Communiqués de M. Jean-Marie Le Pen, président du FN, parus dans "Présent" des 11 et 16 avril, article paru dans "Français d'abord" de la 2ème quinzaine d'avril 1997 et déclaration, parue dans "Présent" du 23 avril 1997, sur l'affaire des écoutes téléphoniques de l’Élysée, la fête de Jeanne d'Arc et la dissolution de l'Assemblée nationale.

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Intervenant(s) : 

Circonstance : Annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale le 21 avril 1997 par M. Jacques Chirac

Média : Français d'abord - Présent

Texte intégral

Date : 11 avril 1997
Source : Présent

Le communiqué de Jean-Marie Le Pen

« La valse-hésitation d’Alain Juppé sur la levée du “secret-défense“ en matière d’écoutes entretient une confusion qui nuit gravement à l’image et au bon fonctionnement des institutions républicaines, car, sans transparence, il n’est pas de démocratie digne de ce nom.

« Afin que soit levée définitivement toute ambiguïté, et pour répondre à la noble exigence de l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui précise que “la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme“, Jean-Marie Le Pen demande que soit publiée intégralement la liste des personnes ayant fait l’objet d’écoutes commanditées par l’Elysée. La violation systématique et répétée de la vie privée doit pouvoir donner lieu à l’ouverture de procédures juridiques. Il s’agit là d’une règle élémentaire du droit des gens. »

Écoutes de l’Élysée : secret-défense »

Le Front national communique :

« Les fameuses “écoutes“, dont chaque gouvernement assure rituellement qu’elles vont être supprimées, décidément la vie dure ! Pendant deux septennats, François Mitterrand en a usé et abusé, au mépris de toute légalité républicaine.

« Personne ne croit sérieusement que toutes les “écoutes“ ordonnées par François Mitterrand étaient commandées par la seule défense des intérêts supérieurs du pays. A la vérité, le népotisme le plus effréné, mêlé à la corruption généralisée, ont dicté de telles pratiques. Il s’agit bien là d’atteintes à la vie privée, injustifiables et injustifiées. Qu’Alain Juppé invoque le “secret-défense“ pour couvrir Mitterrand prouve à quel point la connivence est grande entre les “princes“, qui nous gouvernent.

« Le Front national dénonce une nouvelle fois avec la plus grande vigueur cette dérive des institutions et des pratiques politiques. Si la raison d’Etat, la lutte contre la délinquance ou le terrorisme, la défense du pays et de la paix civile justifient naturellement l’usage de tels procédés, les seuls services officiels doivent en être chargés, sous l’étroit contrôle de hauts magistrats réputés pour leur honnêteté, leur indépendance et leur attachement au service de l’Etat. »


Date : 16 avril 1997
Source : Présent

« Le Front national dénonce l’ambiguïté du questionnaire CSA-La Vie et les conclusions hasardeuses qu’en tirent les sondeurs peu scrupuleux.

« L’affirmation selon laquelle “58 % des Français jugent les idées du Front national opposées au message religieux des Eglises“, sans que l’on précise de quelles idées du Front national, de quels messages religieux et de quelles Eglises il s’agit, constitue une escroquerie “hénaurme“.

« L’affirmation selon laquelle “les grandes religions ont pris position contre les idées du Front national à l’occasion de son congrès de Strasbourg“ est un mensonge grossier. »


Date : 2e quinzaine d’avril 1997
Source : Français d’abord

Depuis plusieurs semaines, le microcosme politico-médiatique bruit d’innombrables rumeurs de dissolution de l’Assemblée nationale. Désormais, c’est parti pour des législatives anticipées ! il est grand temps de se mobiliser.

Pour être honnête, il faut avouer que l’atmosphère générale dans laquelle baigne le paysage politique français est davantage celle d’une pré-campagne musclée que celle qui règne d’ordinaire à près d’un an de l’échéance normale. Les innombrables agressions, verbales et physiques ou fiscal de ses cadres, les inlassables campagnes de mensonges et de calomnies dont il est victime, en constituent une triste illustration.

Le gouvernement s’imagine aujourd’hui probablement bénéficier d’une certaine clémence. Les sondages et autres cotes de popularité semblaient ces derniers temps un peu moins maussades. Il n’y a pas encore d’événements graves. Or, d’ici un an tout peut arriver. Une explosion de violence peut survenir en Algérie, amenant des centaines de milliers, sinon des millions d’Algériens sur notre territoire. Les banlieues peuvent s’embraser soudainement, ou encore le démantèlement accéléré de l’automobile, dernier pan sérieux de notre industrie, pour lequel travaillent directement ou indirectement 2,5 millions de personnes, peut consacrer l’effondrement de notre économie. Dans cette perspective, on comprend que le gouvernement Juppé, soucieux de sauver la mise, ait bousculé le calendrier électoral et précipité les événements. Même si la majorité perdait plus de cent cinquante députés, elle serait encore maîtresse du Palais Bourbon : c’est sans doute ce qu’ont estimé les stratèges de la Place Beauvau et les analystes de Matignon. Pourtant, rien n’est moins sûr…

Cependant, est-ce vraiment avec de tels raisonnements que notre pays va se redresser ? Certainement pas. Car la peu ragoûtante cuisine politicienne et les charcutages électoraux n’ont jamais été autre chose que de vulgaires et mesquines combines retardant les échéances capitales. Les petits marquis qui hantent les palais dorés de la République se soucient comme d’une guigne de l’intérêt supérieur du pays. A la vérité, le sort des Français leur importe peu.

Pour notre part, nous ne craignons rien. Le Front National est en ordre de bataille. Il est le seul mouvement politique à n’être pas miné par des scandales, le seul à être uni, seul surtout à avoir un programme pour redresser notre pays, le seul à proposer des solutions efficaces, dignes et solides pour sortir de l’ornière. De plus en plus de Français en sont conscients, et lui accordent leur confiance. C’est sans doute ce qui affole nos adversaires, prêts à tout pour sauver leurs prébendes et leurs privilèges. Voilà pourquoi ils tendent de toutes leurs forces et par tous les moyens de nous faire taire.

Mais ils oublient qu’à leur différence, nous ne sommes pas serviles, qu’au contraire nous nous considérons fièrement comme des femmes et des hommes libres. Libres de voter comme bon nous semble, mais libres aussi de nous rassembler comme bon nous semble, dans le respect de la loi. Sans cesse agressés dans leurs réunions, sur les marchés, lors des collages et tractages, les militants du Front National se voient en fait interdits d’exercer leurs droits les plus élémentaires et se trouvent traités en citoyens de seconde zone. De plus, au harcèlement dans la rue succès très souvent une véritable persécution dans les prétoires. J’ai dénoncé à plusieurs reprises récemment le parti-pris systématique dont étaient victimes les militants et élus du Front national en matière judiciaire et pénale. Il faut rappeler haut et fort à nos concitoyens que la résistance à l’oppression est une droit fondamentale, inscrit dans le préambule de la Constitution, et que nous entendons défendre et faire respecter.

La fête du Premier Mai, qui est la fête du travail, mais également le jour où nous honorons la Sainte de la Patrie, sera cette année un événement capital pour notre Mouvement. Ce sera d’abord l’occasion de venger Jeanne d’Arc. A Strasbourg, madame Trautmann a cru nous humilier en déboulonnant Jeanne de son socle. Au bout du compte, elle n’a finalement insulté qu’elle-même et ses complices. Mais nous descendrons aussi dans la rue pour prouver à la fois notre détermination et notre volonté de nous faire entendre. Nos adversaires ont beau user des méthodes les plus viles et les plus violentes pour nous bâillonner, ils n’y parviendront pas. Notre défilé de cette année sera la plus insolente réponse à leurs mensonges et leurs attaques. Dans le calme et la bonne humeur, nous administrerons la preuve de notre belle santé. Là où les autres n’ont à proposer que de maigres et ternes cortèges, où s’agitent vainement les professionnels patentés des syndicats officiels, nous, nous représenterons le peuple de France, venu à ses frais de tous les beaux coins de terroir qui font la richesse de notre beau pays. Toute la différence est là. Eux représentent les utopies fumeuses, les échecs du passé, la crainte de l’avenir. Nous nous représentons le désintéressement, les idées claires, l’avenir et l’espoir. Demain nous appartient.

Voilà pourquoi nous devons être plus nombreux que jamais sur le pavé de Paris. Je compte sur vous pour battre le rappel. Amenez vos parents, amis, collègues de bureau, copains de classe ou de régiment, votre fiancé, et même votre belle-mère : tous constateront le visage bonhomme et bon enfant du Front National. Entre électeur, c’est bien, mais être militant, c’est-à-dire acteur et décideur de son propre avenir, c’est encore mieux.


Date : 23 avril 1997
Source : Présent

La dissolution chiraquienne est un véritable hold-up électoral, une arnaque honteuse. Chirac oublie qu’en France, le souverain constitutionnel n’est pas lui, mais le peuple et que celui-ci n’est pas à sa botte.

Or, il réduit à sa guise la campagne électorale à 20 jours, dont 3 points totalisant 11 jours de congés, et fixe sans vergogne et sans respect pour les traditions familiales le scrutin le jour de la Fête des Mères.

En fait, Chirac a peur que les Français puissent juger sur pièces les conséquences sociales désastreuses de la folle politique de Maastricht, dont il fut du reste un fervent partisan. Si c’était véritablement l’euro qui était en jeu, il suffirait de faire un référendum comme l’a si souvent réclamé le Front national. Tout le monde sait que, coincé entre Maastricht et la crise sociale, Chirac est contraint de choisir Maastricht.

En vérité, Chirac sait que l’année 97 sera celle de nouveaux gouffres budgétaires, de nouveaux impôts, de licenciements supplémentaires, et que 1998 sera l’année de tous les dangers. De plus, il sait que les enquêtes judiciaires qui visent le RPR pourraient bientôt remonter jusqu’à lui… C’est la crainte de la montée du Front national et de l’arrivée des affaires RPR, ces raisons inavouées et inavouables qui motivent en fait cette décision unique. Il lui en cuira.

Esquiver un large débat démocratique sur le quitus de la législature Balladur-Juppé constitue une véritable escroquerie politique. Acculé, Chirac a donc décidé de sacrifier une partie de son énorme (et impuissante) majorité parlementaire. Cette dissolution masque des motifs si peu avouables qu’on se demande comment les chiraquiens feraient demain avec moins d’élus ce qu’ils n’ont pas su ou voulu faire depuis quatre ans, en ayant les 4/5e des députés.

Chirac sait que le parti socialiste ne se relève pas de ses turpitudes, et que son chouchou, le parti communiste, reste bien faible. En revanche, ce qu’il ne sait pas, c’est si révolte des Français va se porter sur le Front national. C’est l’inconnue du scrutin.

Le peuple ne se laissera pas piéger. Il échappera aux faux dilemme gauche-droite. Il choisira la nation, et donc le Front national, qui augmentera considérablement ses scores, malgré ou peut-être à cause de la magouille chiraquienne.