Article de M. Yves Cochet, porte-parole des Verts, le 17 septembre paru dans "Vert contact" du 21 septembre 1996, sur le financement de l'équarrissage des animaux et l'information concernant les cas de vache folle, intitulé "Il n'y a plus de vaches folles en France ".

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Média : Vert contact

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Il n’y a plus de vaches folles en France !

Deux récentes initiatives, l'une publique, l'autre confidentielle, vont tenter de freiner l'effondrement du marché bovin. Dans chaque cas, le consommateur est floué.

La première initiative est le projet gouvernemental de financement du ramassage et de la destruction des cadavres d'animaux par une taxe sur chaque kilogramme de viande. En effet, avant la crise de la vache folle, les coûts d'enlèvement et d'équarrissage étaient supportés par le recyclage des carcasses en farines animales. Depuis juin dernier, la réglementation interdit ce recyclage. Mais alors, qui va payer l'équarrissage ? « Pas les éleveurs », dit le ministre de l'Agriculture. « Ni les collectivités territoriales », ajoute-t-il. Euh... pourquoi pas les consommateurs ? conclut-il !

Ainsi, alors que toute une filière de production bovine s'est moquée de nous et de notre santé depuis dix ans - en nous vendant, sans états d'âme, du steak douteux - on nous taxe aujourd'hui pour avoir des garanties sur la qualité de la viande que nous achèterions ! Les mêmes irresponsables nous obligent déjà à payer notre eau courante plus cher sous prétexte de coût de traitement d'une pollution réelle (nitrates, pesticides) que les écologistes dénoncent depuis plus de vingt ans. Bref, pour l'eau comme pour la viande, c'est le consommateur qui est la vache à lait. Le productivisme, agricole en l'occurrence, est si corrupteur que ni les normes sanitaires ni les prix du marché ne suffisent à protéger les populations : il faut qu'elles acquittent une taxe pour boire et manger sain !
La seconde initiative, confidentielle et incertaine, consisterait à diminuer progressivement le nombre de cas déclarés de vaches folles en France. Certes, la semaine dernière encore, la presse a annoncé un cas d'ESB (1) en Mayenne - le dixième en France depuis le début de l'année. Je crains que, quelle que soit la réalité épidémiologique, ces annonces ne se fassent de plus en plus rares afin de rassurer « le consommateur » et de lui faire retrouver le chemin du bifteck.

(1) ESB : Encéphalite spongiforme bovine.