Déclaration de M. Hervé de Charette, ministre des affaires étrangères et interview à Radio France internationale et France 3 le 30 janvier 1997, sur le rayonnement de la culture française à l'étranger, son financement et la préparation des grandes manifestations culturelles et artistiques.

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Intervenant(s) : 

Circonstance : Présentation du programme 1997 de l'Association française d'Action artistique (AFAA) à Paris le 30 janvier 1997

Média : France 3 - Radio France Internationale - Télévision

Texte intégral

Monsieur le ministre, Mesdames et Messieurs,

Je voudrais d’abord, et très sincèrement, vous remercier – artistes, animateurs culturels, représentants des entreprises, journalistes – d’être là ce matin avec nous.

Je vois dans votre présence la preuve du bien-fondé de notre ambition : faire rayonner la culture française à l’étranger. Vous êtes les acteurs de cette ambition, et nous, nous sommes là pour permettre que la création française soit connue et reconnue.

C’est pourquoi, tout à l’heure, je souhaite que les artistes puissent exprimer leurs expériences, leurs attentes. Dès maintenant je félicite et je remercie Thomas Klug et Martin Verdet pour leur intervention scénographique dans les salons.

Nous fêtons en 1997 le soixante-quinzième anniversaire de l’Association française d’action artistique. L’inspiration qui a présidé, en 1922, à la création de l’AFAA est plus que jamais à l’ordre du jour : une structure associative, ouverte à toute la société et pourtant totalement liée à l’action de l’État, en particulier à ce ministère dont elle est en quelque sorte l’opérateur pour tous les échanges artistiques internationaux.

La « diplomatie culturelle » constitue en effet de longue date une dimension essentielle de la politique étrangère française et, d’une certaine manière, une marque de sa singularité. Elle contribue à l’action politique, voire économique de la France à l’étranger. Mais elle doit s’adapter aux défis d’aujourd’hui et trouver dans la société française en mutation, pour une part de nouveaux moyens de son action, et toujours les talents pour son rayonnement.

En 1997, le ministère des Affaires étrangères dépensera 5 milliards de francs pour l’action culturelle scientifique et technique extérieure, soit 35 % de son budget. Il dispose d’une direction générale dont c’est le rôle éminent de mener cette action.

La politique culturelle, c’est :
    - une politique linguistique, avec le premier réseau du monde : 279 établissements scolaires, 134 instituts ou centres culturels, 1 058 comités d’Alliance française, des bibliothèques partout… ;
    - une politique scientifique : des conseillers, des centres de recherche… ;
    - une politique audiovisuelle : TV5, Canal France International, RFI… J’aurais bientôt l’occasion de reparler de cette politique qui se développe ;
    - une politique de coopération technique avec de très nombreux projets de développement et une solidarité active… ;
    - une politique artistique qui nous réunit aujourd’hui et qu’incarne l’AFAA.

Or, je suis, je veux être le « ministre de la Culture française à l’étranger », au sens le plus large du mot culture, dans ses acceptions les plus diverses et avec des acteurs de plus en plus variés. Nous avons, en effet, une grande ambition culturelle, parce que la France n’est pas un pays comme les autres. On parle d’exception culturelle ; cela signifie :
    - diversité dans un monde guetté par l’uniformité ;
    - place particulière de la culture dans la société, dans la formation du citoyen ;
    - place essentielle de la culture dans l’image, dans le rayonnement de notre pays.

Mais, cette exception n’a de sens que si cette ambition culturelle ne repose sur aucune vanité mal placée. Le génie de notre culture, son rayonnement ne tient qu’à une chose : sa capacité à s’ouvrir à l’universel, et à être ainsi elle-même universelle. En un mot, tout repose sur l’échange, l’ouverture aux autres. Notre exception, c’est cette capacité qui nous est propre d’aimer toutes les cultures du monde, d’apprécier la richesse et la diversité culturelle et civilisatrice des autres nations. C’est cela notre message. Nous devons établir de libres rapports intellectuels et moraux entre nous et les autres.

Traditionnellement, et par fonction, le ministre des Affaires étrangères est ouvert aux autres. Il est à leur écoute. C’est un lieu de concertation et de dialogue. Il doit l’être pour les étrangers. Il l’est aussi pour vous, artistes, car il n’a pas d’autre vocation que de promouvoir vos talents, sans exclusive, sans penser trop aux carrières ou aux institutions. Quand on entre ici, qu’on va dans une ambassade, un centre culturel à l’étranger, on oublie difficultés, dissensions ou rigidités de nos structures pour servir une même ambition de rayonnement culturel.

Or, aujourd’hui, la France reste, dans la mondialisation dont on parle tant, une grande puissance culturelle, à vrai dire la seule de ce type dans le monde et il ne dépend que de nous de le rester. De ce point de vue, je ne crois pas à un État modeste. Ce que nous ne faisons pas pour la culture, personne ne le fera pour nous.

C’est pourquoi ce réseau, ces réseaux, que j’ai évoqués, sont à la disposition de tous, auteurs, créateurs, artistes, entreprises pour exporter la culture française et se mettre à l’écoute de tous les peuples du monde. Il faut s’en servir. Votre présence massive me montre ce matin qu’il existe de ce point de vue une vraie attente.

En effet, nous sommes à la croisée des chemins : si traditionnellement l’État a à sa charge l’action culturelle et en particulier l’action culturelle extérieure, les choses bougent autour de nous, très vite.

Le champ de la culture s’ouvre grâce à des expressions nouvelles, des supports nouveaux, des médias transformés.

Les technologies évoluent rapidement.

Les publics ont de nouveaux besoins. Nous devons prendre la mesure de cette évolution de la nature et des formes de l’action culturelle. En un mot, nous devons nous adapter. Dans cette société qui bouge, vous êtes les guetteurs, vous êtes ceux qui percevez ces changements exprimés dans la création des autres. Vous êtes ceux qui devez le traduire pour notre société.

C’est pourquoi nous devons savoir ici, et c’est un peu l’objet de la réunion d’aujourd’hui, nous ouvrir à tous les acteurs, anciens ou nouveaux, de l’action culturelle :
    - les collectivités territoriales ;
    - les associations ;
    - les entreprises et leur mécénat ;
    - les universités, car la formation est un immense enjeu…

En n’oubliant jamais qu’il n’y a pas lieu à monopole, qu’il convient de faciliter les initiatives des uns et des autres et non de faire à leur place. Des réseaux de toutes sortes existent en dehors de nous : connaissons-les, aidons-les.

Je souligne, par ailleurs, qu’il n’y a pas non plus, pour nous, de querelle des anciens et des modernes : grandes troupes, ateliers régionaux, expressions contemporaines, tout nous intéresse pourvu que ce soit de qualité.

Nous devons en particulier prendre la mesure des changements survenus en Europe, nouvel acteur, nouveau partenaire de la culture dans le cadre du traité de Maastricht.

Nous devons enfin mobiliser convenablement les opérateurs publics ou privés vers l’international et pratiquer efficacement le travail interministériel.

C’est précisément pourquoi je veux vous parler de l’AFAA, car c’est, je crois, un bon exemple de ces efforts :
    - structure associative et, à ce titre, souple – que ne dit-on pas de nos lourdeurs jacobines ;
    - structure interministérielle (car je n’omets pas la part qu’y prend notamment le ministère de la Culture) ;
    - structure ouverte qui a su s’associer avec tous ces nouveaux acteurs qui sont aujourd’hui autant de partenaires ;
    - structure capable aussi, avec peu de moyens, de créer des événements culturels partout dans le monde : pour 1 franc dépensé, l’AFAA en trouve près de 5 pour réaliser ses projets.

Cette « vieille dame de 75 ans ne fait vraiment pas son âge » !

Jean Digne, son directeur, lui a donné tout l’allant, toute la jeunesse, toute l’initiative qu’il fallait, sous la tutelle bienveillante de son président, Alain Decaux, et dans le cadre plus global des activités de la direction générale des relations culturelles scientifiques et techniques, sous la conduite de Pierre Brochand.

L’AFAA est prête à affronter tous ces défis.

Au milieu des très nombreuses actions que l’AFAA va conduire cette année, et dont vous trouverez le détail dans les documents qui vous sont distribués, je voudrais mettre en valeur quelques orientations fortes qui illustrent ce que je viens de dire.

J’en vois six principales :

Les grandes saisons : il s’agit d’accueillir à Paris et en province les cultures étrangères pour mieux dialoguer avec elles. Ainsi, lançons-nous, d’avril à mai. La saison de la Palestine avec des colloques, des expositions (à l’Institut du monde arabe), une journée autour du livre. Comme vous le voyez, la culture est politique, la politique est culture.

Dès l’été 1997, l’année France-Egypte commence. Elle a été annoncée par le président de la République Jacques Chirac et par le président Hosni Moubarak. Elle va nous mobiliser très vite à Paris, Marseille, Toulouse, à Bourges.

L’Europe : à Thessalonique, capitale culturelle de l’Europe en 1997, symbole et vitrine de notre avenir commun, l’AFAA œuvrera pour « l’exportation » de nos productions : l’Orchestre national de France, des créations théâtrales et de musique contemporaine, une exposition.

Le soutien aux grandes institutions culturelles françaises : nous aidons, bien entendu, nos grandes institutions : les grands orchestres, la Comédie-Française. Je prendrai l’exemple Centre George-Pompidou, qui fête son XXe anniversaire : pendant la fermeture du centre pour travaux, l’AFAA soutiendra deux opérations majeures : une circulation d’œuvres en Amérique latine, l’organisation d’un grand colloque autour de l’exposition : 120 chefs- d’œuvre du musée national d’Art moderne, présenté au musée d’Art contemporain de Tokyo.

La promotion de la création et de la recherche : nous voulons soutenir les créateurs à l’étranger en leur permettant de mettre en place des coproductions : ainsi, par exemple, de Jean-Claude Gallota au Japon, et peut-être même parviendrons-nous à produire « Faust » à Pékin. Plus généralement, c’est toute la création, qu’elle soit de tradition ou très moderne que nous souhaitons aider.

L’appui à l’action internationale des collectivités territoriales. Nous voulons appuyer à l’étranger une offre artistique nourrie dans le contexte régional. Nous allons à la rencontre de ces acteurs nouveaux et dynamiques pour faciliter leur action. Tous ces ateliers, toutes ces traditions, nous cherchons à les encourager, à les aider dans leur rencontre des autres. Des accords seront signés avec des départements, des villes (Bordeaux, Nantes, Agen, Marseille, Grenoble…), des régions.

La création d’emplois et la promotion de jeunes professionnels avec le prix AFAA à la création d’emplois culturels à l’étranger, l’aide à la création d’entreprises, des offres de stages. Ainsi, au Liban, un concepteur de lumières mettra en lumière le patrimoine architectural du pays. Ce programme est inséré dans les dispositifs européens, avec l’appui du ministère du Travail et des ANPE Internationale et Spectacles. Nous n’oublions pas les « industries culturelles » et nous savons que, par exemple l’architecture, les métiers d’art doivent être encouragés à l’exportation. C’est pour nous une grande exigence !

Ces six exemples vous montrent notre démarche. Ne nous méprenons pas ! Elle n’est pas facile car les temps budgétaires sont rigoureux. C’est pourquoi nous devons réunir tous les concours, notamment ceux du mécénat – je rêve d’une fondation pour les échanges culturels internationaux – et de tous ces acteurs nouveaux, et amplifier notre action. Nous devons, je le rappelle, agir en partenariat.

C’est, à vrai dire, le seul moyen pour nous de réaffirmer notre discours universaliste, dans un monde que nous voulons multipolaire, et dont nous savons, vous savez, relever tous les défis techniques.

C’est le vrai sens de notre exception culturelle, que notre diplomatie exprime sans relâche, et dont vous être les vrais ambassadeurs, au quotidien et dans la qualité de vos créations…

 

Entretien avec RFI (Paris, 30 janvier 1997)

Q. : Sur la politique culturelle de la France, Alain Decaux vous a rendu hommage en disant que c’était la première fois qu’un chef de la diplomatie recevait ainsi l’AFAA pour la présentation du budget. Voulez-vous vraiment être le ministre de la Culture à l’étranger ?

R. : Cela m’a fait plaisir. C’est vrai que nous voulons vraiment, ici, donner à la diplomatie française une grande importance et une grande dimension à caractère culturelle. Je le vois dans tous mes déplacements à l’étranger. Il y a une demande, un appétit pour notre tradition culturelle, notre langue et en même temps une menace que l’on voit bien. Nous traversons une période où le monde est menacé par l’uniformité de langue et de la culture « coca-cola ». Si nous ne sommes pas très actifs sur ce plan-là et que nous risquons de perdre des places, alors justement qu’au contraire on nous appelle. La présence de la culture française, notre langue, c’est notre fierté. Mais c’est aussi la meilleure façon d’être durablement présents dans des pays où l’action diplomatique traditionnelle est importante. La permanence et la profondeur de la présence vient de la culture et de la langue.

Q. : Un tiers du budget du ministère est consacré à la culture. Cette importance est-elle symbolique ?

R. : C’est un signe très remarquable et souvent sous-estimé. Nous devons faire des économies. Mais là, je crois qu’il ne faut pas trop en faire. La rigueur des temps est ce qu’elle est, mais c’est très important ; ces 5 milliards représentent un réseau d’enseignement, nos établissements d’enseignement à l’étranger, des lycées, écoles maternelles ou primaires qui n’ont pas d’équivalents dans le monde. Aucun autre pays du monde n’a un tel réseau, c’est un réseau de centres culturels, d’instituts, de bibliothèques, que sais-je ?

Le réseau est tout à fait remarquable mais a aussi besoin d’être restauré, rénové et redynamisé. L’audiovisuel extérieur est un domaine dans lequel nous avons beaucoup à progresser et à avancer. Cela coûte très cher. Il y a aussi la culture au sens plus traditionnel du terme, c’est-à-dire ce que fait l’AFAA : nous essayons, à la fois de pousser l’expression culturelle traditionnelle de la France, grâce aux grandes institutions comme la Comédie-Française, l’exposition de musées, de peintures. Enfin, il ne faut pas négliger non plus l’expression moderne de la culture, l’expression artistique contemporaine, les talents divers, les architectes, pas simplement les hommes de théâtre ou de danse. Il y a donc un champ formidable dans lequel on peut travailler et agir, et je vous assure que nous nous battrons. Alors, cela donne envie de continuer.

Q. : Quels sont les principaux objectifs que vous vous êtes fixés pour l’an prochain ?

R. : Il y a beaucoup de défis à relever. C’est la confrontation entre l’offre et la demande. On nous demande beaucoup et nous avons, il est vrai, des moyens qui restent limités même s’ils sont importants. Nous voulons être présents aujourd’hui dans le monde qui bouge, c’est-à-dire en Asie et en Amérique latine ; voilà deux grands ensembles qui, politiquement, économiquement, culturellement seront très importants dans l’avenir. Il faut y aller, être présents aussi par la culture. Et puis, le deuxième défi que je voudrais relever, c’est celui du dialogue des cultures. Il n’y a pas de cultures supérieures aux autres. Il ne faut pas aller vers les autres avec l’impression d’autosatisfaction, de vanité déplacée. Il y a à apprendre, à admirer, à connaître dans la culture de tous les autres peuples. Et c’est cela qui nourrit, qui enrichit. Ce que nous apportons vers eux, ils nous le rendent au centuple.

Q. : Vous avez cité l’Asie, l’Amérique latine, deux mondes qui bougent. RFI est beaucoup écoutée en Afrique, est-ce que la présence culturelle française est importante en Afrique ?

R. : Oui, j’aurais pu en effet citer l’Europe centrale et orientale où, là aussi, il y a une demande vers la France à laquelle nous ne répondons pas assez. Bien sûr, en Afrique, nous avons une présence très ancienne, je ne l’ai pas évoqué car elle est très ancienne, très forte, et naturellement, elle doit être préservée et développée dans les conditions optimum. Elle doit être solidement préservée car c’est un champ où la France, concernant la culture et l’enseignement, a une place très forte.

Q. : Une dernière petite chose que j’aimerai vous demander, concernant le Centre Pompidou qui fête son 20e anniversaire. À cette occasion, il va y avoir des travaux prochainement. Les œuvres qui sont exposées à l’AFAA vont être exportées à l’étranger. Êtes-vous présent dans cette action ?

R. : Oui. C’est une très bonne initiative. Beaubourg ferme, nous allons en profiter pour aller exposer ailleurs un certain nombre d’œuvres qui s’y trouvent. C’est une initiative très remarquable. Cette action de la France à l’étranger sur le plan artistique a ceci de très remarquable qu’elle est une association souple, avec un esprit d’ouverture, de dialogue, l’absence de contrainte et de règles trop strictes. Cette action est positive et en même temps elle est complètement reliée au ministère, puisque nous finançons 80 % de son budget.

C’est bien, en même temps, par une gestion saine et solide, d’avoir une formule associative capable de faire venir des talents, des esprits qui sont un peu différents de ceux que l’on trouve dans l’administration. Cela nous ouvre, cela fait du bien et c’est plus efficace.

 

Entretien avec FR3 (Paris, 30 janvier 1997)

 

Q. : Hier, lorsque vous êtes arrivé à l’Assemblée nationale et que vous étiez à la tribune, comment sentiez-vous l’atmosphère après le débat houleux de la veille ?

R. : D’abord, je viens de Rome, où, dans le soleil de ce début d’année, nous avions eu un très long et très utile échange avec mon ami turc. C’est moi qui étais un peu décalé, arrivant dans un débat auquel je n’ai pas participé la veille précisément.

Il m’a semblé que la tempête s’était calmée. Après avoir manifesté je ne sais quelle angoisse, je ne sais quelle inquiétude sur la défense française, l’opposition a constaté que nous avions les documents du concept franco-allemand de défense. Elle s’est aperçue que c’était un document intéressant et qu’il ne bouleversait pas les relations franco-allemandes, et certainement pas la politique française de défense.

Q. : En tout cas, vous étiez une sorte de ministre de la Défense bis, hier ?

R. : C’est vrai que le Premier ministre m’avait demandé de parler sur un texte que j’avais suivi, auquel j’avais participé, mais dont je n’avais pas été jusqu’à présent l’acteur principal.

Q. : Comment voyez-vous ce dérapage qui a eu lieu, avec un peu de recul ?

R. : Cela fait partie de la vie parlementaire. Il y a des moments d’émotion, tout à coup, la tempête se déchaîne, un peu d’exploitation politique il faut bien le dire par les députés socialistes et communistes. Puis, tout cela est très vite retombé. Vous avez pu voir que le débat d’hier était très calme et les orateurs socialistes et communistes, ayant constaté que ce texte n’avait guère de prises à la contestation qu’ils avaient lancé la veille, se sont mis à parler d’autre chose : la « dérive atlantiste » dans le sens commun naturellement : c’est totalement faux. Le texte ne prête pas du tout à cela. Nous sommes passés du débat sur la politique de défense à un débat politicien franco-français, en préparation des prochaines élections législatives.

Q. : Hier, vous étiez un ministre de la Défense bis, aujourd’hui vous êtes un ministre de la Culture bis, c’est la polyvalence des Affaires étrangères ?

R. : Vous avez raison, la politique étrangère, c’est beaucoup de choses à la fois. C’est l’action diplomatique traditionnelle que chacun comprend. C’est aussi la diplomatie économique qui est très importante. Il n’y a pas un déplacement que je fasse où je ne parle pas de questions économiques avec mes interlocuteurs. La dimension culturelle est tout à fait essentielle car la présence de la France à l’étranger est très souvent, de façon importante, la présence de notre langue et de notre culture. Il faut les défendre. Il y a une grande demande de nos interlocuteurs.

Q. : Qu’en disent vos collègues de la Culture ?

R. : La défense, l’économie, la culture, ce sont quelques-unes des dimensions de la vie internationale. Je le fais naturellement en concertation et en dialogue avec mes collègues allemands. Je suis sur le front de l’étranger en permanence mais je ne parle pas que de diplomatie. Je parle culture, économie, défense et sécurité.