Interviews de M. Robert Hue, secrétaire national du PCF, dans "Regards" d'avril 1997, à France 2 le 18 et dans "L'Humanité" du 21 avril 1997, sur les jeunes, les rapports du PCF avec les intellectuels, le mouvement des cinéastes contre les lois Debré, sa conception "citoyenne et morale" de la politique, et les relations PCF-PS en vue des élections législatives anticipées.

Prononcé le 1er avril 1997

Intervenant(s) : 

Circonstance : Parution, le 19 mars 1997, du livre de Robert Hue "Il faut qu'on se parle" édité chez Stock

Média : France 2 - L'Humanité - REGARDS - Télévision

Texte intégral

Regards - avril 1997

Regards : Il y a dans ce même numéro un entretien avec Monseigneur Rouet où il dit : « L’utopie est nécessaire, elle seule porte une espérance inlassable. » Dans votre livre, à la question : « Est-ce une catastrophe d’être jeune ? », vous répondez non et vous parlez de plus bel âge de la vie, de courage. Vous dites aux jeunes : « Il faut rêver ». Quelle place peut avoir l’idéal dans un discours politique aujourd’hui ?

Robert Hue : Dire aux jeunes « il faut rêver » apparaît à contre-courant des discours actuels à la jeunesse. Mon dernier livre « Il faut qu’on se parle » est une lettre que j’adresse aux jeunes. J’y fais l’éloge de la politique. Un démarche pas évidente pour la jeunesse d’aujourd’hui à laquelle on répète : « faut pas rêver », et qui a de bonnes raisons de rejeter la politique telle qu’elle se fait. C’est la politique « autrement » que je leur propose de faire. La politique qui a besoin d’eux pour se faire autrement.

Le rêve ? Oui, je dis aux jeunes et à tous les autres « il faut rêver ». Plus encore, j’affirme : « il faut rêver jusqu’au bout ». Ne pas s’arrêter en chemin. Ne pas écouter tous ceux qui vous conseillent de ne pas « rêver trop loin », et vous demandent de vous adapter à la réalité. Aller au bout de vos rêves parce qu’ils visent à dépasser cette réalité, ce quotidien insupportables, à dépasser la société telle qu’elle est aujourd’hui. J’y insiste dans mon livre : le rêve d’une société d’hommes, de femmes libres, associés, égaux ne tombe pas du ciel. Il naît de la vie. D’une vie à l’envers que le rêve remet à l’endroit. Alors, oui, partant de la vie, il peut y revenir, devenir réalité. Pour qu’il le devienne, il faut en faire un point de départ pour l’action. Il s’agit de donner du concret au rêve. De construire sa réalisation. Le rêve réactive l’idéal. L’idéal humaniste – à propos, savez-vous qu’en 1841 un groupe communistes, en France, s’appelait « les humanitaires » ? – l’idéal humaniste n’est toujours pas concrétisé. Faudrait-il pour cette raison ne plus y rêver ? Au contraire, ancrons le rêve dans les possibles, tous les possibles de notre temps.

Ainsi la question du rôle de la personne humaine, d’une société accordée à l’épanouissement des individus se pose aujourd’hui avec insistance à travers des aspirations, des interrogations, des cheminements bien réels. Elle n’est plus un thème pour discours lénifiant sur l’homme en général, mais devient un enjeu concret du combat politique. Et, pour y répondre, la politique elle-même doit changer : elle doit intégrer la question du respect, de l’écoute, de l’initiative des personnes humaines, des citoyens pour sortir de la crise de la politique si profonde aujourd’hui. Moyen et fin, politique et morale doivent s’harmoniser. Le problème n’est donc pas d’en rabattre sur l’idéal mais de bien se situer au niveau de ces enjeux.

Mon livre est une invitation au dialogue. Non un appel paternaliste « sermonnant » les jeunes, mais un appel à une manière neuve de faire de la politique, ouverte à leurs apports. On a toujours à apprendre des autres et donc des jeunes. Dans les discours des hommes politiques s’adressant aux jeunes, il y a une véritable inflation du mot « avenir ». Tournée vers l’avenir, la jeunesse ? Bien sûr. Mais comme jamais, il y a aujourd’hui une jeunesse « au présent ». Attendre que « jeunesse se passe » est un luxe que les jeunes ne peuvent plus se payer. Et c’est de ce point de vue que s’engage le dialogue. Un dialogue en vérité, pas un discours convenu « sur la jeunesse », sur la « génération ceci » ou la « génération cela ». Car les jeunes sont divers et refusent d’être ainsi étiquetés. Dans ce refus, il y a cette idée qui m’intéresse beaucoup : ils considèrent que ce qui leur arrive n’est pas le fait de « leur génération » mais le fait de la société.

Enfin, je me refuse d’emboîter le pas de ceux qui pleurnichent – ou font semblant – en répétant que c’est une catastrophe d’être jeunes aujourd’hui. Car, si les problèmes qui assaillent les jeunes sont nombreux, il y a aussi les progrès fulgurants et les possibilités de donner à la situation un cours plus civilisé, plus humain. N’est-ce pas enthousiasmant d’être de ce moment où ce combat peut être mené et gagné ?

Regards : Justement, il y a eu comme un manifeste des intellectuels contre la loi Debré. Les 59 cinéastes, qui ont joué un si grand rôle dans l’embrassement qu’ constitué ce mouvement, ont dissous leur groupé pour un retour délibéré à la politique. Ils disent : à chacun ses responsabilités, à nous de prendre la nôtre, celle de citoyen. Quelle est votre opinion sur ce qui s’est passé en février-mars ? Quelle responsabilité vous sentez-vous dans les manques attribués aux formations politiques et envers les attentes qui s’expriment ?

Robert Hue : Il faut, me semble-t-il, bien mesurer toute la portée de ce mouvement ; bien entendre tout ce qu’il signifie. Pas seulement à propos des intellectuels aujourd’hui, mais, inséparablement, à propos de la société, de la politique, des partis politiques.

Parti des intellectuels, il s’est tout de suite élargi, notamment dans la jeunesse. Avec, selon moi, deux caractéristiques majeurs. D’une part, une condamnation très ferme de la tendance accentuée de la droite à flirter avec les thèmes lepénistes dans l’espoir d’en tirer un bénéfice électoral. D’autre part, une interpellation très forte de la politique, des politiques. Non pas pour rejeter la politique, mais pour exiger qu’elle se fasse autrement. C’est très clair dans le texte de « dissolution » des cinéastes.

Vous le savez, le Parti communiste a non seulement soutenu d’emblée ce vaste mouvement, mais il y a participé, en s’y trouvant à l’aise. Pour ma part, je me suis réjoui que cet appel résulte d’une initiative d’intellectuels, dans des formes choisies par eux. Je ne considère pas du tout qu’ils se soient substitués aux politiques. Ils ont fait ce que leur conscience d’intellectuels leur a dicté face à projet qu’ils considéraient, à juste titre, comme liberticide, portant atteint à la personne humaine, à des droits humains fondamentaux. Il y a là, à mon avis, quelque chose d’extrêmement important, qui touche à la place des intellectuels, à part entière dans le mouvement social, dans le mouvement pour le progrès de la société, de la civilisation. Ils ne sont ni en dehors de ce mouvement, ni seulement un « aiguillon ». Ainsi, réagissant au projet de loi Debré, à l’élection de Vitrolles et plus largement à la crise de la société et de la politique, ils ont pris la parole pour dire ce qu’ils ressentaient profondément. Et cette prise de parole citoyenne s’est immédiatement traduite dans un mouvement bien plus large. Ce n’est pas la première fois que les choses se passent ainsi. L’apport, « l’engagement » des intellectuels – pour reprendre le terme consacré – dans des moments importants, et pour des valeurs et des causes essentielles, est sans aucun doute une des originalités, une des spécificités de notre histoire.

Quant à l’interpellation évidente des formations politiques par ce mouvement, elle rejoint l’une de mes préoccupations : tous les partis sont « au pied du mur » face au fossé qui se creuse entre les citoyens et la politique. Il faut faire du neuf, développer d’autres rapports, une politique citoyenne. Cela implique – tout au moins est-ce ainsi que nous l’avons compris – de nécessaires remises en cause, une autre conception du rôle d’un parti politique. C’est ce qui nous a amené à décider de rompre avec la conception d’un prétendu « parti guide ». Nous poursuivons nos efforts en ce sens. Nous nous bougeons, et nous voulons contribuer à bouger la politique, à bouger la gauche.

Regards : Le poète Bernard Noël insistait sur la force des actes-symboles, le sociologue Pierre Bourdieu revient, après ce mouvement, sur la fonction symbolique de transgression sociales des intellectuels, qu’en pensez-vous ?

Robert Hue : Je viens précisément de souligner combien à mes yeux l’initiative des intellectuels en février est importante. Il est bien évident que l’acte symbolique d’appel à la désobéissance, personnalisé par l’engagement l’implication de chaque signataire, a eu une grande force d’interpellation. Interpellation du pouvoir en place. Interpellation des forces politiques. Interpellation de chacune et de chacun dans la société.

Pour autant – et c’était le sens de mes remarques précédentes – l’apport des intellectuels ne me semble pas devoir être réduit à sa part « symbolique ». Il me semble que, pour bien comprendre ce qui s’est passé en février-mars, il faut le replacer dans le cadre plus général d’une situation marquée par le fait que chaque jour, et à propos de chaque problème – de l’immigration à la fermeture d’une usine Renault en Belgique, en passant par les interrogations sur les manipulations génétiques – c’est la question de la nature même de la société, de ce que doit être aujourd’hui une vie civilisée, qui est posée : une société pour l’argent, ou pour l’être humain ? La politique pour les êtres humains et avec eux, ou la politique « politicienne » ?

Je viens de la dire : l’interpellation des partis politiques, et plus particulièrement de la gauche, nous conforte dans notre détermination à poursuivre les efforts que nous avons entrepris sur nous-mêmes.

Ils ne sont déjà pas sans effets… À quelques kilomètres de Vitrolles, il y a Gardanne… Face à des réalités sociales et politiques semblables, des réponses différentes apportées – principalement dans les comportements – conduisent à des résultats différents. Cela s’est encore confirmé plus récemment à Morsang-sur-Orge. Ne croyez pas que je m’en satisfasse. Mais j’en suis heureux, et cela m’encourage, encourage le Parti communiste à aller plus loin dans cette voie.

Une question me semble posée : est-on prêt partout, à gauche, à répondre à cette exigence de la société, exprimée en février-mars par les intellectuels, et par d’autres – jeunes, femmes, par exemple – dans différents mouvements ? J’ai le sentiment que ceux qui ne sentent pas cet appel d’air frais vont passer à côté de quelque chose de décisif, alors qu’il faut, au contraire, le prendre totalement en compte pour apporter au niveau nécessaire les réponses à la crise de la société. En tout cas, ma conviction est que la gauche doit avancer pour se placer à ce niveau, aussi bien dans le contenu de ses propositions que dans sa manière de concevoir et de faire la politique.

Regards : On a vu apparaître aussi l’idée que les « élites » s’intéressaient surtout aux droits de l’Homme et aux valeurs, mais que le « peuple », tenté par le racisme et Le Pen, s’intéressait surtout au chômage et à l’emploi. Au fond, les intellectuels n’auraient rien à faire au quotidien, les travailleurs rien à faire des valeurs progressistes. Que pensez-vous de ce débat ?

Robert Hue : D’abord, qu’entend-on par élite ? Étymologiquement, les « élites » ce sont les meilleurs. Qui peut avoir la prétention de s’accorder ce rôle ? Qui donc aurait vocation à décerner des « brevets » en ce domaine ?

En tout cas, les prétendues élites, bien en cours, bardées de leurs certitudes ne cessent de se « planter »… Ce ne sont vraiment pas « les meilleurs » ! Avec cette notion d’élite, on ne pas loin. D’ailleurs, les intellectuels, à l’origine de ce vaste mouvement, la refusent. À aucun moment, ils ne se sont posés en donneurs de leçons, ils n’ont voulu imposer une quelconque hégémonie. Ils ont poussé un cri, ils ont lancé un appel au « tous ensemble » contre l’exclusion, pour la dignité.

Du coup, comment pourrait-on croire à cette répartition des préoccupations que votre question évoque ? Et de quel mépris pour le « peuple » cela témoignerait ! Ce découpage est totalement infondé. Je le considère comme grave. Je suis persuadé qu’aller dans cette direction, c’est alimenter le populisme. Au contraire, je ressens qu’à propos de tous les dossiers la question des valeurs rejoint les préoccupations plus immédiates. C’est vrai au sujet des lois Debré, c’est vrai pour Renault où la bataille pour l’emploi accompagne l’exigence de dignité humaine. C’est vrai pour les intermittents du spectacle qui défendent leur emploi, leur vie quotidienne et la culture comme bien public et non comme marchandise. Il n’y a pas séparation entre « les valeurs » et le « social », l’idéal et le réel, l’immédiat mais, au contraire, profonde symbiose. Tous ceux ou toutes celles qui chercheraient à creuser le fossé entre eux engageraient notre peuple dans une terrible aventure. Que cela vienne de la droite ne m’étonne pas. Il serait choquant que cela vienne d’ailleurs…

Regards : Une autre idée est évoquée dans le débat actuel. Elle concerne le divorce qui existerait entre les intellectuels et les hommes politiques. Les premiers seraient dominés par « l’éthique de la conviction », les seconds par « l’éthique de la responsabilité ». Les intellectuels traiteraient des valeurs dans l’absolu, les hommes politiques géreraient, dans la douleur, le monde réel.

Robert Hue : On l’aura compris, ce n’est pas du tout ma vision des choses. Cette distinction entre l’éthique de la conviction et l’éthique de la responsabilité a été reprise par Michel Rocard dans le journal les Inrockuptibles. Je ne sais au juste ce qu’il voulait y mettre. Mais n’est-ce pas la reprise avec de nouveaux mots de la différenciation entre « culture d’opposition » et « culture de gouvernement » ? Être responsable, être réaliste, ce serait alors fatalement en rabattre sur ses convictions !

On le voit : une telle distinction serait dangereuse. Je la refuse. Elle ne pourrait que conduire à justifier une prétendue impuissance des « politique », qui n’auraient d’autres choix que s’adapter à un mouvement inexorable, par exemple de mondialisation ou de financiarisation. Et, pour leur part, les intellectuels ne pourraient que rêver dans l’absolu, c’est-à-dire dans le vide. Les pieds sur terre pour les uns, la tête dans les nuages pour les autres. Aux uns, la puissance très limitée du relatif, aux autres les grands espaces de l’absolu, mais avec le vide politique au bout ! Le fameux fossé entre « je veux » et « je veux »… Tout cela n’est pas très enthousiasmant.

Doit-on balayer pour autant la question du réalisme ? Pas du tout. La gauche se doit d’être réaliste, c’est-à-dire, à mes yeux, ne pas promettre n’importe quoi mais, en revanche, vouloir et chercher à mobilier tous les moyens dont elle dispose pour changer vraiment. C’est la condition de sa crédibilité pour répondre aux attentes. Attention à tout programme qui promettrait la lune. À coup sûr, si les communistes s’y laissaient aller, ils accréditeraient eux-mêmes l’idée qu’ils sont utiles pour résister, agir, pour le bouillonnement d’idées, mais pas pour gouverner. Eh bien, les communistes ont l’ambition d’être utiles pour gouverner aussi. Et parce qu’ils veulent réussir, ils ont le réalisme de proposer du neuf, à la hauteur des exigences, des défis à relever. Chargeons-nous trop la barque ? Nous répondons : discutons de ce qu’il faut mettre dans la barque pour que le changement soit véritable et réfléchissons ensemble aux forces qui peuvent être mobilisées pour que la barque aille loin et que le changement soit durable/

Regards : L’absence de perspective visible, de débouché repérable n’explique-t-elle pas ce manque d’enthousiasme vis-à-vis de la politique, ce manque de dynamisme, d’énergie analysé par tous les commentateurs ?

Robert Hue : Sans perspectives, pas de dynamique. Il ne peut y avoir aujourd’hui de succès des forces de progrès, de gauche que si une dynamique se crée. Mais, pour cela, il faut mettre de l’essence dans le moteur. Décider de ne pas jouer « petit bras », mais de mobiliser tous les moyens disponibles. Et il y en a en France, tant humains que matériels, pour répondre aux attentes et faire vraiment du neuf.

La crédibilité n’est pas la seule affaire du Parti communiste. C’est à toute la gauche que la question est posée. Pour être crédible, il faut apporter des réponses au niveau des attentes sociales. La crédibilité, ce n’est pas affirmer son impuissance, plier le genou devant des contraintes imposées par ceux qui veulent conserver les rênes. Pour être crédible, il convient d’abord d’être en phase avec les attentes sociales. C’est en n’y répondant pas qu’on va à l’échec. En y répondant, on peut mobiliser les forces pour réussir. Alors, éthique de la responsabilité ou éthique de la conviction ? Il s’agit, selon moi, d’avoir le sens de ses responsabilités dans la fidélité à ses convictions.

Regards : Que répondez-vous à tous ceux qui vous disent que le Parti communiste a besoin de réfléchir à nouveau et d’couter sur la question de ses rapports avec les intellectuels, rapport qui ont été si tumultueux, faits d’adhésions, d’exclusions, de passions, de colères… ?

Robert Hue : Je leur réponds qu’ils ont raison et que je souhaite que nous réfléchissions ensemble. Aborder cette question, c’est revenir sur ce qu’a été l’existence d’un parti comme le Parti communiste, sur son histoire. Le Parti communiste, dès ses origines, et tout au long de son histoire, a eu des rapports exceptionnels avec ce que le mouvement intellectuel, celui des arts ont produit de plus « pointu », de plus créateur ; Mais, durant une longue période, du fait du stalinisme – qui ne faut pas qu’un élément « importé », la crique, le « travail du deuil » sur certaines de nos propres pratiques et nécessaire ! – les rapports entre le Parti communiste et les intellectuels se sont taris. Je l’ai écrit dans mon premier livre Communisme, la mutation : « la cicatrice est encore brûlante ».

Cela dit, j’ai envie ici de parler plutôt de l’avenir. Qui sont les intellectuels aujourd’hui ? Question complexe. Remarquons d’abord que le travail, le mouvement des innovations technologiques vont dans le sens d’une intellectualisation des activités. En ce sens, il y a bien un fameux « bougé » dans ce que l’on a appelé l’opposition entre travail intellectuel et travail manuel. C’est une première remarque. Elle a, me semble-t-il, son importance.

Deuxième remarque : pendant des années, nous avons essayé de caractériser par son « élargissement » la notion « d’intellectuels ». En y situant non seulement les artistes, les grandes figures de « l’intelligentsia », mais aussi les enseignants, les instituteurs, les cadres… Dans le même mouvement, nous tentions d’élargir notre conception de la classe ouvrière. En y intégrant les ingénieurs, les techniciens… brefs, une bonne partie des « intellectuels ». Tout cela n’était pas très simple. Et les principaux intéressés avaient du mal à s’y retrouver. Analyser en termes de classe, analyses sociologiques, analyses politiques, je crois qu’il vaut mieux ne pas confondre les genres. Du point de vue strictement politique, les intellectuels m’apparaissent tout simplement comme celles et ceux qui interviennent dans le champ politique en se réclamant de ce mot et des exigences en terme de valeurs, d’éthique, de droits de ma personne humaine qu’il implique pour eux. On retrouve là cette spécificité française qui existe depuis longtemps : Voltaire, Hugo, Zola et l’affaire Dreyfus, etc. Après tout, Tocqueville se demandait déjà, dans son livre l’Ancien Régime et la Révolution, « comment vers le milieu du XVIIIe siècle les hommes de lettre devinrent les principaux hommes politiques du pays » ! C’est à cette réalité politique spécifique à notre pays que renvoie communément aujourd’hui ce terme d’intellectuel.

Alors, quel peut être l’apport des intellectuels, des spécialistes de telle ou telle question aux réflexions, à la vie du Parti communiste ? Il est essentiel dès lors que nous voulons être un Parti communiste bien en prise sur la société française, faisant vivre ses refus, ses angoisses, ses aspirations. On l’a bien vu dans la préparation de notre dernier congrès, avec ses auditions, ses débats, On l’a bien vu au cours du congrès lui-même lorsque cinq intellectuels de renom se sont adressés aux délégués communistes. Et nous ne voulons pas qu’on en reste là ! Au contraire. Les « Assises pour le changement en 1998 » sont une invitation à continuer en ce sens. Avec les intellectuels comme avec l’ensemble des citoyens.

Il est essentiel, à mes yeux, que le Parti communiste soit bien « en phase » avec ce qui « émerge », ce qui se crée, ce qui grandit, ce qui innove dans la vie sociale, dans le monde de la création et de la recherche, et donc bien en phase avec celles et ceux qui expriment ces réalités.

Depuis bien longtemps, notre parti ne prétend plus au monopole des bonnes idées. Comment imaginer qu’un seul parti détiendrait à lui seul les clés de l’avenir ? La libération sociale par l’épanouissement des êtres humains sera pluraliste, et c’est tant mieux. Il ne s’agit pas de prétendre guider les pas de la société – de quel droit ? Et au nom de quelle vérité ? – mais de construire avec elle. Dans l’écoute, le débat.

Je considère que la culture du débat est un aspect essentiel et irréversible de notre mutation. Sans elle, l’intervention citoyenne ne peut exister. Nous voulons et faisons un effort pour que cette pratique soit effective et ressentie comme telle. Ce que vous concevez avec Regards et ce que vous réalisez avec la création d’un lieu de rencontres et d’expositions dans vos locaux, participent de cet effort.

Puis-je ajouter qu’il s’agit pour nous de sortir une fois pour toutes du cycle infernal de l’affirmation d’une orthodoxie immanquablement suivie de cette de ses dissidences. Nous avons besoin d’espaces où peuvent se rencontrer et débattre les communistes, et avec eux toutes celles et tous ceux qui cherchent à construire du neuf dans la société française. Et la pensée progressiste française a elle aussi bien du déploiement de sa composante communiste. L’ignorance mutuelle appauvrit. Voilà pourquoi j’appelle à des retrouvailles. Pour inventer de l’inédit en matière de transformation sociale.

Dans ce mouvement, il y a la politique. Et il y a tout ce que peut apporter la culture, le mouvement propre de la création en sa riche diversité. Tout cela m’apparaît distinct, mais indissociable. Nous avons là beaucoup à explorer ensemble, avec les artistes, les intellectuels.

Regards : Au meeting de Lille, le 1er mars dernier, vous avez appelé à « un rapport nouveau du peuple au pouvoir ».

Robert Hue : Il faut, je crois, avancer vers un nouvel âge de la démocratie, faire vivre la politique autrement, un nouveau rapport du peuple au pouvoir. En ce sens, je suis partisan d’une démocratie représentative s’alimentant en permanence au vivier de la démocratie directe. Pour combler le fossé qui s’est creusé aujourd’hui, avec la crise de la politique entre société et formations politiques. Pour que le lien représentant-représenté ne soit plus brisé. Exercer le pouvoir « au nom de… » ou « à la place de… », ce n’est pas la même chose ! Il faut également inventer un mode d’exercice du pouvoir qui ne dépossède plus les citoyens, mais s’appuie sur leur intervention. Un pouvoir qui ne traite plus le peuple du haut de ses certitudes ou de celles de ses experts.

Cela suppose de construire des institutions nouvelles, des droits nouveaux dans l’entreprise, la vie sociale, l’État. Cela suppose aussi d’inventer une conception neuve de la vie politique elle-même qui soit synonyme de transparence, d’écoute, de valorisation de l’initiative. D’ailleurs, peut-on sérieusement penser exercer le pouvoir pour une politique de gauche, sans rien changer à la façon dont on l’a exercé depuis des décennies ? Comment ne pas sentir les exigences montantes de la société vers plus de citoyenneté ?

Regards : À propos d’exigences montantes, chacun sent très bien que les attentes vis-à-vis du Parti communiste grandissent de tous horizons et sur beaucoup de terrains. Trouvez-vous, comme un commentateur de France Inter, que vous êtes « plus mobiles et réactifs » ?

Robert Hue : Je crois que le Parti communiste est en passe de retrouver son rôle dans la vie nationale. Nous nous efforçons de mieux répondre à l’attente de présence sur « le terrain », au besoin de proximité, pour résister aux agressions de la droite au pouvoir, relever le défi que constitue la présence à ce niveau de l’extrême droite dans le paysage politique français. Nous sentons aussi l’attente de dynamisme social, l’attente d’intervention citoyenne pour recomposer le lien social aujourd’hui en lambeaux, l’attente de construction politique neuve pour que du positif sorte de la prochaine échéance législative. La gauche se doit de porter ces ambitions. Et je me réjouis que l’on considère que notre parti y contribue utilement.

Cette utilité ne se décrète pas. Nous avons à la « prouver » tous les jours. Et c’est ce que nous nous employons à faire. En même temps, nous voulons inciter à une réflexion sur le fait qu’un Parti communiste disposant de plus de rayonnement et de force dans le pays contribuerait à ce que ces aspirations soient davantage présentes et portées dans la vie politique. Jusqu’au gouvernement où, pour faire une politique vraiment de gauche, nous concevons la présence de ministres communistes comme de véritables relais-citoyens des exigences populaires.

Regards : Oui, mais, à l’évidence, la question de l’influence électorale du Parti communistes reste posée.

Robert Hue : C’est une grande question. Elle poursuit la précédente et la présence. L’opinion publique apprécie mieux nos changements. Mais se pose la question de l’utilité d’un parti communiste qui ne soit pas seulement un parti de protestation, mais un parti de proposition, de construction, de gouvernement. L’effort à faire est là. C’est là qu’on nous attend. Il  nous faut donner la preuve que nous pouvons apporter beaucoup sur ce plan aussi. Et que notre présence au pouvoir peut changer jusqu’à la façon de l’exercer.

Ne tournons pas autour du pot : cela implique beaucoup d’initiatives pour convaincre de cette utilité.

Utilité du Parti communiste pour les salariés, les citoyens, sur le terrain, face aux problèmes posés… Ils ne manquent pas.

Utilité d’une influence plus grande pour lui dans la vie nationale. C’est-à-dire l’influence plus grande d’idées, de propositions pour une meilleure résistance aux choix politiques actuels et pour d’autres choix, pour des pratiques politiques différentes, une vie politique nouvelle.

Utilité pour que la gauche soit bien à gauche. À l’unisson des aspirations populaires, donc crédible et capable de susciter l’élan nécessaire à sa victoire.

Utilité des élus – et éventuellement des ministres – communistes. C’est un enjeu essentiel du prochain scrutin législatif. Une nouvelle majorité de gauche et un gouvernement de toute de la gauche. Un nouveau gouvernement qui soit aussi un gouvernement nouveau.

Regards : Dans votre discours à Lille, vous interpellez le Parti socialiste sur le besoin d’une gauche offensive, vraiment à gauche, vous y parvenez dans votre livre. Lionel Jospin vous répond : il faut savoir ce qu’on veut, l’entente ou la division. La dispute à gauche va-t-elle prendre le pas sur le combat contre la droite ?

Robert Hue : La dispute, comme vous dites, ce n’est vraiment pas « ma tasse de thé ». Ce n’est ni ma façon de vivre, ni ma façon d’être. D’ailleurs certains prétendent que, pour s’affirmer dans la vie politique, il faut avoir un tempérament de « tueur ». Pour ce qui me concerne, je n’ai pas l’intention d’entrer dans la confrérie des tueurs ! À mes yeux, la fin ne peut justifier tous les moyens. Je suis un homme de débat. Je ne cherche à blesser personne, et si mes paroles ont cet effet j’e change. Je conçois le débat non pour détruire mais pour construire. Pour faire avancer les choses. L’éthique en politique, pour cela compte.

Je souhaite que le débat soit utile. Si problèmes existent, ils doivent être posés du mieux possible. Sans chercher la polémique. Pour que le peuple puisse en tirer profit. Être unitaire, vouloir tout faire pour que la gauche puisse gagner en 1998 et faire vraiment la politique de changement qu’attend le pays – et c’est ce que nous voulons – cela implique, à mon sens, non le silence sur les points de vue différentes – surtout s’ils touchent à l’essentiel – mais bien plutôt un débat au grand jour, loyal et franc. Non seulement pour constater les désaccords et les difficultés, mais surtout pour les surmonter et faire bouger les choses. Dans ce débat, aucun des formations de gauche ne peut parler au nom de la gauche tout entière. Celle-ci est plurielle – bien davantage aujourd’hui qu’en d’autres temps.

De plus, il s’agit, en 1998, non d’une élection présidentielle – avec, en découlant un gouvernement appelé à mettre en œuvre les propositions du président nouvellement élu – mais d’une élection législative. Non l’élection d’un seul homme mais celle d’une majorité nouvelle. Cette majorité ne peut être victorieuse que si elle exprime non pas le seul point de vue de sa composante la plus forte mais la riche diversité de toutes ses parties-prenantes.

C’est cela l’esprit de mon intervention à Lille. Je me suis adressé à la gauche tout entière pour dire qu’à mon avis, il fallait se voir et « nous bouger » à un an de l’échéance. C’est ce souci de crédibilité de la gauche – et donc celui de sa possibilité de gagner – qui m’anime. Et c’est dans cet esprit que le Parti communiste veut contribuer à construire l’élan nécessaire à la victoire, qui, j’en suis convaincu, sera commune ou ne sera pas.

 

France 2 - vendredi 18 avril 1997

B. Masure : Combien d’euros seriez-vous prêt à parier sur une dissolution ?

R. Hue : Je pense qu'il peut y avoir une dissolution. J. Chirac veut des élections anticipées pour les coudées franches, les mains libres, pour mettre en œuvre un nouveau tour de vis. Les Français doivent savoir qu'il s'agit, au lendemain d'élections éventuelles, d'une super-austérité, d'une dizaine de milliers de suppressions d'emplois en plus. Moi, je dis que si le Président de la République veut des élections anticipées, je propose, nous proposons aux Français de se saisir du bulletin de vote pour dire non. Non à ces nouveaux sacrifices. Non, il faut une politique différente, il faut changer les choses. Pour cela il faut que la gauche, toute entière, se bouge et apporte des réponses, qui n'existent pas encore aujourd'hui, pour une issue politique positive, pour une perspective politique.

B. Masure : Précisément, vous avez rendez-vous le 29 avec L. Jospin. Qu’allez-vous dire directement à L. Jospin ? C’est quoi pour vous : se bouger à gauche ?

R. Hue : Je crois que la gauche doit apporter une réponse forte, une réponse dynamique, et les communistes entendent prendre leurs responsabilités de façon réaliste dans cette affaire. Mais pour moi, une véritable politique de gauche, les conditions de cette politique, c'est de ne pas demander de nouveaux sacrifices aux Français. Et il faut donc faire preuve de dynamisme, disais-je, il faut une politique de progrès social, avec une relance très forte. Je pense, par exemple, que l'un des premiers points qu'il faudrait voir, c'est une augmentation sensible des salaires, des retraites, des pensions. Aujourd'hui, l'économie marche mal parce que les Français n'ont pas d'argent : il y a trop de sacrifices, trop d'injustices. Ils sont trop malheureux, il y a trop de découragement. Il faut relancer les choses. Vous savez ! les entreprises ont les moyens : on vient de voir les derniers chiffres d'affaires. Il faut également les 35 heures - les 35 heures sans diminution de salaire naturellement -mais tout de suite ! Sans quoi il n'y aura pas de conséquences positives en matière d'emploi. Il y a des milliards qui, actuellement, vont à la spéculation. Il faut maîtriser cela, il faut une fiscalité positive qui permette de maîtriser cela. Les communistes proposeront, d'ailleurs, une loi pour que les salariés, les citoyens, puissent se faire entendre et aient des droits nouveaux aujourd'hui. Il y a l'Europe. C'est un obstacle pour la gauche, et je compte bien en parler avec les partenaires de la gauche. On ne peut pas sacrifier à vie les Français sur l'autel des critères de Maastricht.

B. Masure : Est-ce que vous êtes toujours favorable à l'arrivée de ministres communistes en cas de victoire de la gauche aux législatives ?

R. Hue : Ecoutez, nous voulons que cela change vraiment dans ce pays. Et pour que cela change vraiment, il faut une gauche forte, pluraliste, et il faut une participation des communistes pour faire vraiment une politique de gauche. Oui, il faut des ministres communistes.

 

L’Humanité - 21 avril 1997

Interroger par les journalistes lors du congrès des Elus communistes et républicains à Lyon, Robert Hue s’est adressé « à tous les Français qui aspirent à un changement réel », mais aussi au Parti socialiste : » Depuis quelques jours court la rumeur de l’éventualité d’une prochaine dissolution de l’Assemblée nationale. Avec des élections législatives anticipées, au terme d’une campagne électorale brève et menée au pas de charge.

Naturellement, on voit bien tous les calculs politiciens justifiant une telle décision. Le premier d’entre eux étant que le pouvoir ne souhaite pas un vrai et grand débat national permettant aux citoyennes et aux citoyens de s’y impliquer afin de pouvoir se prononcer dans la clarté et en toute connaissance de cause. Car le fond de l’affaire est bien là : dans la nature des choix européens ultralibéraux des milieux dirigeants, dans le respect des conditions et du calendrier de Maastricht. A cet égard, la presse rapportait hier les propos d’un dirigeant d’entreprise parlant des projets immédiats de ses amis du gouvernement en ces termes : « Ils ont préparé un plan de rigueur absolument impossible à présenter à l’opinion avant des élections. »

Tel est donc le sens de la décision envisagée : le choix du passage à la monnaie unique – avec la nécessité de satisfaire aux critères définis – va conduire les hommes au pouvoir à opérer de nouvelles coupes drastiques dans les budgets publics et sociaux, à de nouveaux coups contre les services publics, à un enfoncement dans une austérité renforcée et encore plus douloureuse. Et pour cela, mieux vaut avoir franchi à la va-vite et dans la confusion le cap des élections plutôt que de les avoir en perspective. Avec le risque de sanction populaire qui en découle.

Eh bien, je le dis avec gravité : raison de plus pour déjouer ce calcul cynique – s’il se vérifie -, d’être partout à l’initiative dans le pays. Afin de contribuer au rassemblement le plus large et le plus résolu de toutes celles et tous ceux qui n’en peuvent plus de subir une politique toujours plus dévastatrice.

Si le président de la République veut des élections, eh bien qu’elles soient l’occasion pour des millions de Français de lui dire : « Non, nous ne voulons pas que se poursuivre cette politique d’austérité et de chômage. Nous voulons une autre politique. D’autres choix de progrès social, de justice, de démocratie. Des choix ouverts et tournés vers l’avenir et pas vers la régression. »

Oui, le président de la République veut des élections, il est possible de faire de celles-ci un moyen de faire prévaloir les espoirs de notre peuple, de dégager un peu de ciel bleu pour toutes celles et tous ceux qui n’en peuvent plus de toujours subir, de toujours souffrir davantage. C’est cela le devoir de la gauche. Raison de plus pour faire tout ce qui dépend de nous afin qu’une perspective progressiste et une espérance de changement puissent d’urgence prendre corps vraiment et efficacement. Afin que les forces de gauche se mettent au diapason de l’effervescence sociale, des exigences de transformation qui parcourent la société, et puissent construire et proposer à notre peuple la perspective alternative novatrice nécessaire pour battre la droite et l’extrême droite, faire prévaloir un authentique changement dans le pays. Quoi qu’il en soit de la décision prise par le président de la République, c’est cette exigence qui s’impose à nous. Car, toutes les enquêtes le montrent, aujourd’hui, rien n’est joué. Certes, la politique de la droite est douloureusement ressentie et condamnée. Mais le doute, le scepticisme demeurent sur la capacité des forces de gauche, de progrès, écologistes, à promouvoir un véritable changement, une politique bien à gauche, en rupture avec les dogmes actuels de l’ultralibéralisme, de l’Europe de l’affairisme et de la soumission aux marchés financiers.

Il faut donc se retrousser les manches et travailler d’arrache-pied à créer un élan mobilisateur dans lequel notre peuple puisse reconnaître ses aspirations, ses besoins. Car – et quoi qu’il arrive ces prochains jours, cela demeure vrai – nous voulons voir la gauche l’emporter et nous ne voulons pas voir la gauche décevoir une fois de plus.

Toutes les initiatives les plus diverses permettant qu’il en soit bien ainsi – les Assises pour le changement comme toutes les formes que pourra prendre une « campagne citoyenne » - sont donc positives, souhaitables et à multiplier. Les attentes sont fortes dans l’opinion. Nous voulons y répondre en portant ces espérances et en travaillant avec cœur, imagination, détermination, à ce qu’on les entende et qu’on les mette au cœur d’un projet politique nouveau. Car enfin qui peut croire que la gauche pourrait se présenter à ces élections et l’emporter sur la droite sans proposer une perspective radicalement différente de celle du « tour de vis d’austérités » pour cause de Maastricht et de monnaie unique ? La gauche au contraire doit porter les attentes populaires, proposer du neuf, susciter un élan, répondre à l’espoir si fort de changement. Elle doit faire le choix du progrès social et humain comme levier de la croissance, de l’emploi, des activités économiques. Il faut pour cela s’en prendre au règne étouffant de l’argent. Discutons comment. Il faut donner des droits nouveaux aux salariés, aux citoyens, pour qu’ils puissent intervenir, être entendus, décider. Discutons comment. Il faut que notre pays prenne une initiative pour une construction européenne qui desserre l’étau des marchés financiers et libère les potentiels de coopérations des peuples qui la composent. Discutons comment. C’est dans cet esprit résolument constructif, positif, unitaire que nous allons à la rencontre prévue avec le Parti socialiste. Pour que la gauche se bouge. Pour qu’elle soit bien à l’unisson de ce que l’on attend d’elle. Pour battre la droite et engager le pays dans la voie du renouveau, faire prévaloir le changement. Nous ne managerons pas nos efforts pour parvenir à ce qu’il en soit ainsi. Chacun le comprend bien, un tel cheminement novateur suppose beaucoup d’efforts. De la part des diverses composantes de la gauche. Et, inséparablement, de la part de toutes celles et tous ceux qui souhaitent le changement.