Texte intégral
C’est avec un grand plaisir que je procède aujourd’hui, à l’installation de cette commission qui, pour la première fois se réunit : la Commission nationale des centre culturels de rencontre.
Je dis à son président, Jacques Rigaud, combien je me réjouis de me trouver à ses côtés en cette circonstance.
Le rapport de la commission d’étude de la politique de l’État, que vous m’avez remis il y a moins d’un mois, était emprunts de cette idée que nous partageons, de la culture et des politiques culturelles ; les dynamiques des Centres culturels de rencontre ; que vous avez, sans relâche, défendues depuis tant d’années en sont l’illustration par l’exemple. Je l’ai déjà dit.
Cette commission nationale arrive à son heure. Ses missions s’inscrivent directement dans l’esprit de la refondation en marche des politiques culturelles.
Je laisserai à votre président et d’ailleurs également au président de l’association des Centres culturels de rencontre, Monsieur Jean Maheu, le soin de vous expliquer dans le détail les tenants et les aboutissants de cette formule des centres culturels de rencontre.
Je dirai simplement qu’après avoir trouvé ses premières formulations en 1972, après voir connu des adaptations successives qui témoignent de son pragmatisme, elle se trouve, aujourd’hui, d’une actualité évidente, indiscutable.
Je tiens, bien sûr, à vous remercier, les uns et les autres, d’avoir accepté de siéger au sein de cette commission.
La composition de celle-ci illustre la complexité, mais surtout la richesse et l’ambition de ces dynamiques de Centres culturels de rencontre.
Cette politique n’a de sens que si les collectivités territoriales en sont les principaux protagonistes. Je remercie vivement les élus, Madame Perol-Dument, Madame Fontanilles – malheureusement retenue -, Monsieur Vanneste et Maître Lehmann – qui plaide en cours d’assise aujourd’hui -, d’avoir accepté de participer à cet élan nouveau que je souhaite donner à cette politique.
Il va de soi que vos avis et suggestions, Mesdames et Messieurs les élus, seront particulièrement écoutés.
Un Centre culturel de rencontre c’est, bien sûr, la rencontre entre un monument ou un site d’intérêt majeur et un projet contemporain. Mais c’est peut-être et surtout un lieu conçu, d’abord, pour les artistes.
Merci à Monsieur Pascal Dusapin, compositeur mais aussi très sensibilisé à de nombreuses disciplines, d’avoir accepté cette tâche difficile qui consiste à se faire l’écho de la parole de artistes.
Vous ne serez pas la bonne conscience des agents de ce ministère ! Nous attendons beaucoup de votre participation active.
Je salue également et remercie François Seigneur, architecte, qui est apparu à même, au sein de cette commission, de nourrir les débats qui ne manqueront pas de se tenir, notamment sur les partis architecturaux de restauration ou d’aménagement des monuments concernés, avec cette question récurrente et qui divise les architectes en chef des monuments historiques eux-mêmes : rupture ou continuité ?
Je vous félicite et vous sais gré, Monsieur le Président directeur général du GAN, de votre présence dans cette commission. Vous savez combien les entreprises sont des partenaires clés de nombre de projets culturels. A fortiori elles doivent pouvoir être partie prenante des dynamiques des Centres culturels de rencontre, puisque ceux-ci requièrent, par définition, le plus grand nombre de partenaires, accueillent des séminaires principalement d’entreprise, sont eux-mêmes enfin autant d’entreprises culturelles.
Je suis, enfin, d’autant plus heureux de vous accueillir aujourd’hui, Monsieur le Président, que vous êtes également Président de Châteauvallon, cet établissement culturel auquel, vous le savez, j’apporte et continuerai à apporter tout mon soutien.
Il va de soi que cette politique du ministère de la culture devait trouver une résonance particulière au moins dans deux ministères, pour ce qui concernaient les enjeux d’aménagement du territoire et les enjeux touristiques.
Je veux replacer les politiques culturelles au cœur de l’action gouvernementale. Sachez que je me réjouis du caractère résolument interministériel de cette politique et de cette commission qui lui est liée, avec la présence parmi vous du délégué à l’aménagement du territoire et du directeur du tourisme.
Je voudrais pour finir souligner combien l’association des Centres culturels de rencontre, que Jacques Rigaud a longtemps présidée et que préside aujourd’hui Jean Maheu, aura un rôle indispensable désormais parce que complémentaire de celui de l’administration dans la dynamique qui s’amorce.
Pour ce qui concerne le ministère de la culture, la présence des deux directeurs régionaux des affaires culturels atteste, si besoin en était, la logique de ce mouvement toujours en cours de la déconcentration. Il va de soi que, pour partie, la mise en œuvre de la politique des Centres culturels de rencontre relève, résolument, du niveau régional.
Toutes les directions centrales du ministère auraient pu légitimement être membres de droit de cette commission, quand on sait le caractère pluridisciplinaire de cette politique.
Il nous est, pourtant, apparu évident que l’État ne devait pas y être majoritaire. Seules, la direction du patrimoine, l’Inspection générale de l’administration et la délégation au développement et aux formations y siègeront.
Il appartient, néanmoins, à la délégation au développement et aux formations d’assumer la difficile tâche de représenter, autant que possible, toutes les directions, d’en être à la fois le porte-parole et l’avocat. C’est la raison pour laquelle, d’ailleurs, le secrétariat général de cette commission lui a été confié.
Tous les directeurs du ministère, de même que tous les directeurs régionaux des affaires culturelles pourront, à leur demande, ou sur demande du Président de votre commission, assister à toute ou partie des séances, selon leur ordre du jour.
Tout dossier présenté à la commission devra avoir reçu, au préalable, un avis qui soit, à la fois, d’opportunité et technique du directeur régional des affaires culturelles concerné et de la direction d’administration centrale compétente.
Cette commission n’aura pas la tâche facile. La politique des Centres culturels de rencontre est, par définition, une politique compliquée.
J’ai assigné à mes services, au niveau central et déconcentré, de faire en sorte que, d’ici deux ans, chacune de nos régions soit dotée d’un Centre culturel de rencontre.
Aujourd’hui la dynamique est lancée, dans la moitié des régions : une, parfois plusieurs réflexions, voire trois ou quatre dans certaines grandes régions sont en cours.
Je crois en cette formule, en ce réseau, en ses prolongements européens.
J’attends de vous non seulement de me soumettre de nouveaux Centres culturels de rencontre au vu des projets que vous examinerez, mais aussi que vous me fassiez des propositions innovantes, audacieuses.
Pour ce réseau, tout en s’élargissant, gagne en richesse, participe vraiment de l’armature culturelle du pays et, loin de se replier sur lui-même, développe des liens avec d’autres structures, d’autres institutions, soit exemplaire.
LA CHARTE
Les Centres culturels de rencontre se sont fixés pour mission de réaliser la synthèse entre un grand monument ayant perdu sa fonction originelle et un projet intellectuel et artistique ambitieux qui assure son sauvetage et sa réhabilitation.
Ils conjuguent aussi deux objectifs majeurs de l’action culturelle : la sauvegarde du patrimoine et l’enracinement du développement culturel. Laboratoires d’expérimentation sur l’animation du patrimoine et les rapports entre patrimoine et création, ils intègrent la dimension de l’économie d’entreprise. Ils représentent le résultat d’expériences menées en parallèle depuis 1972, en divers lieux, expériences qui permettent d’envisager aujourd’hui la mise en œuvre concertée d’orientations communes.
* Trois éléments pour un ensemble
Le fonctionnement d’un Centre culturel de rencontre repose sur la conjonction de trois axes de travail distincts, mais réunis dans le cadre d’un projet complexe, défini explicitement.
Un monument historique majeur, sa réhabilitation, sa mise en valeur.
Les Centres culturels de rencontre occupent de manière permanente de grands monuments historiques classés, qu’ils contribuent à restaurer et à entretenir, même s’ils n’en ont pas la propriété. On entend par monument le lieu de vie et de travail d’une communauté disparue, mais inscrite encore dans la pierre et dans l’organisation de l’espace. La qualité du monument, le caractère exceptionnel de l’architecture constituent des critères essentiels. L’importance spirituelle, intellectuelle ou sociale passée contribue à la reconnaissance du monument comme lieu fort, chargé de symboles pour notre temps.
Le monument est à la fois une réalité autonome et un médiateur. Loin de gêner l’accès de celui-ci, la présence du Centre culturel de rencontre doit y inciter, le faciliter et l’enrichir, notamment par l’organisation de visites de qualité, la création d’outils pour son interprétation, l’étude d’animations originales. Le monument offre ainsi au public, même lorsqu’il est attiré par la simple fréquentation du patrimoine, une voie d’accès et une propédeutique aux activités intellectuelles et artistiques du Centre culturel de rencontre. Ces activités permettent, en échange, de revenir vers le monument, et d’enrichir le regard porté sur lui. Le lien entre le monument et l’activité générale du Centre culturel de rencontre est toujours mis en résidence, de sorte qu’il n’y ait pas de contradiction ou de conflit entre celles-ci et les fonctions touristiques traditionnelles.
Dans le même esprit, et chaque fois que cela est possible, la restauration du monument procède parallèlement à la croissance des activités du Centre culturel de rencontre, et se fait en symbiose avec celles-ci, qui confèrent à la restauration sa meilleure justification.
Établis à l’écart ou inscrits, au contraire dans la ville, ces monuments, sans être des lieux fermés, constituent des espaces singuliers, propices au travail individuel et collectif. L’activité qu’ils abritent, centrée sur la rencontre, suppose la disponibilité d’espaces équipés pour celle-ci. C’est pourquoi un Centre culturel de rencontre peut accueillir en ses murs, ou à proximité immédiate, un ou plusieurs groupes totalisant quelques dizaines de personnes, et, ceci, sur plusieurs jours.
Cette capacité d’accueil en résidence est disponible tant pour les activités produites par le Centre culturel de rencontre que pour des séminaires et des réunions organisées à la demande d’organismes extérieurs, à titre onéreux. Cette activité, de nature en partie commerciale, assure au Centre culturel de rencontre des ressources plus diversifiés, renforce son intégration dans le tissu social, et lui permet de nouer des liens avec le monde économique. Elle est menée en cohérence avec le projet général du Centre culturel de rencontre. Fondée sur la recherche de partenariat, elle tend à ne s’en plus distinguer. Favorisant le rapprochement de l’économie et de la culture, elle ouvre la voie au mécénat. Elle souligne enfin le caractère d’entreprise culturelle des Centres culturels de rencontres.
Une activité de production intellectuelle et artistique
Les Centres culturels de rencontre s’emploient à favoriser la rencontre interpersonnelle au sein de groupes restreints, dans un cadre propice à la transmission des savoirs, à leur échange, voire à la création collective.
Un de leurs outils majeurs est constitué par les résidences de chercheurs et d’artistes. Leurs activités se construisent alors autour de la présence effective de ceux-ci, et se développent au profit des praticiens des spécialités respectives, que ce soit dans le domaine de la formation (des professionnels ou des amateurs) ou de la production (préparation de travaux, d’expositions et de spectacles). Cette orientation doit s’envisager sans exclusive.
Leur champ d’intervention se situe donc en amont du domaine de la diffusion culturelle, entre formation supérieure et appui à la création naissante.
Il s’étend aux nouveaux territoires et expressions originales, qu’elles appartiennent à l’histoire, la modernité, la prospective, ainsi qu’aux lisières des modes d’expression et de communication ; Il englobe les points de contact entre économie et culture.
Les Centres culturels de rencontre sont d’abord des lieux de travail pour les professionnels et les spécialistes, des terrains d’expériences pour la recherche et la création ; la diffusion sur place de leurs propres productions n’est donc pas une priorité. Ce travail en commun doit pourtant satisfaire à une exigence de rendu auprès du public, qui peut être restreint quand il est actif, sans que soient exclues les manifestations populaires de grande ampleur, liées aux thèmes de recherche, et favorisant leur approche par de nouveaux publics. De manière générale, les Centres culturels de rencontre aspirent à susciter des contacts originaux entre les publics et la création.
La mission que se donnent ainsi les Centres culturels de rencontre suppose qu’ils puissent être producteurs de leurs propres activités, et possèdent donc les moyens techniques et financiers nécessaires. Ils doivent aussi disposer d’une très large autonomie dans le choix de leurs objectifs de travail.
* Un projet intellectuel et artistique
Les trois axes de travail décrits précédemment sont développés par chaque Centres culturels de rencontre dans le cadre global d’un projet intellectuel et artistique, défini et explicite, qu’il établit en considération de l’esprit du monument comme des possibilités qu’il offre, et qui lui est donc propre.
Établi dans une perspective de recherche, de formation et de création, ce projet a un caractère expérimental et évolutif. Il lie plusieurs aires de spécialité et domaines de recherche, favorise les croisements thématiques, et se donne ainsi les moyens d’évoluer dans le temps, sans rupture.
Le projet de chaque Centre traduit une réflexion sur les manques décelables dans le développement culturel de sa zone d’influence. Il recherche les effets de complémentarité avec les institutions culturelles présentes sur ce territoire, dans un esprit d’exigence et d’innovation.
L’effort de synthèse représenté par le projet de chaque Centre ne peut être mené à bien sans une direction unique étendue à l’ensemble du monument, à toutes les activités qui s’y déroulent, et à la maîtrise d’ouvrage de la restauration. La mise en œuvre de cette organisation est du ressort de l’équipe de direction du Centre culturel de rencontre, responsable de la définition du projet, comme de sa réalisation.
La poursuite d’un tel objectif ne peut se concevoir hors de l’excellence, seule justification du développement d’un Centre culturel de rencontre, et sans laquelle le monument, qui la dicte, serait voué à la banalisation. Les Centres sont des lieux majeurs, tant par le monument lui-même que par l’ampleur et l’intérêt de l’ambition qui les anime.
Cet objectif suppose l’acquisition rapide d’une taille critique sans laquelle l’entreprise ne saurait attacher à son équipe de direction des personnalités compétentes en nombre suffisant, ni démontrer une importance économique qui sera le gage de sa compétence intellectuelle, ni être reconnue comme référence et comme parlementaire au-delà du cadre local.
Vivant du réseau des relations professionnels qu’ils ont su créer autour d’eux, les Centres culturels de rencontre sont des lieux privilégiés de contact et de coopération entre l’État, les collectivités territoriales, le milieu culturel et les entreprises. Parties prenantes de la décentralisation culturelle, ils en sont l’une des avancées.
Lieux majeurs, tendant à être des centres intellectuels et artistiques de référence, les Centres culturels de rencontre s’inscrivent naturellement dans un cadre régional, national et international. En Europe, ils ont vocation à être des points forts pour la construction d’un réseau des établissements culturels en réseau qu’ils contribuent activement à mettre en place.
* L’élargissement d’une communauté
Nés d’une l’idée de rencontre qu’ils s’emploient à concrétiser, les Centres ne sauraient se satisfaire de la somme de leurs actions individuelles. Avec l’aide de leur association, ils travaillent en réseau. Fondée avec l’appui de la Caisse nationale des Monuments historiques et des pouvoirs publics, cette association n’est pas une tutelle, mais une organisation professionnelle. Sa mission est d’assurer leur développement collectif par l’échange d’information et d’expérience, la réflexion menée en commun, et la recherche de complémentarités entre les établissements. Cette collaboration est nécessaire pour faire vivre et évoluer le concept même de Centre culturel de rencontre, accueillir de nouveaux membres, développer des liens avec les établissements français qui, sans avoir vocation à les rejoindre, œuvrent dans le même esprit, rechercher hors frontières le dialogue avec d’autres expériences, et évaluer leur action dans un cadre européen.
L’association se préoccupe de maintenir le contact (à titre non-exclusif) avec les services officiels, et offre un cadre conceptuel et technique pour le montage de projets partageant les mêmes objectifs. Au sein de l’association, chaque Centre développe son identité et conserve sa pleine autonomie.
Les Centres culturels de rencontre ne se définissent pas comme une catégorie administrative d’établissements culturels, ni comme un cadre juridique et financier unique. L’appartenance à telle ou telle catégorie d’organisation ne saurait valoir au sein du groupe, et pas davantage la gestion d’un monument historique. Chaque Centre s’efforce, comme une entreprise, de développer ses ressources propres et de garantir le plus possible son autonomie de gestion. Le label Centres culturels de rencontre est la propriété de l’association. Elle le délivre sous sa seule responsabilité, mais en concertation avec les pouvoirs publics.
Outre l’adhésion à l’esprit du projet d’ensemble, l’association demande certaines garanties, qui portent sur la personnalité juridique, et sur la présence, au sein d’un statut organisant l’autonomie de l’établissement, de clauses particulières affirmant le caractère public et non lucratif de son fonctionnement, ainsi que la mise à sa disposition du monument, sinon en toute propriété, au moins selon le terme d’un bail locatif de longue durée.
* Pour réussir
La réussite des Centres culturels de rencontre et leur accomplissement sont fonction de la qualité de la synthèse qu’ils réalisent entre tous les éléments qui les composent, comme la densité des liens qu’ils ont su développer avec leur environnement proche et lointain.
La recherche et la création artistique, menées sur place, en sont l’illustration privilégiée.
Cette réussite rend aux monuments qu’ils remploient une véritable signification intellectuelle, économique et sociale, digne de leur histoire, justifiant, ainsi, l’effort engagé par la collectivité pour en assurer la renaissance.
* L’association des centres culturels de rencontres
Le réseau européen qu’elle anime
L’association des Centres culturels de rencontre, fondée en 1972 à l’initiative de Jean Salusse alors directeur de la Caisse nationale des monuments historiques et des sites, fédère aujourd’hui les 7 centres existants ; elle est présidée par Jean Maheu et dirigée par Jean-Noël Mathieu. Elle a son siège et ses bureaux à Paris dans l’hôtel de Sully.
Cette association a été constitué en même temps que les premiers Centre culturels de rencontre eux-mêmes affirmaient leur existence et trouvaient leur légitimité ; elle permet la mise en réseau de ces établissements qui, issus chacun d’expériences empiriques, restent en permanente évolution.
C’est au sein de l’association qu’a été élaborée la carte des Centres culturels de rencontre qui précise les missions des centres ; cette charte a été contresignée en 1992 par le ministère de la Culture.
Avec un bulletin interne « travaux en cours », des réunions mensuelles pour les directeurs, des assises tous les 2 ans rassemblant toutes les équipes l’association offre aux centres une plate-forme d’information, de réflexion et de travail pour toutes les questions d’intérêt commun.
Aux porteurs de projets nouveaux, elle propose un cadre conceptuel et un accompagnement technique tout en recherchant complémentarités et synergies avec les centres existants.
Elle publie annuellement un magazine « Travées » pour faire connaître et promouvoir l’idée originale qu’elle représente sur la réutilisation culturelle du patrimoine.
Elle gère aujourd’hui, conjointement avec le ministère de la Culture et tout particulièrement la Délégation au développement et aux formations (DDF), l’élargissement encours du réseau des Centres culturels de rencontre.
Depuis l’origine, l’association recherche hors frontières le dialogue avec les promoteurs d’expériences similaires.
Elle a mis en place, en 1991, un réseau européen des « centres culturels monuments historiques » qui compte aujourd’hui 22 centres dans 9 pays de la grande Europe.
Ce réseau est une association informelle qui se développe par cooptation ; la présidence est tournante ; le secrétariat permanent est assuré depuis l’origine par l’association des Centres culturels de rencontre.
Le réseau participe au « forum des réseaux du Conseil de l’Europe ».
Selon les réflexions ou les actions qu’il initie, il bénéficie du soutien du Conseil de l’Europe et de l’Union Européenne.
Allocution à l’occasion de la conférence de presse sur les centres culturels de rencontre : une dynamique nouvelle pour développer et promouvoir un réseau, mardi 12 novembre 1996
J’ai procédé, ce matin, à l’installation de la toute nouvelle Commission nationale des Centres culturels de rencontre, dont la présidence sera assurée par Jacques Rigaud.
C’est, pour Jacques Rigaud, pour l’association des Centres culturels de rencontre et les sept établissements qu’elle fédère, et pour ce ministère – j’entends toutes ses directions – un très grand jour.
Pour Jacques Rigaud, parce qu’il était présent, à l’origine de cette dynamique. Il était là quand, en 1972, Jean Salusse, directeur de la Caisse nationale des monuments historiques et des sites, prit le parti de rassembler les protagonistes de plusieurs initiatives, visant à réhabiliter les monuments majeurs de notre patrimoine – Saint-Maximin, Les Prémontrés, Royaumont, Sénanque.
Parce qu’il s’est battu, sans relâche, depuis lors, pour la reconnaissance de cette formule des Centres culturels de rencontre et du réseau que forment ces établissements.
Parce qu’enfin il préside, depuis de très nombreuses années, l’un de ces Centres culturels de rencontre, parmi les plus originaux, la chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon.
Pour l’association des Centres culturels de rencontre que préside, depuis quelques mois, Jean Maheu et pour chacun de ses sept centres existants, c’est la reconnaissance de la justesse et de la légitimité de leur demande. C’est aussi un formidable encouragement à poursuivre dans ces temps que tous s’accordent à reconnaître difficiles.
En effet, sans cette association qui a su garder le cap, tenir la barre, sans ses présidents successifs qui furent autant de timoniers dans des tempêtes parfois rudes, cette entreprise des Centres culturels de rencontre aurait, en vingt-cinq ans, déjà plusieurs fois déclaré forfait.
Pour le ministère enfin, cette date est d’importance.
Aujourd’hui, grâce à cette commission et compétences de ses membres, le débat va pouvoir légitimement s’élargir à d’autres partenaires que les seules directions du ministère et remettre cette politique à sa juste place.
Je voudrais, avant de vous préciser les décisions que j’ai récemment adoptées pour donner un élan nouveau à cette politique, m’attarder un instant sur cette formule des Centres culturels de rencontre, sa pertinence, sa légitimité, sa fécondité.
Un Centre culturel de rencontre n’est pas chose facile à définir. Je défie quiconque, qui n’a pas vu fonctionner de l’intérieur l’un de ces établissements, plusieurs d’entre-eux même et si possible. Chaque fois en y séjournant, de pouvoir porter un jugement pertinent sur la nature et le bien-fondé de leur projet.
La richesse de la formule Centre culturel de rencontre, la diversité de ses composantes, la souplesse et le pragmatisme qui en sont le secret, tout ceci joint à une rigueur et une exigence artistique sans faille, conduisent finalement à penser que cette formule est, avant, tout affaire d’équilibre.
Équilibre à trouver entre l’intérêt de restaurer et de valoriser au mieux un monument historique le plus souvent extrêmement important et celui d’y développer un projet culturel et artistique contemporain, innovant, audacieux, permettant d’en occuper toute la superficie et de lui redonner ainsi vie.
Mais équilibre à trouver, aussi, pour conjuguer dans le même temps des activités commerciales, d’accueil et de services, l’ensemble permettant à l’établissement, pour moitié au moins, de s’autofinancer.
Pour ne citer que deux exemples, le foisonnement des activités de la saline royale d’Arc et Senans ou celle de l’abbaye de Fontevraud – nous sommes là dans deux monuments symboliques et chargés d’histoire – illustre cette possible comptabilité entre le volet patrimonial, le volet culturel et le volet commercial d’un Centre culturel de rencontre.
Équilibre à trouver, également, entre le plan national, voire international – artistique ou culturel – d’un Centre culturel de rencontre et la nécessité d’un ancrage régional affirmé.
Cet ancrage régional qui conditionne, d’ailleurs légitimement, l’indispensable soutien des collectivités locales doit se traduire par des missions très concrètes, par exemple vis-à-vis de certains publics défavorisés, en termes d’éducation artistique, pour développer des partenariats avec d’autres structures ou institutions environnantes, pour être autant de lieux de ressources, de conseils, d’innovation voire d’expérimentation.
A titre d’illustration, j’évoquerai la façon dont la fondation Royaumont, lieu de référence, comme chacun sait, dans les domaines de la musique et de la poésie, a su cette année, et de façon exemplaire, s’impliquer dans la politique de la ville mise en œuvre dans certains quartiers difficiles d’Argenteuil.
Mais la corderie royale de Rochefort, l’abbaye aux dames de Saintes ou le château du grand jardin à Joinville sont autant d’exemples de structures qui ont su atteindre l’excellence et toucher le public le plus large, de surcroît – surtout pour ce dernier centre -, dans une zone particulièrement isolée du territoire.
Équilibre à trouver, aussi, entre le caractère fermé d’un Centre culturel de rencontre, qui est un milieu de travail, de création, de réflexion – notamment pour des artistes ou intellectuels – et le caractère ouvert de ces mêmes centres.
Il va de soi que le monument, pour partie au moins, est ouvert à la visite et que des évènements, représentations ou manifestations périodiques s’y déroulent, qui permettent d’y accueillir le public.
Je citerai, ici, le cas de la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon, qui reçoit en résidence des écrivains surtout de théâtre, véritables « chartreux » d’aujourd’hui repliés dans leurs cellules, mais qui s’attachent, à la fin de chaque séjour, à ouvrir les portes du Centre à la population de Villeneuve, pour des lectures publiques.
C’est encore le cas de la Saline royale, dont la fréquentation va croissant avec un public de plus en plus large et qui développe, notamment à l’égard des scolaires, des activités pédagogiques exemplaires.
Équilibre à trouver, encore, pour que chacun des centres, tout en affirmant une spécificité forte – liée à une discipline artistique choisie ou à une thématique plus transversale ou de société -, sache aussi garder une dimension pluridisciplinaire, notamment pour provoquer ces « rencontres » entre les artistes.
Équilibre à rechercher, aussi, à l’échelle du réseau pour éviter les concurrences entre des centres dont les thématiques seraient trop voisines et au contraire favoriser la palette le plus large possible de compétences pour que des complémentarités puissent être valorisées.
Équilibre, enfin, pour ce qui concerne l’affirmation du réseau européen que l’association des Centres culturels de rencontre a, depuis quelques années, su développer. On s’aperçoit en effet que nombre de pays comme l’Espagne, l’Angleterre et l’Italie sont très éloignés des conceptions qui sont les nôtres pour la réutilisation du patrimoine et qu’il y aurait de quoi nourrir un vrai débat européen sur le sujet.
Ce tableau un peu expressionniste des Centres culturels de rencontre étant donné, je souhaiterai vous faire part des orientations nouvelles que j’ai donc arrêtées pour développer plus avant et assurer la juste reconnaissance de ce réseau d’établissements.
Le nouvel élan que j’ai décidé de donner à cette politique, nouvel élan dont la concrétisation incombe, pour une très grande part à la commission installée ce matin, s’inscrit pleinement dans l’esprit de refondation que j’entends insuffler à ce ministère.
Comme je l’ai déjà dit, la relance de la politique des Centres culturels de rencontre est bien dans le cap de la politique nouvelle qui sera mise en œuvre, cet esprit nouveau que j’appelle de mes vœux. Je n’y reviendrais pas, il a été développé dans le rapport de la commission d’étude de la politique culturelle de l’État.
J’ai donc décidé que, d’ici deux ans, chaque région devait se voir doter d’au moins un Centre culturel de rencontre.
Il appartiendra désormais à la Commission nationale des Centres culturels de rencontre de proposer l’octroi du label Centres culturels de rencontre à de nouveaux établissements, ainsi que des mesures pour favoriser la cohérence, la promotion, l’animation du réseau qu’ils constituent.
Cette commission sera présidée par Jacques Rigaud. L’État n’y sera pas majoritaire. Elle comprendra quatre élus de différentes régions de France, des représentants des ministères de la culture, mais également de l’aménagement du territoire, avec la présence du délégué à l’aménagement du territoire et du tourisme avec celle du directeur du tourisme.
Cependant, pour garantir la cohérence et l’harmonie du réseau des Centres culturels de rencontre, dans le cadre de la politique culturelle de ce ministère, tous projets présentés par la commission aura été, au préalable, soumis au directeur régional des affaires culturelles concerné et au directeur d’administration centrale compétent.
Le président de l’association des Centres culturels de rencontre en sera évidemment membre de droit, sachant que le rôle de cette association qui devrait, en quelque mois, voire doubler ses membres, sera plus que jamais déterminant dans la dynamique qui s’amorce.
Enfin, un artiste, Pascal Dusapin, un chef d’entreprise, Jean-Jacques Bonnaud et un architecte, François Seigneur ont accepté, à titre de personnalités qualifiées, de participer à cette commission. Ils sauront les uns et les autres, j’en suis sûr, s’exprimer très librement, avec chacun leur regard, leur enthousiasme, leurs convictions. C’est bien la raison pour laquelle leur présence a été sollicitée.
L’ensemble des directions centrales du ministère et l’ensemble des directions régionales des affaires culturelles sont, depuis plusieurs mois, mobilisés. Ces dernières, au contact permanent des collectivités locales, ont été consultées très tôt et nous ont fait remonter plus d’une trentaine de propositions, même si, pour certaines – c’est important de le souligner -, elles sont très hypothétiques ou à long terme.
Jacques Rigaud le sait mieux que quiconque : il faut savoir qu’un projet de Centre culturel de rencontre, par définition ambitieux est, le plus souvent, affaire de très longue haleine. La Chartreuse de Villeneuve lez Avignon n’est pas, contrairement à ce que l’on croit parfois, au bout de ses peines. La restauration du monument ne saura pas achevée dans sa totalité avant longtemps ; le projet qui l’anime a connu et connaîtra encore des évolutions ou des adaptations.
Pourtant, d’ores et déjà, et ce point étant souligné, on peut dire qu’une quinzaine de réflexions sont en cours.
Dans certaines régions telles l’Ile-de-France, Rhône-Alpes ou Provence-Alpes-Côte-d’Azur, plusieurs projets se dessinent, trois ou quatre, même, pour chacune d’entre elles et des choix et priorités, tant pour les collectivités concernées que pour l’État, s’avèreront, sans doute, nécessaires.
Il va de soi que, vu les enjeux d’aménagement du territoire que recouvre cette politique, les régions les plus isolées ou défavorisées seront considérées comme prioritaires.
La quinzaine de projets qui fait l’objet actuellement de réflexions en cours relève de deux logiques.
Soit il s’agit d’établissement culturel existant dans un monument ou un site d’intérêt majeur, et la réflexion porte surtout sur l’élargissement et la valorisation des missions du centre.
Soit il s’agit d’un monument ou site, sans projet culturel et artistique très affirmé à ce jour, et la réflexion porte, alors, sur l’hypothèse même d’un Centre culturel de rencontre, avec la recherche d’un projet qui valorise, notamment, le monument.
A titre d’exemple, et sans présager de propositions que me fera cette commission, je ne résiste pas à citer quatre projets, qui m’apparaissent susceptibles d’être prochainement expertisés.
Le domaine de Kerguéhennec en Bretagne, qui est actuellement un centre d’art contemporain localisé dans un château, avec un immense parc de sculptures à son chevet. Il pourrait s’agir, là, du premier Centre culturel lié aux arts plastiques, sachant que ses responsables actuels revendiquent d’être aussi les défenseurs de l’interdisciplinarité et rejoignent pleinement, en cela, l’esprit Centre culturel de rencontre.
L’abbaye d’Ardenne en Basse Normandie – près de Caen – qui devrait, prochainement, accueillir l’Institut Mémoire de l’Édition Contemporaine, que préside Christian Bourgeois. Le projet de Centre culturel de rencontre actuellement à l’étude par l’équipe de l’IMEC serait, là encore, extrêmement original. Il bénéficierait d’un soutien plusieurs fois réaffirmé du Président de la région Basse Normandie, René Garrec.
Chateauvallon, en Provence-Alpes-Côte-d’Azur, pour lequel l’hypothèse d’un Centre culturel de rencontre a déjà plusieurs fois été évoquée ces derniers temps dans la presse. Un centre qui trouverait sa légitimité principalement autour de la danse, même s’il conserverait un caractère pluridisciplinaire et s’attacherait à favoriser des réflexions, notamment sur le paysage, la science, la société et les évolutions en cours.
Enfin, le prieuré de la Voûte-Chilhac, en région Auvergne, dans le département de la Haute-Loire : cet édifice du XVIIIème siècle, situé dans une boucle de l’Allier serait consacré à un projet de grande qualité autour du triptyque espace – paysage – développement rural. Je sais qu’il est vigoureusement soutenu par le sénateur Adrien Gouteyron et par mon collègue Jacques Barrot, président du Conseil général.
Voilà, Mesdames et Messieurs, qui illustre l’esprit du nouveau contrat social pour la culture, dont vous êtes – dont nous sommes – les dépositaires. A nous, de le faire vivre ! A nous, de le faire connaître ! Je suis, d’ores et déjà, certain du succès de l’entreprise.
Les centres culturels de rencontre : une nouvelle politique pour développer le réseau.
Jour après jour améliorons la vie de tous les jours
Sommaire :
- Communiqué de presse
- Le Centre culturels de rencontre, une « formule » d’avenir pour un esprit nouveau
- La Commission des Centres culturels de rencontre
- Composition de la Commission des Centres culturels de rencontre
- La Charte des Centres culturels de rencontre
- L’association des Centres culturels de rencontre
- Fiches de présentation des Centres culturels de rencontre existants
- Réseau France : Europe des Centres culturels de rencontre
* Communiqué de presse
Philippe Douste-Blazy, ministre de la culture, a souhaité que d’ici deux ans soit mis en place un Centre culturel de rencontre par région. C’est là la première pierre de la mise en œuvre d’un esprit nouveau ? Ces Centres culturels de rencontre doivent irriguer les régions, devenir l’espoir des créateurs et des acteurs de la culture de ce pays, rassembler un public toujours plus large.
Pour concrétiser cette mesure, le Ministre de la Culture a installé, ce 12 novembre, la Commission nationale des Centres culturels de rencontre.
Présidée par Jacques Rigaud, son rôle est de développer et de valoriser le réseau des centres culturels de rencontre de telle sorte que d’ici deux ans, chaque région soit dotée d’au moins un établissement de ce type.
La commission pourra s’appuyer notamment sur l’expérience et la capacité d’expertise de l’association des centres culturels de rencontre fondée en 1972 et présidée, depuis quelques mois, par Jean Maheu.
Il existe aujourd’hui sept centres culturels de rencontre : l’abbaye de Royaumont, la Saline d’Arc et Senans, la Corderie royale de Rochefort, l’abbaye aux dames de Saintes, l’abbaye de Fontevraud, le château du grand jardin à Joinville, la chartreuse de Villeneuve lez Avignon.
Chacun d’entre eux s’attache à valoriser un haut lieu du patrimoine en y développant, dans un domaine donné, des archives liées à la création contemporaine, à l’innovation et à la rencontre au sens large notamment « entre » et « avec » les artistes.
L’une des spécificités de la « formule » centre culturel de rencontre est en outre, une capacité d’accueil et de service qui permet, en plus des artistes en résidence, de recevoir également des séminaires, petits colloques ou manifestations diverses, lesquels assurent à l’établissement des recettes propres très importantes représentant parfois jusqu’à plus de 60% du budget du centre.
Cette nouvelle commission associera des élus, des représentants des ministères de la culture, de l’aménagement du territoire et du tourisme, l’association des centres culturels de rencontre, un artiste, un architecte et un chef d’entreprise.
* Les centres culturels de rencontre : une « formule » d’avenir pour un esprit nouveau
La formule des Centres culturels de rencontre, qui a été esquissée par Jean Salusse alors directeur de la Caisse nationale des monuments historiques et des sites, aura connu des adaptations successives.
Elle aura aussi traversé 25 années de politiques culturelles pour se voir finalement consacrée en 1996.
Cette formule illustre la nécessité de conjuguer la culture avec d’autres dimensions de l’action publique : le projet d’un Centre culturel de rencontre est à la croisée d’enjeux artistiques et culturels mais également touristiques, économiques, sociaux et d’aménagement du territoire.
Les différents volets de ce projet s’articulent autour de la nation de « rencontre » au sens le plus large du terme, de ces rencontres qui permettent de s’expliquer, se comprendre, se connaître et qui font si souvent défaut aujourd’hui.
Et avec comme corolaire à ces rencontres, une recherche incessante d’innovation et d’audace car ces centres peuvent être autant de pionniers, de laboratoires et de terrains privilégiés d’expériences au regard notamment des priorités du ministère de la culture.
Cette formule s’inscrit bien sûr résolument dans une logique de partenariat fort avec les collectivités locales concernées ; chaque centre fera à ce titre, à partir de 1996, l’objet de conventions d’objectifs à trois ans.
Redonner la vie à des lieux insignes de notre patrimoine en les restaurant au regard d’un prochain contemporain et les doter progressivement d’une réelle capacité d’autofinancement représente une « philosophie » de l’action culturelle.
Cette politique prioritaire et dont les enjeux en termes d’aménagement du territoire sont particulièrement importants, mobilisera en 1997 une enveloppe d’environ 35 MF, répartie entre toutes les directions du ministère et comprenant également les soutiens accordés par les Drac au cas par cas sur des projets précis.
La délégation au développement et aux formations (DDFF) qui assure la coordination générale de cette politique disposera sur ces 35 MF de 6 MF destinés à favoriser le lancement de projets nouveaux, certaines actions à caractère expérimentale et diverses mesures qui seront proposées par la Commission.
Elle ne peut qu’être partagée avec les collectivités territoriales chaque fois concernées par un projet.
Aucun Centre culturel de rencontre, dont le rôle en tant qu’équipement de proximité, doit être exemplaire, ne saurait être l’apanage seul de l’État.
Une formule enfin qui doit pouvoir permettre, grâce notamment à l’association qui fédère les Centres culturels de rencontre, l’affirmation d’un réseau d’établissements connu ou reconnu des artistes et chercheurs mais également du public.
Un réseau impliquant chaque région et rassemblant ainsi plus d’une vingtaine de lieux de référence chacun dans un domaine distinct, chacun avec un projet extrêmement original puisque à la hauteur de l’intérêt du monument ou site qui l’abrite.
Un réseau qui trouve déjà des prolongements en Europe et peut véritablement être l’un des outils de cette Europe de la Culture à inventer, puisque ce réseau est fondé à la fois sur l’histoire et la mémoire avec le patrimoine ainsi valorisé et sur la création et l’innovation avec les artistes en question.
* La commission nationale de centres culturels de rencontre
Son rôle
La commission nationale des Centres culturels de rencontre est placée sous l’autorité du ministre de la culture.
Elle est chargée de lui proposer l’octroi du label « Centre culturel de rencontre » ainsi que des mesures pour favoriser la cohérence, la cohésion, l’animation et la promotion du réseau que forment les Centres culturels de rencontre.
D’une manière générale, la commission délibère sur toutes les questions touchant les Centres culturels de rencontre que le Ministre lui soumet.
La label Centre culturel de rencontre n’ouvre droit à aucune subvention spécifique. Il peut être retiré si les conditions de son octroi ne sont plus réunies. Il a été concédé par l’association des Centres culturels de rencontre à l’État ; la charte des Centre culturels de rencontre, cosignée en 1992 entre le ministère de la Culture et cette association et qui explicite les missions des centres, reste un document de référence.
Pour être susceptible de recevoir le label, et conformément à l’arrêté du 5 juillet 1996 portant création de la Commission nationale des centres culturels de rencontre, un Centre culturel de rencontre doit répondre aux critères suivants :
- être implanté dans un monument ou sur un site d’intérêt majeur présentant un caractère architectural, historique, scientifique ou esthétique et ouvert à la visite ;
- faire l’objet d’un partenariat avec des collectivités territoriales et l’État qui soit défini dans une convention (voir ci-après) ;
- être doté de statuts qui garantissent l’autonomie de l’établissement ainsi que son caractère non lucratif et son ouverture au public ;
- mettre en œuvre de façon permanente sur l’année un projet culturel et artistique et qui vise, dans un domaine défini, à développer des actions de recherche, de création et de rencontre ;
- participer à des actions prioritaires d’aménagement du territoire.
- Ces critères pourront évoluer.
Chaque centre culturel de rencontre est désormais tenu de conclure une convention d’objectifs triennale avec le plus grand nombre de ses partenaires privés et publics dont l’État.
Pour assurer notamment le suivi et la cohérence du réseau, les conventions sont soumises à la commission pour avis avant leur signature.
Une convention répond à deux objectifs principaux :
- la recherche ou l’affirmation d’une vocation d’excellence spécifique avec un projet culturel et artistique y concourant,
- la mise en œuvre de missions culturelles, internationales, nationales, régionales et locales, liées à cette vocation et répondant aux priorités de la politique de l’État, en particulier du ministère de la Culture.
Les travaux menés par la commission feront l’objet annuellement d’un rapport d’activités qui sera transmis au ministère chargé de la Culture, au ministre chargé de l’aménagement du territoire et au ministre chargé du tourisme.
* Composition de la commission nationale des centres culturels de rencontre
Président : M. Jacques Rigaud
Secrétariat général : le délégué au développement et aux formations Mme Christine Bachellerie
Membres de droit :
Le délégué au développement et aux formations ou son représentant, Mme Christine Bachellerie.
Le directeur du patrimoine ou son représentant, Mme Maryvonne de Saint-Pulgent.
Le chef du service de l’inspection générale de l’administration, du ministère de la culture ou son représentant, M. Christian Pattyn
Le délégué à l’aménagement du territoire ou son représentant, M. Raymond -Max Aubert
Le directeur du tourisme ou son représentant, M. Hugues Parant
Le président de l’Association des centres culturels de rencontre ou son représentant, M. Jean Maheu
Membres nommés par arrêté du ministre chargé de la culture :
Au titre d’élus :
Mme Martine Fontanilles, maire-adjoint à la culture de Saint-Étienne
M. Yves -Marie Lehmann, premier vice-président délégué du conseil régional de Franche Comté, adjoint au maire de Dole
M. Christian Vanneste, député du Nord, conseiller régional du Nord-pas-de-Calais, conseiller municipal de Tourcoing, président de la Fédération Nationale des Collectivités Territoriales pour la Culture
Au titre de directeur régional des affaires culturelles :
M. Abraham Bengio, directeur régional des affaires culturelles de la région Rhône-Alpes
M. Michel Clement, directeur régional des affaires culturelles de la région Bourgogne
Au titre de de personnalités choisies en raison de leur compétence :
M. Jean-Jacques Bonnaud, président directeur général du groupe GAN
M. Pascal Dusapin, compositeur
M. Jacques Rigaud, conseiller d’État honoraire
M. François Seigneur, architecte
CENTRE CULTUREL DE RENCONTRE
* Abbaye de Royaumont
Fondation Royaumont Gouin-Lang pour le progrès des sciences de l’Homme
Édifiée par Saint-Louis en 1228, Royaumont est la plus belle abbaye cistercienne d’Ile de France. Vendue à la Révolution puis transformée en filature de coton, l’abbaye est classée en 1927. En 1937, Henri Gouin crée un Cercle culturel, puis en 1964 la Fondation Royaumont, qui devient propriétaire de l’abbaye.
La fondation soutient le travail des artistes dans les domaines de la formation professionnelle, de la recherche et de la création. Elle organise des sessions de préparation aux métiers du chant et de ateliers de composition avec le Centre de la Voix, des cycles de recherche et des colloques musicologiques avec le CERIM (Centre européen pour la recherche et l’interprétation des musiques médiévales), des séminaires de traduction de poésie avec le Centre de Poésie & Traduction et des séjours d’écrivains, musicologues et musiciens à la bibliothèque.
Ces activités sont diffusées auprès du public au travers de concerts de la Saison Musicale, des tournées des ensembles en résidence à Royaumont, Organum (dir. Marcel Pérès) et Il Seminario Musicale (dir. Gérard Lesne), des lectures de poésie et par la publication d’ouvrages aux éditions Créaphis.
L’abbaye est ouverte 365 jours par an.
* Saline royale d’Arc-et-Senans
Institut Claude-Nicolas Ledoux
Depuis 1972, l'Institut conduit un projet unique en France associant partenaires publics et privés.
Installé dans l'ancienne Saline Royale construite à la fin du XVIIIe siècle par l'architecte visionnaire Claude-Nicolas Ledoux, il développe de nombreuses activités autour de la mémoire industrielle du site, l'architecture. l'aspiration vers la Cité Idéale ainsi que la création artistique. Il favorise ainsi le croisement de publics très divers : touristes, chercheurs réunis en colloques, artistes résidents, scolaires sont invités à découvrir des expositions. des animations culturelles. des événements tout au long de l'année.
* Abbaye aux Dames de Saintes
Fondée en 1047, l’Abbaye aux Dames, sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, n’a cessé de rayonner au Saintonge pendant 745 ans de présence des moniales bénédictines.
Incendiée en partie en 1648, elle est transformée en prison sous la Révolution, puis en caserne par décret impérial.
Elle retrouve vie et rayonnement après une longue restauration achevée en 1988. L’ensemble Vocal de l’Abbaye aux Dames, dirigé par Michel Laplénie, et le Grand Cœur de l’Abbaye aux Dames, sont les acteurs permanents de la vie musicale du site. Les Académies Musicales, sous la direction artistique de Philippe Herreweghe, anime l’Abbaye en juillet et contribuent à la faire connaître au-delà des terres saintongeaises.
Par ailleurs, l’Abbaye aux Dames développe son projet artistique en favorisant toutes les passerelles possibles entre la musique et les autres arts : expositions d’art contemporain, rencontres d’artistes et de chercheurs, accueil d’artistes en résidence, etc.
L’Abbaye aux Dames s’attache également à la promotion du patrimoine, à l’accueil touristique et reçoit des colloques et séminaires.
* Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon
Centre national des écritures du spectacle
La Chartreuse de Villeneuve-Lez-Avignon a été construite au XIVe siècle par Innocent VI, cinquième pape d’Avignon. C’est la plus vaste Chartreuse de France. La révolution la ruine et elle reste à l’abandon jusqu’en 1905, date à laquelle l’État prend en charge sa réhabilitation.
Elle trouve sa nouvelle vocation avec la création dans ses murs, en 1973, d’un Centre culturel de rencontre, défini en 1991, comme Centre National des Écritures du Spectacle.
Ce genre organise des résidences, des laboratoires d’écriture, des séminaires, des stages et des colloques. Il édite une revue, Prospero, un annuaire des auteurs, et imprime les textes des résidents dans la collection Première Impression.
Le Centre culturel de rencontre est ainsi l’un de relais de la Direction du Théâtre et des Spectacles au ministère de la Culture.
Il organise pour le public les Rencontres d’Été dans le cadre du festival d’Avignon.
* Corderie Royale de Rochefort
Centre international de la mer
La corderie Royale de Rochefort est construite entre 1666 et 1669, à l’initiative de Colbert, ministre de Louis XIV. Manufacture de cordages pour les vaisseaux du Roi, elle représente, ave ses 374 mètres de long, le principal bâtiment industriel de l’arsenal de Rochefort. Incendiée en 1944, la Corderie est classée monument historique en 1967, puis progressivement restaurée. Le Centre international de la mer s’y installe en 1985. A la fois créateur d’expositions et initiateur de travaux de recherche sur le thème maritime, il s’attache à toutes les formes de relations entre l’homme et la mer. Premier acteur de tourisme culturel du département, le Centre participe aujourd’hui à la reconstruction d’une réplique de la frégate Hermione qui conduisit Lafayette de Rochefort vers l’Amérique en 1780.
* Château du Grand -Jardin
Le Château du Grand -Jardin a été construit par Claude de Lorraine, premier duc de Guise et compagnon d’armes de François 1er, entre 1533 et 1546. Château de plaisance par excellence, magnifiquement dessiné, orné à profusion, il est l’un des plus beaux fleurons de l’architecture de la Renaissance, parfaite synthèse de la tradition française et du goût italien qui se répand alors dans toute l’Europe. Devenus propriété du conseil général de la Haute-Marne en 1978, le château et le jardin ont été restaurés avec une attention particulière. Le jardin est aujourd’hui le troisième grand jardin historique de la Renaissance en France, après Villandry (Indre et Loire) et Chamerolles (Loiret). Le château retrouvera prochainement ses toitures d’origine. Le lieu retourne progressivement à ses fonctions d’origine : cadre de manifestations culturelles originales, en particulier dans le domaine de la musique et de arts plastiques, et lieu de résidence pour les artistes. Il a rejoint les Centres culturels de rencontre depuis 1984.
* Abbaye Royale de Fontevraud
Centre culturel de l’Ouest
Érigée en 1101, l’Abbaye Royale de Fontevraud abrite jusqu’en 1792 un ordre religieux double, dirigé par une abbesse.
Centre pénitencier de 1804 à 1963, cette grande cité monastique, propriété de l’État, devient en 1975, à l’initiative de la Région des Pays de Loire, le siège du Centre culturel de l’Ouest. Celui-ci se donne pour mission de réaliser une présentation muséographique du monument qui en rende lisibles l’architecture et l’histoire. Parallèlement, il s’emploie à faire reconnaître Fontevraud comme un lieu d’accueil et de création privilégié pour la musique. Un équipement hôtelier complet et de qualité fait de ce lieu un exceptionnel outil de service.