Texte intégral
La lettre de la FIA - Max Mosley - 18 décembre 1997
Madame le ministre chargée des sports,
Il apparaît que vous vous êtes interrogée hier, devant l’Assemblée nationale, si la Fédération internationale souhaitait retirer la formule 1 de l’Europe. Il aurait peut-être été plus utile de me poser cette question lors de notre récente réunion.
Le problème qui affecte le Grand prix de 1998 existe depuis 1992. Après d’innombrables promesses et des années de négociations infructueuses, la possibilité de son retrait du Championnat du monde de formule 1 de la FIA a été soulevée en octobre 1996.
À la suite de cela, j’ai rencontré votre prédécesseur, M. Drut. Il nous a alors de nouveau été promis à maintes reprises que le problème serait résolu. Aucune de ces promesses n’a été tenue. La raison pour laquelle votre ministère est incapable de résoudre un problème simple m’échappe, mais, ce n’est pas la faute de la FIA, et encore moins celle d’un plan imaginaire visant à retirer la formule 1 de l’Europe.
Aucun organisateur ne peut se permettre de supporter plus d’une petite partie du coût d’une course de formule 1. Pour plus de 90 %, le coût réel est couvert par une combinaison de parrainage, de soutien technique et de télévision. À moins que les dispositions télévisuelles universellement acceptées ne puissent être respectées, l’ensemble du système s’effondre. Tout cela a été expliqué à votre ministère à de nombreuses reprises.
Toutes les dates limites raisonnables étant passées, il est maintenant virtuellement impossible d’insérer une épreuve supplémentaire dans le calendrier 1998. L’accord de chaque concurrent serait nécessaire. Ce qui est maintenant Impératif, c’est un effort déterminé de clarification de la loi française sur la télévision dès que possible, afin que le Grand prix de France 1999 puisse être inclus dans le Championnat du monde de formule 1 de la FIA 1999.
Rien de tout cela n’a de rapport avec la Belgique ou le Portugal, où des problèmes locaux particuliers ont toutes tes chances de trouver des solutions locales rapides et efficaces.
Vos remarques devant l’Assemblée nationale ayant été publiques, je crois approprier de communiquer le contenu de la présente lettre à la presse.
Je vous prie d’agréer, Madame le ministre, l’expression de ma plus haute considération.
La réponse de la ministre
Monsieur le président,
J’ai bien reçu votre lettre et je souhaite y répondre sans tarder. Dès mon entrée en fonction, en juin dernier, j’ai eu connaissance des menaces qui pesaient sur l’inscription du Grand prix de France au calendrier 1998. Dès cette date, le ministère de la jeunesse et des sports s’est mis au travail afin d’aboutir à une solution qui garantisse à la fois le libre accès de la presse à une manifestation sportive et le droit d’exploitation de cette manifestation par ses organisateurs.
C’est d’ailleurs dans cet esprit, et à l’initiative conjointe du ministère et du Conseil supérieur de l’audiovisuel, que les chaînes françaises de télévision ont signé un protocole d’accord le 22 octobre 1997.
Il fallait cependant, donner à cette démarche un fondement juridique qui ne la limite pas au seul Grand prix de France de formule 1. Sur cette base, un projet de décret a été élaboré après une consultation étroite avec les acteurs du mouvement sportif et les médias audiovisuels.
Ce projet, je vous l’ai présenté le 4 novembre dernier. À l’issue de cette rencontre, vous avez rendu hommage « aux gens du ministère qui ont bien travaillé », et vous avez ajouté : « On est sur la bonne voie... Je crois que nous avons trouvé une bonne solution. »
C’est précisément cette « bonne voie » que le Gouvernement continue d’explorer, et cette « bonne solution » que nous allons présenter au Parlement dès le mois de janvier 1998.
Les conditions seront alors réunies pour que, conformément à vos engagements, le Grand prix de France soit réinscrit au calendrier 1998 du Championnat du monde de formule 1.
Je vous prie de croire, Monsieur le président, en l’expression de ma considération distinguée.