Interview de M. Jean-François Mancel, secrétaire général du RPR, dans "Le Parisien" du 26 septembre 1996, sur sa mise en cause dans la gestion du Conseil général de l'Oise et le financement des campagnes du RPR.

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Média : Le Parisien

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Le Parisien : La chambre régionale des comptes de Picardie a transmis un rapport au parquet de Beauvais sur votre gestion du conseil général de l’Oise. Que vous reproche-t-elle ?

Jean-François Mancel : J’ai répondu point par point à tous les arguments de la chambre régionale. Je déplore que ce rapport provisoire ait été rendu public. La loi l’interdit. Pour la respecter du reste, je n’entends pas rendre publiques les réponses, très documentées, que je viens d’adresser à la chambre régionale. Pour moi, il n’y a pas d’affaire. La chambre a transmis son rapport au parquet de Beauvais pour information et je ne vois pas en quoi il y a matière à la moindre infraction pénale. L’un des points soulevés par la chambre régionale, par exemple, porte sur le nombre de bouteilles d’alcool achetées par le conseil général. Le conseil général, comme toutes les collectivités locales, organise des réceptions. Au total, nous avons fait les calculs, le département de l’Oise dépense moins de 3 F par habitant en frais de représentation. En moyenne dans une commune, c’est 10 F.

Le Parisien : Cette affaire menace-t-elle votre poste à la tête du RPR ?

Jean-François Mancel : Il faut être clair. Si je n’étais pas secrétaire général du RPR, ce contrôle de la chambre régionale aurait fait des brèves dans les journaux. Le poste que j’occupe est un poste où l’on prend des coups. J’en prends. Mais je reste.

Le Parisien : Avez-vous le soutien de Jacques Chirac et d’Alain Juppé ?

Jean-François Mancel : Jacques Chirac est à l’Élysée. Il est Président de tous les Français et n’entend pas s’occuper du RPR. Quant à Juppé, je l’ai encore eu ce matin au téléphone pour préparer les journées parlementaires, nous n’avons aucun problème. Tout va très bien. Je ne vais pas démissionner alors que mon président (NDLR : Alain Juppé) me demande de faire un septennat complet.

Le Parisien : Les époux Pacary, tous deux mis en examen, affirment avoir remis du liquide, avant 1989, à Christian Ollivier, le directeur général des services du département de l’Oise, à l’occasion de marchés obtenus avec le conseil général. Connaissez-vous les Pacary ?

Jean-François Mancel : Je ne les ai jamais rencontrés. C’est vrai que leur société, Rhoddlams, nous a permis d'obtenir des crédits avantageux auprès des banques, il y a plusieurs années. Un point c'est tout. Christian Ollivier a mon entière confiance. C'est un garçon d'une intégrité totale. Il n'a jamais reçu le moindre argent des Pacary. Pour moi, nous sommes victimes d'un règlement de comptes. Les Pacary sont sans doute tentés de mouiller des politiques pour minimiser leurs responsabilités.

Le Parisien : Chantal Pacary affirme aussi que lors de la construction d’un gymnase, à Beauvais, un avenant a été rajouté au marché pour financer une commission…

Jean-François Mancel : Encore une fois, c'est absurde. Tous les marchés de l'Oise ont été vérifiés par le contrôle de légalité et rien n'a jamais été découvert de ce genre.

Le Parisien : Avant la loi d’amnistie, comment financiez-vous vos campagnes électorales ?

Jean-François Mancel : Comme tout le monde. Avant la loi réglementant les financements, j'ai reçu des dons d'amis qui me soutenaient. Mais j’ai toujours eu pour principe de ne rien accepter de particuliers ou d’entreprises qui étaient en affaires avec le conseil général. Comme cela c’est clair.

Le Parisien : Le « Canard Enchaîné » de cette semaine évoque une prise de participation d’Euro 2 C, une société de communication qui travaille avec le conseil général de l’Oise, dans une société privée où vous êtes actionnaire.

Jean-François Mancel : Où est l’illégalité ?

Le Parisien : Louise-Yvonne Cassetta, mise en cause dans plusieurs informations judiciaires, soupçonnée d’avoir été la « banquière » du RPR, a travaillé dans l’Oise. Quelles étaient ses fonctions ?

Jean-François Mancel : Voilà le genre de raccourcis dont je suis victime en permanence. Encore hier on m'a affirmé que l'Oise et la ville de Paris avaient financé la campagne présidentielle de Jacques Chirac. Jamais, je le redis aujourd'hui, l'Oise n'a financé le RPR. Louise-Yvonne Cassetta travaillait ici rue Lille elle a souhaité changer de de carrière. Elle est venue dans l'Oise en 1987, et a été affectée à l'ADO (Agence de développement prospection économique). Elle est restée quelques mois, c'est tout. Elle était assez bonne, mais pas faite la vie en province. En 1995, je l’ai retrouvée à mon arrivée au secrétariat général du RPR. On lui a fait une vie impossible en racontant n'importe quoi à son sujet, aujourd’hui elle a quitté le RPR. Elle a le droit de faire autre chose.

Le Parisien : Le RPR est visé par plusieurs affaires judiciaires, pensez-vous qu’il faudrait une nouvelle réforme du financement de la vie politique ?

Jean-François Mancel : Depuis que les lois ont été votées, le RPR les respecte scrupuleusement et vit donc plus mal qu’avant. Il faut en tout cas un débat sur le coût de la démocratie. Aujourd’hui, je constate que c’est l’État qui finance très largement les formations politiques. Peut-être trop. Il faudrait réfléchir à un système plus ouvert.

Le Parisien : Confirmez-vous être l’objet d’un contrôle fiscal ?

Jean-François Mancel : Oui, comme tout citoyen peut l’être. Cela concerne ma vie privée.