Interview de M. Jean-Pierre Raffarin, ministre des PME du commerce et de l'artisanat, dans "Les Échos" du 18 décembre 1996, sur les objectifs et les moyens de la banque des PME.

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Les Échos : Quels sont les objectifs assignés à la BDPME ?

Jean-Pierre Raffarin : L'objectif numéro un est d'apporter une réponse à l'incompréhension grandissante entre les PME et le système bancaire. On constate partout une détérioration de leurs relations. Celle-ci a des causes objectives, mais aussi irrationnelles, exaspérées par la crise. La BDPME doit servir d'aiguillon pour changer cela. Il ne s'agit pas d'une banque concurrente mais d'une institution financière qui, en partenariat, pourra faire évoluer les relations entre banques et PME vers plus de responsabilité et plus d'écoute. La BDPME sera une banque de place ; elle pourra exercer son influence pour que les PME soient davantage écoutées.

Les Échos : Comment pensez-vous aboutir à ce résultat ?

Jean-Pierre Raffarin : La banque a trois priorités, correspondant à trois moments de la vie des entreprises. Tout d'abord la création d'entreprise : le système bancaire est souvent frileux sur ce point. Le partenarial avec la Sofaris permettra d'apporter une garantie jusqu'à 70 % des prêts pour soutenir les projets qualifiés. En outre, les dossiers de création ne sont pas toujours vraiment instruits. Lorsqu'il y aura des difficultés, les créateurs auront désormais un recours. Le réseau Entreprendre en France, qui est partenaire de la BDPME, pourra les renvoyer vers elle. Autre moment crucial, le développement de l'entreprise. C'est certes là que les relations sont les plus satisfaisantes, mais nous voulons faire évoluer le financement et la relation entre la banque et son client PME, afin de favoriser une nouvelle fidélité.

Le moment le plus difficile, enfin, est celui où l'entreprise connaît une forte croissance, ou bien à un projet exceptionnel. Pour ce cas, la BDPME va promouvoir un contrat de développement qui lui permettra d'élaborer un projet multiannuel. L'idée est de faire des prêts à taux modulés, minorés au lancement et majorés ensuite, avec bien sûr une garantie. Cela favorisera les projets en libérant les crédits.

Les Échos : De quels moyens va disposer la BDPME ?

Jean-Pierre Raffarin : L'État a recapitalisé le CEPME à hauteur de 700 millions de francs ; la Sofaris va l'être aussi pour 300 millions de francs. Il sera mis à la disposition de la BDPME 30 milliards de ressources Codevi d'ici à la fin de 1997. Mais je voudrais insister sur la réussite de Jacques-Henri David, qui est parvenu à mettre son dispositif en place dans un délai très court.

Il y aura bien sûr encore des choses à régler, mais l'ensemble fonctionne. Il faudra être très pragmatique, et notamment favoriser un fonctionnement très décentralisé, avec les SDR ou les sociétés de capital-risque. Mais la BOPME devrait faire bouger l'ensemble de la place.