Déclaration de Mme Nicole Notat, secrétaire général de la CFDT, sur les résultats des élections prud'homales et la progression de la CFDT, Paris le 11 décembre 1997.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Elections prud'homales du 10 décembre 1997

Texte intégral

La CFDT tire trois enseignements majeurs de cette élection prud'homale :

- la progression générale de la CFDT ;
- le bouleversement de la section encadrement ;
- les progressions régionales en particulier en Île-de-France.

En progression de 1,5, la CFDT réalise son meilleur score depuis la création des élections prud'hommes avec 25,3 %.

Elle conforte sa place de seconde organisation syndicale alors que l'écart se creuse (près de 5 points) avec, FO et que l'écart diminue avec la CGT.

Dans un contexte marqué par un recul préoccupant de la participation électorale, la CFDT est la seule confédération syndicale à progresser, alors que les autres maintiennent au mieux leur position ou reculent.

Je tiens, par votre intermédiaire à remercier les électeurs salariés et demandeurs d'emplois, comme nos militants qui ont contribué à ce résultat. Les conseillers CFDT prud'hommes issus du monde du travail, élus ou réélus mettront toute leur énergie à exercer leur mandat dans un souci de justice et de responsabilité.

Dans le collège encadrement, avec plus de 8 points de progression, à 31,5 % des suffrages exprimés, la CFDT devient largement la première organisation alors que la CGC perd 5 points et se retrouve loin derrière. À signaler que la section encadrement ne recouvre pas la seule catégorie des cadres, c'est-à-dire les ingénieurs et assimilés mais aussi les enseignants du privé, la formation professionnelle et continue, les journalistes, les VRP.

Ce succès ne doit pas masquer les résultats dans les autres collèges :

- avec 32,87 %, la CFDT reste largement la première organisation dans le collège Agriculture (Stable) ;
- elle est seconde dans tous les autres collèges : elle prend la seconde place à FO dans le collège Commerce (24, 16 % en progression d'1 %) ;
- elle progresse dans le collège activités diverses (27,74 % + 1 point) ;
- elle stabilise son résultat dans l'industrie à 22,3 %.

Sur le plan de son implantation géographique, la CFDT voit s'atténuer ses disparités régionales et renforce par là son implantation nationale.

Elle progresse dans les régions où ses résultats étaient inférieurs à sa moyenne, notamment dans le sud de la France. Cette progression est particulièrement spectaculaire en Île-de-France avec 4,8 %. C'est un événement.

Ces progressions tiennent à une action tenace d'organisation et de développement de l'adhésion qui produit ses premiers effets particulièrement dans le secteur privé comme l'a montré récemment le dernier conflit des routiers.

Dans 70 % des départements, elle connaît des gains en pourcentages qui peuvent aller jusqu'à 7 % accompagnés souvent de gains nets en voix.

Près de la moitié des départements donnent à la CFDT un pourcentage nettement supérieur à sa moyenne nationale pouvant atteindre 43 % des exprimés. 16 départements se situent à 30 % ou au-dessus.

Elle se maintient dans les régions où traditionnellement elle est forte (Bretagne, Pays-de-Loire, Alsace) et où elle occupe la première place.

Ainsi la CFDT est première organisation dans les régions Alsace, Bretagne, Basse Normandie, Lorraine et Pays-de-Loire. Elle est deuxième dans les régions : Aquitaine, Auvergne, Bourgogne, Champagne-Ardenne, Franche-Comté, Île-de-France, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, Poitou-Charentes, Rhône-Alpes.

Ces résultats s'inscrivent d'abord dans le droit fil du développement et de l'implantation de la CFDT. Il marque notre enracinement dans le secteur privé, enracinement déjà vérifié lors des dernières élections aux CE (dont je rappelle le taux de participation à savoir 65 % la CFDT devenant première organisation syndicale en 1995).

La CFDT se trouve ainsi confortée dans ses orientations pour un syndicalisme combatif et constructif cherchant à faire la preuve de l'efficacité et de l'utilité de son action dans l'ensemble des secteurs professionnels et catégories de salariés. Un syndicalisme qui inscrit son action dans une vision d'évolution positive de la société. Un syndicalisme soucieux de justice sociale.

Les priorités revendicatives de la CFDT qui placent l'emploi au cœur de son action se trouvent validées. Les voix engrangées par la CFDT dans ce scrutin ne relève pas du hasard. Elles sont le signe d'une confiance accrue dans la vision de l'action syndicale de la CFDT et un encouragement à poursuivre, dans cette direction. Ces résultats ont été obtenus dans un contexte où l'hostilité à l'égard de la CFDT a atteint des sommets. La stratégie délibérée du mensonge, de la calomnie, du discours populiste n'a pas globalement payé et c'est heureux. Cela devrait suffire à ce que l'auteur de ces débordements mette désormais la pédale douce sur des dérives si dangereuses et lui serve de leçon, tout simplement à partir de son score personnel dans la section encadrement à Paris où il ne parvient pas à franchir la barre des 10 % pendant que Michèle Maupioux, militante CFDT, tête de liste, y recueille plus de 34,5 % de suffrages.

Fort de ce succès, nous avons un chantier qui nous attend celui de la RTT pour lutter contre le chômage, pour créer des emplois. Malgré un CNPF arc-bouté, il faut mettre en œuvre un rapport de forces pour ouvrir les négociations dans un maximum d'entreprises et de branches. La CFDT va s'y employer.

Ceci dit cette satisfaction d'ensemble, ne nous empêche pas de juger le niveau de participation préoccupant. Les causes sont multiples :

- elles tiennent à une organisation matérielle du scrutin inadaptée aux enjeux, d'une consultation électorale qui concerne 15 millions de personnes ;
- à une sensibilisation très tardive de l'importance de ce scrutin et de celle de l'institution prud'homale pour la défense quotidienne des droits des salariés ;
- aux évolutions structurelles de l'emploi qui reflète le poids des différents collèges.

Le nombre d'inscrits augmente dans les collèges qui sont le plus portés à l'abstention comme activités diverses (+ 35 %). Taux de participation 33 % en 1992, 28 % en 1997) alors qu'il diminue dans la section industrie qui votaient davantage (52 % en 1992, 48 % en 1997).

Cela reflète aussi un taux de syndicalisation plus faible dans ces secteurs, ou la taille d'entreprise est plus petite et où la tradition syndicale est plus récente.

Pour l'avenir, c'est un véritable défi à relever pour le syndicalisme qui doit convaincre de son utilité et de son efficacité, tous les salariés dispersés et inorganisés.

Les suffrages exprimés se sont portés dans une proportion de 4 sur 5 sur les 3 premières organisations syndicales. Cela traduit la volonté de voter utile et une lassitude vis-à-vis de l'émiettement syndical de notre pays. De ce point de vue, la multiplication des petites listes n'a pas été payante pour leurs initiateurs.


[TABLEAUX NON REPRODUITS]


Élections prud’homales - Scrutin du 10 décembre 1997

Commentaires sur les résultats

La participation au scrutin

Pour l'ensemble des sections le taux d'abstention s'élève à 65,6 % ; il est en augmentation de près de 6 points par rapport à 1992. Le nombre de suffrages exprimés est de 4,85 millions à comparer aux 5,4 millions de 1992.

Le taux d'abstention varie selon les sections de 52,3 % dans l'industrie à 71,7 % dans la section des activités diverses et 72,4 % dans la section commerce.


[TABLEAU NON REPRODUIT]


La modification de la composition de l'électorat amplifie l'abstention. En 1997, le nombre d'électeurs inscrits a encore augmenté mais de façon très inégale selon les sections. La section industrie perd près de 700 000 inscrits tandis que celle des activités diverses en gagne plus de 900 000. Le déplacement s'opère donc de la section la moins abstentionniste à une de celles qui connaissent le plus fort taux.


[TABLEAU NON REPRODUIT]


Les résultats nationaux (Métropole)
Ensemble des sections

Ce scrutin confirme les précédents, les confédérations recueillent ensemble plus de 92 % des suffrages exprimés malgré des listes plus nombreuses et la baisse sensible des confédérations CFTC et CFE-CGC. Les trois premières confédérations représentent ensemble 79 % des exprimés.

La CFDT est la seule des confédérations à progresser : + 1,5 point. Il faut rappeler que c'était déjà le cas en 1992. Elle obtient son meilleur résultat dans ce type d'élection 25,35 % et consolide ainsi sa deuxième place. Elle devance la confédération FO de près de 5 points.

Par sections
Industrie : avec 22,31 %, la CFDT obtient un résultat légèrement plus faible (- 0,3 point) que celui de 1992.
La CGT perd 0,6 point et FO en gagne 1,43.

Commerce : dans cette section, le gain de la CFDT est appréciable : + 1 ; 1 point. Les autres confédérations sont pratiquement stables à l'exception de la CFTC qui perd 1,5 point.

Agriculture : la CFDT reste et de loin l'organisation syndicale représentative des salariés de ce secteur d'activités très spécifique, elle maintient son résultat de 1992 : 33 % des suffrages exprimés.
À signaler la perte de 1,2 point pour FO et de 1,1 point pour la CFTC.

Activités div. : dans cette section dont le poids relatif augmente, la CFDT confirme son influence qui est supérieure à sa moyenne nationale : 27,74 % avec une progression de près d’un point.
La CGT réalise une bonne progression dans cette section : + 2 points.
La CFTC y connaît une perte sévère : - 2,7 points.

Encadrement : la CFDT progresse de 8 points dans cette section où elle recueille 31,5 % des suffrages et prend la première place. Elle devance la CFE-CGC de près de 10 points.
On notera aussi le gain de la CGT : + 2,3 points tandis que FO perd plus de 3 points. Cette perte s'ajoute à celle enregistrée en 1992 (- 2,75 points).


[TABLEAU NON REPRODUIT]