Texte intégral
Un certain nombre de camarades n'ont pas pu venir aujourd'hui parce que nous avons changé la date de ce Conseil national mais il était nécessaire de le faire. Excusons-les, et constatons que nous sommes nombreux, ce qui est un signe de mobilisation et de conscience, que nous sommes entrés dans une période politique difficile, passionnante. En même temps, les choses à la fois se tendent et peut-être aussi commencent à se jouer.
Ce Conseil national a deux objets : débattre de la situation politique et sociale en cette rentrée pour en tirer des conclusions pour notre expression et notre action et puis marquer une première étape pour une augmentation forte de la représentation des femmes dans la vie publique de notre pays en ce qui concerne, en tout cas, le parti socialiste ; Daniel VAILLANT vous en parlera plus longuement tout à l'heure.
Nous avons décidé de placer cette rentrée sous le signe de l'économique et du social, des difficultés économiques du pays, de la tension, je dirai même de l'angoisse sociale qui monte en France. Tout nous y conduit : la gravité de la situation économique, la cascade des licenciements. J'ai rarement vu une rentrée politique et sociale se faire avec une telle annonce de plans de restructurations, de licenciements, de fermetures d'usines, alors que la compétitivité de nos entreprises n'est pas trop en cause, puisque notre excédent commercial n'a jamais atteint un tel record.
L'échec de la politique du gouvernement, la déception et l'insatisfaction des Français, le ratage total (et réconfortant) de l'opération « baisse d'impôts », les dangers du projet de loi de finances que nous avons commencé à examiner, tout nous conduit à vouloir placer cette question de l'économique et du social au cœur du clivage entre la droite et la gauche. Et c'est dans ce sens que je suis intervenu à l'université de la Rochelle.
On ne peut pas dire, mes chers camarades, qu'on y parvienne aisément. Du 15 août au début septembre, la question des « sans-papiers » a en effet dominé le débat public. Depuis, une agitation, un débat aussi, se sont développés sur l'attitude à adopter à l'égard du Front national. Je serai donc amené à parler de ces deux questions.
Nous avons, je crois, bien maitrisé la question des « sans-papiers » de l'église Saint-Bernard. Le gouvernement a à la fois mal géré - ce qui est son habitude, et manipulé ce qui est souvent sa tentation -, ce dossier, selon le triptyque que j'évoquais à la Rochelle, et qui accompagne ses actes : pourrissement, brutalité, inefficacité.
Nous ne devions pas nous dérober aux questions humaines et de fond qui étaient posées par le mouvement des « sans-papiers », cristallisé à cet endroit du 18e que je connais bien : problèmes humains et de droit, mais aussi les problèmes sociaux et politiques qui accompagnent la question plus large de l'immigration et qui sont posés aux pays développés, le nôtre comme d'autres, et naturellement aussi aux pays en voie de développement.
Nous avons agi comme nous devions le faire. J'ai souhaité, nous avons souhaité être présents dans ce mouvement, sur nos propres positions : au contact local et national des « sans-papiers », sur des positions assez proches de celles du collège des médiateurs, même si nous n'étions pas forcément d'accord sur chacun des critères qu'ils avançaient : pour la régularisation ; plus éloignés, il faut bien le dire, de certaines approches légitimes qui ont vu le jour dans ce mouvement ; dans le mouvement donc, mais en restant nous-mêmes.
Régularisations pour certains, pas de régularisation pour tous.
Nous avons essayé d'opérer la distinction entre les étrangers en situation régulière en France en rappelant et publiquement qu'il existe une immigration régulière, (contrairement à ce que le gouvernement voudrait faire croire en évoquant comme le faisait jadis M. PASQUA l'immigration « 0 »), immigration régulière d'environ 120 000 personnes (40 000 repartant chaque année et 80 000 hommes, femmes, et enfants restants) et les « sans-papiers » ; parmi les « sans-papiers », ceux qui ont été déstabilisés juridiquement et souvent personnellement et familialement par les lois Méhaignerie-Pasqua, et ceux qui aspirent à la régularisation), qui ne veulent pas rester des clandestins mais qui, pour autant, n'ont pas été frappés par cette législation que nous condamnons et que nous voulons remplacer. Et puis enfin, les immigrés clandestins qui ne peuvent être régularisés.
Nous ne devons pas considérer que la question des « sans-papiers » est derrière nous, il peut y avoir d'autres Saint-Bernard. Nous avons appelé à la manifestation du 28 septembre. Le parti y sera donc présent sur ses mots d'ordre.
Dans toute cette action nous avons agi ensemble.
Délibérations collectives, en Bureau national, mise en œuvre cohérente des décisions par les secrétaires nationaux, expression publique harmonieuse de nos responsables : le parti socialiste a montré sa cohérence, sur ce débat extrêmement difficile pour la gauche, pour tous ceux qui ne jouent pas la démagogie à propos de ces questions, j'espère aussi avoir contribué, par mes interventions, à nous rassembler.
Ayons pourtant la lucidité de comprendre que le retour au premier plan de la question de l'immigration dans le débat politique et soyons précis, dans le débat électoral, - surtout s'il est manipulé -, ne nous serait pas forcément - l'adverbe est une litote - favorable.
Les messages adressés par l'opinion sont clairs. Je ne suis pas de ceux qui méprisent les sondages - instruments utiles d'information dans la démocratie moderne - et je suis encore moins un responsable de gauche qui prend de haut les sentiments des Français, quand ceux-ci ne rejoignent pas notre sensibilité. Le fond de peur et d'hostilité à l'égard de l'immigration subsiste, dans notre pays, y compris dans l'électorat de gauche.
Il n'est pas question de l'épouser, et d'y plier nos analyses, mais nous ne devons pas non plus le nier - y compris certaines réalités de l'immigration vécues négativement - : nous devons comprendre cet état d'esprit pour le faire changer.
Je suis convaincu qu'il faut dire la vérité en matière d'immigration pour poser les termes d'une approche saine de cette question et apporter des solutions. Mais je ne crois pas une seconde qu'il suffira de dire la réalité des chiffres et de réaffirmer nos valeurs pour faire basculer l'opinion dans un sens positif.
Il nous faudra partir des faits, dire les faits, mais aussi fixer des normes claires : « ceci est possible, ceci ne l'est pas ; ceux-là peuvent entrer, ceux-là ne le peuvent pas ; ceux-ci peuvent rester et ceux-là ne le peuvent pas. »
La législation, notamment les lois Méhaignerie-Pasqua, sera changée et remplacée et nous le ferons sur tel ou tel point, pour dire et faire telle et telle chose. Il faudra, nous le savons bien, mener des politiques fortes dans le domaine économique, social, urbain, éducatif, de la justice, pour espérer amorcer des solutions.
Cette élaboration de nos positions sur la question de l'immigration, nous devons la poursuivre ensemble et là encore de façon maîtrisée.
Je ne veux pas que nous cédions - pas de notre fait, mais je vois bien certains commentaires ou certaines grilles d'analyses extérieures - à l'opposition factice des angéliques et des cyniques, suivant une double caricature dans laquelle, personnellement, je n'enferme aucun d'entre nous.
Je veux que notre position soit fondée à la fois et sur l'éthique, et sur le réalisme, qu'elle soit inspirée par des valeurs démocratiques - précisons même de la République - et en même temps qu'elle soit comprise par les Français.
C'est le mandat que j'ai fixé à la Commission « immigration ». Ce mandat est fait pour rassembler les socialistes et non pour les polariser sur des visions opposées qui n'ont pas de raison d'être !
De toute façon, un groupe de travail politique émanent de la direction du parti se saisira de cette question à l'issue des travaux de la Commission.
Quant à ceux, à l'extérieur, pas dans nos rangs pour être clair, chez les observateurs, pour être plus vague, qui croient qu'on peut affronter ces problèmes et ceux connexes de l'extrême-droite, en étant maximalistes dans les exigences sur le plan sociétal, et minimalistes dans les exigences sur le terrain de la politique économique et sociale ; qu'on peut être sur la ligne de Krivine, pour faire vite, sur l'immigration, et sur celle de Balladur, pour faire vite, sur celle de l'économie, qu'ils mesurent la responsabilité qui est la leur dans la confrontation engagée y compris avec l'extrême-droite, sur ces sujets très sérieux dans la société française.
Je suis convaincu qu'on peut trouver, sur ces questions de l'immigration, un langage et des propositions qui tiennent la route. Travaillons-y ensemble ! Traitons également fermement et calmement la question du Front national.
La déclaration de Le Pen, sur sa « croyance à l'inégalité des races » est l'aveu explicite d'une conviction, qui ne doit tout de même pas nous surprendre de la part de ce leader d'extrême-droite.
Je l'ai dit, c'est ma conviction, le combat contre l'extrémisme de droite doit être avant tout politique et secondairement judiciaire.
Sur le plan judiciaire, il peut être utile de préciser les termes de la législation existante pour que des actes, voire des déclarations ouvertement racistes, les dérobades soient moins aisées et les pénalités plus certaines et plus lourdes.
Pourquoi ne pas envisager, en outre, en cas de condamnation, des inégibilités et des pénalisations financières ?
Pourquoi les groupes qui en bafouent insolemment les principes devraient-ils vivre des fonds de la République ?
C'est dans ce sens-là qu'a conclu le Bureau national débattant à chaud de ce problème, alors que j'étais à New York avec une délégation pour le Congrès de l'international socialiste qui a vu la réélection de Pierre Mauroy.
Il est exclu d'espérer des juridictions françaises et notamment du juge administratif compétent en l'espèce, qu'elles n'annulent pas une décision du pouvoir politique interdisant un parti en France au prétexte que son premier responsable déclare croire à « l'inégalité des races ».
Imaginez-vous les conséquences politiques d'une telle annulation ?
L'extrême-droite d'aujourd'hui partage avec celle d'hier des héritages et des thèmes - nous les retrouvons tous - : l'hostilité à l'égard des étrangers, la critique de la démocratie, l'opposition aux valeurs de la République, la manipulation des valeurs traditionnelles (qu'elle pratique d'ailleurs fort peu), le nationalisme etc.
À l'antisémitisme que les ligues maniaient déjà hier, le Front national ajoute aujourd'hui un thème moderne, qu'il croit mobilisateur : celui de la xénophobie anti-immigrée.
Mais l'extrême-droite aujourd'hui n'utilise pas la violence dans la rue.
Combien mon père, militant de 36, à la fois intellectuel et dans le service d'ordre de la SFIO - parce qu'il était costaud et se battait contre les Doriotistes, les Croix de Feu, pour protéger les meetings politiques ou syndicaux m'a raconté de ces batailles sur le terrain où il fallait disputer la possibilité même de s'exprimer physiquement dans la rue, où la violence était présente, où l'insurrection a été conduite, même si elle s'est révélée fragile et amateurisme.
La situation par rapport aux années 30 est donc différente. L'extrême-droite d'aujourd'hui, n'utilise pas la violence dans la rue. Si ce devait être le cas, je serai le plus déterminé d'entre nous à demander (dans l'opposition), à affirmer (au pouvoir) la force de la loi, c'est-à-dire la loi et la force, la répression fondée sur le droit.
Ce n'est pas la situation d'aujourd'hui et nous verrons ce que sera demain. En attendant, combattons les idées. J'ai écrit « les idées »... J'ai mis des guillemets tant ses thèmes s'apparentent à la manipulation, à des fantasmes.
D'abord, le racisme.
Quelques grands scientifiques - pas assez nombreux à mon avis, et j'ai été heureux d'y voir Claude Allègre - se sont clairement exprimés sur ce point, s'il fallait encore le faire, mais n'oublions pas que cette pensée ou cette réalité scientifique n'étaient pas établies au 19e siècle, et certains s'ils le voulaient, pourraient aisément en trouver la trace dans la pensée du 19e siècle, y compris dans nos rangs ou chez les progressistes et les rationalistes. La science a effectivement progressé, quelques événements massifs se sont produits, comme par exemple la décolonisation ou la barbarie nazie.
Restons un instant sur le terrain scientifique où la fragilité du concept de races est démontrée. Il y a un patrimoine génétique commun à l'ensemble de l'humanité et il y a une singularité génétique de chaque individu qui est différent des autres.
Il n'y a pas en revanche de caractère génétique commun à des groupes raciaux qui se transmettrait collectivement à ces caractères.
Le Pen, comme toujours, c'est sa méthode, procède par amalgame. Il part du sens commun pour tenir un discours qui, lui, est insensé. Il part de la diversité des types humains, qui est évidente, pour conclure à l'inégalité - évidente, dit-il, à chaque fois - des races.
L'inégalité, il faut être clair, suppose des races supérieures et des races inférieures. C'est là le racisme et c'est là le mensonge.
Il faut rappeler aux Français, y compris aux électeurs du Front national, que c'est au nom de ces théories sur l'inégalité des races, - c'est-à-dire l'idée qu'il existe des races supérieures et des races inférieures, sans les mêmes droits -, qu'ont été perpétrés les crimes contre l'humanité et qu'a flambé l'horreur nazie.
Il faut traquer les fausses évidences et démasquer Le Pen pour ce qu'il est : un raciste, un antisémite, un adversaire de la République - à l'héritage de laquelle il ne se réfère d'ailleurs jamais.
Il faut dire qu'il est un danger pour le pays et il faut le combattre par la pédagogie politique et ne lui céder aucun pouce de terrain.
Un groupe de travail a été constitué cette semaine par le Bureau national sur l'extrême-droite française, fondé sur l'analyse, la compréhension et sur des propositions pour le combattre ; de même nous rencontrerons jeudi prochain le PC, le MDC et les Verts, au siège du Parti radical socialiste qui m'en a fait la proposition au lendemain de notre Bureau national, pour réfléchir à des initiatives de la gauche sur ce terrain. Je m'y rendrai bien sûr avec une très courte délégation.
Enfin, aussi nécessaire que cette bataille d'idées, il y a la vigilance sur le plan du droit. Il y a la nécessité de préparer - et si nous gagnons - de mettre en œuvre une nouvelle politique économique et sociale susceptible de faire reculer le chômage et la désespérance, de proposer aux français un projet d'avenir lisible et leur redonnant confiance.
Notre prochaine convention doit en poser les premiers jalons.
Je reviens à la question centrale : la crise française, l'échec gouvernemental, la nécessité d'une alternative.
Il est sans doute peu nécessaire de parler longuement de l'échec gouvernemental tant il est éclatant : la réduction du déficit budgétaire ? On annonçait 40 milliards. Elle sera de 10... et avec des trucages, en prenant dans la poche de tel ou tel organisme ou de telle ou telle entreprise.
On prétendait maîtriser les comptes sociaux. La dérive de la sécurité sociale sera au minimum de 55 milliards, alors qu'on nous annonçait ou qu'on nous proposait 17 milliards.
Échec encore plus patent naturellement au regard des promesses passées : celles de la campagne présidentielle, à savoir relancer l'économie pour réduire la fracture sociale, etc.
Le gouvernement en est pratiquement, le même jour, à proposer de rogner sur le RMI et à adoucir le délit d'abus de bien social. Échec du gouvernement dans l'esprit de l'opinion qui n'a pas confiance dans l'action du pouvoir et qui l'a marqué très clairement à propos des baisses d'impôts.
Ce manque de confiance de l'opinion est d'ailleurs si net que SARDOU a changé de position et que le club « Phares et Balises » s'en est dissous...
En tout cas ce pouvoir qui a tous les pouvoirs semble aujourd'hui comme pétrifié.
Le président est quasi silencieux, sauf quand il s'agit de cajoler les patrons qu'il admonestait hier, et ce, à deux reprises. Il ne donne aucune impulsion ni en Europe où la voix de la France ne s'entend plus et où cela serait pourtant nécessaire, ni face aux américains puisqu'on réintègre progressivement et sans compensation l'OTAN, ni bien sûr au plan intérieur.
Le gouvernement poursuit son chemin de façon quasi mécanique. Il va vers l'impasse sans soutien véritable des siens.
La majorité est de plus en plus émiettée. Les discours sont contradictoires et se multiplient. Les conseils en forme d'avertissements pleuvent.
Monsieur Madelin et monsieur Pasqua se rencontrent pour dire qu'ils n'ont rien en commun et monsieur Seguin, le président de l'Assemblée nationale, approuve les positions sur l'Europe de notre président de groupe à l'Assemblée, Laurent Fabius qui s'était exprimé sur ce sujet dans l'esprit de notre Convention sur la mondialisation et l'Europe entrant en contradiction avec le président de la République et le gouvernement.
Pas étonnant dans ce contexte que des bruits circulent sur des réformes de mode de scrutin qui pourraient s'avérer utiles.
Je voudrais dire qu'à ma connaissance, nous n'en savons pas plus que ce que nous avons lu et qu'aucun contact n'a été pris avec nous sur ce sujet.
Je voudrais dire aussi que je ne crois utile que nous prenions des initiatives dans ce domaine, si vous en êtes d'accord.
Les Français ont d'autres préoccupations en tête.
Mais sachez que nous nous tenons prêts techniquement si des projets venaient à voir le jour.
Sur le scrutin législatif, notre position est claire ; elle vient d'être votée à l'unanimité pratiquement par nos militants lors de la Convention « Acteurs de la démocratie ».
Elle est donc la loi du parti.
Si nous acceptons l'idée de l'ajout d'une liste de députés, de quelques dizaines de sièges élus à la proportionnelle, nous combattrons becs et ongles une réforme qui distinguerait les petits départements, ou les départements peu peuplés, et les départements peuplés.
Revenons aux Français. J'ai comme l'impression que les Français s'interrogent. Ils sont insatisfaits, pour certains, déçus et pour beaucoup, inquiets.
Il y a déjà tous ceux qui combattent contre les licenciements, les restructurations, les fermetures d'usines, contre la baisse de leurs revenus, comme les éleveurs, contre le bouleversement et la menace de leurs conditions de vie et de fonctionnement professionnel, comme les ambulanciers.
Il faut que nous soyons aux côtés de tous ceux qui sont engagés dans ces actions. J'étais à Dijon jeudi avec les élus de Côte d'Or et notre camarade Pierre Moscovici, en solidarité avec les salariés de la BAP et aussi avec ceux de l'Épée de Montbéliard, tous engagés dans un combat très dur depuis des mois, ils ont noué des liens de solidarité entre eux. J'ai salué cette militante cégétiste, Noëlle Grimme. Il faut donc que nous soyons aux côtés de ceux qui se mobilisent, en restant à notre place d'élus et de militants politiques mais en jouant pleinement notre rôle. J'ai noté d'ailleurs que ce gouvernement pratiquait décidément la même méthode, qu'il s'agisse des sans papiers ou des salariés, qu'il s'agisse d'usine ou d'église. Quand une porte le gêne, c'est toujours à la hache qu'il l'enfonce.
Les Français s'interrogent. La question est de savoir s'ils vont se tourner vers nous, pas seulement pour sanctionner le gouvernement (comme ils l'on fait pendant une première période par les élections partielles, notamment les élections législatives) mais pour changer le gouvernement en 1998, puisque les élections législatives leur en fourniront l'occasion.
À mon sens, et je crois que les résultats des cantonales dont parlait Daniel VAILLANT le montrent, cette question n'est pas tranchée dans leur esprit. Ils se la posent.
Si la résignation l'emporte, cela servira le gouvernement. Si la rancœur domine, cela peut nourrir l'extrémisme de droite. Si la volonté de ne pas accepter ce qui se passe et de changer la situation s'impose, alors oui, les Français se tourneront vers nous. Mais ils ont besoin de savoir ce qu'ils peuvent attendre de nous. C'est à cette attente que nous devons répondre par nos propositions comme par notre comportement dans la lutte politique. D'où notre travail de réflexion, nos réponses quotidiennes aux projets et aux erreurs du pouvoir, ce souci de maitriser notre action et notre réflexion collective que j'exprime, vous le savez, en permanence.