Texte intégral
Samedi 22 juin 1996 - Conseil national de l’UDF, à Issy-les-Moulineaux
Dans le climat de l’UDF, quelque chose a profondément changé
Il y a au moins une chose dont nous aurons la certitude en sortant de cette salle, c’est que dans le climat de l'UDF quelque chose a profondément changé. La spontanéité du débat, la vérité du propos que nous appelions de nos vœux dès notre première réunion dans la nouvelle étape que l'UDF a choisi de franchir, sont des réalités. La liberté de parole entre ceux qui sont provisoirement sur la tribune et ceux qui sont provisoirement dans la salle est un fait avéré. Il me semble juste que nous reconnaissions ainsi que nous avons rempli l'objectif que nous nous étions fixé.
Un proverbe du pays basque - le pays qu'Alain Lamassoure et moi aimons - dit qu'une des plus grandes réussites que puisse rencontrer l'action humaine c'est « itsa its » : ce que l'on promet, on le fait. Les choses promises sont faites. Aujourd'hui nous montrons que l'étape que nous avions promise lors du congrès de Lyon est réalisée dès notre première rencontre : les statuts nouveaux sont en place, ainsi qu'un climat nouveau. La promesse est tenue. Maintenant il nous reste à justifier la promesse : c’est-à-dire, au-delà du changement de climat, au-delà du changement de fonctionnement démocratique, à donner tout son sens à notre engagement, à expliquer la signification que nous proposons à l'action collective et à l'évolution des sociétés dans lesquelles nous nous engageons. Il s'agit d'expliquer non seulement la nature du projet - Quelles actions, quelles mesures, quelles décisions - mais aussi ses raisons : pourquoi sommes-nous là ? Où proposons-nous d'aller ? Quel est l'horizon que nous dessinons au bout de notre chemin ? C'est à cela que l'on nous jugera.
L’action politique sert à quelque chose
Peut-être êtes-vous comme moi frappé de voir que la désillusion à l'égard du politique a évolué. Il y a eu un temps où le politique était ignoré, renié et moqué parce qu'on avait le sentiment que les politiques étaient totalement infidèles à ce qu'ils disaient. Aujourd'hui, la question posée à propos des politiques est de savoir s'ils sont utiles et vers où ils vont. C'est une véritable et profonde question. Si on interrogeait ceux qui, dans la tribune et dans la salle ont exercé des responsabilités, si on essayait de répondre avec eux à la question de savoir si leur action - ces jours, ces nuits, ces semaines et ces années arrachées à des satisfactions plus privées pour être données à l'action publique - a vraiment changé quelque chose, peut-être lirait-on alors dans les yeux de ceux qui sont là un certain nombre de points d'interrogation.
Il me semble que c'est là la réponse à la première question posée à l'UDF. Il me semble que notre réponse ne peut être que celle-là : nous croyons - c'est un acte de foi en même temps qu'une analyse - que l'action politique sert à quelque chose. Nous sommes dans la vie politique française ceux qui croient que l'action politique est utile. Non pas en tant que serviteurs de lobbies ou d'idéologies, mais comme ceux qui imaginent que les femmes et les hommes peuvent prendre leur destin en main. Si on nous demande des exemples, il suffit de se référer à telle ou telle grande action nationale et internationale.
Les hommes qui, au lendemain de la guerre, ont décidé de rejeter dans le passé l'épouvantable aventure qui avait donné lieu à la seconde guerre mondiale, de cicatriser la plaie avant même qu'elle ait fini de saigner, ceux-là ont changé quelque chose. Schumann, Adenauer, de Gasperie ont été des visionnaires et leur vision a été utile. De la même manière, lorsque le chancelier Kohl a décidé - sous nos yeux, quelque fois pour beaucoup d'entre nous avec beaucoup d'émotion et stupéfaction - de forcer le destin et faire en sorte que l'Allemagne ne soit plus après lui ce qu'elle était auparavant, quitte à agir même de façon déraisonnable, il a montré que l'action politique était utile.
Dans notre action de tous les jours, le vote des lois de décentralisation, le choix politique qui a été fait de transmettre du pouvoir à la base - je le reconnais d'autant plus facilement que ce n'est pas notre vote et que ce ne sont ni notre majorité, ni nos gouvernements - a changé effectivement quelque chose dans la société française et dans la démocratie française. Il faut continuer. Nous ne sommes pas au bout. Cela a été un choix utile.
On pourrait égrener dans l'action locale bien davantage que dans la grande action nationale et internationale. Lorsque René Monory a fait le choix, insensé aux yeux des raisonnables, de créer le Futuroscope, il n'y a pas une étude de marché, pas une étude de risque, pas un élu local qui aurait donné raison à cette incroyable audace qui consistait à concentrer toute la capacité d'action du petit département de la Vienne pour créer un parc d'attraction consacré à la communication et au futur. Il a eu raison. Il a montré que l'action politique servait à quelque chose.
Contre tous les scepticismes, telle est notre première affirmation : l'action politique est une action utile et généreuse qui mérite d'être défendue.
La réforme est possible : c’est une question de méthode
Deuxième question, celle autour de laquelle nous avons tourné tous ensemble au cours du débat : est-ce que la réforme est possible dans la société française ?
Permettez au ministre de l'éducation nationale, c'est-à-dire à celui qui a en charge un secteur où non seulement la réforme mais l'évolution est parfois réputée impossible, d'essayer de donner sur ce point deux ou trois éléments de réflexion.
Ma conviction - je crois que ce peut être la conviction de l'UDF - est que la réforme est possible dans la société française, et même éminemment possible, mais à une condition : que l'on comprenne que la méthode de la réforme d'aujourd'hui ne peut plus être la méthode de la réforme d'hier. C'est une question de méthode. Le chemin de l'UDF, plus largement le chemin du Centre en France, c'est par cela qu'il se caractérisera. C'est à cela qu'il sera jugé. La méthode d'hier était celle de la délégation de pouvoir. On sent bien, en écoutant les uns et les autres, qu'il y a des nostalgiques de cette époque. C'était le temps où le peuple, acceptant de constater son incompétence, choisissait de faire des chèques en blanc à des élus réputés compétents et d'attendre qu'ils agissent à sa place.
Jean Lecanuet disait : « La France est une république et n'est pas une démocratie parce que toute l’action du peuple consiste à choisir celui qu'on va hisser sur le pavois, hisser sur les épaules et après on se tourne vers lui et on lui dit : tu as voulu y être, et bien maintenant occupe-toi de tout. » C'était la méthode d'hier.
Or il s'est passé trois événements capitaux que je voudrais vous remettre en mémoire. Premier élément capital : l'élévation du niveau de formation de la Nation. En une génération nous sommes passés du savoir rare au savoir abondant. En une génération, ce qui était la propriété, le privilège de quelques-uns est devenu l'apanage de tous ou de presque tous. La quasi-totalité d'une classe d'âge est désormais scolarisée dans l'enseignement secondaire et la majorité d'une classe d'âge, en quelques années, est entrée dans l'enseignement supérieur. Si nous croyons que cela ne changera rien à la société dans laquelle nous vivons, nous nous trompons complètement.
Deuxième élément : l'élévation du niveau d'information. Nous avons connu le temps où le crépitement des téléscripteurs d'agences s'adressait uniquement aux journalistes. Ils étaient les seuls - hormis quelques cabinets ministériels et quelques partis politiques fortunés, la fortune se discutait moins à cette époque qu'elle ne se discute aujourd'hui, à posséder ces privilèges incroyables : avoir sous les yeux la représentation immédiate de l'évolution de la réalité. Aujourd'hui, tout le monde écoute France Infos et tous les élus qui sont dans la salle vérifient tous les jours que leurs électeurs non seulement en savent autant qu'eux, mais souvent en savent plus. Ils ont l'information immédiate. C'est le deuxième événement. Si nous croyons que le temps de l'information abondante est le même que celui de l'information rare, nous nous trompons considérablement.
Troisième élément : les peuples ont fait la même expérience que nous, ils ont vécu la crise, les crises successives. Ils ont vu les responsables politiques pavoiser sur les estrades à chaque élection en disant : « Mesdames et Messieurs votez pour moi et nous passerons en un jour de l'ombre à la lumière. C'est la faute des autres, des prédécesseurs. C'est l'héritage. Mais vous allez voir combien une politique bien conçue et bien pensée en peu de jours va changer le cours des choses ». Souvenez-vous : Monsieur Mitterrand disait - ce n'est pas pour porter atteinte à sa mémoire - « je créerai un million d'emplois la première année. » Les électeurs ont vérifié comme nous que l'alternance ne suffisait pas et que la capacité d'action des politiques en face de la dure réalité était singulièrement limitée.
Je crois que la loi qui gouvernera la réforme à l'avenir est celle-ci : on ne peut plus faire la réforme à la place des gens ; on ne peut plus faire la réforme sans les gens et on ne peut pas faire la réforme contre les gens.
C'est pourquoi il me semble que la tentative que nous avons faite de répondre aux problèmes de l'université française, avec tous les acteurs de l'université - comme bien d'autres réformes que nos ministres entreprennent et portent - est un premier pas sur le chemin de la réforme nouvelle. Nous allons tâtonner, hésiter. Mais il y a là pour justifier l'utilité de la fonction politique, la nécessité absolue de trouver un chemin original et nouveau pour qu'enfin nous entrions en démocratie. C'est-à-dire que, pour une fois au terme de 2 500 ans, on reconnaisse au peuple des citoyens la capacité de participer avec ses gouvernants à la définition du chemin qu'il convient de suivre. C'est une révolution que d'arracher le pouvoir aux experts pour essayer de le confier à l'expérience.
Nous n'avons pas commencé, ou à peine à opérer le changement d'attitude que cela impose ; c'est à dire la générosité, l'attention, la compréhension que nous devons avoir à l'égard de nos concitoyens et de nos concitoyennes. Reconnaître à l'électeur de base une responsabilité nouvelle, c'est reconnaître la même responsabilité à l'électrice, aux hommes et aux femmes, à tous ceux qui font la vie de la société et que jusqu'à maintenant nous considérions comme des signataires de chèques en blanc. Plus personne ne signera de chèque en blanc.
Je crois que c'est la mission de l'UDF, son devoir et sa seule identité que de faire ce chemin-là. Nous sommes l'Union vers la démocratie française. Le président de Force démocrate ne peut pas dire autre chose. Le mot de démocratie va faire irruption sur la scène politique parce que c'est la réalité démocratique qui va y faire irruption.
Donner tout son sens à notre engagement
Troisième considération : nous avons à inventer un sens au chemin que suit la société et dont on a l’'impression qu'elle le suit malgré elle. C'est malgré eux que les hommes parviennent à un certain nombre de réalités qu'ils découvrent jour après jour.
Je veux reprendre un débat quelque peu passionné que nous avons eu au moment du congrès de Lyon afin de mieux expliquer ce que je voulais dire ce jour-là. Le marché, le libéralisme, nous le savons, formant désormais le cadre de la vie des sociétés dans lesquelles nous allons vivre.
Personne dans le monde ne peut nier que - Pierre Méhaignerie l'a dit à très juste titre - ce sont les sociétés de liberté qui sont les sociétés les plus créatrices de richesse ; que tout autre cheminement a échoué et que d'autre part la mondialisation est le cadre dans lequel nous allons vivre.
Mais si vous interrogez nos concitoyens, des observateurs et les experts, vous retirerez une impression accablante : on dirait que toutes les décisions du marché, tous les arbitrages du marché se font, dans les temps que nous vivons, contre une certaine cohésion sociale. Les 2 500 licenciés sans discussion préalable que nous avons découverts ces jours-ci dans une grande entreprise française, ne diront pas le contraire. Ce n'est naturellement que la partie émergée de l'iceberg. Les 40 000 licenciés d'AT&T vont dire la même chose.
Notre mission me semble être celle-ci : nous savons - et nous nous en convainquons avec lucidité et courage - que le marché est désormais le cadre dans lequel nous allons vivre. Nous savons que l'État-providence ne peut naturellement plus espérer combler tous ces vides et tous ces manques. Sachant cela, à quel ressort allons-nous faire appel pour réussir à faire renaître et à retisser dans l'avenir le tissu social dont les hommes ont besoin pour s'enraciner et pour vivre ?
LA MISSION DE L'UDF
À quelle solidarité, à quel esprit civique allons-nous faire appel ? Auprès de quel moteur civique, de quelle générosité allons-nous pouvoir rechercher une réponse ? C'est là que se situe la mission de l'UDF. Je suis persuadé qu'il y a là un ferment de réconciliation formidable entre ceux qui croient au marché et ceux qui croient à la société, les uns et les autres sachant qu'ils devront travailler ensemble.
Mais si nous ne sommes pas capables d'articuler le début du commencement de cette réponse, il y aura, j'en suis persuadé, d'autres folies qui commenceront à croître. Les gens n'accepteront pas, en effet, une logique implacable qu'ils ne comprennent pas et qui leur paraît ruiner ce qu'il y a de plus cher dans leur vie. Ils ne laisseront pas une espèce de Moloch, à leur place et contre eux, décider de leur affection, de leur tendresse, de leur générosité, de leur fierté, de leur identité. Ils ne laisseront pas faire.
C'est à nous à l'UDF, parce que nous rassemblons les libéraux et les sociaux, d'apporter cette réponse. C'est donc un très important travail que va accomplir la commission du projet de l'UDF. Ce doit être l'alpha et l'oméga de notre plan pour les mois qui viennent.
Il me semble que nous avons des débuts de réponse. Il y en a en tout cas trois dont je suis certain : cela ne se fera pas sans éducation, cela ne se fera pas sans responsabilité locale et cela ne se fera pas, étant donné l'importance mondiale et la puissance des marchés, sans que l'Europe se construise, parce que c'est la seule dimension utile, la seule masse critique dont nous puissions disposer. Ceci justifie, plus que cela ne l'a jamais été, l'engagement qui est le nôtre. C'est lui qui donne de l'espoir à ceux qui ont mis leur confiance dans notre famille politique. C'est entre nos mains que repose la capacité de répondre à des questions qui vont obséder la société française dans les années qui viennent.
Probablement, si nous savons conduire cette réflexion et mener cette action, nous aurons trouvé la meilleure réponse à toutes les escroqueries, à toutes les dérisions, à toutes les folies, à tous les extrémismes, à tous les fanatismes qui sont en train d'empoisonner la société française comme ils empoisonnent les sociétés développées dans le monde. Si nous savons montrer que s'engager sert à quelque chose, alors il n'y aura plus de menace extrémiste.
C'est dans notre mouvement, dans notre capacité d'agir, dans notre dynamisme et dans notre générosité que la réponse se trouve. C'est un bien beau programme pour l'avenir de l'UDF.
Le Journal du Dimanche - 1er septembre 1996
Le Journal du Dimanche : Avez-vous peur de la rentrée scolaire ?
François Bayrou : Non. La rentrée, c’est un moment heureux de l’année. Il faut le vivre comme tel. Il est vrai que le contexte social et économique est difficile. Mais l’école est en mouvement. Tout notre effort vise à lui rendre la simplicité de ses missions et les moyens de les remplir. Tous les acteurs de l’éducation nationale ressentent, je le crois, que l’idéal est le même entre ceux qui font l’école du terrain – enseignants, parents, élèves – et ceux qui ont la responsabilité difficile de la diriger. Bien sûr, il peut y avoir des conflits ou des moments de tension. Mais ils ne porteront pas sur l’essentiel, l’idée qu’on se fait de l’école ou de l’université et l’idéal qu’on leur propose. Je crois donc qu’ils seront maîtrisés.
Le Journal du Dimanche : N’avez-vous pas le sentiment d’être assis sur une poudrière ?
François Bayrou : Si on a le mal de mer, il ne faut pas se faire marin ! Si on aime d’abord sa tranquillité, il ne faut pas être ministre de l’éducation. C’est un ministère disons « sportif ». Mais il se trouve qu’il est crucial pour l’avenir et passionnant, vivant, généreux. C’est vrai qu’il a l’habitude des explosions répétées. Mais je crois qu’une partie de ces explosions provient des blocages anciens, de l’absence de discussions ou du sentiment que l’on n’est pas respecté. Quand les gens ne peuvent pas s’exprimer, il y a des explosions. J’ai essayé de changer cela. Je crois qu’on a beaucoup progressé. Je ne suis pas en train de vous dire que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. C’est forcément difficile. Mais nous avons trouvé des chemins pour que les choses bougent et que ce changement en profondeur, au lieu de diviser, rassemble et réconcilie.
Le Journal du Dimanche : Ne faudrait-il pas un grand souffle pour emporter la réforme au lieu de la politique des petits pas que vous semblez conduire ?
François Bayrou : Au service d’un grand projet, je ne crois pas à la brutalité. Je crois au mouvement continu, en profondeur, poursuivi sur une longue période, qui respecte et associe tous les acteurs. C’est la seule méthode pour sortir du cercle vicieux auquel semblait condamnée la politique d’éducation en France : immobilisme, annonce de grande réforme, crise, manifestations, retrait de la réforme, retour à l’immobilisme.
Le Journal du Dimanche : Quel est donc votre « grand projet » ?
François Bayrou : Le Président de la République a exprimé avec force le besoin d’éducation qui est celui du siècle qui vient. Il faut d’abord réconcilier l’école avec ses missions fondamentales : l’écrit, son apprentissage et sa maîtrise, dans un monde où la télévision occupe une place dominante, la langue française, les méthodes de travail, le bagage culturel, scientifique et humaniste, l’éducation du citoyen.
Il faut ensuite que l’école assume l’avenir : l’avenir professionnel, la formation professionnelle, l’orientation. Les armes pour découvrir le monde, les langues vivantes, les technologies nouvelles. L’avenir, ce sont aussi les nouveaux rythmes scolaires, la place du corps et de la sensibilité dans le temps scolaire.
Si nous réussissons sur ces deux points, le fondamental et l’avenir, l’école française peut, à bref délai, devenir la meilleure du monde. Car nous avons la chance d’avoir une tradition de l’école et un corps enseignant de très grande qualité et d’un très grand engagement. En France, on dit souvent du mal des enseignants. Il faut au contraire les défendre : une partie de la réussite de l’école passe par l’image que les familles se font des enseignants.
Le Journal du Dimanche : Avez-vous vraiment envie d’être le grand réformateur de l’école ?
François Bayrou : C’est une idée dérisoire de croire qu’un ministre peut tout changer comme s’il avait une baguette magique. En revanche, il arrive qu’à force de persévérance et de volonté, on puisse, dans ces fonctions, réconcilier, rassembler les gens les plus différents, préparer et proposer un nouvel équilibre. C'est cela qui vaut la peine.
Le Journal du Dimanche : Qu'est-ce qui va changer pour les enfants mardi ?
François Bayrou : À l'école primaire, les programmes. Ils ont été simplifiés et recentrés, rendus plus accessibles. Par exemple, en histoire, au lieu de grands sujets abstraits, nous avons construit le programme autour des grandes figures historiques : Jeanne d'Arc, Saint Louis, Louis XI...
Le Journal du Dimanche : … Votre cher Henri IV ?
François Bayrou : Oui, Henri IV et puis Louis XIV, les révolutionnaires, Napoléon, Jules Ferry, Charles de Gaulle. Ainsi l'histoire n'est plus anonyme, elle parle. De la même manière, en français, nous retrouvons les notions grammaticales de base, avec les noms simples, sujet, verbe, complément, propositions, qui organisent la syntaxe pour la vie. L'accent est mis sur l'écriture et sur l'orthographe : cela aussi est pour la vie. Même chose en mathématiques, où arithmétique et calcul sont mis en valeur. Et puis l'école s'ouvre. Au cours élémentaire, un quart d’heure de langues vivantes par jour avec une méthode audiovisuelle. Nous sommes le premier pays du monde à le faire. Enfin, dans un certain nombre d'écoles, l'expérience des nouveaux rythmes, qui sera encore élargie à la rentrée prochaine.
Le Journal du Dimanche : Il y a aussi un peu d'histoire des religions au collège et au lycée.
François Bayrou : Cela constitue un chapitre dans le programme d'histoire, ce n'est pas une discipline. La question sera posée un jour. Mais d'une façon prudente et consensuelle. Dans des périodes d'intégrisme, il faut traiter ces sujets avec beaucoup de responsabilités.
Le Journal du Dimanche : Le 24 septembre vous allez connaître votre première grève pour l’année 1996-1997. Les enseignants se plaignent que votre projet se traduise par une suppression de postes.
François Bayrou : Depuis que je suis ministre, je n'ai jamais cessé de faire baisser la moyenne des élèves par classe. Ce mouvement, je le continuerai. Mais personne ne peut ignorer que, chaque année, nous avons 50 000 élèves de moins à l'école primaire ! En revanche chaque fois que les moyens supplémentaires seront justifiés, comme à l'université, on mettra le paquet. Dans quelques jours pour la rentrée universitaire, il y aura 4 000 postes de plus ! Et l'an prochain je compte bien en créer 3 000 encore. Pour le même nombre d'étudiants, il y aura 7 000 postes de plus en deux ans ! Qui peut en dire autant ?
Le Journal du Dimanche : L’université de Jussieu ouvrira-t-elle ses portes ?
François Bayrou : La présence d'amiante dans les plafonds à Jussieu était une menace que nous ne pouvions pas accepter plus longtemps. Nous avons pris les mesures d'urgence pour que les étudiants, les chercheurs, les personnels ne soient plus soumis à ce risque. En quelques mois, nous allons isoler tous les plafonds. Viendra ensuite, dans les délais les plus rapides, le désamiantage complet de Jussieu qui sera conduit avec la participation et l'information de tous.
Le Journal du Dimanche : On a eu l'impression que les déclarations de Jacques Chirac sur Jussieu le 14 juillet vous avaient surpris.
François Bayrou : Le Président donne les grandes orientations et moi je les applique. Croyez-moi, cela aide beaucoup. Si j'avais dû attendre l'adhésion spontanée de la direction du budget au désamiantage immédiat de Jussieu, j'aurais pu attendre longtemps...
Le Journal du Dimanche : Président de Force démocrate, que pensez-vous des dangers qui guettent cette rentrée sociale, économique et politique ?
François Bayrou : Il y a l'inquiétude. Elle est réelle. Mais il y a aussi les bonnes nouvelles, à commencer par les chiffres du chômage ce mois-ci. On les annonçait catastrophiques et voilà que le chômage recule de 20 000 ! Si l'effort commence à porter ses fruits, il paraîtra moins lourd.
Au-delà du mécontentement, il me semble discerner dans l'opinion publique un certain respect pour l'action entreprise et maintenue avec persévérance. Quand les gouvernements sont respectés, c'est un grand pas vers le soutien.
Dimanche 8 septembre 1996 - Université d’été de l’UDF, La Baule
Je voudrais dire à quel point, pour ceux qui en ont été les acteurs ou les observateurs, cette première Université d'été de l'UDF aura été un moment heureux. Il suffit de dire cela pour marquer le contraste entre le climat que nous avons rencontré ici, qui s'est créé et noué entre vous, et le sentiment général qui est aujourd’hui souvent prêté à la politique française, à l'esprit civique français.
Ce moment heureux est une bonne nouvelle pour l'UDF Je dois le dire avec quelque fierté : pour François Léotard et pour moi, c'est la preuve que le contrat de Lyon est rempli. Nous étions tous deux venus devant l'UDF proposer une manière nouvelle de vivre ensemble, avec la certitude, mais c'était encore une intuition, qu'elle allait changer la réalité même de l'UDF.
La proposition de contrat de Lyon était toute simple : soyez bien dans votre peau et vous serez bien ensemble. Venez chacun avec ce que vous êtes, vous qui considérez qu'il n'y a pas de différences à l'UDF et vous qui pensez au contraire être porteurs d'une sensibilité originale. Il suffira que vous soyez bien pour que tout d'un coup l'alchimie se réalise et qu'entre nous se crée la force que nous cherchons et dont la politique française a besoin. Votre présence par milliers et cette espèce d'ambiance de bonheur un peu jubilatoire prouvent que le contrat est rempli.
Il n'y a que cinq mois que nous avons fait cette proposition ensemble, et ce, à vrai dire, dans un scepticisme un peu général. On se fait souvent des montagnes de taupinières. Il y a chez nous une force, une capacité, une énergie, un dynamisme en projet qui pourront emporter bien des obstacles, si nous sommes capables de les maintenir, de les développer et simplement de montrer à l'extérieur la réalité de ce que nous sommes.
Ce climat, cette bonne nouvelle de l'UDF, nous les devons aussi aux organisateurs auxquels il est juste de rendre hommage. Je voudrais donc vous demander d'applaudir ceux qui ont eu la charge d'organiser l'Université d'été de l'UDF, autour de Claude Goasguen, de José Rossi et de tous ceux qui vous entourent. D'applaudir et de remercier tout particulièrement Monsieur le maire de La Baule pour la qualité exceptionnelle de l'accueil, et celle, non moins exceptionnelle, des équipements. Nous qui sommes familiers des congrès avons rarement trouvé des centres de congrès aussi remarquables, notamment par la qualité du son de cette salle. Merci Monsieur le maire, merci à tous ceux qui vous entourent.
Je voudrais remercier aussi chacun, chacune de ceux qui sont dans cette salle et qui, pendant deux jours, ont été l’ensemble l’Université de l’UDF.
Le contrat est rempli et ce contrat est une promesse. C'est le deuxième sentiment que je voudrais traduire : cette bonne nouvelle pour l'UDF est une bonne nouvelle pour la majorité.
Pas seulement parce que ce qui fait la force des uns ajoute à la force des autres. C'est là une rhétorique politique classique que je m'en voudrais de reprendre devant un public aussi averti. Mais parce que la majorité a besoin des sensibilités, de la demande d'exigence que nous représentons ensemble.
La concordance des dates a, je crois, permis de traduire, entre l'Université du RPR et la nôtre, quelque chose qui doit désormais apparaître de manière durable dans la vie politique française et que je voudrais exprimer en une formule simple : nous sommes co-responsables de l'espoir de la France. Ce qui entraîne une double conséquence : cela exige de nous d'être solidaires dans l'action et cela nous autorise à être complémentaires dans le projet.
Cette coresponsabilité de l'espoir de la France impose naturellement de se donner des disciplines, de prendre un peu sur soi. Elle exige en particulier que les deux co-responsables se voient étroitement associés dans l'action, dans le soutien, mais aussi dans la conception et la préparation des projets.
Nous sommes associés dans l'action et la conception, c'est-à-dire en aval et en amont, comme il est légitime dans une majorité qui aura trouvé son maître mot. Le maître mot de la coresponsabilité, de la solidarité, de la complémentarité, de l'association est tout simple : c'est le respect. Nous respectons nos amis et alliés du RPR. Il est légitime - Alain Juppé, j'en ai été heureux, l'a dit hier à cette tribune - que nous recevions d'eux le même respect, en aval et en amont. Si la majorité se sent désormais composée de deux familles co-responsables, si c'est le respect qui règle les relations entre elles, alors cette Université d'été de La Baule, qui aura été une bonne nouvelle pour l'UDF, aura été une très bonne nouvelle pour la majorité.
Enfin, elle nous aura permis, me semble-t-il, de commencer à préparer ce qui est au fond la seule chose intéressante. De nos analyses réciproques, de nos sentiments internes, « de nos cuisines », les Français n'ont, en effet, rien à faire. Ils ont raison de se détourner avec indifférence, et quelquefois agacement, de ce nombrilisme de la politique, dont Pierre-André Wiltzer parlait à l'instant. Mais il me semble que cette bonne nouvelle pour l'UDF, pour la majorité peut être aussi une bonne nouvelle pour la France. C'est ce que je voudrais développer très rapidement devant vous.
En cette rentrée 1996 - je m'empresse de dire au passage que la rentrée qu'on prévoyait catastrophique, y compris à l'éducation nationale, a permis de vérifier qu'en réalité les choses allaient bien et qu'il y a là une notation d'espoir et d'optimisme qui n'est peut-être pas de trop dans le climat politique français d'aujourd'hui il y a une seule question dans l'esprit de tous ceux qui nous entourent. Elle s'énonce très simplement : sommes-nous sur le bon chemin ? Une fois qu'on aura répondu à la question, il faudra parler de l'attitude de ceux qui cheminent, de ceux qui marchent sur ce chemin.
Quel est le chemin que nous avons choisi ?
Nos compatriotes en appellent sans cesse à la lisibilité de la politique. Ils ont raison. Je crois qu'en appelant à la lisibilité de la politique, ils traduisent une frustration devant les annonces successives que nous sommes contraints de faire, ne serait-ce que par la richesse de l'action : ils voudraient en discerner mieux encore - j'allais dire, comme André Santini, plus humainement, plus chaleureusement - le fil conducteur.
Je crois qu'il est très important d'essayer de faire le point sur cette question de la France : est-ce que nous sommes sur le bon chemin ?
L'action de réforme en profondeur de la société française qui a été entreprise est très originale. Je voudrais en quelques mots dire pourquoi elle ne ressemble, par la force des choses, à aucune autre et pourquoi elle nous impose des charges particulières.
Tout d'abord, cette action aborde de front tous les gisements que nous avions identifiés au travers des longs travaux des états généraux de l'opposition, des commissions de projets : tous les gisements de blocage de l'imagination, de la créativité, de la capacité ou de l'énergie françaises. Tout ce que nous avions dit qu'il fallait traiter devant la campagne présidentielle, y compris la nôtre, ou même avant 1993, tout cela est, en effet, mis à plat et les responsables s'y sont attaqués.
C'est une réforme ambitieuse. Elle a choisi de jouer en même temps sur tous les fronts, ceux qui ont été énumérés ce matin même : défense nationale, sécurité sociale, éducation, formation professionnelle, université, fiscalité, etc... Vous me permettrez d'ajouter, non pas seulement comme une déclaration d’autosatisfaction, mais comme une orientation des réactions qui doivent être les nôtres, que tous ces fronts sont à la charge des ministres UDF du gouvernement. Tous les sujets que je viens d'énoncer sont sous la responsabilité des ministres de notre famille politique et naturellement cela indique que nous avons un engagement particulier, au moins par notre sensibilité, à la responsabilité de notre réforme.
Je voudrais aller un peu plus loin. J'ai dit que la réforme était courageuse, je voudrais noter - parce qu'on l'oublie quelquefois, le nez sur l'événement - que cette réforme intervient à un moment où la société française, comme toutes les sociétés développées, traverse ce qu'on appelle une crise, qui est en réalité une mutation sans retour. Tous les cadres qui organisaient et rendaient stable la société française, tout ce qui la liait, tout ce qui la « haubanait », tous ces cadres ont été gommés, fragilisés, sont devenus diaphanes et quelquefois se sont complètement effacés. Dans les périodes d'incertitude, la réforme est naturellement plus difficile que dans les périodes où l'on se sent rassuré. La facilité c'est de ne rien faire, de ne rien changer. Le courage, c'est de conduire les mutations malgré ces angoisses et ces incertitudes.
La deuxième raison pour laquelle la réforme est particulièrement difficile et pour laquelle il faut être particulièrement courageux, et donc particulièrement solidaires, c'est que deux éléments majeurs, les deux piliers de ce qui conduisait les réformes autrefois, n'existent plus.
Les réformes d'autrefois se faisaient avec un modèle. C'était là le premier pilier. Il y avait un modèle idéologique, un « isme » quelconque ou bien une société phare à laquelle on avait envie de ressembler, même si ce n'était pas là même pour tous. Aujourd'hui, il n'existe plus de modèle ni de société phare. Les sociétés des grandes puissances - je pense à l'Amérique en particulier - apparaîtraient même plutôt, pour beaucoup d'entre nous, comme des contre-modèles.
Le deuxième pilier de la réforme, lui aussi n'existe plus, je veux parler de cet ingrédient majeur incessamment utilisé depuis le début du siècle, de cette huile qu'on mettait dans les rouages. Jadis, à chaque fois qu'il y avait une réforme à conduire et qu'on savait qu'elle serait difficile, que faisait-on ? Comme le garagiste va chercher sa burette, on allait prendre la dépense publique et on en rajoutait une petite couche pour faire oublier à ceux qui en étaient les acteurs les difficultés des changements d'attitude que la réforme rendait obligatoires. On agissait ainsi avec un modèle et avec de la dépense publique pour que les choses se passent mieux.
Or le recours à la dépense publique est désormais interdit. Contrairement à ce que j'entends dans les débats français, il ne s'agit pas aujourd'hui d'un choix français. Ce choix est celui de tous les pays du monde, quelles que soient les orientations politiques qu'ils ont adoptées.
Peut-être avez-vous été frappés comme moi par un fait sans exemple dans l'histoire politique récente de l'Europe. Deux grandes nations voisines, l'Italie et l'Espagne, ont voté en même temps. Dans ces deux grandes nations se sont deux coalitions de bord opposé qui l'ont emporté : la gauche en Italie, avec Romano Prodi, et la droite en Espagne, avec Jose Maria Aznar. Deux blocs opposés, donc normalement deux politiques contraires pour deux grands pays ayant deux cultures proches l'une de l'autre, pour toutes les raisons de la civilisation et de l'histoire. Quelle a été la première déclaration de Romano Prodi et de Jose Maria Aznar au même moment ? L'un et l'autre, celui de droite comme celui de gauche, ont annoncé que leur premier travail serait de baisser la dépense publique. Tous les pays du monde, d'un bout à l'autre des horizons de la planète, font la même analyse et conduisent le même choix.
Telle sera la loi de tous les gouvernements : celui-ci, le suivant et tous ceux qui viendront, dans une période qui s'ouvre désormais sans que nul puisse imaginer qu'elle se referme rapidement. Le recours à la dépense publique est désormais dans une large mesure interdit, en tout cas pour des dépenses supplémentaires ou non raisonnées.
Voilà, me semble-t-il, pourquoi la réforme est aujourd'hui particulièrement difficile à conduire : elle n'a pas de modèle, elle n'a pas cet ingrédient de la dépense publique qui facilite les choses. Pour nous, ceci explique que, dans l'action de réforme en profondeur de la société française, notre attitude doit être celle de l'association et de la solidarité.
Cette solidarité est d'autant plus indispensable que le deuxième grand axe de la politique conduite aujourd'hui en France est le nôtre. Il me semble que personne ne peut oublier que la deuxième orientation majeure, après la réforme de la société, de ce que nous sommes en train de faire - majorité, gouvernement, partis politiques qui les constituent - c'est évidemment de faire avancer, jusqu'à la rendre impossible à détruire, la construction d'une communauté que nous avons voulue et à laquelle nous voulons appartenir, qui est la Communauté européenne.
Je voudrais le dire devant cette Université d'été. C'est une chance extraordinaire que très peu de partis politiques ont eue dans l'histoire : c'est de notre famille, de nos rangs qu'est sorti ce rêve d'un temps nouveau. C'est nous qui avons conduit le mouvement unique par lequel, pour la première fois dans l'histoire des hommes, on a décidé de rompre avec l'ancienne manière d'être qui recourait à l'esprit de conquête et de domination pour faire rayonner une civilisation. Et ce pour parvenir au-delà même de l'étape où les nations s'entendent internationalement, à une troisième étape : celle qui ouvre une page au lieu de se combattre, les hommes et les nations décident de construire ensemble.
Cette communauté-là c'est nous qui l'avons voulue, au lendemain de la guerre, par une espèce de coup de folie, de coup d'audace extraordinaire que des hommes modestes et courageux ont conduit contre toute évidence. Cela, peu à peu, s'est imposé à tous. Après l'avoir combattu, après avoir exprimé leur scepticisme ou leurs réserves, de très grands et très respectueux leaders politiques - je pourrais citer des noms illustres, Pierre Mendès France par exemple - se sont rendus à cet idéal. La victoire d'un idéal est une chose rare pour ceux qui l'ont conçu cet idéal, c'est le moment ou jamais de réunir leurs forces pour qu'il devienne une réalité.
Les défis de l'Europe sont nombreux. À mes yeux, le premier de ces défis est celui de l'expression, de la parole, parce qu'à l'inquiétude européenne nous ne répondons que par des sigles ou par des chiffres. À ceux qui s'interrogent et qui auraient envie d'aimer l'Europe, nous ne répondons que CIG, union monétaire et critères. C'est nous qui trahissons notre idéal.
C'est pourquoi, une nouvelle expression européenne doit venir de nos rangs. Au lieu de vivre sur la défensive, au lieu d'essayer constamment de répondre à des objections, il nous faut reprendre au contraire le drapeau et dire avec joie, avec une espèce de responsabilité dans le bonheur d'une idée politique, que, pour nous, l'Europe est la seule défense possible qu'on puisse apporter à des citoyens qui se sentent agressés, y compris dans leur emploi. Que l'Europe est désormais le seul moyen dont nous disposions à la surface de la planète pour faire rayonner notre identité.
C'est à nous qu'il revient en particulier de réconcilier l'idée européenne et l'idée de nation. D'expliquer que, non seulement nous n'avons pas abandonné l'idée de nation mais que nous sommes les meilleurs serviteurs de la générosité française, puisque nous donnons à l'idée nationale le véritable instrument de sa pérennisation et de son rayonnement dans le siècle qui vient. L'amour de la nation et l'amour de l'Europe, après avoir été ressentis comme antagonistes dans une période précédente, sont aujourd'hui une seule et même chose. Il nous revient d'en être les défenseurs heureux et d'avoir cette volonté de vaincre qui fera se lever les obstacles ; ils ne sont pas techniques, ils sont dans l'âme des peuples. C'est dans l'âme des peuples et avec les arguments de l'âme qu'il convient de construire la véritable volonté européenne.