Texte intégral
M. le Président de la République,
Permettez-moi, en ce début d'année, de vous redire notre attachement à votre personne. Nous vous présentons les vœux chaleureux que nous formons pour vous-même, pour Madame Chirac et pour votre famille. Que 1998 vous apporte toutes les joies personnelles et familiales que vous souhaitez.
Cette année, vous l'avez dit dans votre allocution télévisée, sera importante pour notre pays. Nous souhaitons avec vous une France optimiste, entreprenante, enthousiaste, dynamique et fière d'elle-même, capable, par un engagement résolu dans les nouvelles activités, de donner à chacun le travail qu'il attend.
La période que nous traversons n'est pas un moment difficile de l'histoire du monde. Elle représente une phase de mutation extraordinaire qui permettra à l'humanité, après les adaptations nécessaires, de nouveaux progrès dans la libération des tâches ingrates, des avancées considérables dans la diffusion du savoir, des solidarités nouvelles dans une société réorganisée.
De telles transformations ne vont pas sans efforts ni sans débats.
Je forme le vœu que le Parlement soit le lieu privilégié d'expression des opinions dans la diversité des convictions. Nul ne doit se sentir exclu de la recherche des solutions les meilleures pour l'avenir du pays. Nul ne doit exclure l'apport de tous les avis et de tous les types de représentation.
Comme l'Assemblée nationale représente l'opinion plurielle, le Sénat représente le territoire.
Le territoire, c'est l'une des plus grandes richesses de la France parce qu'il appartient à son histoire et qu'il conditionne son avenir. Pensons aux mégalopoles qui explosent e partout dans le monde de manière irréversible et qui génèrent la misère et l'exclusion !
La France semble mieux maîtriser cette tendance parce que chaque Français est d'abord attaché à sa terre, à ses racines.
Le territoire, dont le Sénat assure la représentation constitutionnelle, c'est le lieu où se construisent les communautés les plus fortes, les solidarités les plus actives, les réalisations les plus concrètes. Il mérite, comme tel, une expression politique à part.
Je souhaite, vous le savez, que la voix du Sénat soit davantage encore entendue et respectée, par un fonctionnement normal du dialogue bicaméral.
D'ailleurs, partout dans le monde, en même temps que la Démocratie, s'accroît le nombre ries secondes Chambres. Ce n'est pas un hasard.
Quand l'incertitude ou la difficulté des questions à régler sont grandes, deux Chambres, c'est deux chances de trouver la solution la plus conforme à l'intérêt général, deux Chambres, c'est deux chances pour les libertés publiques et individuelles.
Nous aurons, cette année, l'occasion de le prouver encore puisqu'il nous faudra réformer la Constitution pour permettre une nouvelle avancée européenne nécessaire à l'avenir de la France.
Le Sénat fera preuve de son pragmatisme coutumier, de son efficacité juridique habituelle, mais aussi de rigueur.
Vous connaissez mon engagement pour une modernisation plus rapide de notre pays, mais je n'ai jamais cru que la modernité pourrait venir d'en haut, de réformes constitutionnelles répétées. Elle viendra du concret, de la libération des énergies, de l'efficacité économique et de la mobilisation de nos concitoyens.
Aussi, vous savez pouvoir compter sur nous pour privilégier toujours la raison et le rassemblement des Français. La réforme constitutionnelle ne doit pas être l'occasion d'affrontements partisans, mais au contraire l'expression d'un accord qu'au demeurant la Constitution exige. La règle commune ne doit pas être incessamment modifiée, au gré des alternances, mais prudemment et intelligemment modernisée.
Je souhaite enfin, qu'en 1998, les hommes politiques acceptent de mieux partager le pouvoir.
C'est le cas des gouvernants avec leurs administrés, c'est le cas du gouvernement avec le Parlement qui enrichit ses propositions, les conteste, les adopte ou les rejette, mais qui, aussi, pour peu qu'on le laisse travailler, dispose des moyens de contrôler l'action des Pouvoirs publics et de faire lui-même des propositions. Depuis 1995, elles peuvent même devenir la règle sans l'accord du pouvoir exécutif.
Nous sommes entrés dans une époque où chacun se sent capable de donner son avis sur la définition de l'intérêt commun. Nous souhaitons que chacun de nos compatriotes s'en sente aussi comptable et nos travaux peuvent y contribuer. Je souhaite surtout que les débats parlementaires soient suffisamment riches, libres et ouverts pour que chaque Français y retrouve un peu de ses sentiments, de ses pensées et de ses convictions.
En votre qualité d'arbitre et de gardien des institutions, nous comptons sur vous pour le rappeler, comme vous avez su le faire si bien en ce début d'année.
Nous formons, avec vous, des vœux pour que 1998 soit une année créative pour notre pays et qu'en 1998 la France progresse, un peu plus, vers la modernité.