Déclaration de M. Alain Richard, ministre de la défense, sur la politique de communication du ministère de la défense et sur l'annonce de la création d'un site Internet, Paris le 16 janvier 1998, publiée dans "SIRPA Actualité" du 31.

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Circonstance : Voeux à la presse de M. Alain Richard, en janvier 1998

Texte intégral

Je suis très heureux de vous accueillir pour cette nouvelle rencontre pour qu’on discute vraiment, simplement, des vœux : je ne crois pas qu’il faille mélanger les réunions d’échanges un peu détendus et les réunions de travail.

Vous savez que dans ce ministère, on est obligé de brasser pas mal de matériaux politiques et techniques, on produit beaucoup de décisions. Depuis sept mois, nous avons essayé de travailler effectivement ensemble, de se dire ce qu’on a à se dire, et je suis vraiment heureux de souligner l’effort que beaucoup d’entre vous avez fait pour répercuter, auprès de l’opinion, l’actualité de ce qui se passe dans la défense.

Je ne crois pas beaucoup l’avoir personnalisée – je crois que ce n’est pas ma mission – en tous cas ce n’est pas ma préférence. Mon intérêt central dans le dialogue avec vous, c’est que l’on parle vraiment de la défense et de ce qu’elle représente pour les Français.

La loi sur le service national, le budget, la revue des programmes, les dossiers industriels, tout cela a donné lieu à beaucoup de matériaux d’informations et je crois qu’il y a encore une pédagogie importante à faire auprès de nos concitoyens pour les rendre sensibles aux dossiers de défense.

Je voudrais que vous ayez la conviction que nous serons autant que possible à votre disposition et que nous chercherons à être vraiment vos partenaires pour faire passer l’information. Bien entendu, il peut y avoir de petites différences de vision dans nos rôles respectifs, notamment lorsque nous sommes en train de préparer des décisions : je m’efforce de rester fidèle à une vision de rôle du politique en démocratie qui est que, il y a une période pour la délibération, et cette période est non publique, et il y a ensuite une période pour le débat et l’explication, et celle-là est publique.

Il me semble d’ailleurs que, dans la vie même des organes de presse, si l’on exprime toute une série de choses, en revanche les débats internes à l’organe de presse sur ce que l’on va choisir comme façon de présenter l’événement, sur la hiérarchie des sujets, etc., sont également non-publics, donc il me semble que nous ne sommes pas si éloignés dans la réflexion.

Sur l’explication, par contre, il nous reste, à nous, beaucoup de travail à faire.

Par exemple, l’adoption de la loi suspendant le service militaire n’aura son effet définitif qu’au bout d’une période de transition de quatre ans : c’est un concept difficile à faire comprendre, notamment pour le début, vu l’impact très fort des sujets concernés sur la vie quotidienne et sur les perspectives des jeunes qui sortent de formation.

C’est un hasard qui nous a fait rencontrer aujourd’hui, on pouvait choisir à peu près n’importe quelle date dans cette période de vœux, mais il se trouve que c’est ce matin que le Gouvernement a défini son plan d’action gouvernemental sur la société de l’information, que l’on sent vibrer à tout moment de nos rencontres.

Depuis la formation de ce gouvernement, en effet, Lionel Jospin s’est fixé comme priorité de faire franchir à l’État et à ses administrations, à ses services, le saut des nouvelles technologies de l’information. Il l’avait longuement, et je crois avec une grande vision de l’avenir, expliqué à Hourtin au mois d’août, et je partage pleinement l’idée qu’il y a un lien entre la transparence et la démocratie.

Notre ministère accusait un retard sur d’autres, dans l’utilisation des nouvelles technologies, et je suis heureux de vous annoncer que, grâce à l’effort particulièrement soutenu du SIRPA et des services nombreux concernés par le ministère, nous aurons notre serveur Internet le 27 janvier.

C’est ce jour-là que nous serons mis en ligne, et ce sera aussi le jour où je remettrai le prix Marc Flament, qui chaque année récompense la meilleure photo de reportage de guerres, ce que nous ferons au nouvel espace audiovisuel du musée de l’Armée, j’espère vous y retrouver nombreux.

Le nouveau serveur, qui vous est présenté dans le dossier de presse, est une vitrine de ce que font les états-majors et les services de ce ministère. C’est aussi un peu plus puisque nous voulons y mettre, et le public pourra y accéder directement, les activités politiques, administratives et opérationnelles de la défense, sans parler de toutes les informations grand public qui trouveront là un nouveau support.

Les armées, la gendarmerie, les directions développeront, chacun avec son image spécifique, chacun selon sa diversité, un système d’information pratique et concret pour répondre à toutes les questions sur les carrières et les emplois.

Pour vous, les professionnels de l’information, notre ambition est que la base de données qui vous sera ainsi accessible, soit évolutive, associe des textes, des images et même des images mobiles et des sons puisque nous allons introduire des séquences vidéo de l’ECPA.

Cet effort n’est pas simplement une question de concurrence entre ministères ou d’alignement sur un standard gouvernemental. C’est une intention de mettre en cohérence la politique de communication et la politique de présence dans les préoccupations des Français et de ce ministère, avec la réforme de la professionnalisation et tout ce qu’elle entraîne.

Dans un récent baromètre de la SOFRES, nous constations que 40 % des Français s’estiment « très bien » ou « assez bien » informés par l’armée et 39 % « assez mal » ou « très mal ». Ce n’est donc pas une situation dont nous ayons à rougir, compte tenu des contraintes propres au système militaire : avoir déjà ce niveau de satisfaction de notre opinion est positif. Mais dans dix ans, dans quinze ans, nous savons bien que les relations, dans la vie quotidienne, dans le parcours humain de la grande majorité des Français, entre la défense et le reste des citoyens sera fondamentalement changé.

Il n’est donc pas trop tôt, me semble-t-il, pour nous préoccuper d’un effort plus important de perception des enjeux de la défense, notamment de ces enjeux politiques ou stratégiques qui sont forcément loin du quotidien des gens, au regard de la vie quotidienne des Français et de leur information.

Parce que, d’un autre côté, nous avons un taux de 76 % de la population qui se déclare sensible aux publicités sur l’armée : il y a bien une écoute, une réceptivité, et vous savez tous, en professionnels, que le défilé du 14 juillet est une émission à un niveau d’écoute et d’intérêt des Français tout à fait extraordinaire.

La politique de communication que je souhaite soutenir, vers laquelle je souhaite faire avancer le ministère, a pour principal objectif de convaincre ce pays qu’il a besoin d’une défense, qui lui donne des capacités bien entendu de défense immédiate du territoire, mais aussi qui lui donne des moyens d’influence, des moyens de peser sur l’action.

Et je suis un peu frappé de la différence de perception de ces enjeux par les Français, lorsqu’on passe par la fiction ou par l’information sur le réel. C’est-à-dire qu’à travers de multiples formes d’expressions, du cinéma à la bande dessinée en passant par le roman, les Français sont, peut-être un peu plus que d’autres, passionnés, se sentent directement stimulés et interpellés par des enjeux de présence de leur pays, d’action par des moyens de défense sur les cinq continents.

Or, on sent bien que lorsqu’il s’agit de le faire par le réel, il y a toujours, en revanche, le réflexe : est-ce vraiment utile ? Est-ce-que l’on a vraiment besoin d’aller risquer la vie de nos jeunes dans telle ou telle situation ? Et pourtant les Français, je crois, sont vraiment soucieux de notre influence internationale, de notre capacité d’action à peser sur les événements.

Je vous confirme aussi que nous travaillons bien sur une évolution du système de communication de l’armée. Ceci se fera au moment du départ du général de Corta qui a indiqué que, après presque quatre ans à la tête du SIRPA central, ce qui est sans doute une des plus longues durées que nous ayons eues au cours de ces dernières années, il souhaite quitter le service actif, ayant lui-même contribué à la réflexion sur l’évolution qui ne sera pas un bouleversement parce que l’on a un acquis important.

La réflexion se poursuivra encore un peu, mais le processus de décision, auquel j’associe les chefs d’état-major, a pour ambition de porter le SIRPA au niveau d’un service de communication intégré au projet gouvernemental de société de l’information et maîtrisant les nouvelles technologies comme celle que nous allons vous fournir à partir du 27.

La transparence, la synergie interarmées et la conduite des choix liés à la professionnalisation en seront les principes fondateurs, et, comme les autres réformes, celle-ci vous sera autant que possible expliquée en profondeur lorsqu’elle sera menée à son terme.

En tout cas, elle vise d’abord à faciliter votre activité, à vous aider à donner aux questions de défense et plus généralement aux questions d’action internationale de ce pays la place qu’elles doivent avoir. Cela fait partie des missions les plus valables et valorisantes de la presse et pour tous les efforts que vous y consacrez, pour tout le travail souvent ingrat que vous y apportez, je tiens à vous rendre hommage, à vous souhaiter bon courage et beaucoup de réussite dans les nombreux travaux que vous allez développer au cours de cette année et à vous dire qu’aujourd’hui, comme je l’espère tous les jours de l’année, cette maison est vraiment la vôtre.

Il y a dans la communauté militaire, chez les gens qui s’impliquent quotidiennement dans la défense, un réel attachement à tous ceux dans la presse qui parlent de nous et qui s’intéressent à nous et je dois en être aujourd’hui l’interprète en vous souhaitant à tous une année de succès dans vos activités professionnelles et une année, aussi, de bonheur et de satisfactions personnelles.