Texte intégral
Date : 3 avril 1997
Source : Le Figaro
Les Chimères de Jospin
Les propositions de Lionel Jospin pour l’emploi des jeunes sont un tissu de surenchères irréalistes
À vouloir obstinément renier l’héritage mitterrandien, à vouloir coûte que coûte sortir, comme il le dit lui-même, des – sentiers battus –, face à un gouvernement qui met tout en œuvre pour relancer l’emploi et l’activité économique, M. Jospin s’embourbe.
Le programme économique et social que le dirigeant du Parti socialiste vient de présenter, et tout particulièrement le volet consacré à l’emploi des jeunes, en apportent l’évidente démonstration.
Les propositions qu’il émet, et qui se veulent originales, ambitieuses et réalistes, ne sont en fait que des surenchères déraisonnables et irréalistes, opposées à la politique de réformes courageuses menées par le Gouvernement, sous l’impulsion du Président de la République, qui a placé l’emploi des jeunes au rang de priorité absolue.
Ces propositions n’apportent rien au débat car elles plagient, dans une large mesure, certaines des dispositions prises par le Premier ministre, Alain Juppé. Le dispositif d’emplois d’une durée de cinq ans pour les jeunes de 10 à 25 ans que veut créer M Jospin, le Gouvernement l’a déjà mis en place. C’est le dispositif des emplois de ville destinés aux jeunes des quartiers en difficulté que je mets en œuvre depuis plus de six mois avec mon collègue Éric Raoult.
Le Gouvernement a fixé le nombre de ces emplois de ville à 100 000 car le chômage des jeunes, s’il nécessite des mesures fortes et ambitieuses, est un problème trop grave pour ne pas imposer le sérieux et la lucidité, deux qualités dont M. Jospin ne semble pas être particulièrement pétri.
La lucidité dans ce domaine, c’est reconnaître, par exemple, qu’il est impossible de dicter autoritairement quoi que ce soit aux collectivités locales ou aux partenaires sociaux, mais qu’il faut partir en campagne pour les mobiliser, ainsi que l’a souhaité le Président de la République.
Dans cet esprit, j’ai signé avec de grands organismes publics et associatifs, comme l’Union nationale des organismes HLM ou les transporteurs publics, des conventions les engageant à recruter des jeunes. De même, j’ai négocié avec tous les partenaires sociaux de l’Unedic, la mise en place d’un régime d’assurance chômage adapté.
Mobiliser tous les partenaires c’est aussi, comme je l’ai lait, écrire aux présidents des conseils généraux et régionaux afin qu’ils apportent une contribution aux emplois de ville en plus de la prise en charge de l’État.
Mobiliser, c’est enfin aller sur le terrain pour sensibiliser tous les acteurs locaux sur les emplois de ville. Je m’y emploie dans le cadre d’un tour de France des régions.
Les résultats commencent à être au rendez-vous : le cap de 1 100 nouveaux emplois de ville chaque mois a été franchi, soit 60 contrats supplémentaires signés chaque jour ouvrable. À force de persévérance, nous créerons les 100 000 emplois.
Quel financement ?
De telles actions concrètes et de tels résultats, M. Jospin na peut s’en réclamer pour sa campagne électorale. Aussi s’en remet-il à des propositions captieuses et, par manque de sérieux et de réalisme, ou bien par mauvaise foi, envisage-t-il de créer non pas 200 000, non pas 300 000, mais 700 000 emplois ! Qui plus est, en deux ans !
Plus que ce chiffre astronomique, le mystère gardé sur le financement des emplois qui seraient ainsi créés en dit long sur l’irréalisme de ces propositions. La seule certitude est que la création de 350 000 emplois dans le secteur public se traduirait par une augmentation des dépenses publiques et par des déficits budgétaires énormes, dont les socialistes nous ont fait pendant 14 ans la démonstration.
Enfin, quant à l’obligation faite aux entreprises de créer 350 000 emplois, une connaissance même rudimentaire des réalités économiques suffit à savoir qu’elle est chimérique.
Un sondage paru le 18 mars, à la veille de l’intervention de M. Jospin, montrait que le chômage était la première crainte de plus de trois Français sur quatre. Je suis malheureux de constater que M. Jospin, à travers l’exposé d’un programme auquel il ne croît sans doute pas lui-même, se livre à une exploitation démagogique et politicienne de cette peur.
Il faut que les Français sachent que ses propositions, loin de réduire le chômage, ne feraient qu’aggraver la situation.
Date : 29 avril 1997
Source : Les Échos
Cohésion sociale, cohésion territoriale
Voilà un peu plus de 500 jours que le ministère de l’aménagement du territoire, de la ville et de l’intégration a été mis en place, inaugurant un regroupement d’attributions ministérielles inédit sous la Ve République. Depuis, les mesures se sont succédées : du pacte de relance pour la ville avec ses 68 mesures au récent comité interministériel d’aménagement et de développement du territoire avec ses 80 mesures, en passant par la création de la zone franche corse et la publication des 34 décrets d’application de la loi d’orientation du 4 février 1995.
Au moment où le Président de la République entend donner une nouvelle impulsion à cette politique de réforme, je veux souligner avec vigueur que toutes ces mesures, dans leur multiplicité et leur diversité, tant dans le domaine de l’aménagement du territoire que de la ville et de l’intégration, tendent vers un seul et même but : l’emploi au service de la cohésion territoriale.
C’est l’objectif premier du schéma national d’aménagement et de développement du territoire, dont l’avant-projet va être envoyé, après approbation par le Ciadt, dans les régions, pour que les collectivités territoriales fassent connaître leur avis. Ce schéma, qui doit dessiner pour 2015 une France plus équilibrée, plus compétitive, plus solidaire, est tout imprégné de la volonté que chaque territoire puisse trouver la place qui doit être la sienne et participer à l’essor national. Cette philosophie qui inspire le schéma est celle qui a présidé à la mise en œuvre de toutes les mesures que nous avons déjà prises.
Avec le pacte de relance pour la ville, nous avons en effet placé l’emploi et la reprise des activités économiques au cœur de la logique de développement social et urbain des quartiers en difficulté ; c’est ce qui distingue ce pacte de tous les plans programmés depuis vingt ans. Les premiers résultats sont au rendez-vous. Pour prendre l’exemple des zones franches urbaines, fer de lance de cette nouvelle politique, après seulement trois mois de mise en place effective, déjà 470 entreprises nouvelles s’y sont implantées et plus de 1 700 emplois y ont été créés.
De même, pour les emplois de ville, le cap de 1 200 nouveaux emplois chaque mois a été franchi. Il faut savoir que, avec les 100 000 emplois de ville prévus par le pacte de relance, on règle 50 % du problème du chômage des jeunes de moins de vingt-cinq ans des quartiers en difficulté. Ce n’est pas rien.
Plus largement, dans tous les quartiers défavorisés, dans les campagnes éprouvées par l’exode rural, en Corse et dans les départements d’outremer, des mesures exceptionnelles d’exonérations fiscales et sociales en faveur des entreprises, des commerces et de l’artisanat sont désormais en vigueur. Allant dans le sens de l’allégement de la pression fiscale voulu par le Président de la République, ces exonérations représentent annuellement, par exemple, 1,5 milliard de francs dans les territoires ruraux de développement prioritaire, 1 milliard dans les zones de revitalisation rurale, 600 millions en Corse.
La prime d’aménagement du territoire ou le fonds d’aide à la décentralisation ont permis, quant à eux, en 1996, la création de plus de 20 000 emplois directs, chiffre le plus élevé depuis 1988.
Enfin, le Ciadt d’Auch a décidé de doter le fonds national de développement des entreprises à hauteur de 1 milliard de francs, à partir des recettes de privatisation, et par conséquent, sans creuser le déficit budgétaire.
Avant le 1er juillet, le plan pour le monde rural que j’ai préparé et dont le principe a été approuvé par le Ciadt viendra compléter les mesures en faveur de l’emploi et de l’activité dans les campagnes.
Jour après jour, territoire après territoire, le Gouvernement a apporté, à un rythme soutenu, des réponses sans précédent pour relancer l’activité et l’emploi dans les territoires défavorisés et renforcer la cohésion territoriale. Cohésion sociale, d’un côté, avec le projet de loi dont l’adoption a été, hélas, interrompue. Cohésion territoriale, de l’autre, l’action du gouvernement et de la majorité dans son entier, forme un ensemble qui ne laisse aucune exclusion aggraver la fracture sociale et territoriale.