Article de M. Jacques Godfrain, ministre délégué à la coopération, dans "Équilibres et populations" de novembre 1996 sur l'aide de la France à l'Afrique pour la lutte contre la mortalité maternelle et infantile, intitulé "La femme et l'enfant d'abord".

Prononcé le 1er novembre 1996

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Média : Equilibres et populations

Texte intégral

Pour situer l'ampleur du problème posé par la mortalité maternelle et infantile, je rappellerai qu'en Afrique subsaharienne, la mortalité maternelle est, selon les statistiques des Nations unies, 90 fois supérieure à celle des pays industrialisés, et que la mortalité infantile y est 15 fois supérieure. Face à un tel scandale, il est donc de notre responsabilité de concentrer nos efforts dans cette direction.

C'est la raison pour laquelle la femme et l'enfant sont les deux cibles prioritaires des actions du ministère de la Coopération dans les secteurs sociaux, et tout particulièrement dans celui de la santé. En effet, ce sont, de notre point de vue, les principaux vecteurs du développement et du futur des sociétés de nos partenaires.

La coopération française a une tradition importante d'appui aux systèmes de santé de ses partenaires, que ce soit en faveur des hôpitaux de référence ou des dispensaires de quartiers ou de villages. Dans tous les cas, les services destinés à prévenir la mortalité infantile et maternelle sont prioritaires. Je prendrai un exemple avec un projet adopté hier* par le comité directeur du FAC et qui prévoit la réhabilitation du pavillon de gynécologie-obstétrique de l’hôpital Mama Yemo, à Kinshasa, et la mise en service de deux blocs chirurgicaux qui permettront notamment de réaliser des césariennes dans des conditions normales de sécurité pour les mères et les nouveau-nés.

Par ailleurs, le ministre de la Coopération, en relation avec l'INSERM, est en train de conduire une vaste étude sur toute l'Afrique de l'Ouest pour identifier précisément les causes d'une mortalité maternelle encore beaucoup trop élevée. Les conclusions de cette étude nous permettront de définir et de financer en 1997 un programme d'intervention sur cette zone pour répondre le plus efficacement à ce grave problème. Des crédits FAC à hauteur de 10 millions de francs ont été programmés à cette fin.

En ce qui concerne les enfants, nous apportons bien évidemment un appui important aux programmes de vaccination à un moment où l'on constate, partout en Afrique, une résurgence d'épidémies graves, que ce soit la rougeole, la méningite ou peut-être la fièvre jaune, qui traduit plus généralement un affaiblissement des capacités de contrôle des pathologies infectieuses. Je prendrai à ce titre pour exemple nos programmes au Bénin ou au Sénégal. Là encore, la situation me paraît exiger une intervention accrue et des crédits ont également été programmés à hauteur de 10 MF pour aider en 1997 nos partenaires à faire face a cette nouvelle menace.

Sur toutes ces questions, nous n'intervenons pas seuls. L'Unicef tient en la matière un rôle tout particulier, et je tiens à saluer à cette occasion les efforts importants accomplis par sa nouvelle directrice générale, pour améliorer l'efficacité de l'institution, ainsi que la vitalité du comité français pour l'Unicef, qui montre à quel point nos compatriotes sont sensibles à cette question. Là encore, afin de démultiplier nos efforts, j'ai prévu de consacrer en 1997 au moins 10 MF à des actions conjointes avec l'Unicef en faveur des enfants les plus défavorisés en particulier dans les zones urbaines.

Pour intervenir efficacement, la coopération française a enfin besoin d'opérateurs compétents. C'est je crois maintenant le cas avec la création, à l'initiative du gouvernement du Centre international de l'enfant et de la famille (CIDEF), fruit de la fusion entre le Centre international de l’enfance (CIE) et l'institut de l'enfant et de la famille (IDEF), qui verra le jour au tout début de l'année prochaine. Mon département participera au financement de son budget à hauteur de 8 MF en 1997, qui s'ajouteront aux contributions des autres ministères concernés (Affaires étrangères, Affaires sociales et Santé), sans exclure la possibilité de lui confier par ailleurs l'exécution de programmes particuliers.

Je ne pourrai pas terminer cette intervention sans rappeler la contribution de 3 MF du ministère de la Coopération au programme gouvernemental de lutte contre les abus sexuels envers les enfants, annoncé par le Premier ministre. Ces moyens permettront d'aider nos partenaires à améliorer la prévention et la prise en charge de ces abus et de favoriser ainsi l'indispensable prise de conscience de réalités qui font trop souvent l'objet d'un déni. Par cette action, la coopération française jouera là son rôle de catalyseur et de facilitateur pour une meilleure prise en compte de ce problème par les sociétés de nos partenaires et les autres bailleurs de fonds internationaux. Enfin, mes services terminent la préparation d'un programme plus transversal de promotion des actions en faveur du développement social, d'un montant de 18 MF qui, pour les deux tiers, concernera les politiques de population et la promotion des femmes.

Au total, ce seront donc, en 1997, près de 60 MF d'opérations nouvelles qui seront consacrées par la coopération française à la lutte contre la mortalité infantile et maternelle et, généralement, aux femmes et aux enfants d'Afrique, confirmant ainsi la priorité que je vous signalais au début de mon propos.