Texte intégral
M’exprimant à mon tour, je voudrais vous parler ce soir de trois choses. La première concerne l’enjeu politique de ces élections régionales ; la deuxième a trait à la région, aux régions et à notre région ; et la troisième concernera la France et certaines des politiques que nous menons avec le Gouvernement, en son nom.
Les élections régionales représentent après ces neuf mois de gouvernement, en cette période de l’année qui a recommencé, un enjeu important de démocratie, et donc de démocratie locale. La démocratie locale, c’est fondamentalement et d’abord – rappelons-le, face à ceux qui veulent dépolitiser –, la démocratie tout court. La démocratie c’est le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple. La démocratie, c’est l’acceptation qu’il existe dans une société vivante et démocratique des contradictions et des conflits, et que ces conflits doivent être acceptés. Seule l’existence de ces conflits, de ces intérêts antagonistes, de ces clivages politiques offre effectivement des perspectives et des choix à nos concitoyens et à nos concitoyennes. Sans doute ces conflits, ces antagonismes, ces luttes, ne faut-il pas les durcir à l’excès, car nous appartenons à la même communauté, à la même communauté nationale, au même pays et nous avons en commun des valeurs, un projet, une histoire, une identité.
Mais en même temps ces conflits, ces visions différentes, ces valeurs, ces propositions qui peuvent parfois s’entrechoquer, il ne faut pas les nier, il ne faut pas les dissimuler. Et les hommes et les femmes qui se présentent en Midi-Pyrénées à vos suffrages sont des hommes et des femmes qui affirment des propositions, des conceptions et des convictions différentes de celles du conservatisme.
La démocratie ce sont des choix offerts au citoyen. C’est la confrontation des idées et c’est la confrontation des projets. Il ne m’appartient pas ce soir – André Bénéteau, ici, en Haute-Garonne, Martin Malvy avec lui, mais dans l’ensemble aussi de Midi-Pyrénées, pendant leur campagne ont développé leurs idées, leurs projets – il ne me revient pas à moi de dire autour de quoi se structure ce débat en Midi-Pyrénées. Mais il me revient de rappeler, parce que c’est la réalité, que ce choix des élections régionales, d’une autre façon, à un autre moment, dans un autre espace, mais en même temps sur toute la France, comme le 1er juin 1997 à l’occasion d’autres élections – élections législatives – c’est un choix fondamental à opérer pour nos concitoyens entre la gauche et la droite.
Comment en serait-il autrement ? Pourquoi des formations politiques qui présentent des candidats, des projets alternatifs au niveau national ne feraient-elles pas le même choix au niveau local ? Pourquoi y aurait-il une contradiction ? Certes, chaque région a sa particularité, sa démographie, ses traditions économiques, son histoire, sa culture. Mais dans chacune de ces régions et en prenant en compte ces caractéristiques qui font de cette élection régionale quelque chose de particulier, d’intéressant de façon spécifique pour nos concitoyens ; il y a quand même au bout du compte deux grandes visions qui se confrontent, deux politiques possibles, celle de la gauche et celle de la droite.
Un emploi-jeune, qu’il soit créé en Île-de-France, dans le Nord – Pas-de-Calais, en Midi-Pyrénées, en Bretagne ou en Alsace, cela reste un emploi-jeune. Les questions de l’éducation, de l’enseignement supérieur, de la recherche, de l’aménagement du territoire, de la planification économique, des transports, de l’environnement, du développement économique, toutes ces questions essentielles – et pour lesquelles la région, Midi-Pyrénées ou ailleurs, a des compétences importantes – là aussi portent et traduisent des conceptions différentes qu’illustre l’action du Gouvernement par rapport à l’action du Gouvernement précédent, mais qu’illustrent aussi les programmes et les propositions de nos candidats par rapport aux majorités sortantes.
Alors soit l’on est pour une politique au plan national et au plan local, soit l’on est contre, mais on ne peut pas mélanger les genres. J’entendais l’autre jour dans un débat un responsable de droite, je crois que c’était Monsieur Donnedieu de Vabres, dire (…) : « j’ai voté contre les emplois-jeunes à l’Assemblée nationale mais je suis bien obligé de les accepter au plan local dans ma collectivité ». Naturellement, vous vous doutez qu’il les accepte parce qu’il sait qu’il y a une demande des jeunes et des familles qui considèrent que ce sont de bonnes propositions, qui considèrent que c’est l’espoir qui renaît, qui considèrent que c’est pour le jeune le risque du traumatisme, de l’expérience sociale première du chômage qui s’échappe. Il sent cette pression, il est obligé d’y céder, mais vous vous doutez bien que, opposé à Paris, résigné en province, il ne le fera, s’il est en responsabilités, qu’au compte-gouttes, sans véritable conviction. Alors, il y a une question de cohérence, de rigueur intellectuelle, de cohérence politique et de respect du citoyen : la politique que l’on combat à Paris, on ne peut pas vaguement l’épouser en région.
C’est pourquoi, mes chers amis, la confrontation entre la gauche et la droite, qui s’inscrit dans l’histoire ancienne de notre pays, et vous savez que depuis plusieurs années, dans la continuité d’un engagement politique, je me suis battu pour m’efforcer de rassembler la gauche et au-delà de la gauche, les forces écologistes qui avaient choisi le camp du progrès, le camp de la question sociale. Eh bien effectivement, cette confrontation entre la gauche et la droite, je pense qu’elle ne peut confronter que des forces politiques qui respectent la démocratie et les valeurs de la République. Cette délimitation du champ du combat politique entre des forces qui respectent un certain nombre de valeurs, même s’ils les vivent et les traduisent différemment dans leur programme et dans leur conception, elle est une donnée fondamentale et je dirais même fondatrice pour notre République. Cela veut dire que pour moi, il ne peut pas y avoir de jeu avec une troisième force, quelle qu’elle soit, et rien de pire ne serait que placer l’extrême droite en situation d’arbitre pour les élections des présidents de région.
Moi, je le dis très clairement, je ne fais pas de procès d’intention à l’opposition. Je ne veux pas douter de la clarté des engagements pris par certaines personnalités politiques de droite qui ont dit qu’ils n’accepteraient pas la compromission à l’issue du vote des citoyens pour essayer d’en changer le sens avec l’extrême droite. J’ai toujours combattu le Front national, ses thèses mortifères, ses thèses antirépublicaines, mais je n’ai jamais utilisé le thème du Front national.
Forcé de constater comme le disait Robert, tout à l’heure, qu’il y a pourtant des déclarations inquiétantes qui sont là, des prises de positions politiques. Monsieur Mancel – certes il est un peu marginalisé parce qu’il a quelques problèmes dans son département, mais il y a quelques mois encore, avant le 1er juin, il était le secrétaire général du RPR. Monsieur Vasseur, Monsieur Blanc ont, soit dit des choses, soit dans le passé pour l’un d’entre eux fait des choses qui sont à cet égard inquiétantes. Alors je veux vous le dire franchement : il me semble que dans ces circonstances, le vote pour la gauche plurielle est le vote sur lequel nos concitoyennes et nos concitoyens doivent concentrer leurs voix. C’est le vote qui va se révéler utile pour provoquer le changement, pour soutenir la politique gouvernementale, pour les hommes et les femmes qui se reconnaissent dans cette politique gouvernementale, et pour tous ceux qui veulent qu’à l’issue du vote des citoyens, après l’expression du suffrage universel, le vote des conseillères et des conseillers généraux pour élire les présidents soit un vote clair, qui ne laisse place à aucune combinaison et qui ne change pas le vote qui aura été donné, l’impulsion et le choix donnés au suffrage universel direct par les citoyennes et les citoyens.
Ce vote, parce qu’il est un vote de gauche, parce qu’il est un vote pluriel c’est-à-dire qui à la fois intègre et préserve les différences des forces politiques qui se sont engagées dans la majorité nouvelle et dans le Gouvernement que je conduis, parce qu’en même temps il est un vote qui rassemble, parce qu’il est un vote efficace qui permettra de dégager ici, en Midi-Pyrénées, comme je le pense, dans d’autres régions de France une majorité claire pour gouverner, ce vote doit être considéré par nos concitoyennes et nos concitoyens comme essentiel, comme l’instrument pour faire faire à notre pays de nouveaux pas en avant.
Il faut donc, dimanche 15 mars prochain, voter pour les listes de la gauche et des Verts. Si tout est possible en effet à l’occasion de ces élections régionales, rien n’est joué. Je voudrais vous en convaincre ce soir, et au-delà de vous qui m’écoutez nombreux ici dans cette salle Jean Mermoz à Toulouse, je voudrais le dire aussi à tous nos autres concitoyennes et concitoyens en France : rien n’est joué. Il est toujours difficile de mobiliser dans les élections régionales, le taux d’abstention y est généralement plus fort que dans les élections législatives ou que dans l’élection présidentielle parce que l’enjeu est moins clair, la confrontation des forces est moins concentrée, et donc il est très important que l’ensemble des citoyens et des citoyennes qui se reconnaissent dans le progrès se mobilisent puissamment le 15 mars de façon à provoquer, non seulement un premier pas pour les succès dans les élections cantonales – parce que je ne les oublie pas –, mais aussi pour provoquer le changement dans les régions en France. Les sondages ne semblent pas négatifs – du moins les sondages ne semblent pas négatifs puisqu’il n’y a plus de sondages en cette fin de campagne –, mais c’est le vote des citoyens et des citoyennes qui comptera, c’est chaque voix comptera.
Alors, un des derniers arguments utilisés par des leaders de droite en cette fin de campagne est celui de l’équilibre. D’abord, moi j’aurais envie, puisqu’on parle d’équilibre, de parler de l’équilibre du ton. Au cours des derniers mois, le leader du RPR s’est exprimé à plusieurs reprises à propos du Gouvernement, à propos des partis de la majorité, à propos de ses leaders et à propos aussi du chef du Gouvernement. Je dois dire que pendant que je l’entends s’exprimer, y compris pendant la campagne qu’il conduit, je ne lui ai jamais répondu. Si je ne lui ai jamais répondu, vous vous doutez bien, vous qui me connaissez particulièrement ici, où je connais presque chacun pourrais-je dire ; vous qui me connaissez, vous savez que ce n’est pas par hauteur, je serais heureux au contraire, y compris dans la fonction qui est la mienne qui est d’abord de gouverner et non pas de mener une campagne électorale et c’est pourquoi j’ai fait le choix que j’ai fait. Mais je serais heureux de pouvoir avoir une confrontation, voire une polémique, un débat d’idées, mais comment voulez-vous que je réponde à un homme qui parle de « carambouilles », de « magots » sur lesquels les socialistes voudraient mettre la main, de « métastases » que nous voudrions répandre, de « pantalonnades » quand je fais des propositions qui m’apparaissent raisonnables sur le cumul des mandats. C’est extraordinairement difficile pour moi et je dois dire que la façon dont ce responsable d’un parti de l’opposition s’exprime, le caractère souvent violent et presque suspect des mots qu’il emploie à notre endroit et parfois aussi à l’endroit du Gouvernement désarçonne.
Il dit souvent dans sa campagne qu’il faut montrer que nous avons compris le message que les Français nous ont adressé le 1er juin, et c’est vrai que ce message était un peu inattendu et un tantinet sévère dans la formule de politesse à la fin. Eh bien puisque ce leader de l’opposition s’intéresse au message des Français, je crois vraiment profondément que les Français n’attendent pas que leurs responsables politiques s’expriment avec ce ton, de cette façon.
Alors je répondrai à Monsieur Balladur, parce que, bon, dans l’ensemble, sans qu’il nous ménage particulièrement – d’ailleurs ce n’est pas vraiment son rôle en tant que responsable lui aussi de l’opposition –, il essaie quand même, il faut le reconnaître, d’argumenter, de développer des thèses et des analyses. Alors c’est lui qui a dit avec un langage d’une assez grande simplicité cette fois : il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Je note que quand le RPR et ses amis, et l’UDF aussi, avaient, si j’ose dire… enfin non je ne vais pas continuer, avaient disons la présidence de la République, le Premier ministre, le Gouvernement, l’Assemblée nationale, le Sénat, vingt régions sur vingt-deux en métropole, les deux tiers des départements français, cet aphorisme des œufs et du panier ne semblait pas les préoccuper particulièrement. Mais enfin, si vraiment ils aiment l’équilibre, moi je n’en fais pas une thèse, je n’en fais pas une théorie, c’est plutôt quand on est en léger déséquilibre qu’on avance – c’est ce que j’ai retenu de ma carrière sportive en tout cas et parfois même en politique ça peut se produire –, mais s’ils aiment absolument l’équilibre, je dirais : il y a un équilibre dans l’exécutif, il y a un équilibre dans le législatif. C’est justement dans les régions qu’il faut rétablir l’équilibre.
Alors parlons un peu des régions et de notre région. La région, c’est vrai, on le sait tous, est une collectivité, un acteur institutionnel – comme on dit – relativement jeune. C’est nous socialiste, je crois que c’est André Bénéteau qui le rappelait tout à l’heure, qui l’avons portée sur les fonds baptismaux en 1982 en tout cas par l’élection au suffrage universel et pour des responsabilités singulièrement accrues grâce à Georges Defferre, à l’œuvre de décentralisation qu’il avait alors lancée avec, comme Premier ministre, Pierre Mauroy dans un gouvernement de gauche, à l’époque, et avec comme président de la République, François Mitterrand. Jeune, la région n’en porte pas moins une bonne part de l’avenir de notre pays, mais aussi de l’avenir de l’Europe parce que, d’une certaine façon, elle joue le rôle de charnière. Charnière entre le local et le national, charnière ou en tout cas élément de dialogue car je pense que la Nation doit subsister pleinement, comme telle, dans l’Europe – j’y reviendrai tout à l’heure – entre la France et l’Europe. On sait tous ici, et notamment dans les zones rurales, que les fonds européens passent et transitent souvent par les régions. La région, pour nous et surtout ici, avec la culture et la tradition qui est la nôtre, n’est pas un élément de désintégration de la Nation. Elle est au contraire un moyen moderne de contribuer à renforcer la cohésion nationale pour peu que les politiques conduites à la région y amènent. C’est Lucien Febvre qui disait : « la France se nomme diversité ». C’est Fernand Braudel qui disait : « la France est le triomphe éclatant du pluriel de la diversité. » Eh bien, je pense que la région, si elle est bien conduite, peut être une chance pour la Nation française.
C’est vrai qu’on sait que le scrutin actuel est inadapté et que parfois il peut contribuer à cette insuffisante mobilisation de nos concitoyens. On sait qu’il peut, malgré les dispositions que nous avons prises, ce fameux 49,3 pour l’exécutif régional, favoriser et parfois, nous les craignons, les manœuvres d’appareil pour les élections des présidents de conseils régionaux. L’ancienne majorité n’avait voulu, ni su changer ce mode de scrutin depuis 1993. Et c’est vrai, je n’ai pas voulu le faire même si certains de mes amis m’en pressaient en arrivant au pouvoir pour ne pas prêter le flanc à la critique d’avoir voulu changer le mode de scrutin quelques mois avant l’élection, comme si j’allais en tirer, nous allions en tirer un avantage particulier. Je veux dire ici que j’assume cette décision et nous verrons bien d’ailleurs au lendemain de cette élection si cela aura constitué un insurmontable handicap. Mais je voudrais aussi dire que je confirme l’engagement que j’ai pris au nom du Gouvernement et la majorité au besoin me le rappellera : nous changerons le mode de scrutin régional sinon avant l’élection, en tout cas après cette élection régionale.
Je ne vais pas parler devant vous de la région Midi-Pyrénées, André Bénéteau et Martin Malvy l’ont fait pendant toute la campagne bien sûr et encore notamment Martin, ce soir. En plus, moi je ne suis qu’un modeste candidat au renouvellement de son mandat dans le canton de Cintegabelle pour toujours – merci, ils sont là d’ailleurs, je les ai vus – pour contribuer, toujours modestement, à la réélection du président du conseil général Pierre Izard si comme moi il se tire de son élection puisqu’il est également renouvelable. Mais certains prétendent qu’à Villefranche, ça pourrait bien se produire. Alors, je ne vais pas donc m’exprimer longuement sur Midi-Pyrénées, mais je voudrais vous dire mon sentiment profond que les conditions politiques sont réunies dans notre région pour la reconquérir. En juin 1997, les législatives ont redonné dans l’ensemble de nos huit départements, à la gauche dans sa diversité, la force qui était traditionnellement la sienne. Et je vois d’ailleurs devant moi de nombreux députés, hommes ou femmes, quelques-uns des cohortes rescapées de 1993, d’autres qui ont dû, comme moi, attendre 1997 pour être à nouveau réélu. Je pense que ce succès du 1er juin n’est pas effacé, que sa force motrice n’est pas épuisée et que cette réalité politique s’exprimera aussi dans la campagne des régionales. Et puis, il me semble, ou en tout cas j’espère, car là je vais tomber dans l’immodestie, mais sachez que cela s’adresse bien davantage aux membres de mon Gouvernement qu’à moi-même naturellement, il me semble qu’on peut espérer que dans cette élection, la façon dont l’opinion accueille l’action du Gouvernement, son ton, son attitude, ses efforts pour agir, sans chèque en blanc, sans confiance a priori, mais avec attention, avec une écoute et peut-être un respect qui est sans doute lié au fait que ce Gouvernement lui-même s’efforce d’écouter et en tout cas respecte ses concitoyens et ses concitoyennes dans sa démarche ; j’espère que ce Gouvernement dans son action depuis neuf mois ne sera pas un handicap pour nos candidats au moment où ils mènent campagne.
Enfin, l’équipe qui propose sa candidature à l’animation et à la gestion de la région Midi-Pyrénées est, je crois, capable et digne de confiance. Martin Malvy l’anime au niveau des huit départements en même temps qu’il est tête de liste dans son département du Lot. C’est un homme politique expérimenté, c’est un homme qui a eu des mandats différents, qui a vécu l’expérience locale et qui la vit encore, qui a fait de sa petite ville, relativement petite ville, de Figeac, comme un exemple de ce qu’on peut faire en terme de développement, en terme culturel. C’est un homme qui a exercé des fonctions gouvernementales et qui l’a fait avec talent et précision. C’est un homme de dialogue, un homme qui correspond bien à cette région. C’est un homme qui fera les choix qui sont nécessaires dans sa propre vie personnelle et politique, dans ses mandats pour se consacrer véritablement à sa tâche. C’est un homme donc tout à fait digne de conduire cette campagne et surtout, si le peuple nous fait confiance, de diriger la région Midi-Pyrénées.
André Bénéteau, tête de liste dans notre département de la Haute-Garonne, représente une autre personnalité, peut-être plus proche de ceux qui s’expriment dans cette région autour de la métropole toulousaine, cette ville formidable, magnifique avec ses universités, ses laboratoires, ses structures de nouvelles technologies. Et je pense qu’il y a dans ces deux hommes, il y a dans les têtes de liste des autres départements qui les entourent dans leur expérience, dans leurs valeurs communes, mais dans leur diversité, dans leurs tempéraments différents, dans leurs expériences propres, quelque chose qui là aussi fait d’eux des hommes et des femmes à la fois enracinés, fidèles à des convictions et aptes à travailler en équipe pour changer l’avenir de Midi-Pyrénées. En face, l’ancienne majorité est divisée et usée, vous pouvez, je le crois profondément, gagner dimanche Midi-Pyrénées avec les citoyens et les citoyennes de notre région.
Je veux pour terminer, vous dire quelques mots de la France et de certaines politiques nationales que nous conduisons. On dit souvent, la France c’est une langue, c’est une histoire, c’est une culture, c’est une Nation, c’est une République une et indivisible. Mais la France, on sait ici aussi, nous qui ne sommes pas Girondins, nous qui ne sommes pas Jacobins, mais à la fois Occitans, régionalistes et républicains, nous savons aussi que la France, ce sont des langues, des cultures, des terroirs et des traditions. Et j’ai bien l’intention, aidé par Nicole Péry de la région Aquitaine à qui j’ai confié une mission sur ce sujet, d’essayer de faire avancer la cause des langues et cultures régionales, comme Premier ministre, comme je me suis efforcé de les faire avancer notamment ici comme ministre de l’éducation nationale.
Je pense en effet que la dialectique entre l’unité et la diversité – et j’y reviendrai tout à l’heure à la fin de mon propos pour conclure – est une des tensions fécondes et une des références utiles pour Midi-Pyrénées. Dans la façon dont Midi-Pyrénées, donc notre région, au sens historique du terme, se situe par rapport à la France comme dans la façon dont Midi-Pyrénées vit sa propre réalité interne, il y a cette dimension, il y a ce dialogue, il y a cette confrontation entre l’unité et la diversité.
Nous avons bien sûr pour la France un projet d’avenir, un projet de modernité pour notre pays et nos efforts renouvelés en faveur de la recherche oubliée par nos prédécesseurs, en faveur de l’enseignement et notamment de l’enseignement supérieur, en faveur des nouvelles technologies, en faveur des PMI-PME parce qu’elles sont créatrices d’emplois contrairement à beaucoup trop de grandes entreprises qui licencient alors qu’elles produisent plus et qu’elles devraient employer. Nous nous consacrerons au cours des années qui viennent à ce projet d’avenir et de modernité pour notre pays. Nous voulons que notre pays sache affronter le monde et même s’il faut employer ces termes, la mondialisation. Et c’est pourquoi nous devons veiller à la fois à sa compétitivité sur le plan économique et aussi à son ouverture aux cultures, aux civilisations autres du monde sur le plan culturel, sur le plan des valeurs, sur le plan d’une certaine tolérance d’esprit. C’est pourquoi nous devons refuser la tentation mortelle du protectionnisme, du repli sur soi. Mais en même temps, mes chers amis, dans ce monde qui peut très vite déstabiliser, il nous faut aussi veiller à ce que soit affirmée l’identité de la France.
Nous le faisons chez nous, dans notre propre pays et aussi dans l’Europe. Et je voudrais, simplement parce qu’il faut bien varier les thèmes et que l’autre jour auprès de Robert et Jean-Michel au Zénith, j’ai parlé davantage d’emploi et de politique économique, et que je ne voudrais pas devant eux me répéter, j’évoquerai très rapidement deux thèmes à cet égard de notre politique : nous devons défendre notre identité en défendant notre culture et notre agriculture.
Parlons d’abord de l’agriculture. L’agriculture française doit disposer des moyens de son développement. Elle doit remplir efficacement ses missions : production, aménagement du territoire, protection de l’environnement, garantie d’une alimentation saine et de qualité exigée par les consommateurs. La Commission européenne est sur le point de présenter la semaine prochaine une nouvelle réforme dont les conséquences pourraient être graves pour des pans entiers de notre agriculture si elle devait rester ce que l’on en dit d’après ce que l’on peut savoir, ce que nous n’acceptons pas. Les fortes baisses des prix qui sont proposées : moins 30 % pour la viande bovine, moins 20 % pour les céréales, moins 15 % pour le lait, ne seraient dans ce projet paraît-il que partiellement compensées. Ce qui conduirait à faire dépendre un peu plus le revenu des producteurs des crédits publics. Le Gouvernement a indiqué à la Commission européenne – et je le fais directement auprès du commissaire – que de telles orientations étaient inacceptables en l’état et que des corrections importantes devraient être opérées notamment en faveur de l’élevage allaitant, de l’élevage extensif, de la qualité des produits et de la diversité des types d’agriculture. Et nous y sommes particulièrement attachés dans cette région. Dans la longue négociation qui va s’ouvrir et qui peut sans doute ne déboucher qu’après les élections allemandes, nous défendrons notre agriculture et nos agriculteurs.
Nous allons aussi agir plus globalement en Europe pour infléchir le cours de la construction européenne. Le PS reste un parti profondément européen et nous entrerons bientôt, nous le savons, dans l’euro, mais nous avons veillé et nous continuerons à veiller à ce que les conditions que nous avons mises pour la réussite de cet euro soient effectivement inscrites dans la réalité politique de croissance et d’emploi : Conseil de l’euro pour faire pendant à la Banque centrale ; cours de l’euro qui ne soit pas surévalué par rapport au dollar ; entré des pays du Sud dans l’euro et non pas un noyau strictement noué autour de quelques pays du Nord.
Nous voulons aussi une Europe plus respectueuse qu’elle ne l’est parfois des nations qui la composent. C’est pourquoi nous n’avons pas accepté l’AMI dont on a beaucoup parlé ces dernières semaines parce que nous ne voulions pas qu’il soit porté atteinte à l’exception culturelle, pour nous, essentielle ; parce que nous ne voulions pas que soient acceptées dans des discussions internationales des lois extraterritoriales qui sont peut-être valables pour les Américains, mais qui n’ont pas à être imposées à d’autres citoyens ; parce que nous n’acceptions pas une politique de dumping sur le plan social comme sur le plan fiscal. Alors je voudrais vous dire que le Gouvernement que je dirige est opposé au nouveau marché transatlantique qui nous est proposé, dernière initiative sans consultation préalable du commissaire chargé des relations commerciales extérieures et qui prend l’initiative de proposer à la Commission puis au Conseil un projet d’accord de libre-échange particulier entre les États-Unis et l’Union européenne. Tout en étant favorable à l’approfondissement des relations économiques et au dialogue politique avec les États-Unis, la France considère qu’en matière commerciale, la priorité doit être donnée pour les discussions au cadre multilatéral normal correspondant aux organisations internationales normales qu’est l’organisation mondiale du commerce, l’OMC.
Nous savons très bien, ou en tout cas nous pouvons craindre qu’un accord purement bilatéral entre les États-Unis et l’Europe aurait pour effet de déstabiliser ce cadre récent, qui est le cadre normal où toutes les nations sont sur un pied d’égalité, et où l’on peut comparer les concessions respectives que se font tel ou tel bloc de pays, ou tels pays. En outre, nous savons très bien, et c’est normal et il faut savoir en parler, qu’il y a des divergences d’intérêts entre les États-Unis et l’Europe sur le plan économique. Nous savons très bien qu’à travers cette zone de libre-échange particulière entre les États-Unis et l’Europe, c’est naturellement comme par hasard et à nouveau la cible de l’audiovisuel, de la création, de la communication et la cible de l’agriculture qui seraient visées par les États-Unis. Nous n’acceptons pas donc que nous nous engagions dans la négociation d’un nouveau traité bilatéral improvisé par un commissaire.
Nous voulons faire vivre pleinement les organisations internationales. Nous voulons être au cœur de la construction européenne, mais tout en préservant la richesse de l’apport de notre pays à la vie internationale. La particularité de la France dans le domaine diplomatique, qu’elle peut partager avec quelques autres pays, est d’être un vieux pays parfaitement intégré dans le concert des nations en respectant fidèlement les usages qui contribuent ainsi à l’harmonie de l’ensemble, mais qui ne renoncent pas en même temps à faire entendre sa propre musique.
Les circonstances politiques particulières que connaît la France imposent aux autorités de l’État et notamment au président de la République et au Premier ministre un effort constant afin de parvenir à l’expression d’une position concertée et claire, qui soit celle de la France sur la scène internationale. Il y va, nous le comprenons tous, de l’influence, de l’audience, du crédit, de la capacité de notre pays à peser sur le règlement des conflits, et à s’affirmer comme une force de propositions utile sur la scène internationale. C’est dans cet esprit que le ministre des affaires étrangères, Hubert Védrine, à qui je voudrais rendre hommage, et moi-même, conduisions, avec le président de la République, la politique étrangère.
Si la France a pu jouer un rôle majeur dans le règlement pacifique de la crise irakienne, c’est grâce sans doute à sa capacité et à sa volonté de parler avec tous, au Nord comme au Sud, grâce au talent de ses diplomates, grâce à la force de son message de paix, grâce à sa force de propositions, et aussi grâce à l’unité de son exécutif sur ce sujet. Il est vital d’affirmer la volonté de la France et de l’Europe de contenir les tentations politiques et culturelles hégémoniques. C’est pourquoi nous avons besoin d’une Europe forte, dotée d’une véritable politique étrangère et de sécurité, mais aussi d’une volonté économique et culturelle de s’affirmer. Nous y travaillons.
J’ai par ailleurs conduit et proposé la réforme de notre politique de coopération, la révision de notre politique africaine. Il fallait adapter celle-ci à des temps nouveaux, à de nouvelles élites, à de nouvelles exigences, à un désir de partenariat égal entre des partenaires africains et la France. Nous voulions la transparence dans les relations, redéfinir des relations de confiance avec les autorités comme avec les populations de ces pays qui méritent la démocratie et le développement tout autant que les peuples du Nord.
C’est précisément parce que le Gouvernement se veut attentif au sort des populations qu’il exhorte, aux côtés du président de la République, la communauté internationale à se porter aux côtés des Albanais du Kosovo, aujourd’hui dans la détresse. Nous ne pouvons pas accepter que le cauchemar des massacres, des violences, des épurations reprenne en Europe même. Les premières mesures concrètes ont été adoptés à Londres, lors de la réunion ministérielle du groupe de contact qui s’est tenue lundi. Le gouvernement serbe doit comprendre clairement le message de la communauté internationale. Nous sommes déterminés à mettre en place de nouvelles sanctions et des mécanismes internationaux de protection des populations civiles, si la répression devait se poursuivre, mais il faut qu’elle ne se poursuive pas, c’est-à-dire que les Serbes acceptent de discuter et négocier, y compris au plan interne, y compris dans une perspective d’autonomie, en pouvant espérer aussi peut-être, alors, par là-même, retrouver une place dans la communauté internationale.
Mesdames et Messieurs, mes chers amis, mes chers camarades, je vois que j’ai été un peu long. C’est vrai que je ne fais plus de meeting ; alors je me laisse aller, forcément. Ce n’est pas comme Robert ou Jean-Michel ou Alain, ou Martin. Ils sont, eux, tout à fait concis, concentrés sur leur sujet.
Sur quoi conclure ? Sur des mots que j’ai déjà utilisés : ceux d’unité et de diversité. Je pense profondément, à condition bien sûr de ne pas le définir de façon dogmatique, schématique, mais je pense profondément, si l’on y réfléchit bien, et j’espère qu’à travers vous, nos concitoyens y réfléchiront encore dans cette campagne, qu’il y a entre notre politique internationale et ce qui l’anime, entre notre politique nationale telle que nous la conduisons au Gouvernement, et telle qu’elle est soutenue par la majorité, et les politiques régionales que nous sommes prêts à mettre en œuvre, ou que nous avons déjà mises en œuvre dans les régions que nous conduisions, il y a, je pense, une conscience aiguë de cette unité et de cette diversité. Nous ne confondons pas les plans. Nous respectons et respecterons naturellement toutes les compétences. Mais en même temps, nous savons que nous pouvons rassembler des volontés vers l’emploi, vers la justice sociale, vers le progrès économique, le progrès scientifique et technique, le progrès humain, en agissant au plan national comme au plan régional. Cette unité et cette diversité, c’est aussi ce qui fait la force de la majorité plurielle, comme cela a été dit tout à l’heure. C’est-à-dire qu’à la fois il y a la spécificité, la particularité, la couleur, la physionomie particulière de chacune des forces qui composent cette majorité et, en même temps, il y a cette unité, en même temps il y a ce rassemblement plus vaste où personne ne se perd, mais où chacun gagne une dimension supplémentaire, et c’est cela, je crois, qui contribue aussi à intéresser nos concitoyens, à leur donner confiance, parce qu’ils peuvent s’épauler à des forces diverses, dont le total est plus que chacune de ces composantes.
Alors, mes chers amis, ce qui est majorité à l’Assemblée nationale, ce qui est majorité politique dans le pays n’est pas encore majorité dans les régions, et n’est pas encore majorité dans la région Midi-Pyrénées. Il reste quelques jours, maintenant, pour qu’il en soit ainsi. Si vous voulez gagner la région Midi-Pyrénées, il faut la gagner en Ariège avec Jeanne Ettori ; il faut la gagner en Aveyron avec Pierre Lacombe ; il faut la gagner dans le Gers avec Élisabeth Mitterrand ; il faut la gagner dans les Hautes-Pyrénées avec Pierre Forges ; il faut la gagner dans le Tarn-et-Garonne avec Jacques Bousquet ; il faut la gagner dans le Tarn avec Jacques Valax ; il faut la gagner dans la Haute-Garonne avec Alain Bénéteau ; il faut la gagner dans le Lot et dans Midi-Pyrénées avec Martin Malvy. C’est ce qu’il vous reste à faire.