Interview de M. Claude Bartolone, ministre délégué à la ville, à France 2 le 15 décembre 1999, sur la politique de la ville, les orientations du programme de rénovation urbaine et de solidarité, notamment les aides aux associations et l'amélioration des quartiers difficiles.

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Média : France 2 - Télévision

Texte intégral

R. Arhab : Est-ce que votre plan et celui de l'équipe Jospin a plus de chance d'être réalisé concrètement sur le terrain que tous les plans de tous vos prédécesseurs ?

– « Je le crois et je l'espère. Je pense qu'il a un petit peu plus de chance. Pourquoi ? parce que tous les plans qui se sont succédés depuis vingt ans – la politique de la Ville a vingt ans – se sont succédés dans une période où il n'y avait pas d'argent, si je peux employer cette expression, tandis que, là, la croissance est de retour, il y a de nouveau des recettes et il est indispensable de démonter à ces femmes, à ces hommes, à ces jeunes qui vivent dans ces quartiers difficiles que la croissance ne s'arrête pas à la limite des quartiers difficiles. »

R. Arhab : C'est le manque d'argent qui a empêché jusqu'à présent que les choses se concrétisent ?

– « Je pense qu'il y a eu cela, et puis la complexité des tuyaux, la méfiance des uns et des autres par rapport à l'ensemble des outils de la politique de la Ville. Mais nous avons vieilli les uns et les autres, les élus, la population, et je crois que maintenant nous sommes conscients qu'il faut redonner de la vie à ces quartiers pour améliorer l'immédiat et faire croire à l'avenir. »

C. Gaessler : Justement, ils attendent, ils ont des idées, quelquefois même quand ils ont l'argent, les subventions tardent à venir. Est-ce qu'elles vont arriver plus vite ; est-ce que les lenteurs administratives vont être un petit peu combattues ?

– « Justement, pour éviter que les annonces qui ont été faites hier par le Premier ministre arrivent dans ce climat de scepticisme. La première des choses que j'ai eu l'occasion de faire, en étant nommé ministre de la ville, c'est de simplifier la vie des associations. Nous avons décidé de leur simplifier la vie bureaucratiquement. Ils n'auront plus qu'un seul dossier à émettre pour pouvoir obtenir la subvention. Nous avons décidé que chaque préfecture aura un référent Associations, et nous allons essayer de réduire à quatre mois le délai entre la demande de la subvention et son arrivée, parce que bien souvent, ils me le disent, ils en ont marre de faire le bonheur de leur banquier plutôt que de la population qu'ils veulent favoriser. »

R. Arhab : Auront-ils plus de chance d'être entendus ? En voyant le reportage d'A. Guéry, le préfet parfois est un peu loin d'eux encore.

– « Ça va s'améliorer, vous savez, notamment le préfet Hagelsteen dans ce département de la Seine-Saint-Denis que je connais bien, puisque j'y suis élu depuis de longues années, est un homme très attentif à la réalité humaine. Tout à l'heure, dans vos reportages, on a montré cette démolition – il faudra en faire quelques-unes – mais le coeur même de la politique de la Ville, ce n'est pas de démolir… »

C. Gaessler : C'est le lien social, c'est le restaurer ?

– « C'est de redonner la vie aux femmes, aux hommes, aux jeunes qui habitent ces quartiers, et bien souvent, lorsque les services publics ont déserté, ceux qui peuvent redonner de la vie du jour au lendemain, ce sont ces associations et notamment ces femmes-relais que nous avons vues dans un de vos reportages, qui sont capables d'écouter, d'apporter des réponses, de soutenir ces populations qui ont le plus besoin d'être aidées. »

R. Arhab : Vous leur faites confiance, donc il faut qu'elles vous fassent confiance aussi. Cela n'a pas l'ai d'être tout à fait le cas jusqu'à présent ?

– « Mais vous allez voir, notamment pour les femmes-relais. Il y a une mesure qui a été annoncée dans le cadre du résumé de l'annonce d'hier, qui va directement les concerner : c'est la création de ces 10 000 emplois d'adultes-relais. Nous avons voulu, au niveau gouvernemental, réinstaller l'adulte comme référent, et ces femmes-relais qui font un travail remarquable vont être les premières concernées par ce genre de dispositif. »