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La Tribune : Internet est-il une priorité nationale ?
François Fillon : Je suis convaincu que l’usage de l’informatique et des réseaux plus généralement est une priorité absolument fondamentale. Si nous reproduisons pour la génération qui est en ce moment en formation les mêmes schémas, les mêmes comportements que ceux des générations précédentes, alors là nous sommes certains de rater le virage de la société de l’information et donc d’une certaine manière d’organiser le déclin de notre économie et de notre culture.
Il faut que nos enfants se servent de l’ordinateur et de ses fonctions de communication comme on se sert d’un stylo ou d’une calculatrice à l’école. Pour faire passer ce changement culturel, il n’y a pas de solution miracle, il n’y a ni décrets ni lois, il n’y a à mon sens que l’école, et puis l’exemple.
La Tribune : Comment organiser l’équipement des écoles ?
François Fillon : Quand on a un retard comme le nôtre à rattraper, la marche est haute et puis nos habitudes de centralisation viennent sans doute compliquer les choses… Le plan n’a pas encore été complètement affiné et arbitré par le Premier ministre mais nous nous orientons vers un système avec trois interlocuteurs : les collectivités locales, les industriels et l’État (ministère de l’Éducation nationale). C’est un sujet qui sera tranché avant l’été.
Sur le plan de l’école, qui va encore une fois être « le premier objectif » de 1997, nous allons engager un plan de raccordement de tous les établissements scolaires. Il y a actuellement environ cinq cents établissements qui sont raccordés à Internet, au réseau Renater, dans le cadre d’une expérimentation qui porte sur treize académies et il y a des plates-formes Numéris qui ont été positionnées entre autres à Bordeaux, à Toulouse et au Mans, et pour lesquelles les établissements scolaires sont en voie de raccordement. Mais l’objectif, c’est d’être capable en 1997 de proposer avec les collectivités locales et les industriels un plan de raccordement complet de l’ensemble des écoles françaises à Internet.
Notre deuxième objectif sera de faire en sorte que le nombre d’ordinateurs disponibles par élève, qui est aujourd’hui de 1 pour 43-45 élèves, passe à 1 pour 20. Ce qui n’est qu’une étape vers un objectif plus lointain qui serait qu’un jour chaque élève puisse avoir un ordinateur à sa disposition.
Le troisième volet du plan que nous allons mettre en place pour l’Éducation nationale, qui est en cours d’examen et fait l’objet de discussions entre François Bayrou et moi, concerne la constitution d’un vrai réseau éducatif avec des contenus, des systèmes interactifs, qui pourrait permettre à la France d’être pilote dans un domaine où, pour le moment, il n’y a pas encore d’initiative de ce genre dans le monde…
La Tribune : Le prix n’est-il pas un autre blocage important ?
François Fillon : C’est vrai… mais c’est vrai aussi pour la plupart des autres pays développés ; il n’y a pas de différences très sensibles de prix entre l’Allemagne et la France. Nous étudions un certain nombre de mesures afin de favoriser au moins les écoles, en cherchant à obtenir le concours des industriels et des éditeurs.
Je crois que si l’on veut soutenir les éditeurs de logiciels français, il faut essayer de baisser le prix de vente et nous avons des discussions autour du taux de TVA, non pas sur les matériels mais sur les produits d’éditeurs. Il reste que le prix des matériels baisse à une vitesse extrêmement importante et depuis que nous avons commencé cette discussion avec le ministère des Finances sur la fiscalité des matériels informatiques, le prix du micro a déjà diminué de 20 à 30 %, ce qui me laisse penser que cette question du prix est importante mais pas centrale.