Déclaration de M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement, sur la desserte du Stade de France par les transports publics, Paris le 13 janvier 1998.

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Circonstance : Conférence de presse à Paris le 13 janvier 1998

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,

Je suis particulièrement heureux de vous accueillir aujourd’hui pour m’entretenir avec vous de la desserte du stade de France dans la perspective de la Coupe du monde de football.

Cet événement attirera l’attention du monde sur notre pays. Le Gouvernement a décidé de tout mettre en œuvre pour que cette Coupe du monde soit un succès. Il y a, vous pouvez en être assuré, une grande détermination du Premier ministre, monsieur Lionel Jospin et de madame Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports, et de moi-même. Vous le savez, c’est au grand stade que se tiendront les matchs d’ouverture et la finale. Pendant un mois, neuf matchs s’y tiendront. Le grand stade aura donc une place centrale dans le déroulement de cette compétition.

Le choix de l’implanter en milieu urbain, contrairement aux pratiques traditionnelles en matière de grands équipements, a pour conséquence incontournable de privilégier sa desserte à partir des transports collectifs.

Concrètement cela consiste à mettre à la disposition des spectateurs une offre de transport collectif bien dimensionnée. L’effort a porté dans quatre directions : l’aménagement des infrastructures de transport collectif, l’accroissement de leurs fréquences, une tarification attractive et une communication avec des gestes forts.

Cette communication je l’ai décidé car je ne vous cacherai pas que je suis inquiet. Le risque de blocage du réseau est réel et je souhaite que ce grand moment de fête ne soit pas gâché par une impossibilité d’accéder au stade.

Aussi, d’emblée, je tiens à dire que je conseille aux passionnés de football, s’ils ne souhaitent pas arriver en retard, de ne pas venir avec leur voiture, mais d’utiliser les transports collectifs. À défaut, ils pourront utiliser les parkings de rabattement situés aux abords de l’agglomération qui leur permettront d’effectuer la dernière partie de leur parcours en cars.

Nous avons donc devant nous un défi à relever ensemble. Réussir à faire venir les trois quarts des spectateurs en transports collectifs. Et, il nous faut réussir un premier test en grandeur nature, pour la première fois le 28 janvier. Cela n’a rien d’évident et c’est pourquoi je compte sur vous tous.

Pour ma part, j’ai décidé, comme je l’ai annoncé la semaine dernière, que pour le match inaugural du 28 janvier un titre de transport utilisable sur l’ensemble de la région sera offert à tous les détenteurs de billet d’entrée pour cette manifestation.

Par ailleurs, j’ai demandé aux services de me proposer des mesures de restriction de la circulation. Des dispositions complémentaires pourraient donc être prises prochainement dans ce domaine.

1. Aménagement des accès aux transports collectifs

Sur la ligne B du RER, la gare de La Plaine-Stade de France, maintenant à 600 mètres du stade, a été déplacée de 300 mètres vers l’Est et agrandie de façon à recevoir les flux de voyageurs dans de bonnes conditions de sécurité et de confort lors des manifestations sportives. Sur la ligne D du RER, une nouvelle gare, Stade de France-Saint-Denis, éloignée de 1 200 mètres a été construite entre Paris et Saint-Denis.

Pour la ligne 13 du métro, le projet a consisté à réaménager la station Saint-Denis/Porte-de-Paris en l’agrandissant et en créant un nouvel accès orienté vers le stade pour répondre à l’accroissement de trafic, le stade étant éloigné de 600 mètres.

Le montant des investissements d’infrastructures de transports en commun réalisés dans la Plaine-Saint-Denis et liés à l’implantation du stade de France s’élève à 1 437 millions de francs, soit trois fois plus que pour les investissements routiers dans le même secteur.

J’inaugurerai ces gares le 23 janvier prochain. Elles seront donc en service pour le match inaugural du 28 janvier.

Le parti d’aménagement des accès a donc été de limiter les incitations à l’utilisation de la voiture particulière et en contrepartie, d’accroître l’offre de transports collectifs. Le parking du stade, par exemple, ne compte qu’environ 5 000 places réservées à ceux qui disposeront, avec leur billet ou leur invitation, d’une autorisation.

2. Renforcement des fréquences de desserte

Pour la ligne B du RER, tous les trains en heures de pointe s’arrêteront à la Plaine voyageurs soit cinq trains au quart d’heure contre un aujourd’hui. En dehors de cette période des trains supplémentaires circuleront pour conserver la capacité de pointe. Ainsi, au retour par exemple, six trains supplémentaires seront ajoutés. Par ailleurs, les dessertes Charles-de-Gaulle – Grand Stade et Parc des expositions – Grand Stade seront renforcées pour arriver à deux trains au quart d’heure à l’aller et au retour.

Le même principe s’appliquera à la ligne D du RER : la fréquence sera de trois trains au quart d’heure à l’aller et de quatre au retour. En flanc de pointe ou au retour, le nombre de trains rajoutés pourra atteindre dix.

Pour la ligne 13 du métropolitain, le service sera un service normal d’heure de pointe (une rame toutes les deux minutes et demie).

Ces changements permettront aux lignes B et D d’assurer chacune l’acheminement en moyenne plus de 25 000 spectateurs dans les sens les plus chargés et à la ligne n° 13 de transporter plusieurs milliers de voyageurs supplémentaires à l’heure de pointe et environ 16 000 voyageurs en dehors de cette période.

L’ensemble des accès aux différentes gares a été conçu pour faciliter l’acheminement des spectateurs et fait l’objet d’une signalétique adaptée dans les réseaux. Il convient ainsi de rappeler que 220 gares d’Île-de-France ont un accès direct ou un seul changement pour accéder au Stade de France.

D’un point de vue quantitatif, l’objectif de desserte peut être réalisé dans des conditions particulièrement performantes. Si on se place dans le cas le plus difficile d’un match, le soir en semaine – ce sera le cas le 28 janvier prochain – le remplissage des 80 000 places doit se réaliser de la façon suivante :

– par voiture particulière : pas plus de 10 à 15 000 personnes, soit deux ou trois personnes par voiture pour les 5 000 places de parking ;
– par bus et cars : au minimum 200 à 300 cars et bus de 50 personnes, soit 10 à 15 000 personnes.

Dans ces conditions, il convient que 50 à 60 000 personnes arrivent au stade par les transports en commun ferroviaires. Comme je viens de l’expliquer, la capacité des lignes RER B et D et de la ligne 13 du métro permet largement en une heure d’acheminer 60 000 personnes, compte tenu du supplément de capacité que doivent mettre en œuvre la RATP et la SNCF le soir des manifestations. Le 28 janvier, j’invite les spectateurs à profiter des animations qui débuteront vers 17 heures et donc à venir plus tôt.

3. Tarification spéciale pour la Coupe du monde de football

Le bon fonctionnement de tout ce dispositif repose également sur l’adoption d’une tarification innovante et attractive. C’est ce que les entreprises et le STP se sont employés à faire avec succès.

Pour l’Île-de-France, le STP a créé une tarification exceptionnelle avec une réduction de prix de l’ordre de 50 % pour la desserte du Stade de France et du Parc des Princes. Ce titre délivré sur présentation du billet d’entrée aux stades sera multimodal et valable pour un aller/retour avec n’importe quelle gare ou station de I’Île-de-France.

4. Une communication forte

Le Gouvernement considère par ailleurs qu’il ne suffit pas de mettre une offre de transport collectif adaptée pour que les déplacements des spectateurs se déroulent sans problème lors de la Coupe du monde. Il faut également faire connaître cette offre et anticiper d’éventuels problèmes.

Ceci est d’ailleurs confirmé par une enquête d’opinion réalisée par IPSOS qui indique que, en l’absence d’information sur les difficultés d’accès et de stationnement, l’afflux prévisible « spontané » des voitures se rendant au Stade de France pour une manifestation de prestige est de 12 000 unités.

Or, comme je l’ai indiqué, le Stade de France ne proposera à son ouverture que 5 000 places de parking, ce chiffre devant être porté à 6 000 à partir de la Coupe du monde. Le réseau de surface à proximité du Stade, c’est-à-dire dans un rayon de 2 km, n’offrant que 2 000 places au grand maximum, ce sont donc plus de 4 000 voitures indésirables qui risquent de mettre en péril le dispositif de desserte routière du stade, déjà fortement contraint par des congestions récurrentes.

Je rappelle qu’actuellement entre la Porte de la Chapelle et la sortie du Stade, on observe en heure de pointe du soir, un trafic de 6 800 véhicules par heure sur les voies, ce qui est considérable. En amont, le boulevard périphérique est congestionné de part et d’autre de l’échangeur avec l’autoroute A1. Les réserves de capacité sont donc très faibles, ce qui signifie, et tous les experts me l’ont confirmé, que si nous ne parvenons pas à convaincre les spectateurs n’ayant pas de place de parking réservée qu’ils doivent renoncer à utiliser leur automobile, il y a un risque de paralysie du réseau. Cette situation serait vraiment paradoxale compte tenu de la qualité de la desserte existante en transports collectifs et des efforts financiers importants réalisés par les collectivités publiques pour ces derniers.

C’est pourquoi des mesures d’accompagnement ont été prises pour familiariser le public avec les équipements de transport mis à sa disposition.

Le choix qui a été fait de privilégier la desserte du grand stade par les transports en commun est en totale adéquation avec la politique que le Gouvernement souhaite promouvoir pour mieux vivre dans la ville. J’en suis persuadé, en milieu urbain, les transports collectifs seront une composante essentielle de la modernité du XXIe siècle.

Je dirais pour terminer en empruntant une référence sportive à mes amis du rugby, nous avons un beau, un très beau stade ; nous allons accueillir un très grand événement mondial ; je sais par expérience que lorsqu’on fait appel à l’esprit de responsabilité – par exemple, tout récemment la circulation alternée – nos concitoyens sont capables de nous surprendre. Donc, si tous, nous nous mobilisons pour amener les spectateurs au grand stade par les transports collectifs, nous pouvons transformer l’essai !