Interview de M. Jean-Claude Gaudin, ministre de l'aménagement du territoire de la ville et de l'intégration, à Europe 1 le 11 février 1997, sur le nouveau statut de "pays" attribué au Pays basque.

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Média : Europe 1

Texte intégral

A. Dumas : Le Pays basque devient un « pays » véritable. Qu’est-ce que ce changement de statut signifie ?

J.-C. Gaudin : D’abord, il s’agit d’appliquer des dispositions qui ont été votées par le Parlement dans la loi Pasqua, qui prévoyaient la création de pays. Bien entendu, l’aménagement du territoire étant une priorité du Président de la République nous nous efforçons d’équilibrer entre la France urbaine, avec la concentration de nos compatriotes qui vont toujours vers la ville, et la France rurale qu’il faut organiser pour qu’il y ait l’équité – la justice – entre les deux parties.

A. Dumas : Quelle est la différence entre le département des Pyrénées-Atlantiques et le Pays basque ?

J.-C. Gaudin : Alors, bien entendu, le pays n’est pas un échelon administratif supplémentaire. C’est un territoire défini, volontairement, où les maires, des élus, des responsables économiques, des forces associatives se sont réunis pour faire progresser ensemble une partie du territoire.

A. Dumas : Pau sera toujours la préfecture des Pyrénées-Atlantiques ?

J.-C. Gaudin : Bien sûr ! Cela ne change rien ! Ne mélangeons pas tout ! Il n’y a pas de volonté de séparatisme, il n’y a pas de volonté d’indépendantisme ! On a fait une expérimentation sur 42 pays tests. Et aujourd’hui, dans l’ensemble du pays, il y a 200 pays qui fonctionnent bien. Bien entendu, je vous le redis, ce n’est pas un échelon administratif supplémentaire. Et bien entendu, ça n’est pas la volonté d’aller porter atteinte à tel ou tel Conseil général ou Conseil régional. Au contraire.

A. Dumas : Qu’est-ce qui va changer pour les habitants ?

J.-C. Gaudin : La volonté qu’ont les élus – parlementaires, maires – de se mettre ensemble et de proposer, sur un territoire qu’ils ont eux-mêmes défini, l’amélioration des services publics, des équipements collectifs à moindre coût s’ils se mettent d’accord pour en réaliser un – en laissant bien entendu la commune d’origine toujours maître de l’exécution de la réalisation d’un projet. Soyons bien clair ! Ce n’est pas, encore une fois, une politique d’indépendantisme ou de séparatisme. Il peut y avoir un pays du Pays basque qu’il y a la tradition, la culture du Pays basque…

A. Dumas : Mais Pau, la préfecture, c’est le Béarn, ce n’est pas tout à fait le Pays basque !

J.-C. Gaudin : Le département des Pyrénées-Atlantiques reste ce qu’il est, et il n’est nullement question de le séparer.

A. Dumas : Il y a d’autres régions de France qui demandent à suivre cet exemple ?

J.-C. Gaudin : Il en existe 42 où on a fait l’expérimentation, et il en existe 200 dans l’ensemble du territoire. Ces pays auront la possibilité de travailler avec le Conseil général et le Conseil régional, et leurs propositions pourront être prises en compte dans les contrats de plan Etats-Régions que nous mettrons en place après 1998, après les élections législatives et régionales pour cinq ans, sur l’ensemble du pays.