Texte intégral
Monsieur le député-maire,
Cher Jean-Pierre Bauemler,
Monsieur le député, président du Conseil général du Haut-Rhin,
Monsieur le vice-président du Conseil régional,
Messieurs et Madame les maires,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Il y a, dans une vie de ministre de la Culture, des moments particulièrement heureux parmi lesquels je situe en excellente place les inaugurations de bibliothèques-médiathèques.
C’est vous dire combien je me réjouis de me trouver avec vous ce soir à Thann pour inaugurer votre nouvelle médiathèque intercommunale dont j’ai compris qu’elle a trouvé un public nombreux et ravi dès la première heure. Mais sans doute était-ce là toute la sagesse de ce projet ambitieux initié en 1995 : se porter au-devant d’un désir.
D’un désir que vous me permettrez de dire multiple puisqu’il s’agit à la fois d’un désir de culture, de savoir et de découverte, mais aussi de connaissances au sens que l’on entend pour parler de rencontres.
Vous avez, Mesdames et Messieurs les élus, choisi la carte-atout de l’intercommunalité pour mener à bien cette réalisation. Cela veut dire qu’un lien s’est renforcé entre les 13 communes de la Communauté du pays de Thann, et qu’à n’en pas douter, il s’étendra à d’autres populations parce qu’une médiathèque est à la fois un lieu d’accueil et d’initiatives, un lieu de coexistence naturelle entre la mémoire et la création, entre la conservation et l’innovation.
Depuis que le livre est devenu accessible au plus grand nombre, autrement dit depuis l’invention de l’imprimerie et l’on sait combien l’Alsace a compté dans la vie d’un génie nommé Gutenberg, c’est toute la face du monde qui s’est trouvée changée et cela n’a pas cessé et ne cessera pas.
Parce que la lecture, acte solidaire et universel – dès lors qu’ont été remplies les conditions de son apprentissage – nous transforment. Un slogan affirmait, voilà quelques années : lire c’est vivre. L’inventeur de cette formule avait visé juste.
Lire, maîtriser la lecture, c’est pouvoir à la fois se former, aller plus loin dans l’exercice d’un métier, participer au débat collectif et à la vie démocratique, mesurer sa réflexion à d’autres pensées, lutter contre la peur de l’inconnu, puisque les livres, grâce au travail des traducteurs, ne connaissent pas de frontières mais c’est aussi se détendre, voyager, s’approprier le monde, disposer de son temps.
Vous avez voulu, pour votre médiathèque, porter une attention particulière à la section jeunesse. Je ne saurais trop vous en féliciter : il y a dans les livres destinés aux plus jeunes, mais qui ne sont pas interdits aux adultes, qui peuvent se lire en famille, un gisement très riche de vitamines de croissance. Venir à la médiathèque avec sa classe ou le mercredi, feuilleter ces volumes et ces albums, s’y plonger sur un coup de cœur, y trouver peut-être des réponses aux questions que l’on se pose enfant et que l’on ne peut pas toujours formuler, c’est avoir entre les mains autant de passeports pour la culture qui, je voudrais le redire ici ce soir, n’est pas un privilège mais un droit.
Mais une médiathèque, je le soulignais à l’instant, est aussi un lieu de rencontres. Entre des lecteurs, des bibliothécaires, des auteurs, des conteurs, des comédiens, des artistes, entre les générations, mais aussi entre les diverses formes d’expression de la création et leurs supports.
C’est bien sûr la musique, avec les 3 000 CD d’ores et déjà disponibles, c’est encore des films et des documentaires, côté vidéocassettes, mais c’est aussi – et là encore l’effort mérite d’être souligné – la mise à disposition de tous ceux qui le souhaiteront d’un équipement multimédia.
L’accès aux nouvelles technologies est une priorité pour le Gouvernement. Le Premier ministre, Monsieur Lionel Jospin, avait fixé cet objectif dans les jours qui ont suivi les élections de juin dernier. Pour relever ce défi, pour combler, il faut bien le dire, le retard que la France avait pris dans ce domaine, les médiathèques ont un rôle très important à remplir.
Apprendre à se servir des techniques nouvelles, c’est pouvoir participer pleinement à la société de l’information, c’est, pour certains, apprivoiser l’inconnu, c’est bénéficier du réseau mondial, donner un contenu concret au mot communiquer.
J’ai décidé d’apporter une attention particulière à ces équipements dans le réseau de la lecture publique. Parce qu’il n’y a pas de contradiction et encore moins d’opposition. Il y a tout au contraire une complémentarité. Se familiariser avec les écrans, tirer parti des ressources qu’offrent les CD-ROM, « surfer sur le net » pour faire provision d’informations, ce n’est pas être passif, c’est, avec une initiation appropriée, apprendre à regarder, à lire des images, à former ainsi son jugement critique.
Vous avez, je crois, l’intention d’aller dans ce sens avec le recrutement d’un initiateur à ces nouvelles technologies dans le cadre des emplois-jeunes. Je suis convaincue que ce ne sera qu’un début parce que vous allez susciter une forte demande.
Je vous le disais, inaugurer une médiathèque est toujours un moment privilégié parce que c’est aussi l’occasion d’admirer le travail des architectes. De ce point de vue aussi, la médiathèque du pays de Thann que vous venez de me faire visiter est une réussite.
Les architectes Serge GAUSSIN et Pirouz YAZDI ont su faire se rencontrer l’ancien et le nouveau, préserver un édifice connu comme « l’ours blanc » dans la vallée et au-delà, et lui adjoindre une marque contemporaine forte, en captant un flot de lumière.
Il y a là quelque chose de joyeux et de paisible à la fois, une atmosphère élégante.
C’est bien un lieu de vie, et il n’est pas besoin de rappeler combien le cadre est important. Quand ce cadre sait combiner harmonieusement les volumes et les couleurs, il donne envie de s’y installer, ce que les collégiens et les lycéens ont compris sur le champ, puisqu’ils ont déjà adopté la salle d’études.
Vous l’avez souligné, l’investissement consenti pour cet équipement est conséquent : 18 MF. Il a donc fallu qu’à la volonté des communes du pays de Thann s’ajoutent d’autres engagements. Celui de la région Alsace, celui, important, du département du Haut-Rhin à hauteur de 3,6 MF et qui se poursuivra, par une aide significative au fonctionnement de la médiathèque. L’État a également fortement aidé à l’investissement réalisé, en finançant 40 % du coût hors taxe de la construction, en subventionnant aussi l’installation informatique et en aidant, par le relais du Centre National du Livre, aux acquisitions documentaires à hauteur de 138 000 F.
En choisissant l’intercommunalité, vous avez opté pour la solution d’avenir en matière de lecture publique et vous avez rejoint le mouvement qui se dessine dans l’ensemble du pays. Les statistiques le montrent : en 1996, près d’une centaine d’établissements sont intercommunaux.
Cette tendance s’est, dans un premier temps, développée en milieu rural, notamment par le programme des relais-livre en campagne, au nombre de 37 en 1998. Mais les campagnes ont en réalité été à l’avant-garde de l’intercommunalité. J’en citerai pour preuve les bibliothèques de Sélestat et de Saint-Omer, inaugurées en 1997 et, bien sûr, les bibliothèques municipales à vocation régionale de la communauté de villes de La Rochelle et de l’agglomération troyenne, qui ouvriront cette année.
Afin d’accompagner cette évolution, les services de la Direction du livre et de la Lecture, dans les discussions en cours avec la direction générale des collectivités locales visant à réformer la dotation générale de décentralisation « bibliothèques », défendent une meilleure prise en compte de l’intercommunalité par les aides de l’État, surtout en faveur des équipements ruraux et péri-urbains. C’est aussi par une telle amélioration des textes existants que la mise en réseau des bibliothèques connaîtra l’accélération nécessaire que je souhaite.
Vous êtes au début d’une belle aventure. Il est vrai que vous avez su vous y préparer en organisant des rencontres d’information d’une commune à l’autre, pour expliquer mais aussi pour écouter. Ce qui a permis à chacun de participer au projet commun.
Cette démarche me paraît importante et n’est bien sûr pas étrangère au succès rencontré puisque la médiathèque de Thann compte en moins d’un mois plus de la moitié des inscrits escomptés pour l’année ! C’est dire aussi combien cet équipement collectif, dans lequel chacun pourra satisfaire ses goûts personnels, est venu combler une attente.
J’ai bien retenu, Monsieur le maire, cher Jean-Pierre Baeumler, que votre souhait est fort de voir se renforcer le partenariat entre l’État et la collectivité dans le cadre d’un contrat pluriannuel. Il est bien évident que la Direction régionale des affaires culturelles saura se montrer à l’écoute. Vos idées seront les bienvenues, nous en avons aussi, faisons-les se rencontrer.
Il y a place pour l’imagination dans une médiathèque, je dirai même que l’imagination y est à sa place. N’est-ce pas ce que vous avez montré en organisant une exposition sur les fées, lutins, sorcières, et autres créatures nées de la bouche des conteurs et du crayon des dessinateurs, héros de tant et tant de légendes, pour célébrer votre ouverture ?
Puisque vous connaissez déjà un succès éclatant, ce sont des vœux de bonne, d’excellente continuation que je veux vous adresser à tous. Et vous redire mon plaisir de me trouver à Thann ce soir, dans une vallée superbe, dans une région Alsace qui, outre ses nombreuses qualités, présente également l’avantage de figurer au palmarès des grands et des bons lecteurs.