Interview de M. Michel Teyssedou, président du CNJA, dans "La Croix" le 22 mai 1986, sur les revendications des jeunes agriculteurs et les relations avec le nouveau gouvernement.

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Circonstance : Congrès du CNJA à Montauban (Tarn-et-Garonne) du 20 au 22 mai 1986

Média : La Croix

Texte intégral

Q - Michel Teyssedou, l'an dernier, lors de votre Congrès d'Argentan, le CNJA avait tenu un discours d'entrepreneurs autonomes, Cette année, vous en appelez de nouveau à l'État. N'y a-t-il pas une contradiction ?

Pas du tout. A Argentan déjà, un chapitre de notre rapport d'orientation portait sur les engagements de l'État même si nous ne l'avions pas développé. En effet, les pouvoirs publics ont des obligations : moderniser l'économie, favoriser l'installation de jeunes agriculteurs, en renforçant notamment les modalités de financement. Nous souhaitons que le gouvernement annonce une réduction du taux des prêts bonifiés à l'agriculture afin de redonner à la bonification le caractère d'aide à l'investissement qu'elle a de moins en moins avec la baisse générale du crédit.

Q - Vous avez convié J. Chirac à venir à Montauban. Pourquoi ?

La loi d'orientation agricole annoncée par François Guillaume devrait être accompagnée par une loi de programmation agricole, rurale et de développement des industries agro-alimentaires. Une telle loi assurerait un engagement financier du gouvernement sur plusieurs années afin que le ministre de l'Agriculture ne soit pas sans cesse à la merci des arbitrages défavorables du ministre de l'Économie et des Finance.

Nous souhaitons aussi que les investissements des agriculteurs soient encouragés par des dégrèvements fiscaux. Et également que la prochaine loi de finances prévoie une limitation de la hausse de la fiscalité sur le foncier non bâti.

Q - Ces exigences vous paraissent-elles compatibles avec la réduction annoncée par le gouvernement ?

La place de l'agriculture et de l'agro-alimentaire dans notre pays qui, de surcroît, compte 2,5 % de chômeurs, fait que même un gouvernement qui fait des économies ne peut négliger l'importance de ce secteur qui apporte 34 milliards de francs de devises, 18 % des emplois et aménage en plus gracieusement l'ensemble du territoire.

Q - Que pensez-vous de la privatisation au Crédit agricole qui est en projet ?

Pour nous, l'important c'est que le Crédit agricole reste bien la banque de l'agriculture. Donc, dans le cadre d'une réforme institutionnelle, il doit garder le monopole de la distribution des prêts bonifiés. Il faut aussi que les agriculteurs conservent la maîtrise du Crédit agricole à travers le secrétariat. D'une manière générale, il n'y a de place pour une agriculture en marche ni dans une économie administrée ni dans une économie totalement libérale. La vérité est à mi-chemin.