Déclaration de M. Bernard Pons, ministre de l'équipement du logement des transports et du tourisme, sur l'amélioration des entrées de ville, Paris le 20 novembre 1996.

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  • Bernard Pons - Ministre de l'équipement du logement des transports et du tourisme

Circonstance : Remise des trophées du palmarès des entrées de ville à Paris le 20 novembre 1996

Texte intégral

La France est un pays unique au monde par la beauté de ses paysages, par sa richesse monumentale et par son art de vivre : les visiteurs étrangers nous l’expriment chaque année, chaque saison. Ce n’est pas pour rien que notre pays est la première destination touristique mondiale.

Pourtant, à voir les entrées de beaucoup de villes grandes et petites, les constructions en désordre, les panneaux et néons agressifs, les juxtapositions d’entrepôts, de très grandes surfaces, beaucoup de nationaux et de visiteurs ont été saisis d’un doute : la France ne serait-elle pas en train de s’enlaidir, de se banaliser, de perdre une partie de son charme ?

D’autant que ce qui apparaît comme regrettable et provisoire à l’automobiliste de passage est le cadre de vie quotidien de 10 à 30 millions de personnes qui habitent à la périphérie des villes, dans des banlieues ou dans des ex-villages devenus « communes-dortoirs » : du coup, les commerces sont venus rejoindre leurs clients.

Le gouvernement, en l’occurrence, le ministre de l’Environnement et moi-même, les élus responsables de l’urbanisme avons donc entrepris une démarche pour transformer ces « entrées de ville » en nouveaux quartiers, s’exprimant à la fois par la reconstruction de communautés ayant leur personnalité et par l’effort d’accueil de celles-ci.

Puisqu’il s’agit des endroits où par définition la ville rejoint la campagne (ou vice versa), il convenait aussi de tirer parti de cette situation en termes de qualité paysagère. Bref, il fallait une nouvelle vision d’organisateurs de la cité. Pas une vision de muséographe, de technocrate ou d’architecte idéaliste, une vision politique, c’est-à-dire une vision dans laquelle les vœux des familles et le dynamisme des entrepreneurs viendront eux-mêmes animer ce cadre mieux conçu, plus élégant, mieux rassemblé, et lui donner sa physionomie finale.

Pour ce faire, le législateur a pris ses responsabilités ; et souvent inspiré par le sénateur Ambroise Dupont, au travail duquel je souhaite rendre hommage, il a édicté d’excellentes règles sur les compléments paysagers des plans d’occupation des sols et sur les limitations relatives à la publicité et aux implantations commerciales.

Il faut maintenant les faire appliquer avec détermination dans tout le pays. Il s’agit d’une politique nationale et, comme bien souvent en France, son succès repose avant tout sur le goût, l’autorité et sur la volonté des maires.

Aux maires, je veux dire ici : les services de l’équipement, qu’il s’agisse des services techniques centraux, des directeurs départementaux de l’équipement, comme des architectes et des paysagistes conseils, tous sont prêts, sur le plan méthodologique et sur le plan de la volonté, à vous aider et à vous seconder sans réserve. Cette volonté se traduira dans les documents d’urbanisme, qu’ils vous aident à dessiner et à définir, comme dans l’accueil et l’esprit de service qu’ils manifesteront, vis-à-vis des activités nouvelles et des nouveaux habitants, à l’occasion des décisions opérationnelles d’urbanisme.

Le Comité national des entrées de ville que nous avons mis en place avec le ministre de l’Environnement joue un rôle majeur dans ce dispositif. Il réunit les acteurs politiques, les acteurs économiques et les administrations techniques pour promouvoir et faciliter les démarches exemplaires des communes de France :
    - exemplaires parce qu’elles s’efforcent de régler en même temps les problèmes de sécurité routière, de nuisances, de paysages, de développement économique et de qualité urbaine ;
    - exemplaires parce qu’elles témoignent d’une dynamique de travail et d’échanges entre tous les acteurs politiques, économiques et sociaux, chacun prenant ses responsabilités.

Je voudrais ici saluer la contribution active des entreprises de distribution, des firmes de publicité notamment, qui ont pris l’engagement de contribuer financièrement aux projets des villes inscrites à ce premier palmarès des entrées de ville.

Je suis venu aider cette prise de conscience collective des acteurs économiques et je leur demande, ainsi qu’aux médias, de soutenir les maires qui s’engagent dans cette politique de qualité, qui réclame toujours du courage et dont les résultats sont longs à apparaître.

Je veux encore remercier le Comité national des entrées de ville et son président le sénateur Ambroise Dupont dont l’énergie au service de la qualité urbaine, de la solidarité intercommunale ne s’est jamais démentie.

J’ai d’ailleurs décidé, et je suis heureux de l’annoncer aujourd’hui, de renforcer son action par un secrétariat national permanent créé à la fois auprès de la Direction de l’architecture et de l’urbanisme et du Centre d’études et de recherches sur les transports et l’urbanisme, le CERTU.

Tous ensemble, nous pouvons bâtir des villes – et donc des entrées de ville – qui soient exemplaires et où il fait bon passer, mais aussi où il fait bon vivre, se distraire et travailler.