Texte intégral
Paris-Normandie : les estimations du nombre d'emplois pouvant être créés par les 35 heures varient entre zéro et 700 000. Qu'en pensez-vous ?
Jean-Louis Debré : « On peut faire dire n'importe quoi aux chiffres ! En 1981, les socialistes ont affirmé, rapport à l'appui et avec l'aide d'experts, que la réduction du temps de travail de 40 à 39 heures allait créer des emplois. Je me souviens de certains discours socialistes indiquant qu'il n'y aurait plus de chômage des jeunes. Résultat, le chômage n'a cessé de croître, celui des jeunes a augmenté et quelques mois plus tard, il a été nécessaire d'arrêter un plan de rigueur pour remettre en marche l'économie. Malgré certaines prévisions, aucun pays étranger n'a amélioré la situation de l'emploi en diminuant autoritairement la durée du travail. »
Paris-Normandie : Qu'est-ce qui vous gêne le plus dans ce projet de loi ?
Jean-Louis Debré : « Incontestablement son caractère rigide et autoritaire. La diversité des situations économiques des entreprises françaises, de leur compétitivité en particulier et de leur possibilité de faire face à une augmentation brutale de 11,4 % du coût salarial, est totalement ignorée. La différence entre PME-PMI, qui subiront de plein fouet cette baisse autoritaire, et certaines grandes entreprises multinationales qui projettent déjà de délocaliser hors des frontières françaises tout ou partie de leur activité pour éponger le choc, est occultée. »
Paris-Normandie : Quelles sont vos propositions ?
Jean-Louis Debré : « Le vendredi 30 janvier, à l'Assemblée nationale, sera discutée en première lecture la proposition de loi visant à abaisser les charges sur les bas salaires. Si cette proposition, co-signée par les groupes UDF-RPR, était votée, les entreprises françaises comptant certaines proportions de bas salaires et d'ouvriers, bénéficieraient d'une réduction de charges sociales non négligeable. Voilà une vraie proposition pour créer des emplois. Une proposition qui va à l'encontre de l'obstination gouvernementale concernant ces 35 heures qui ne créeront pas d'emplois, qui ont même toutes les chances d'en détruire ! »