Interview de M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche, dans "l'Indépendant Catalan" le 25 novembre 1999 sur l'éventuelle levée de l'embargo sur le boeuf britannique, les inondations dans le Sud et la place de l'agriculture dans les discussions de l'OMC.

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Média : L'Indépendant catalan

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L'Indépendant catalan : La crise du boeuf va-t-elle bientôt être résolue ?

Jean Glavany : Nous venons de recevoir deux documents : l'un de la Commission, sur le dispositif d'accompagnement de mesures complémentaires par rapport au dispositif précédent – c'est ce que nous avons négocié avec Bruxelles –. D'autre part, nous avons obtenu des précisions des Britanniques sur la mise en oeuvre des tests de dépistage dans les prochaines semaines.
Je rappelle les cinq points que nous avions proposés à la discussion : traçabilité des troupeaux ; étiquetage ; mise en oeuvre de tests ; contrôle plus réguliers et rigoureux ; et les produits dérivés. Sur ces cinq points, nous avons fait des avancées.
Le nouveau dispositif a été soumis à l'appréciation de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) dès mardi. Elle rendra son avis dans les quinze jours. C'est au vu de cet avis que le gouvernement prendra la responsabilité de lever, ou pas, l'embargo.

L'Indépendant catalan : Comprenez-vous l'impatience des Britanniques ?

Jean Glavany : Bien sûr, mais ils savent aussi que nous faisons les choses sérieusement et que ces longues discussions ont permis d'avancer. Ceux qui connaissent le dossier ont compris que nous ne faisons pas les choses par foucades, mais avec la plus grande rigueur.
J'espère que la crise sera réglée rapidement, mais notre seule préoccupation est celle de la sécurité alimentaire de nos concitoyens. Nous nous sommes inspirés du premier rapport de l'AFFSA – qui donna un avis négatif, fin août – pour faire bouger la Commission et obtenir des Britanniques des garanties supplémentaires, ce que nous avons obtenu.

L'Indépendant catalan : Pouvez-vous évaluer les dégâts à l'agriculture dus aux inondations catastrophiques dans le Sud ?

Jean Glavany : Il faut attendre que l'eau se soit complètement retirée pour faire cette évaluation, mais ce travail est en cours. Malheureusement, nous sommes habitués à gérer – à un degré inférieur, bien sûr – ce type de catastrophe. Ces deux dernières années, nous avons eu un gel dans l'Aude et de très grosses grêles dans les Pyrénées-Orientales. Les mesures mises en place dans le cadre du dispositif interministériel seront rapides, efficaces et à la mesure des dommages subis.

L'Indépendant catalan : Quelle place va tenir l'agriculture dans les discussions de Seattle ?

Jean Glavany : Je répète ce que j'ai dit aux Américains, au début du mois : si on ne parle que d'agriculture, il va y avoir une pression insupportable sur elle. Et, plus on parlera d'autres sujets, moins la pression sera forte. C'est comme les raquettes sur la neige : plus la surface est large, moins on s'enfonce. Qu'on ne me dise pas qu'il n'y a que l'agriculture dans les discussions de l'OMC. Et puis, quand on en parle, il ne faut pas aborder la seule question des subventions agricoles.
Il faut aussi traiter du rôle de l'agriculture dans nos sociétés, de sa multifonctionnalité : certes, elle est là pour produire et nourrir les hommes, mais aussi pour animer le milieu rural, entretenir les paysages, maintenir la ruralité. Cet aspect est important et ne doit pas être menacé par le commerce mondial. Enfin, il faut insister sur le principe de précaution pour assurer la sécurité alimentaire. Nous voulons bien libéraliser les échanges, mais pas au prix de la sécurité alimentaire.