Articles de M. Alain Deleu, président de la CFTC, dans "La Vie à défendre" de décembre 1997 et "La Lettre confédérale CFTC" du 15 décembre, sur les résultats des élections prud'homales et les raisons du fort taux d'abstention, intitulés "Priorité au développement" et "La CFTC irremplaçable".

Prononcé le 1er décembre 1997

Intervenant(s) : 

Média : La Lettre confédérale CFTC

Texte intégral

La Vie à Défendre - décembre 1997

L’éditorial du Président
Priorité au développement

La déception est forte au matin du 11 décembre pour tous les militants qui s’étaient dépensés sans compter pour que les élections prud’homales consolident l’audience de la CFTC. Oui le résultat n’est pas à la hauteur de nos espérances, ni du travail fourni. Le syndicalisme d’inspiration chrétienne n’a toujours pas retrouvé la place qu’il ambitionne.

Mais cela ne doit pas nous empêcher d'être fiers de la CFTC, des valeurs qu'elle représente, des services qu'elle rend. Au contraire : nous avons vu sur le terrain pendant cette campagne combien la CFTC savait répondre concrètement aux attentes des salariés. Nos électeurs ne se sont pas trompés en votant CFTC. Au nom de toute l'équipe confédérale, je voudrais donc tout d'abord dire un grand merci à tous ceux qui se sont retroussés les manches et ont donné le meilleur d'eux-mêmes. Nous n'oublierons pas cet engagement militant, qui a fait de cet automne 1997 un moment important et plein d'espoir pour la CFTC.

La CFTC est toujours là. Les pronostics de malheur ne se sont pas réalisés, qui annonçaient que nous serions dépassés par la CGC et la CSL qui avaient multiplié les listes.

Il nous faut analyser en toute lucidité les résultats, département par département, conseil par conseil et savoir nous remettre en question, à tous les niveaux, dans un esprit constructif et désintéressé.

Il ne s'agit pas d'accuser les médias pour éviter de s'interroger sur nos faiblesses. Mais cette fois le handicap médiatique a été particulièrement net malgré nos propres progrès. Depuis deux ans, les télévisions et une bonne part de la presse n'ont eu d'yeux que pour le réformisme de la CFDT. Son action a été valorisée quotidiennement et cela jusqu'au matin du 10 décembre. Au prix de la minute de publicité, ça met chaque voix CFDT au prix du champagne. Et avec tout cela elle gagne 1,5 % bien que perdant des électeurs. De son côté, Force ouvrière également omniprésente sur les ondes, se maintient. Comment voulez-vous que la CFTC puisse faire mieux que des confédérations bénéficiant de tels sponsors ? Qui accepterait, avant une élection politique, que l'antenne soit réservée à deux ou trois partis ? En matière de syndicalisme, cela ne dérange personne, ni le CSA qui s'est obstinément tu, ni le gouvernement.

Le mode d'organisation du scrutin reste pour nous un handicap important. Il a contribué à une abstention massive qui enlève beaucoup de signification aux résultats. Les erreurs, les irrégularités, les obstacles au vote ont été légion. Nos partenaires n'ont pas voulu entendre parler du vote par correspondance, et pour cause ! Mais cette fois, les deux tiers d'abstentionnistes vont obliger les pouvoirs publics à se poser la question.

Il reste que la qualité du travail sur le terrain est déterminante. Là où nous avons pu assurer une meilleure présence dans les entreprises, nos résultats sont souvent encourageant, même s'il y a des cas de forte déception. Là où cette présence est mal assurée, la sanction est là. Il nous faut, dans les années à venir, donner encore davantage la priorité effective à l'action efficace sur le terrain. C'est l'objectif principal de la réforme de l'organisation, engagée depuis cinq ans. La refonte des fédérations est toujours en gestation. Elle doit être achevée cette année 98. Nous devons mettre en route la réforme des UR, UD, UL, telle qu'elle a été décidée, de manière à offrir enfin à tout adhérent un réseau professionnel-interprofessionnel fiable. C'est une démarche de qualité globale qui tôt ou tard portera ses fruits.

Nous vivons une heure de vérité pour l'avenir de la CFTC. Soyons résolument tournés vers les enjeux de l'avenir et fidèles aux valeurs qui sont notre raison d'être. Mais surtout, sachons nous serrer les coudes pour faire de chaque action une opportunité de développement.

 

La Lettre confédérale CFTC - 15 décembre 1997

La CFTC irremplaçable

Les résultats de l'élection prud'homale sont là. Regardons la réalité en face, à commencer par l'abstention massive. Les deux tiers des électeurs ne se sont pas prononcés.

On sait que les erreurs matérielles et les irrégularités l'expliquent en partie. Vous nous en avez donné de nombreux exemples. On sait aussi que l'absence de débat médiatique, permettant à chacune des cinq confédérations de faire connaître leurs projets et leurs conceptions du syndicalisme, y est pour beaucoup.

Depuis des années, les grandes chaînes de télévision font la part belle à deux ou trois confédérations, et ce jusqu'au matin de l'élection. Il est logique que celles-ci en tirent quelques bénéfices, comme la CFDT, ou se maintiennent, comme FO. Si on y ajoute les nombreuses nouvelles listes, on mesure les difficultés que nous avons rencontré.

Reste que nous ne pouvons pas accepter que les salariés sortent affaiblis des urnes au moment où le patronat fourbit ses armes contre les 35 heures. Combien d'entre vous s'engagent depuis des mois sur le terrain ! Combien de militantes et de militants sont allés à la limite de leurs forces !

Que tous reçoivent ici nos plus vifs remerciements. La vérité de l'engagement syndical se trouve d'abord dans la défense du salarié, sur le lieu même de son travail. C'est là que, depuis cinq ans, nous gagnons du terrain. Les négociations qui s'ouvrent doivent entraîner une dynamique plus puissante encore. Chaque action que nous ajoutons dans ce sens fait entendre plus fortement la voix irremplaçable de la CFTC.