Interview de M. Guy Drut, ministre délégué à la jeunesse et aux sports, dans "Le Figaro" du 6 mai 1997, sur sa volonté de généraliser les nouveaux rythmes scolaires.

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Le Figaro : Vous organisez aujourd’hui à Paris un colloque sur les rythmes scolaires. De quoi s’agit-il ?

Guy Drut : 100 000 élèves ont bénéficié, dès 1996, de nouveaux rythmes scolaires donnant davantage de place aux activités sportives et culturelles. Ainsi les enfants profitent-ils de périodes dites « sans cartable », principalement en début d’après-midi, c’est-à-dire aux moments les moins propices aux activités fondamentales. Ces nouveaux aménagements visent à respecter les rythmes biologiques des enfants et à développer des activités sportives et culturelles pour favoriser l’équilibre et l’épanouissement et lutter contre l’échec scolaire. Ils sont également le moyen d’ouvrir l’école sur l’extérieur, de faire découvrir aux élèves – surtout aux plus démunis – la richesse des associations et des clubs sportifs. La curiosité des enfants doit être développée car le monde de demain exigera de grandes capacités d’adaptation.

Après huit mois de fonctionnement, nous disposons des premiers éléments d’évaluation de ces expériences. J’ai souhaité qu’à partir de ces résultats, l’ensemble des partenaires de l’école puissent dialoguer en présence de scientifiques et de spécialistes. Il s’agit de faire le point, ensemble, sur les expériences engagées et d’étudier les conditions d’une généralisation.

Le Figaro : Comment situez-vous vos expérimentations par rapport aux modèles étrangers ?

Guy Drut : Le modèle français doit évoluer vers des journées moins chargées et vers un meilleur équilibre de ces journées. Il ne s’agit pour nous, en aucun cas, de copier des modèles étrangers. En France, les 170 sites-pilotes ont fait preuve de beaucoup d’imagination et ont, pour la plupart, mis en œuvre des projets ambitieux : toutes les écoles fonctionnent sur cinq jours pour alléger la journée de l’enfant, elles ont aussi pour point commun de diminuer les nombre d’heures par semaine et de réduire d’autant la durée des vacances scolaires.

Le Figaro : Comment les travaux d’évaluation ont-ils été menés et en fonction de quels critères ?

Guy Drut : Dans chaque site-pilote, un comité d’évaluation regroupant l’ensemble des partenaires de l’école a été mis en place. Au plan national, un comité indépendant présidé par Jean-Paul Delevoye, président de l’Association des maires de France, regroupe les résultats de ces comités locaux et s’appuie sur des experts, des consultants et des laboratoires universitaires pour mener des études nationales plus approfondies. Plusieurs thèmes ont ainsi été traités : « effets sur les enfants », « intervenants », « coûts », « dynamique locale », « question juridique », « collèges et lycées ».

Le Figaro : Les résultats de cette évaluation sont-ils positifs ?

Guy Drut : Vous verrez lors du colloque que les résultats des évaluations confirment les impressions que j’ai eues lors de chacun de mes déplacements dans les écoles expérimentant ces nouveaux rythmes.

Le Figaro : L’expérience des après-midi « sans cartable » vous paraît-elle généralisable, et dans quelles conditions ?

Guy Drut : Ainsi que je l’ai déjà indiqué à plusieurs reprises, je souhaite que cette réforme soit progressivement généralisée d’ici à la fin du septennat. Vous observerez d’ailleurs que la généralisation de ces nouveaux rythmes scolaires figure dans la plate-forme RPR-UDF, « Un nouvel élan pour la France ».

Le Figaro : L’aménagement des rythmes scolaires est-il un enjeu des prochaines élections législatives ?

Guy Drut : Oui, mais dans l’intérêt de nos enfants, c’est-à-dire sous la forme d’un vrai débat de société à propos duquel la majorité et l’opposition peuvent échanger idées et expériences, comme ce sera le cas à l’occasion du colloque aujourd’hui, même si la phrase me paraît sibylline, je lis que le programme socialiste envisage « d’adapter les rythmes scolaires au niveau de la commune ou du groupe de communes dans le cadre d’options définies nationalement ».