Interviews de M. Bruno Mégret, délégué général du Front national, à RMC le 5 février 1997, RTL le 14 et Europe 1 le 18, sur la victoire du Front national à Vitrolles, le licenciement de Gérard Paquet à Châteauvallon, et la polémique autour du projet de loi Debré sur l'immigration.

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Intervenant(s) : 

Circonstance : Victoire de la liste Front national de Catherine Mégret au second tour de l'élection municipale partielle de Vitrolles le 9 février 1997

Média : Emission Forum RMC FR3 - Emission L'Invité de RTL - Europe 1 - RMC - RTL

Texte intégral

RMC - mercredi 5 février 1997

P. Lapousterle : Pourquoi donc quand j’invite le candidat à la mairie de Vitrolles, Madame C. Mégret, c’est vous, son mari, qui venait. Est-ce que vous craignez qu’elle ne soit pas à la hauteur ?

B. Mégret : Pas du tout, elle a répondu à beaucoup de questions des journalistes, elle a participé à un certain nombre d’émissions. Nous nous partageons un peu le travail car moi, je suis, par ailleurs, le porte-parole de la liste, comme je serai demain, si la liste du Front national que conduit mon épouse est élue à la municipalité de Vitrolles, son conseiller.

P. Lapousterle : Vous avez dit, pendant la campagne, pour situer votre fonction : « Si elle est élue, elle fera surtout des relations publiques, et moi, je me chargerai des choix stratégiques. » Est-ce que cela n’est pas un peu ruser avec les règles démocratiques que de dire cela ?

B. Mégret : Non, d’abord vous caricaturez, vous simplifiez.

P. Lapousterle : Je vous cite.

B. Mégret : Je précise : mon épouse sera maire à part entière, elle s’occupera, c’est vrai – comme beaucoup de maires d’ailleurs –, de la place politique, des relations publiques et aussi des relations avec la population, ce qui est capital. Elle s’occupera particulièrement des questions sociales, de tout ce qui est lié aux problèmes familiaux. Elle aura avec elle une équipe très solide, de personnes compétentes, chacune dans leur domaine. Et moi, c’est vrai, je n’ai pas l’intention de me désintéresser de Vitrolles et, je serai son conseiller, le conseiller de la municipalité, notamment pour les choix stratégiques. Il n’y a rien là que de très logique, de très normal, compte tenu du contexte dans lequel nous nous situons.

P. Lapousterle : Ce n’est pas courant dans la vie politique française.

B. Mégret : Ce n’est pas courant non plus d’être rendu inéligible, alors que mes comptes de campagne avaient été approuvés par la Commission nationale des comptes de campagne. C’est la première fois dans l’histoire des élections en France, qu’un compte de campagne, approuvé par la Commission nationale, est remis en cause ensuite, sous l’instance de l’adversaire. Et qu’on réintègre dans un compte de campagne des dépenses totalement arbitraires comme, par exemple, des affiches qui dataient d’il y a trois ans.

P. Lapousterle : C’est le Conseil d’Etat qui a jugé…

B. Mégret : Oui mais le Conseil d’Etat dans cette affaire, je le dis très nettement, a approuvé une machination qui a été montée contre le Front national. Car vous pensez bien qu’on ne pouvant pas annuler l’élection de Vitrolles, c’est-à-dire déclarer que Monsieur Anglade s’était livré à de graves malversations électorales, sans lui donner un petit coup de pouce, en essayant de mettre les gens un peu dos à dos. Ce qui ne correspond pas à la réalité. Je suis en état de légitime défense démocratique.

P. Lapousterle : Si votre adversaire avait fait la même chose que vous – présenter sa femme à sa place –, je vous entends déjà Monsieur Mégret !

B. Mégret : Je n’en sais rien. Toujours est-il que ce sont les électeurs qui sont souverains dans notre pays, et manifestement, les électeurs, eux, ont parfaitement compris notre démarche. Non seulement ils l’ont comprise, mais ils l’ont approuvée. Car mon épouse a fait même beaucoup mieux que ce que j’avais fait il y a un an et demi.

P. Lapousterle : Quel est votre pronostic pour dimanche prochain ?

B. Mégret : Je n’aime pas faire de pronostics et je ne veux pas anticiper. C’est aux électeurs de décider. Ce qui est certain, c’est qu’il y a un front républicain tout à fait hallucinant, tout à fait scandaleux. Je ne pense pas qu’il va marcher car nous nous organisons sur le terrain, à Vitrolles, le front des Vitrollais pour Vitrolles contre le front républicain pour la mise en examen.

P. Lapousterle : Enfin, « mise en examen » n’est pas « condamné » ?

B. Mégret : Non, évidemment. Mais, enfin, je vous rappelle que l’article qui définit la mise en examen est un article qui indique qu’il y a de fortes présomptions selon lesquelles l’intéressé est coupable des faits qui lui sont reprochés. Cela dit, je trouve hallucinant qu’au nom des prétendues valeurs républicaines, on fasse bloc pour soutenir un candidat mis en examen pour faux, usage de faux et recel, invalidé pour graves malversations électorales ! C’est bafouer la République.

P. Lapousterle : La République, Monsieur Mégret, c’est que quelqu’un qui n’est pas condamné est innocent.

B. Mégret : Encore une fois, lorsque quelqu’un est mis en examen, il y a malgré tout, au regard de loi, une présomption de culpabilité, néanmoins. Et je trouve tout à fait scandaleux que, quand un ministre est mis en examen, il démissionne, et que, lorsqu’un candidat est mis en examen, il reçoive le soutien de toute la classe politique. Et ce au nom de la morale que l’on vient de celle de ces trois villes. Et par conséquent, les solutions sont sans doute un peu différentes aussi. Mais l’objectif sera le même.

P. Lapousterle : Que pensez-vous du meeting qui aura lieu ce soir avec L. Jospin, B. Kouchner et R. Hue ?

B. Mégret : Je pense qu’il est assez normal que L. Jospin qui est le secrétaire d’un parti qui comporte un très grand nombre de mises en examen et de condamnés, que R. Hue qui est lui-même mis en examen, que B. Kouchner qui a pris une superbe veste électorale dans les Bouches-du-Rhône, viennent soutenir un mis en examen qui s’appelle Monsieur Anglade. C’est le cirque, « le magouille-circus ».

P. Lapousterle : Sur le problème général de l’immigration, puisque le débat est à nouveau sur la sellette, puisqu’on parle de la loi Debré en ce moment au Sénat, quel est votre jugement sur cette loi ? Est-ce un progrès par rapport à la loi Pasqua ? Est-ce la loi qu’il faut en ce moment ?

B. Mégret : Ce n’est certainement pas la loi qu’il faut pour résoudre le problème de l’immigration. Du reste, Monsieur Debré et tout le Gouvernement le disent eux-mêmes : c’est une adaptation des lois existantes et de la loi Pasqua. Et j’ai lu ce matin que Monsieur Debré précisait bien que « ça ne remettait pas en cause les grands équilibres en matière d’immigration de la politique d’immigration de la France et qu’il était toujours prévu d’accueillir environ 100 000 étrangers nouveaux, par an, dans notre pays. » Par voie de conséquence, ce n’est pas La solution au problème d’immigration, ça ne changera rien.

P. Lapousterle : Vous pensez toujours, vous, que si les étrangers quittaient le pays, cela irait mieux ?

B. Mégret : Nous sommes partisans d’une politique de retour des immigrés dans leur pays d’origine, des étrangers dans leur pays d’origine. Et, pour le reste, nous sommes hostiles à la société multiculturelle qu’on veut nous imposer.

 

RTL - vendredi 14 février 1997

R. Arzt : Pendant la campagne électorale, vous aviez dit que le scrutin avait un caractère local. Finalement, quelques jours après, la victoire du Front national n’a-t-elle pas à vos yeux une portée beaucoup plus générale ?

B. Mégret : C’est le choix des électeurs vitrollais qui avait une portée locale. Ce sont leurs problèmes qu’il s’agit de résoudre. Mais il est vrai que leur choix est très emblématique de l’évolution de la situation politique. Je crois que la victoire que nous avons emportée est une victoire historique puisque, pour la première fois, seul contre tous, le Front national obtient la majorité du suffrage. C’est la démonstration de sa capacité à devenir majoritaire dans notre pays. C’est le signe de ce qu’il peut devenir demain.

R. Arzt : Votre épouse a montré sa capacité à faire campagne. A-t-elle vocation à faire une carrière politique ?

B. Mégret : Non. Elle l’a clairement dit et annoncé : ce n’est pas une femme politique. Je crois qu’elle n’a pas le souhait de s’engager au-delà de la gestion de la municipalité de Vitrolles, ce qui, soit dit en passant, est déjà une tâche assez lourde.

R. Arzt : Quel comportement attendez-vous de l’opposition de gauche qui siégera au conseil municipal ?

B. Mégret : Je leur demanderai quelque chose de fondamental, de capital – je ne sais pas si c’est à leur portée : je leur demanderai de se comporter démocratiquement, de respecter la volonté des Vitrollais, c’est-à-dire de respecter le fait qu’ils aient perdu, qu’ils n’ont plus la majorité. C’est le Front national qui dirige la ville. Qu’il le fasse sans organiser en sous-main, comme cela a été fait jusqu’à présent, des manifestations agressives, violentes, d’opposition dans la rue.

R. Arzt : Cette semaine ?

B. Mégret : Depuis dimanche dernier, la ville a été le lieu d’émeutes larvées. Je suis préoccupé de la manière dont l’opposition, la gauche comme la droite, les organisations anti-frontistes vont se manifester dimanche prochain pour l’intronisation du maire.

R. Arzt : Que pensez-vous de ce qui se passe à Toulon avec le licenciement de G. Paquet, la volonté de dissoudre le centre culturel de Châteauvallon ? Est-ce que ce sont des initiatives locales et personnelles venues du maire ou bien l’illustration de ce que devra être la politique culturelle du Front national ?

B. Mégret : Ce n’est ni l’un ni l’autre : c’est la conséquence de l’attitude de M. Paquet et de l’usage politicien, partisan, militant qu’il a fait de cette institution culturelle.

R. Arzt : Il a organisé des débats.

B. Mégret : Non. C’est tout à fait scandaleux : M. Paquet a pris ce théâtre comme rampe de lancement, comme porte-avions pour les attaques contre le Front national. Il a totalement dépravé un outil culturel, qui était en effet très intéressant, pour en faire une opération politicienne partisane. Il était donc logique, naturel et nécessaire de J.-M. Le Chevalier non seulement le licencie, mais dissolve cette association totalement dévoyée.

R. Arzt : Le préfet du Var, J.-C. Marchiani, qui est contre le ministre de la Culture et pour le maire, qu’en pensez-vous ? Est-ce un préfet comme vous aimeriez en avoir plus souvent ?

B. Mégret : Oui. Cela prouve qu’il y a finalement des préfets pas si loin que ça de nous. Cela est assez illustratif de l’incohérence de la majorité actuelle. Certains de ses membres ou de ses représentants s’opposent les uns les autres, comme d’ailleurs à Vitrolles au second tour de l’élection.

R. Arzt : Des artistes, des intellectuels, des cinéastes, des écrivains signent des pétitions à propos des lois Debré sur l’immigration. Approuvez-vous ces lois Debré ? Vont-elles dans le bon sens ?

B. Mégret : Non. Je pense que tout cela, ce n’est pas grand-chose. C’est beaucoup de bruit pour pas grand-chose, ce qui prouve d’ailleurs qu’il vaut mieux faire de grandes réformes énergiques et vigoureuses. On n’a généralement pas plus d’opposition que quand on en fait de petites, timides. En fait, les lois Debré ne font qu’adapter les lois Pasqua. Mais les lois Pasqua étaient totalement insuffisantes.

R. Arzt : En exigeant de déclarer l’arrivée et le départ d’un étranger chez soi, on peut estimer que la puissance publique se mêle de la vie privée des citoyens.

B. Mégret : Je pense que la liberté est une chose essentielle, mais qu’il faut ici un équilibre dans notre pays : le maintien de notre identité, le maintien de la paix civile en France exigent que l’on mette un coup d’arrêt à l’arrivée de nouveaux immigrés et qu’on organise même le retour des immigrés dans leurs pays d’origine.

R. Arzt : Que des intellectuels soient en désaccord avec cette loi au point de refuser de s’y soumettre, qu’en dites-vous ? Vous est-il arrivé de considérer une loi tellement injuste que vous auriez voulu appeler à ne pas s’y soumettre ?

B. Mégret : Ce que je constate, c’est que ces intellectuels, qui ont généralement le mot « démocratie » et « République » plein la bouche, en permanence bafouent la République et bafouent la démocratie, puisqu’ils refusent la volonté de peuple et qu’ils remettent en cause les lois de la République. Je vois là une contradiction majeure. Ces gens-là n’ont aucune raison de donner des leçons de morale et de démocratie ou de République à qui que ce soit : Ils feraient mieux de s’occuper de leur art.

R. Arzt : Beaucoup d’observateurs considèrent que la victoire de Vitrolles conforte votre position à l’intérieur du Front national. Est-ce votre avis ?

B. Mégret : Il vaut toujours mieux être vainqueur que de ne pas gagner. De ce point de vue-là, il est certain que cette victoire est pour nous une victoire considérable. C’est d’abord la victoire du Front national.

R. Arzt : J.-M. Le Pen a dit récemment qu’il n’y a pas de numéro deux au Front national. C’est dommage, à votre avis ? En faudrait-il un ?

B. Mégret : Je pense que dans toute organisation, chacun doit avoir sa place. Je pense avoir la mienne.

R. Arzt : Qui pourrait être celle de numéro deux ?

B. Mégret : Je ne sais pas s’il faut la qualifier comme cela, mais je pense d’ailleurs que ce n’est pas à moi de la qualifier. Les observateurs peuvent le faire.

R. Arzt : F. Léotard, hier dans Le Figaro, faisait une allusion à propos du Front national en parlant des ligues d’extrême-droite. Qu’en pensez-vous ?

B. Mégret : Je n’en dis rien. C’est du passé. Je n’étais pas né à cette époque. M. Léotard, en faisant ces références, montre qu’il n’a vraiment rien compris. Vitrolles est un excellent exemple : nous avons parlé aux Français des problèmes qui étaient les leurs, d’insécurité, de chômage, de mal-vivre. Ces messieurs de la gauche et de l’establishment sont venus leur parler des années 30. Eh bien, on voit le résultat. M. Léotard n’a toujours rien compris. Je me réjouis qu’il engage contre nous : c’est un gage de succès pour nous.

 

Europe 1 - mardi 18 février 1997

J.-P. Elkabbach : Catherine Mégret, bonjour !

« Non, elle n’est pas là ! »

J.-P. Elkabbach : J’ai invité C. Mégret : elle a failli répondre « voyez mon mari ». Pourquoi Monsieur ne laisse-t-il pas sortir Madame ?

B. Mégret : Ce n’est pas moi qui l’empêche de venir sur les ondes. Mais je crois qu’elle l’a dit depuis qu’elle s’est engagée dans cette bataille de Vitrolles : elle n’est pas une femme politique. Elle n’entend pas faire une carrière politique nationale. Elle n’entend pas intervenir sur les ondes nationales. Elle a déjà beaucoup de choses à faire à Vitrolles.

J.-P. Elkabbach : Aurez-vous un bureau près du sien, à la mairie ?

B. Mégret : Oui, je serai son conseiller spécial, membre de son cabinet. A ce titre, oui, j’aurai un bureau à la mairie.

J.-P. Elkabbach : Le même fauteuil partagé ?

B. Mégret : Mais non !

J.-P. Elkabbach : Quand elle signera, vous lui tiendrez la main ?

B. Mégret : Non.

J.-P. Elkabbach : Les décisions, ce n’est pas elle qui va les prendre ?

B. Mégret : Comme dans beaucoup de mairies, il y a un partage des rôles. Elle va s’occuper principalement de toutes les actions de représentation, de relations publiques, de relations avec la population, ce qui est très important à nos yeux. Il y a un premier adjoint qui assurera la gestion quotidienne de la mairie. Je m’occuperai de suivre les grandes options.

J.-P. Elkabbach : Vous étiez inéligible. Le vrai maire de Vitrolles, c’est vous. La loi n’est pas respectée.

B. Mégret : J’ai été rendu inéligible à la suite d’une machination, car mes comptes de campagne avaient été approuvés par la Commission nationale des comptes de campagne. C’est la première fois dans l’histoire des élections qu’on revient sur une décision positive de la Commission.

J.-P. Elkabbach : Sans vouloir vous choquer, on a l’impression que le scénario ressemble un peu à l’histoire de la marionnette et du ventriloque.

B. Mégret : J’étais en situation de légitime défense démocratique.

J.-P. Elkabbach : Dimanche, votre femme a fait comme première déclaration politique : « Le bien a triomphé du mal ». C’est vous qui lui avez écrit cette phrase ?

B. Mégret : Pas du tout ! C’est venu spontanément à sa bouche. C’est comme cela qu’elle l’a vécu.

J.-P. Elkabbach : Le Bien, c’est le Front national, et le Mal tous les autres ?

B. Mégret : C’était en l’occurrence notre adversaire M. Anglade qui a été mis en examen pour faux, usage de faux et recel, qui a été invalidé pour malversation électorale et, ce qui est en effet assez surprenant, a reçu le soutien de l’ensemble de la classe politique qui, de cette façon, s’est rendue a priori et de façon très curieuse complice de ces graves malversations.

J.-P. Elkabbach : Les premières mesures que vous allez prendre avec votre épouse porteront sur la sécurité ? Quelles sont vos priorités ?

B. Mégret : Il y aura d’abord des mesures symboliques : la réduction de 30 % des indemnités des élus. On se serre la ceinture quand les Français se serrent la ceinture. Il y aura des recrutements à la police municipale pour renforcer les effectifs afin d’améliorer la sécurité. Il y aura un audit général de la commune, car la situation financière est dramatique.

J.-P. Elkabbach : Entre la répression et la prévention que choisissez-vous ?

B. Mégret : Je pense que la prévention doit se faire dans les familles et à l’école. La responsabilité des pouvoirs publics est d’assurer une répression. Notre objectif est de faire partir les voyous de Vitrolles. Qu’ils aillent faire leurs mauvais coups ailleurs !

J.-P. Elkabbach : Maintiendrez-vous ce que les prédécesseurs avaient créé, les agents de prévention municipale ? Aiderez-vous les associations de quartier ?

B. Mégret : On aidera les associations de quartier qui mènent des activités intéressantes sur le plan culturel. Pour le reste, les éducateurs de rue, les agents de prévention, tout cela sera supprimé car c’est totalement inefficace. Cela dégagera des postes pour assurer l’augmentation des effectifs.

J.-P. Elkabbach : Tous au chômage ?

B. Mégret : Il y a des mutations à faire. Ils pourront être affectés à d’autres postes si leur contrats ne sont pas venus à échéance. »

J.-P. Elkabbach : A Châteauvallon, pensez-vous que votre amis J.-M. Le Chevallier peut accepter le retour de G. Paquet ?

B. Mégret : C’est totalement exclu : M. Paquet a totalement transgressé son rôle. Il a utilisé un théâtre, une institution culturelle subventionnée par les pouvoirs publics à des fins politiciennes et partisanes. C’est totalement inadmissible. »

J.-P. Elkabbach : Quand les pouvoirs publics subventionnent un théâtre, une association culturelle, ceux-ci doivent être au pas ?

B. Mégret : Pas du tout, je n’ai rien dit de tel. Mais lorsqu’un pouvoir public subventionne un théâtre, ce théâtre ne doit pas servir à mener la bataille politique contre ce pouvoir en question. Car derrière le pouvoir, il y a les Français qui sont bafoués dans cette affaire !

J.-P. Elkabbach : Laissez les Français vous répondre quand il le faut…

B. Mégret : Les Français ont élu M. Le Chevalier : M. Le Chevalier parle au nom des Français et des Toulonnais.

J.-P. Elkabbach : Je prends un exemple justement. Vous dites que, lorsque l’on est au pouvoir, on a une gestion différente. Eh bien, les transports urbains à Toulon cessent leur grève. M. Le Chevalier, maire de Toulon, fait comme tous les autres, il a cédé.

B. Mégret : Je ne connais pas le détail des négociations. Si M. Le Chevalier fait comme tous les autres, c’est que le Front national n’est peut-être pas aussi épouvantable qu’on le dit.

J.-P. Elkabbach : Le mouvement des artistes et des intellectuels contre la loi Debré : est-ce que vous pensez que cela va faire du tort au Front national ?

B. Mégret : Je ne le pense pas,  parce que les intellectuels sont totalement coupés du peuple. D’ailleurs, il est une chose frappante c’est qu’ils sont tous d’accord entre eux. Il y a une espèce de conformisme quasi totalitaire qui règne dans la classe intellectuelle française et qui est tout à fait déplorable. Je crois que c’est un signe de grave dégénérescence. Pour le reste, en politique, il y a deux catégories de personnes : les simples citoyens et les élus qui sont seuls habilités à parler.

J.-P. Elkabbach : D’accord mais là, ils s’expriment en tant que citoyens.

B. Mégret : S’ils sont mille, cela fait mille personnes sur 55 millions d’habitants. Cela ne représente pas grand-chose !

J.-P. Elkabbach : Vous êtes maire, les deux Mégret, est-ce que vous allez accorder des certificats d’hébergement ?

B. Mégret : Je crois qu’il y a déjà beaucoup d’immigrés en France. Je ne suis pas certain que les certificats seront signés très rapidement.

J.-P. Elkabbach : Que pensez-vous de la loi Debré et le tollé qu’elle a provoqué avec son article numéro un ? Est-ce que cet article vous choque ?

B. Mégret : Entre nous, l’article me choque. Ce n’est vraiment pas la meilleure solution. C’est très caractéristique du pouvoir actuel qui est de se décharger de ses propres responsabilités soit sur les Français, soit sur les proviseurs dans l’affaire du tchador !

J.-P. Elkabbach : C’est quand même une mesure importante, non ?

B. Mégret : C’est une mesure importante ? Non ! Le projet est une petite mesurette dont chacun sait qu’elle ne changerait rien. Et cela prouve combien le pouvoir mène une politique de gribouille car il prend des mesurettes avec, de surcroît, une opposition majeure. Il vaudrait mieux prendre des grandes mesures et on n’aurait pas plus d’opposition. La vraie solution, c’était le contrôle aux frontières. En contrôlant les entrées et les sorties, on n’a pas besoin de s’en remettre aux citoyens. C’est à l’Etat de prendre ses responsabilités.

J.-P. Elkabbach : On met des policiers partout et on fait des fichiers à l’entrée ?

B. Mégret : C’est un contrôle comme cela se fait dans de nombreux pays. En effet, on contrôle les gens qui rentrent et on contrôle les gens qui sortent. C’est quand même la responsabilité d’un Eta souverain.

J.-P. Elkabbach : Est-ce que vous êtes favorable à l’immigration régulière ?

B. Mégret : Non, il y a trop d’immigration. Enfin, cela dépend de ce dont on parle. On parle de l’immigration en provenance des pays du Tiers-Monde, une immigration de peuplement, de colonisation à rebours. Non seulement nous sommes contre l’immigration régulière mais nous sommes pour le retour des immigrés dans leur pays d’origine. Il faut faire redescendre le nombre des immigrés en dessous du seuil de tolérance.

J.-P. Elkabbach : On les met dehors. Les charters, cela ne suffit pas, il faudra donc de grands moyens ?

B. Mégret : Oui, le problème des moyens ne pose pas de problèmes. Je crois qu’ils sont des millions à rentrer chaque année dans leur pays d’origine. Eh bien, qu’ils y restent.

J.-P. Elkabbach : Estimez-vous que le virus lepéniste est en train de contaminer les partis politiques et la société civile ?

B. Mégret : Nous sommes républicains, je vous le rappelle. J.-M. Le Pen avait fait campagne sur la sixième République. Ce que je crois, c’est que le Front national est en train de gagne la bataille des idées. Tout l’indique. Les sondages montrent que nos idées sont de plus en plus acceptées par les Français. Cela ne se sait pas, la classe médiatique ne le reconnaît pas vraiment mais c’est une réalité. C’est tellement une réalité que nos idées, si je puis dire, ont contaminé les grands leaders de la classe politique internationale. Le Chancelier Kohl est favorable à la priorité d’emploi aux Allemands, en Allemagne. C’est le cœur du programme du Front national.

J.-P. Elkabbach : Il faudra les soigner, on va trouver des médecins ! D’ailleurs pas de raison d’avoir peur de vous parce qu’en dehors, si vous le permettez, des quatre mairies que vous avez gagnées, le Front national stagne !

B. Mégret : On en reparlera, M. Elkabbach.

J.-P. Elkabbach : Une faveur, une promesse : que l’on entende un jour la vraie voix de C. Mégret !

B. Mégret : Mais on l’a entendue et on a vu aussi son sourire et son contact avec la population. Je crois qu’elle a joué beaucoup dans la victoire.