute, et cela a été l’élément déterminant dans la décision de lancer ce printemps des initiatives, ma vision personnelle de ce que devrait être l’éducation dans un pays comme la France.
Aujourd’hui l’éducation se résume trop souvent à l’instruction, c’est-à-dire à une accumulation de connaissance et de diplômes.
Or ce dont notre pays a besoin, pour s’adapter aux mutations profondes de notre société, c’est de jeunes épanouis, créatifs, curieux, entrepreneurs, capables d’inventer demain. Pour leur donner cette chance, deux éléments sont capitaux :
- d’abord développer dès le plus jeune âge la curiosité et l’ouverture d’esprit par la pratique d’activités culturelles et sportives et culturelles : c’est l’objectif de la réforme des rythmes scolaires ;
- ensuite favoriser dès l’adolescence le goût de l’initiative, la capacité d’autonomie : c’est l’objectif du printemps des initiatives.
Il s’agit là d’une réelle complémentarité entre deux moments de la formation de l’individu et qui nous amène à avoir une autre conception de tout le système éducatif et de ses finalités.
De même que la réforme des rythmes scolaires n’a pas pour objectif de transformer tous nos enfants en champions sportifs, de même le printemps des initiatives n’a pas pour but de faire de tous les adolescents de futurs chefs d’entreprises. Il s’agit simplement pour eux d’apprendre à entreprendre car quel que soit leur métier ils en auront besoin. Il s’agit également de leur donner confiance en eux. On vante beaucoup aujourd’hui, à juste titre, les stages en entreprise. Je crois qu’un jeune qui a pu mener à bien un projet personnel dispose d’un atout considérable dans son cv. Et il ne faut pas se limiter aux projets économiques mais aussi s’adapter aux goûts et aux possibilités de chacun sur le plan culturel, sportif, ou social. Le printemps des initiatives, c’est la possibilité pour chaque jeune de bâtir un projet sur mesure.
Alors concrètement, que va-t-il se passer sur le terrain dans les prochains mois. Dès aujourd’hui, pourront être retirés de tous les bureaux de la poste et les 1 300 points d’informations jeunesse les dépliants que voici pour présenter cette opération.
Dans chaque département seront organisées des journées des initiatives des jeunes. J’ai voulu laisser aux partenaires locaux la possibilité d’organiser ces journées en fonction des spécificités de chacun. Toutefois, j’ai souhaité que les manifestations soient à la fois studieuses et vivantes, et que les jeunes s’y sentent chez eux :
Sur place ils trouveront un document qui les guidera dans la définition de leurs projets : voici la maquette du carnet de bord, qui donne à la fois des exemples et des indications de méthode. Et voici l’affiche de présentation de l’opération.
De plus tous les participants recevront une information pratique et des conseils personnalisés pour transformer une idée en projet. Ils pourront ainsi trouver des appuis techniques, auprès des associations, des collectivités, des entreprises qui s’intéressent à l’initiative des jeunes, et, je le souhaite, pour les projets les plus avancés, des partenaires financiers.
Ainsi, pour ce qui concerne Défi Jeunes, avec la poste, nous avons réservés 30 MF. Pour aider les projets des jeunes en 1997, c’est-à-dire de quoi aider plus de 1 000 projets qui présentent un intérêt collectif dans tous les secteurs d’activités.
Je souhaite avec le concours des partenaires publics et privés, doubler dès 1998 le nombre de projets aidés.
Vous le voyez, ces manifestations ont un double objectif :
- simplifier les démarches, lever les obstacles, améliorer l’information, préfigurer, donc en quelque sorte, une forme de guichet unique sur l’initiative ;
- et puis cela va de pair, fédérer les énergies, réunir les bonnes volontés, fortifier les coopérations pour mieux répondre à l’immense envie de s’engager, de participer ou d’être utile…
Et surtout, c’est très important à mes yeux, les jeunes seront aussi accueillis par d’autres jeunes qui ont eu la chance de mener à bien leur propre projet. Rien ne vaut la démonstration par l’exemple, les jeunes sont quand même les meilleurs ambassadeurs de la jeunesse.
Enfin, les journées se concluront le plus souvent par une manifestation culturelle, artistique (concert, spectacle de théâtre…), montée par des jeunes eux-mêmes.
Je peux vous dire que je suis sensible à la réelle mobilisation qui se fait jour, autour de cet évènement. Cette mobilisation vient du terrain, des collectivités, d’acteurs sociaux économiques, d’associations, des jeunes eux-mêmes.
Mais cette mobilisation est aussi entretenue par les partenaires nationaux de ce premier printemps des initiatives et je tiens à les remercier ici de leur engagement. Il s’agit des chambres de commerce et d’industrie, de la radio NRJ, et enfin de La Poste. Je souhaite à ce propos remercier M. Fillon pour l’excellente collaboration qui s’est instaurée entre nos ministères sur cette opération.
Vous trouverez dans le dossier de presse des renseignements complémentaires sur l’organisation de ces journées.
Pour ma part, je souhaite que ce premier printemps des initiatives soit le point de départ d’une nouvelle attitude en direction des jeunes, basée sur l’écoute, la considération et la responsabilité.
Ainsi, pour aller plus loin, j’ai la volonté d’organiser en l’an 2 000 en France, un grand rassemblement de la jeunesse de tous les pays du monde pour que chacun puisse exposer ses projets (musique, architecture, mode, technologie, social, etc…). Quelque chose comme une exposition mondiale des projets des jeunes.