Texte intégral
Chacun d’entre nous a reçu, avec la convocation et l’ordre du jour, une note préparatoire aux travaux du CCN qui essayait d’identifier les questions fortes dont nous avons à traiter dans la période et cela avec l’objectif d’inviter le CCN à préparer ses travaux de façon appropriée, et en visant à rechercher la plus grande efficacité pour nos débats et décisions.
Comme cette note de travail le pointait, le chantier est vaste et les sujets nombreux qui méritent échanges, évaluation, décision, chaque fois que cela est nécessaire.
C’est dans cette optique que cette introduction va chercher à se situer, en essayant de reprendre les questions qui nous sont posées ; sans vouloir en faire une évaluation exhaustive mais plus en visant à partir de leur identification, à traiter des différents aspects qu’elles soulèvent en terme de différences d’approche, voire de contradictions pouvant se révéler.
Nous sommes maintenant à 9 mois de l’échéance des élections prud’homales du 10 décembre 1997.
Incontestablement, celles-ci vont marquer et traverser toute la période qui s’ouvre. Déjà, avec les rencontres des unions locales des 17 et 18 février dernier, nous avons voulu donner une dimension très forte au lancement de cette campagne.
Comment cela se traduit-il aujourd’hui dans la vie et l’activité de la CGT et de toutes ses organisations ?
Élections prud’homales ligne force structurante
Notre ambition est de faire de cette échéance et de la campagne à mener, la ligne de force structurante de toute notre activité au plan revendicatif comme en matière de vie syndicale.
Sommes-nous là bien en phase ?
Se mettre à même de gagner ne pose-t-il pas avec force l’exigence d’avancer plus fermement, plus rapidement dans la mise en œuvre des orientations du 45e congrès, réaffirmées et approfondies par le précédent CCN des 29 et 30 octobre dernier.
Dans quel contexte se mène notre activité syndicale ?
Chaque membre du CCN est suffisamment averti pour qu’il ne soit point besoin de faire pour refaire un tour complet de la situation. Pour autant, il n’est pas sans intérêts de souligner l’âpreté, sinon la complexité, de celle-ci.
Ainsi, il ne se passe pas de jour sans l’annonce de mesures ou décisions nouvelles par le patronat, les directions d’entreprises, par les pouvoirs politiques qui visent à porter de nouveaux coups à la situation déjà très difficile du monde du travail.
Tous les domaines sont concernés, l’emploi bien sûr, mais aussi les conditions de travail, la protection sociale, les droits et libertés, etc.
De la fermeture annoncée de Renault Vilvorde, en passant par les privatisations, par la réforme hospitalière, les conventions médicales « nouvelle formule », ou les tentatives forcenées d’avancées dans la flexibilité, pas un secteur, pas un salarié actif, chômeur ou retraité qui ne soit au dehors et à l’abri de mesures néfastes pour lui-même ou sa famille.
Incontestablement, nous sommes dans une phase de recherche et de mise en œuvre effrénée par le capital de mesures visant à sauvegarder sa pérennité.
De Paris à Bruxelles, ou ailleurs, tous les choix politiques qui sont faits ont, eux-aussi, pour but de concourir à cet objectif.
Cette offensive à marche forcée de l’économie libérale n’est pas sans laisser de traces profondes, ni sans provoquer de conséquences graves qu’il lui faut affronter pour éviter tout risque de dérive ou d’explosion sociale.
La façon dont le pouvoir politique, président de la République en tête, doit s’investir en nombre de terrains, n’est-elle pas là pour illustrer la nature des contradictions existantes, n’en est-il pas ainsi s’agissant du lourd dossier de l’emploi des jeunes ou encore des problèmes de la cohésion sociale.
« L’horreur économique » titrait en une, la semaine dernière un hebdomadaire, cela à l’appui d’un sondage réalisé auprès des Français concernant leurs appréciations quant aux mérites de notre système économique (EJD/CSA). A la question : que pensez-vous du système économique tel qu’il fonctionne aujourd’hui, qu’est-ce que cela suscité en vous ?
- 41 % des Français répondent de la peur,
- 31 % des Français répondent de la révolte.
Cela n’est-il pas indicatif de la rupture qui existe entre le dit système et le vécu de la population ?
Mais encore, 81 % des Français pensent que le système accroit les inégalités, à 70 % que celui-ci considère la personne humaine comme une marchandise, ou encore à 80 % qu’il ne prépare pas bien l’avenir de nos enfants.
De tels jugements sont à intégrer à notre analyse : pour autant, gardons-nous d’en simplifier la lecture et sil la notion de rejet est particulièrement élevée, elle ne fait pas pour autant une dynamique suffisamment forte pour bouger les choses.
Le fait ainsi que la peur soit le sentiment le plus exprimé : 41 %, est expressif de ce que peut-être la crainte, mais aussi un certain fatalisme.
Ces questions et réponses n’illustrent-elles pas aussi de façon directe les problèmes que nous rencontrons pour construire une démarche revendicative, active et forte.
Au-delà de ces quelques chiffres, il y a et aura matière à analyse plus fine concernant l’approche, au travers les catégories socioprofessionnelles, et pour nous sur ce que sont les appréciations des salariés.
Ceci étant, le contexte dans lequel nous avons à mener notre activité est particulièrement intense et qui mérite quelques repères avec ce que représentent les échéances électorales 1998, avec ce qu’est l’étape actuelle de la construction européenne : processus de mise en place de la monnaie unique, préparation de la conférence intergouvernementale en juin prochain.
Ces échéances donnent une dimension particulièrement forte quant aux débats portant sur les choix économiques, sociaux et politiques.
C’est dans ce cadre que nous avons, comme organisation syndicale, à partir de ce qui fait notre raison d’être, à nous situer comme force active pour faire valoir le plus fort et le mieux possible les intérêts des salariés.
S’il est bien sûr, que la vie syndicale ne se rythme pas au seul fil des aléas de la vie politique, nous avons toutefois à être présents, à notre manière, dans tous ses enjeux car il nous concerne directement ou indirectement.
D’ailleurs, ce qui vient de se passer ces dernières semaines, avec l’affaire Renault et la fermeture décidée dans les conditions que l’on sait de l’établissement belge Vilvorde et des suppressions d’emplois dans le groupe, vérifie ce qu’es l’’exigence qui nous est posée en ces domaines.
Sur le plan européen la place du monde du travail
La fermeté dans les réactions des salariés de Belgique et de France, à travers les différentes actions menées, grève européenne dans le groupe, manifestation à Paris, et ce formidable rassemblement de Bruxelles dimanche dernier, mêlant salariés français avec leurs organisations syndicales, n’est-il pas illustratif des besoins et capacité de mobilisation.
Demain, 20 mars, dans le cadre du temps fort de la semaine d’action lancée par la fédération de la Métallurgie, une nouvelle journée d’action doit se mener dans le groupe Renault ; mais déjà ce qui s’est passé ces derniers jours est à mettre à l’actif de ce que nous voulons construire pour faire valoir au plan européen la place et les droits du monde du travail. S’il n’y a pas de voie toute tracée, il est de fait que cette journée, par ces participants salariés et organisations syndicales, compte et comptera.
Les choix d’une construction européenne ultra libérale viennent se heurter de plus en plus au mécontentement, au refus des salariés et des peuples à être les « laissés pour compte » des succès du capital.
L’exigence croissante d’une dimension sociale forte, dans la construction européenne, vient là interpeller tous les acteurs de la vie économique, politique et sociale.
En ce domaine, cela pose sans attendre, la question des prolongements à construire, des perspectives de mobilisation à proposer.
La perspective de la journée d’action du 28 mai, décidée par la Confédération européenne des syndicats (CES) sur l’Emploi, n’est-elle pas de nature à permettre un prolongement de cette journée du 16 mars et une relance significative de l’action revendicative unitaire, en France comme à l’échelle des pays européens.
Cette journée peut-elle être une réponse à notre questionnement sur le besoin d’une initiative unitaire, forte et rassembleuse ? Faut-il ouvrir à la réflexion sur au-delà avec une autre étape ?
Au-delà de cette initiative syndicale, qu’il nous faut prioriser, est aussi posée, dans le décor, la préparation des marches européennes contre le chômage se déroulant de mi-avril au 14 juin, initiées par les associations de chômeurs, dans les luttes du dernier trimestre 1996 ; nous avons été amenés à agir ensemble sur l’indemnisation du chômage. Il y a lieu d’en débattre pour examiner comment, avec les salariés actifs et nos comités locaux de chômeurs, prolonger le travail déjà engagé.
Sur ces questions de l’Europe, face à la dimension de ce qu’en sont les enjeux aujourd’hui, n’avons-nous pas pousser et approfondir fortement le débat dans nos organisations, n’avons-nous pas incompréhensions et obstacles à lever ? Le vécu le subi, lié aux choix de construction européenne, tels que les connaissons aujourd’hui, n’entraînent-ils pas à des attitudes de rejet et de repli qui ne nous mettent pas le mieux à même de réussir les mobilisations nécessaires ?
Sur ce point, n’y-a-t-il pas à revenir sur la déclaration de la commission exécutive confédérale du 3 mai 1996 et sur nos conceptions en matière de construction européenne. Dans celle-ci nous traitons des questions qui sont au cœur de l’actualité de ce moment.
De l’expérience de quelques débats de la dernière période, auxquels j’ai participé, il ressort une tendance assez forte à réduire nos positions au Non au référendum sur le traité de Maastricht ou à exiger l’abrogation du dit traité. Cela n’est sûrement pas la meilleure façon de faire pour nous mettre à l’offensive sur le sujet. Il nous faut certainement revenir sur les raisons profondes qui fondent notre positionnement, à l’égard de l’Union européenne, avec ce qu’elle doit être ou devrait être comme facteur de paix, de solidarité/de progrès social, de coopération, facteur de démocratie qui aille respect des souverainetés et union entre les peuples.
En ce sens, nous avons à traiter de la question de la démocratie, de la citoyenneté quant aux étapes de cette construction et des choix qui l’orientent. Toute décision importante doit être soumise à l’avis des peuples ; cela vaut pour la monnaie unique comme pour l’élargissement de l’Union européenne ou tout autre sujet…
C’est là une exigence en terme de vie démocratique, s’appuyant sur une citoyenneté vraie, gage d’information, de débat, de consultation et d’expression de chacun sur ce que sont les choix déterminants pour nos sociétés.
L’exigence montante de la construction de l’Europe, par et pour les hommes, bref d’une Europe sociale qui s’exprime dans les luttes des Renault ou celles des mineurs et salariés de la construction en Allemagne, en passant par les actions des cheminots d’Europe, en Italie, en Espagne ou ailleurs, vérifie les potentialités qui peuvent exister et se développer. Pourtant, il n’y a en cela rien de spontané, il nous faut d’ailleurs bien voir ce que cette dimension suppose de conditions à réunir pour être à même, à cette échelle, de construire un rapport de force significatif et décisif.
En ce sens, un processus de travail est engagé, dans l’année 1997, en particulier au plan régional ; les éléments livré ci-dessus invitent à investir largement ce chantier.
Notre démarche revendicative
Naturellement, après ce premier défrichage sur Europe et action revendicative, il y a lieu d’évoquer ce qu’il en est de la situation revendicative et de son évolution dans la période. Il ne s’agit pas là de faire un énoncé qui reprendrait les choses de façon exhaustive, il reste que depuis le dernier CCN des actions fortes, tenaces se sont développées et menées à divers niveaux ou degrés de mobilisation. Des routiers pour la retraite à 55 ans, aux cheminots contre la réforme, en passant par les conflits des transports urbains qui ont fortement émaillé le mois de février, aux luttes en cours dans le secteur de la santé, mais aussi la mobilisation contre les projets de loi Debré, en passant par la lutte admirable des personnels du Crédit Foncier celle des professionnels du Spectacle et à ce qu’a été la journée d’action unitaire de la Fonction Publique du 6 mars, il y a matière à dégager réflexions et enseignements pour nourrir notre évaluation collective.
Ce qui amène à vous proposer d’aborder les choses en deux aspects :
- les revendications et leur contenu ;
- les actions menées et les questions du rassemblement et de la problématique de l’Unité d’action dans la situation syndicale que nous connaissons.
Concernant les revendications
Bien sûr, tous les aspects des enjeux revendicatifs se trouvent, à des degrés divers, exprimés dans les luttes : salaires, emploi, durée du travail, conditions de travail, protection sociale, retraites, droits et libertés… Pour autant, alors que le mécontentement est profond, que des potentialités réelles existent, nous vérifions que les obstacles, les difficultés sont nombreuses quant à la mise en œuvre de notre démarche.
S’il est un facteur à relever des luttes menées dans la dernière période, c’est que les plus importantes d’entre elles se sont effectuées sur des revendications précises et très identifiées à une entreprise ou un secteur d’activité ; ce fut le cas notamment chez les salariés du transport routier et du transport urbain sur la réduction du temps de travail et l’avancement de l’âge de la retraite.
Cela est vrai aussi dans le domaine des actions menées sur l’emploi qui, elles, ont toutefois un caractère fortement défensif, qui les situent en tout premier lieu en riposte aux décisions patronales en matière de restructurations ou suppressions d’emplois.
Par contre, ne persiste-t-il pas de réelles difficultés au regard des questions de salaires, de garanties collectives, de réduction de la durée du travail ? Alors que la période est celle de négociations annuelles sur les salaires, qu’en est-il de nos pratiques en matière d’élaboration des revendications avec les syndiqués, les salariés. Quelle mise en rapport entre revendication, action et négociation sachant ce que sont les objectifs et comportements patronaux.
Comment travaillons-nous cette question de l’ancrage revendicatif au quotidien ?
N’avons-nous pas, nous-mêmes, de réels écueils ou difficultés à mieux identifier quant à la façon dont nous traitons des questions revendicatives ? Ainsi la variété et la multiplicité des sujets n’entraînent-elles pas à dispersion et difficulté quant à la cohérence de notre démarche. Cela ne se traduit-il pas de fait par une mise en concurrence ou une hiérarchisation de notre approche revendicative ?
Nous avons déjà traité de cette question, le travail engagé avec le lancement de notre campagne Plein emploi solidaire visait à dépasser ce problème, les échanges que nous avons eus dans les dernières commission exécutive confédérales ont permis de vérifier des avancées, ils ont aussi confirmé des difficultés, sinon des blocages, un an après le lancement de cette campagne qui se voulait structurante de notre démarche revendicative, quels enseignements en tirons nous, comment nous faut-il la relancer ?
Nous avons besoin là de travailler à une évaluation comme cela vous est proposé par le collectif d’animation mise en place. Cela peut se faire déjà dans ce CCN, mais il est utile et nécessaire d’aller à un travail plus approfondi, tel que vous a été proposé avec le questionnaire envoyé.
Concernant les luttes et leur contenu, il faut en relever, là où elles se mènent, la ténacité et leur durée, ce qui vérifie deux aspects tels :
- la volonté de résistance du patronat et des entreprises,
- mais aussi la capacité des salariés, à s’engager très fortement quand ils sont directement impliqués dans l’élaboration de leurs revendications.
Les formes des actions en cours appellent à une attention particulière sur le phénomène dit de « radicalité » des conflits selon une formule chère à l’UIMM.
L’attitude du patronat, avec l’appui des pouvoirs publics, nourrit ce durcissement des conflits ; cela appelle à notre vigilance au regard des risques de transfert de l’action pour les revendications sur le terrain de la lutte contre la répression ; cela mérite aussi beaucoup d’efforts pour combattre les tentatives d’utilisation de ces conflits par le patronat pour peser sur le nécessaire développement de luttes par la mise en position des salariés entre eux, ou encore entre salariés et usagers.
Sur ce point, nous avons à apprécier ce qu’est la montée de la répression patronale, car multiples sont les atteintes aux droits et libertés, à la dignité des salariés.
A l’exemple du conflit de l’entreprise Maryflo où les salariées ont dû lutter près d’un mois pour obtenir le droit à être respectées.
À l’exemple aussi des poursuites et menaces contre les agents d’EDF, avec les quatre de Toulon ou les douze de Saintes, avec nos camarades des PTT.
Cela s’est aussi vérifié avec les poursuites contre Charles Hoareau pour peser sur l’action de nos Comités de chômeurs à Marseille.
Multiples sont les cas d’usage rapide et brutal des forces de police contre les salariés en lutte.
Les aspects liés au rapport de forces et à la démarche unitaire
Les luttes récentes menées vérifient et confirment, elles aussi, tout le caractère stratégique de cette démarche. Les meilleurs résultats obtenus l’ont été quand il y avait unité d’action et engagement large des organisations syndicales.
Pour autant, l’état de la division syndicale dans notre pays, l’attitude respective de chacune des organisations sont autant d’éléments qui compliquent singulièrement les problèmes.
L’état de division syndicale pèse
Sur ce plan il y a réflexion à avoir sur la façon dont la CFDT théorise aujourd’hui l’existence de deux formes de syndicalisme, structurellement différentes, avec à leur image un syndicalisme de transformation sociale qui se veut responsable et, par ailleurs, un syndicalisme protestataire qui s’oppose à tout changement. Cette façon de faire est en soi dangereuse car entretenant l’état de division syndicale, avec tout ce qui en résulte alors en terme de difficultés à rassembler et mobiliser les salariés.
Sur ce point, il est utile de regarder aussi ce qu’il en est de nos propres comportements. Ainsi, ne sommes-nous pas par nos propres et altitudes, élément qui peut lui-même alimenter cette analyse ?
Ceci peut mériter explication, pour éviter de mal se comprendre, ainsi notre approche revendicative générale n’est-elle pas quelquefois insuffisamment expressive de revendications concrètes, cela n’entraîne-t-il pas parfois à des initiatives ou expressions de lutte pour la lutte, alors que celle-ci n’est pas un but en soi mais un moyen de faire avancer ses revendications ?
Certes, les sujets de mécontentement sont tellement nombreux que les raisons d’agir sont elles-mêmes multiples ; pour autant, nous vérifions là que e n’est pas suffisant pour gagner à l’engagement des salariés.
Là aussi, quelques débats récents m’amènent à livrer cette réflexion au CNN. Ainsi, la façon dont le « Tous ensemble » semble avoir pris le relais du « grand soir » ou de la « grève générale permanente » ne prend-il pas un caractère quelque peu incantatoire qui peut s’avérer préjudiciable à la mise en œuvre de notre démarche.
Oui ! les chantiers revendicatifs sont vastes, le besoin de rassemblement est essentiel.
Oui ! nous avons besoin de poursuivre dans la construction d’un processus de lutte fortement enraciné dans les lieux de travail, en recherchant à tous moments à construire les convergences et les rassemblements pouvant alors s’opérer par le degré de prise de conscience des salariés, au regard de ce que sont les enjeux communs. Cette approche ayant à tous moments à s’articuler et s’alimenter des constructions menées sur chacun des niveaux de notre intervention.
Sur ce terrain, nous avons à travailler aussi, sûrement, à une meilleure connaissance des luttes en terme de contenu et qualité.
Vous trouverez dans les documents remis au CCN un travail d’analyse effectué sur la période du 1er janvier au 15 mars. Faites-nous part de votre intérêt, en sachant que cette expérience peut être élargie et renouvelée à la condition essentielle de pouvoir recueillir plus largement les informations sur les luttes menées.
En matière d’action, j’en viens maintenant à évoquer quelques thèmes et échéances qui impliquent de travailler au meilleur t plus large rassemblement.
Aujourd’hui les retraités sont dans l’action, avec rassemblement et manifestation à Paris, dans la suite de la campagne de pétitions engagée depuis le début de l’année et qui a rassemblé plusieurs centaines de milliers de cartes pétition sur la revalorisation des retraites et sur la retraite et l’emploi.
Le 23 mars, une manifestation nationale se déroulera sur les enjeux de l’Enseignement et de l’Emploi des jeunes à l’initiative des fédérations de l’enseignement dont la Fers CGT et les organisations de parents d’élèves et le mouvement étudiant.
Les graves problèmes posés dans ce domaine justifient pleinement l’engagement de la CGT au plan interprofessionnel. Il est regrettable que ceci se fasse sans les autres Confédérations.
Cette action, qui s’est voulue à l’initiative des organisations du monde enseignant, appelle toutefois à réflexion quant à la pratique unitaire et à la volonté de chacun pour en rechercher les meilleures conditions de réalisation.
De ce point de vue les élections dans l’enseignement, qui ont affirmé la primauté de la FSU, lui ont donné une approche qui peut poser problème, entraînant par conséquence à des réticences sinon à des refus d’engagements.
Nous-mêmes, avons-nous suffisamment pesé sur les plans professionnels et interprofessionnel. Nous pouvons, là aussi, nous interroger ; le fait que nous n’ayons qu’une influence très faible dans ce secteur professionnel, qu’existent nos difficultés en matière d’activité syndicale, avec les problèmes inhérents aux relations entre la Ferc et le SGPEN, ne constituent-ils pas aussi de réels handicaps à l’activité de la CGT dans tout ce domaine de l’Enseignent.
Ceci étant, il nous faut veiller, dans le peu de temps qui nous est, à assurer la meilleure présence CGT dans cette initiative.
À propos des luttes menées sur le terrain des libertés, des luttes contre le racisme, pour la défense des sans-papiers et contre les projets de loi Debré, il est à apprécier l’engagement plus large de différentes couches de la population.
Cela a a permis des actions fortes menées en février et en ce début de mois de mars.
La campagne contre le racisme
Ces actions ont, sans nul doute, contribué à un assainissement du débat face aux théorie racistes et anti-immigrés développées par le Front National.
Ceci étant, des luttes des sans-papiers aux questions du racisme, nous avons pu vérifier les limites d’engagement des salariés et que le besoin de s’exprimer, de travailler sur ces questions nous était fortement posé dans la CGT.
Cela justifie pleinement la campagne contre le racisme, que nous avons engagée avec le Tour de la France de la Fraternité qui vient d’être lancé avec la conférence de presse tenue le 10 mars dernier, et la première initiative réalisée à Nice le 11 mars. Un pin’s, emblème de cette initiative, devrait être à disposition du CCN.
Les initiatives programmées, notamment jusqu’en juin prochain, appellent à être préparées avec beaucoup de soin ; elles appellent à être aussi élargies ou démultipliées dans les régions, départements et entreprises. Nous avons là à porter le débat très directement dans les lieux de travail.
Nous avons attention à porter au regard de l’actuelle stratégie du FN ; les résultats obtenus pour faire barrage à l’entrisme du FN sur le terrain social avec les procès gagnés à Lyon, Montpellier, et Évry plus récemment, qui dénie au FN Police son caractère de syndicat, sont autant d’éléments qui aident au combat. Voyons toutefois que l’attitude du pouvoir, à l’égard de l’échéance des prud’homales, laisse le champ ouvert à des nouvelles offensives qu’il va nous falloir combattre avec acharnement et ténacité, ce qui pose la question de la place de la CGT dans le rassemblement de Strasbourg le 30 mars prochain.
Dans le domaine de la protection sociale, il nous faut poursuivre, de façon adaptée à la situation d’aujourd’hui notre lutte contre le plan Juppé, dans le moment des enjeux de la réforme hospitalière, les réactions fortes que celle-ci suscite avec l’engagement des personnels du corps médical, nous interpellent sur le comment mieux lier leur action à celle des usagers particulièrement concernés par cette dangereuse logique de rationnement des soins.
Logique de restriction du gouvernement
La Conférence famille, qui vient de se tenir le 17 mars, confirme la volonté du gouvernement de poursuivre dans sa logique de restriction, de redistribution interne et de réduction des budgets sociaux. Nous vérifions, là aussi, le poids du carcan des critères de convergence défini dans le cadre du Traité de Maastricht. Sur cette question, nous auront tout autant à faire preuve de vigilance, par rapport aux propositions Juppé sur l’usage des congés parentaux, sur le travail à temps partiel lié aux rythmes scolaires.
Dans ce domaine des questions sociales, il nous faut attirer l’attention du CCN sur le projet de loi dit de « cohésion sociale » et qui sera mis en débat au Parlement à partir du 15 avril prochain.
Lors du débat qui s’est mené au dernier trimestre 1996 au Conseil économique et social, l’avant-projet de loi a fait l’objet d’une critique, quasi unanime, du mouvement syndical et du monde associatif, et pourtant le gouvernement n’en a tiré nul enseignement pour corriger sa copie.
Dans la situation de mal vie, d’exclusion, de misère croissante que connaît notre pays, n’y a-t-il pas à réfléchir et voir comment donner la meilleure dimension à notre expression revendicative.
Pourrait-on comprendre que ce débat soit l’affaire des seuls parlementaires, alors que les intérêts les plus immédiats de millions de personnes sont en jeu, en matière de santé, de formation, de logement, d’emploi, de ressources, de dignité, de citoyenneté…
N’y a-t-il pas là à réfléchir sur plusieurs aspects :
Ne faut-il pas regarder comment rapprocher ce débat sur la cohésion sociale et lutte pour l’emploi.
Ainsi notre campagne Plein emploi solidaire n’a-t-elle pas pur base essentielle de travailler à reconstruire solidarité, droits et garanties sociales ?
Comment investissons-nous cette question dans le domaine unitaire, au plan syndical ou avec le mouvement associatif qui est directement concerné.
Quelles initiatives d’actions mener par exemple et au regard du débat parlementaire qui sera alors en cours. Ne faut-il pas donner au 1er Mai cette dimension d’une forte journée de lutte sur les enjeux du projet de loi dit de « cohésion sociale », avec tout ce que cela implique en terme d’emploi, de solidarité, de lutte contre l’exclusion, contre le racisme et la xénophobie.
Voilà quelques éléments des questions fortes qui nous sont posées et qui rejoignent de nombreuses luttes en cours sur l’emploi, la défense des services publics. La bataille pour les droits des chômeurs, leur accès au travail. Et c’est dans ce contexte qu’il nous faut examiner comment porter les actions permettant de traduire dans la vie et dans les faits notre volonté de construire un rapport de forces réellement significatif.
Nos forces syndicales
Être à la dimension nécessaire sur ce terrain revendicatif, être à même de mener la campagne des prud’homales à la hauteur de nos ambitions pose l’exigence d’examiner avec beaucoup d’attention, ce qu’il en est de notre vie et de nos forces syndicales.
En tout premier lieu, il est utile de livrer au CCN quelques éléments synthétiques sur ce que sont les grands indicateurs de notre activité.
Ceux-ci doivent nous alerter car ils ne sont pas fameux. Dans le cadre du CCN, vous avez pu en prendre connaissance de toute façon détaillée, au travers le document de travail, préparant le rendez-vous de la qualité de la vie syndicale pour chacune de nos organisations.
Quelques chiffres arrêtés au 28 février :
Pour 1997 :
Le bilan des adhésions nouvelles est de 12 609, soit 6 290 de moins qu’en 1996 (même date).
Pour les bases nouvelles, nous en sommes à 408 pour 3 163 adhésions, soit + 34 bases et + 226 adhésions sur 1996.
Concernant le placement des FNI pour les actifs, nous en sommes à 206 701 FNI remis, contre 216 658 l’année dernière.
Pour les retraités : 39 473 FNI remis, contre 41 661.
Au total, actifs et retraités, nous sommes en matière de placement à 95 % sur la même période de 1996.
Concernant les règlements de FNI à la trésorerie confédérale :
Pour 1997, nous enregistrons 51 192 FNI actifs réglés, contre 65 599.
12 040 FNI retraités contre 10 578. L’avance légère chez les retraités ne compense pas le retard enregistré sur les actifs.
Pour l’année 1996, à la fin du 14e mois, nous sommes à 444 203 FNI contre 438 787 pour les actifs. Chez les retraités, nous sommes à 125 732 contre 129 425, ce qui nous amène au total à des chiffres très proches de 569 935 contre 568 212 ; ceci pour légèrement positif que ce soit ne peut éliminer le facteur stagnation qui semble poindre.
Concernant les règlements de cotisations :
Toujours aux mêmes dates, pour l’exercice 1996 par rapport aux règlements des cotisations actives, nous sommes au 14e mois à 104 % pour les fédérations et à 102,10 % pour les unions départementales.
Pour les cotisations Retraités, les règlements sont à l’étale 1996 sur 1995.
100,3 % fédérations et 99 ,1 % unions départementales.
Progression dans la formation syndicale
Dans les repères, un regard est à jeter sur la formation syndicale. Ainsi, il y a là à noter une progression significative puisque la formation 1er niveau (base), nous passons de 243 stages et 2 994 stagiaires en 1995 à 298 stages et 4 198 stagiaires.
Concernant les modules spécifiques 1er niveau, ils se mettent en places avec 23 stages et 319 stagiaires, il s’agit là d’un démarrage timide qui invite fortement à progresser.
Autre paramètres, la bataille des idées et la diffusion de « l’Hebdo », à fin décembre, la diffusion régulière était de 39 868. A ce jour, au numéro 2 740 nous en sommes à 39 639, soit une nouvelle érosion de 229 numéros.
Concernant la diffusion de la « VO Impôts », nous avons enregistré 5 820 commandes pour 308 609 exemplaires pour 1997. Pour rappel, les chiffres 1996 étaient de 6 060 commandes pour 315 177 exemplaires.
Malgré les décisions prises pour relancer la diffusion du journal, nous n’en vérifions pas d’effets positifs. Cela nous interpelle donc toutes et tous sur le comment avancer avec nos outils dans le formidable affrontement d’idées qui marque la période actuelle.
Cela nous interpelle donc toutes et tous sur le comment avancer avec nos outils dans le formidable affrontement d’idées qui marque la période actuelle.
Cela nous pose question sur la façon dont nous nous investissons dans le travail d’analyse et d’appréciation des publications confédérales.
Plus généralement, ces éléments sont à relier à l’état d’engagement de la campagne électorale sur les prud’hommes. Sommes-nous là vraiment à la hauteur des enjeux qui nous sont posés.
Le CCN constitue un moment de rendez-vous sur l’organisation et la qualité de vie syndicale. Il est à tout à fait souhaitable, nécessaire, que les éléments livrés ci-dessus soient corrigés ou amendés de bonne façon.
Pour situer la réflexion du CCN sur ces questions de la vie syndicale, nous avons à prendre quelques points de repères au travers les initiatives de travail qui se sont tenues dans la dernière période, que ce soit avec les congrès d’organisation : fédérations, unions départementales ou au travers les initiatives confédérales menées.
Il ne s’agit pas là de vouloir en dresser un bilan, mais déjà d’évoquer quelques réflexions que celles-ci peuvent susciter. C’est le cas ainsi avec la Conférence nationale sur les comités d’entreprise et organismes consultatifs, les difficultés rencontrées quant aux objectif de participation sont à analyser ; si de réel efforts ont été faits dans certaines de nos organisations, il reste que cela n’a pas pour autant amené à l’engagement indispensable sur un sujet qui devrait être naturellement placé au cœur de la vie syndicale.
Par ailleurs, les travaux mêmes de la Conférence ont éclairé les problèmes persistants que nous avons à traiter, d’activités des IRP qui se mènent en parallèle et de façon autonome au regard de l’activité syndicale.
N’y a-t-t-il pas là une profonde dualité qu’il nous faut dépasser, sachant que les élus au sein des institutions représentatives constituent une part essentielle de notre corps militant.
De même façon, il se vérifie la difficulté pour ceux-ci à se sortir d’une démarche institutionnelle. (Les stratégies patronales visent d’ailleurs à les y enfermer), pour aller à une pratique démocratique s’appuyant en permanence sur les syndiqués et les salariés.
Autre moment de travail, la Rencontre Nationale des unions locales des 17 et 18 février, où nous avons là pu atteindre les objectifs de participations fixés. C’est positif !
Ces deux journées de travail avec les débats qui s’y sont déroulés et avec une très forte présence du CCN, nous invitent à en tirer ensemble enseignements.
Le bureau confédéral n’a pas souhaité s’engager dans une analyse préliminaire, considérant qu’il était de la responsabilité première du CCN de traiter de cette question. Cela étant, ne nous faut-il pas le faire en se situant sur deux aspects essentiels qui sont :
- après le 45e congrès l’état d’avancement dans la transformation de notre syndicalisme pour être véritablement en rapport avec ce que sont toutes les réalités et enjeux du salariat d’aujourd’hui.
- ce que sont nos modes de coopération ou de travail ensemble au sein de la CGT avec ce que cela suppose de conjugaison, de complémentarité entre toutes nos organisations et structures.
Brièvement, il est à évaluer que les débats de ces rencontres ont pour le moins révélé des approches diverses sinon contradictoires. Posons-nous la question du pourquoi un tel constat ?
Ainsi, le fond des difficultés que nous rencontrons ne repose-t-il pas sur de fortes hésitations et réticences à aller vraiment au débat et à une pratique syndicale renouvelée sur le lieu de travail ?
Au service de notre activité sur les lieux de travail
La rencontre des unions locales et la façon dont celle-ci s’est préparée en amont, ne reflète-t-elle pas, aussi, dans une dimension importante, un sens du mouvement allant du lieu de travail vers les unions locales, alors que la donnée essentielle qui nous est posée est de développer une activité de nos unions locales, toujours plus en rapport, sinon au service, de notre activité sur les lieux de travail.
Autre élément d’importance à traiter, c’est l’aspect coopération et conjugaison de nos efforts pour faire vivre et développer l’activité de la CGT dans toutes ses dimensions. Les débats ont aussi été révélateurs de forts sentiments de mise en concurrence de structures pour les structures, chacun selon son angle de vision ou son implication dans la vie de telle ou telle, ayant tendance à considérer que celle-ci est plus importante que l’autre.
Le travail engagé sur la question de nos moyens financiers et humains, pour l’activité syndicale, amène à ce qu’il soit utile de faire un point au CCN du dossier de la péréquation des cotisations ; des éléments vous ont été fournis par une note de travail, celle-ci peut s’avérer un peu complexe, c’est pourquoi elle fera dans le cours de nos travaux l’objet d’une brève contribution présentée par Lydia Brovelli, et nous vous proposons d’en débattre de façon plus spécifique à n moment de nos travaux.
Parallèlement, après le congrès confédéral, il a été décidé de faire se poursuivre le travail de la commission structures. Si nous ne sommes pas en ce jour en capacité d’aborder cet aspect de façon approfondie, il nous faudra certainement le faire assez rapidement dans un prochain CCN, car ces questions ne sont pas en dehors des débats ayant marqué les travaux de la rencontre des unions locales.
Ces deux initiatives nous font vérifier que nombre de difficultés existent, qui constituent de réels et sérieux handicaps, quant au déploiement de notre démarche ; il nous faut donc en traiter et travailler ensemble à les dépasser.
Notre activité parmi les privés d’emploi
Après les initiatives qui viennent de se tenir, je voudrais évoquer celle qui est programmée dans la prochaine période avec la 5e Conférence nationale sur notre activité parmi les privés d’emploi.
Je ne reviendrai pas ici sur les raisons qui fondent notre activité en ce domaine, simplement je voudrais évoquer quelques aspects qui là devraient nous permettre de se repérer quant aux exigences de transformation de notre activité syndicale.
Voyons ainsi qu’avec les efforts engagés depuis trois ans, nos forces organisées sont passées de 3 542 adhérents en 1993 à 7 055 en 1996 (au 28.02.1997). Cela tient sans nul doute au travaux de la 4e conférence, à la façon dont nous avons pu les prolonger dans la vie confédérale avec la journée du 12 mars 1994 sur l’emploi, avec la campagne desn10 droits pour les chômeurs.
Cette forte progression se fait toutefois avec des inégalités importantes. Depuis 3 ans, nous réalisons plus de 3 000 adhésions nouvelles par an, il y a bien sûr un fort turn over, mais nous gagnons néanmoins en terme de pérennisation de nos syndiqués.
Concernant notre implantation, nous avons actuellement des comités locaux des 85 départements. Toutefois, cela va de 4 adhérents pour le plus faible à 1 600 dans le meilleur des cas.
Un autre regard est aussi à jeter sur ce qu’est l’implantation de nos forces ; actuellement 7 départements à eux seuls font 50 % de notre force organisée. C’est dire ce qu’il en est de la dispersion existante et du vaste chantier qu’il reste à investir.
La préparation de la 5e conférence doit être à l’ordre du jour dans toutes nos organisations. Si nous voulons avancer vraiment dans le sens de nos objectifs, cela appelle à un fort engagement du CCN, nous avons à le faire dans une double dimension :
Celle politique de la construction de notre démarche de Plein emploi solidaire et de crédibilité de celle-ci parmi les privés d’emploi. À ce sujet, le dernier Conseil national du Comité a décidé d’une semaine d’actions sur Emploi, Ressources, défense des fonds sociaux, du 24 au 28 mars et une journée de lutte le 2 avril, jour de tenue du conseil d’administration de l’Unedic.
Celle des moyens à mobiliser pour assurer le financement de cette initiative, 300 délégués chômeurs à Villejuif les 27-28-29 mai, l’ambition est grande mais réalisable elle suppose un appui déterminé de toutes nos organisations ; le besoin de financement est de 1,5 million de francs, chaque fédération et union départementale es en possession des bons de financements, il s’agit de faire vivre rapidement les objectifs arrêtés par le Comité National et le collectif du CNN, à l’’exemple de nos camarades de la Santé où EDF Toulouse avec le comité de chômeurs CGT du Mirail, où en deux initiatives de rencontre chômeurs et militants de ces secteurs, il a été collecté 1 750 F.
À ce sujet, pour accélérer la préparation de la Conférence une réunion de travail spécifique se tiendra avec les fédérations le 27 mars prochain.
Traiter de la qualité de la vie syndicale, m’amène à revenir sur le 8 mars et les questions de la mixité, si comme je l’évoquais plus haut, le tableau est fait d’ombres et de lumières, il est à relever les efforts et progrès effectués pour un meilleur investissement sur ce terrain ; certes, cela peut paraître encore fragile ou limité et sans qu’à ce moment nous ne soyons à même de faire un bilan de ce qui s’est réalisé, je voudrais faire référence à deux initiatives qui confirment les efforts engagés :
- celle de l’Île-de-France où nous avons pu réunir 400 militantes et militants pour traiter de notre activité avec les femmes salariées et sur les questions que cela nous pose en terme de mixité quant à la place des femmes dans la vie syndicale ;
- celle aussi des militantes CGT du Châtelleraudais qui ont tenu une conférence de presse pour traiter de l’exploitation des femmes salariées dans leurs entreprises.
Cette façon de faire nous interpelle en terme d’esprit d’initiative et de créativité dont il nous faut faire preuve sur tous les terrains de la vie syndicale.
La campagne des prud’hommes
N’est-ce pas ce même esprit d’initiative et de créativité qu’il nous faut mettre encore plus à l’ordre du jour pour mener la campagne des prud’hommes ? L’esprit de conquête, comment allons-nous le décliner au quotidien dans notre activité et dans l’engagement du plus grand nombre, du secrétaire général au plus modeste de nos syndiqués.
Il est à ce sujet à livrer au CNN quelques inquiétudes ; les informations que nous pouvons avoir sur l’état d’engagement de la campagne, nous font apparaître que nous sommes trop dans le classique ; sur la façon dont elle se met en route, ne restons-nous pas encore trop sur un traitement à part, comme une question électorale spécifique et vécue en terme, surtout, organisatoire.
Pour attirer l’attention du CCN sur ce que sont les enjeux de cette échéance, il me paraît utile de faire un lien avec la consultation récente qui vient de se faire à France Télécom ; le résultat de celle-ci n’est pas bon car nous enregistrons un recul de 2,9 %. Cela provient d’une transformation profonde de l’entreprise (au fait dois-je dire entreprise ?) et pourtant en 2 années c’est un profond bouleversement qui s’est effectué dans les effectifs, les statuts, les bases d’organisation de l’activité avec un vaste transfert de la production vers le commercial. Commet avons-nous affronté cette situation, bien sûr la fédération des PTT livrera son analyse, mais au fond cela ne repose-t-il pas sur notre capacité à bouger, à se transformer pour être à la même de développer une activité qui soit en rapport constant avec ce qu’est le salariat et les évolutions qui se sont effectuées.
Si en 1996, dans de grandes consultations nationales, dans différents secteurs professionnels, nous avons pu enregistrer des résultats intéressants, des progrès significatifs, gardons-nous d’une approche tranquille.
À leur manière, (certes, dans un temps plus bref), ces bouleversements qui se sont opérés au sein de France Télécom, nous le retrouvons aujourd’hui dans ce qu’est le salariat concerné par les prud’homales, comparé à celui de 1992.
Les entreprises se sont transformées avec plus de PME, les salariés aussi avec plus de chômeurs, plus de précaires, plus de cadres, ingénieurs et techniciens, et tout cela dans des secteurs d’activité eux-mêmes en mutation profonde. Oui ! c’est cela qu’il nous faut affronter aujourd’hui, c’est en fonction de cela qu’il nous faut définir notre façon de mener campagne.
Nous mettre à même de gagner cette échéance pose l’exigence d’un vaste déploiement de nos forces, de partout, dans les lieux de travail, les lieux de vie, avec toutes les diversités du salariat que nous avons identifiées ci-dessus.
Je voudrais encore souligne tout l’effort que nous avons à faire en matière de communication, avec le besoin d’être concrets sur les problèmes vécus par les salariés actifs ou chômeurs.
Souligner toute l’attention à avoir quant à l’utilisation de « l’Heddo » pendant toute la campagne, sachant que notre journal a décidé d’en traiter chaque semaine avec plusieurs temps forts ou numéros plus spéciaux d’ici le 10 décembre. Cela commence dès la fin de la semaine.
Comment allons-nous en faire un atout pour relever les enjeux qui nous sont posés ? En ce sens, cette échéance électorale est un défi à double dimension :
- pour le syndicalisme dans son ensemble, car il joue sa crédibilité, au regard de sa capacité à être réellement porteur des intérêts des salariés qu’il représente ;
- pour notre syndicalisme de progrès social, de solidarité et d’action que nous voulons construire.
L’expérience des luttes sociales vérifie qu’elles sont gages de succès à l’amplitude des forces que nous sommes à même de mobiliser. Cela doit être vrai aussi pour les prud’homales. Telle doit être l’ambition !
Nous vivons une situation complexe et difficile à l’échelle nationale, comme dans ses dimensions internationales les plus vastes. Ceci étant, nombre d’éléments dans la période reflètent des potentialités réelles, ces capacités objectives à faire bouger les consciences et les hommes ; aussi si cette introduction a volontairement interpellé sur nombre de questions fortes qu’il nous faut traiter, il ne s’agit pas non plus qu’elle s’interprète comme par trop négative, non, il s’agit de situer ce que sont les aspects les plus essentiels à traiter pour être à la dimension de ce que nous voulons transformer.
Je n’ai pas abordé la question de notre politique de Cadres ; celle-ci fera l’objet d’un débat particulier à partir d’une présentation qui sera faite par Louis Viannet suite à la réunion de la commission exécutive.
Peut-être, d’ailleurs, aussi et sûrement, des questions ont pu être abordées de façon abruptes ou insuffisantes, je suis convaincu que par le travail collectif que nous aurons entre nous pendant ces deux journées, nous serons à même d’apporter les correctifs ou les compléments nécessaires.