Interview de M. Hervé de Charette, ministre des affaires étrangères, dans "Le Parisien" et à plusieurs radios le 28 juin 1996, sur la mondialisation, la situation économique internationale, le modèle européen de protection sociale, la concurrence déloyale en matière d'emploi.

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Circonstance : Sommet des pays industrialisés (G7) à Lyon du 27 au 29 juin 1996

Média : Le Parisien

Texte intégral

Le Parisien - 28 juin 1996

Le Parisien : Qu’est-ce que la France attend du sommet de Lyon ?

Hervé de Charette : L'objectif central du G7, sa mission, c'est de contribuer au maintien et au développement d'un niveau de croissance économique élevé dans le monde. Cette année, le Président Chirac a mis au centre de notre rencontre la question de la mondialisation de l’économie.

Le Parisien : Quelles sont les priorités de ce G7 ?

Hervé de Charette : Nous allons traiter plus particulièrement trois sujets : 1. Comment maintenir un équilibre entre les monnaies qui soit une incitation à la croissance économique. 2. Comment faire en sorte que la mondialisation ne provoque pas des désordres destructeurs pour l’emploi dans les pays développés. 3. Comment faire pour que les pays les plus pauvres ne soient pas les laissés pour compte de la croissance et du développement. Il s’agit de la question de l’aide au développement.

Le Parisien : Pourquoi a-t-on l’impression que ces sommets ne donnent jamais de résultats concrets ? N’y-a-t-il pas un décalage entre ce genre de réunions et les préoccupations des Français au quotidien ?

Hervé de Charette : J’essaye de vous montrer que les questions à l’ordre du jour du sommet sont liées aux préoccupations de nos concitoyens. Les Français, par exemple, s’inquiètent aujourd’hui à juste titre de certaines formes de concurrence déloyale entre les pays à main-d’œuvre très peu payée et les pays européens. Le Président de la République a développé l’idée qu’il y avait un modèle social européen et qu’il fallait le défendre. Il s’agit de maintenir et de sauvegarder la protection sociale.

Le Parisien : Pour l’emploi, qui sera d’une des priorités du sommet de Lyon, que peuvent faire concrètement les sept faces à 23 millions de chômeurs ?

Hervé de Charette : Il faut d’abord rappeler que le G7 n’est pas une instance qualifiée pour prendre des décisions, mais un lieu de concertation. Nous attendons cependant qu’il confirme une stratégie de stabilité des monnaies – ce qui est très important pour l’emploi – et nous espérons faire partager par les autres membres du G7 notre ambition que les normes sociales soient intégrées dans la stratégie des échanges internationaux. Sans règles sociales, le système génère une concurrence déloyale dont souffrent nos entreprises. Voilà des sujets qui ont une conséquence directe sur ce que sera la croissance demain. Nous sommes favorables à l’ouverture des marchés. C’est l’intérêt de la France. Quatrième exportateur du monde, la France a le plus grand intérêt à jouer la carte du commerce international.

Le Parisien : D’où l’invitation lancée au patron de l’Organisation du commerce international (OMC) qui sera présent demain à Lyon ?

Hervé de Charette : C’est en effet la première fois que seront également présents le secrétaire général de l’ONU, le patron de l’OMC, le patron du FMI (Fonds monétaire international) et celui de la Banque mondiale par notre ordre du jour : l’aide aux pays les plus pauvres et au développement d’une part, une croissance socialement juste de l’autre.

Le Parisien : Mais il y a aussi un important volet politique qui sera dominé par la question du terrorisme au lendemain de l’attentat de Dahran. Doit-on attendre de Lyon des résolutions pour renforcer la lutte contre le terrorisme ?

Hervé de Charette : Vous devez vous attendre à des initiatives françaises.

Le Parisien : Seront-elles soumises au G7 ?

Hervé de Charette : Oui, mais je ne peux pas vous en dire plus pour l’instant. Il y a d’ailleurs à l’ordre du jour de ce G7 d’autres questions de société majeures, comme la lutte contre le crime organisé, c’est-à-dire contre les mafias, ainsi que la lutte contre la drogue. Et un sujet nouveau qui, hélas, prend de l’importance et s’inscrit dans la vie quotidienne des citoyens : que pouvons-nous faire ensemble contre les nouvelles maladies infectieuses du monde moderne comme le Sida, l’ESB, etc. ? Sur ces points, nous attendons des chefs d’État et de gouvernement qu’ils marquent leur détermination commune et leur intention d’agir concrètement.

 

Entretien du ministre des affaires étrangères, M. Hervé de Charette, avec plusieurs radios (Lyon, 28 juin 1996)

 

Q. : La France soutient l'extension d'un G7 en un G8 permanent dans lequel entrerait la Russie. Si M. Ziouganov est élu la semaine prochaine, est-ce que la France révisera sa position ?

R. : Ce n'est pas le choix des hommes, je le répète, qui est fondamental. C'est le choix de la direction. Nous, nous attendons en quelque sorte une Russie démocratique et ayant fait le choix de l'économie de marché. Et, vous savez, il faut prendre aussi une autre attitude ; il ne s'agit pas simplement de donner des conseils à la Russie mais il s'agit surtout d'accompagner une démarche et que les Russes sachent que la communauté internationale, et en particulier les Européens, souhaite établir avec la Russie d'aujourd'hui et celle de demain des liens de coopération, d'amitié, de relations faciles et coopératives. La Russie est une grande nation, elle a depuis ces dernières années beaucoup souffert, elle a le sentiment, assez répandu dans le peuple russe, qu'elle est placée dans une situation humiliante pour elle. Nous, nous voulons lui tendre la main et lui donner toute sa place dans la communauté internationale, y compris et tout particulièrement en Europe.

Q. : Sur le problème du développement, quel signe le plus tangible et le plus concret le G7 adresse-t-il aux pays en voie de développement, aux plus pauvres, et notamment est-ce que les pays africains doivent se sentir concernés par ce G7 ?

R. : Oui, certainement. Un signe fort : c'est la première fois depuis très longtemps que le G7 met au cœur de ses préoccupations ce que le Président Chirac a appelé la mondialisation au bénéfice de tous et quand nous disons « au bénéfice de tous », cela veut dire en particulier, pas seulement, mais en particulier au bénéfice des pays les moins développés. Il n'est pas imaginable que nous acceptions qu'il y ait un monde dans lequel les pays riches seraient de plus en plus riches et les pays pauvres de plus en plus pauvres. Franchement, c'est ce que nous voyons pour les pays les moins avancés, c'est ce que nous voyons notamment dans certains pays d'Afrique, et c'est une situation qui est très injuste, c'est vraiment l'injustice sociale sur le plan international alors que je pense que les pays plus développés, même s'ils ont des problèmes, et nous en avons, doivent marquer leur solidarité avec les pays les moins avancés et marquer leur détermination à les aider à franchir les étapes. Alors, c'est ce qu'on a fait en prenant un certain nombre de décisions et en montrant que c'était l'un des sujets centraux de ce G7.

Q. : Quels sont les pays prioritaires pour vous ?

R. : Les pays prioritaires, ce sont ce que nous appelons les pays les moins avancés. Parce que c'est vrai qu'entre le temps du tiers-monde, il y a trente ans, qui comprenait les deux tiers de la planète, et aujourd'hui, il y a une grande différence, il y a des pays qui étaient pauvres et qui aujourd'hui sont des pays émergents. Nombreux sont ces pays, en Asie en particulier, ou en Amérique du Sud. Par contre, il y a un certain nombre de pays, en plus petit nombre, une cinquantaine – c'est quand même beaucoup –, qui souffrent, qui continuent de souffrir et qui même souffrent plutôt de plus en plus, et c'est vers ceux-là que nous nous tournons parce que ce sont eux la priorité : les pays les moins avancés qui croulent sous les dettes, qui n'arrivent pas à décoller et dont la population augmente, c'est-à-dire que du coup la pauvreté se généralise.

Q. : En-dehors d'exprimer des bonnes intentions de cet ordre, qu'est-ce que peut faire concrètement le G7 pour ces pays-là ?

R. : Mais le G7 a pris des décisions et qui vont avoir des conséquences. La première, c'est de permettre de reconstituer les différents fonds qui sont là pour soutenir des projets de développement. Ce sont donc de nouveaux moyens de la communauté internationale pour aider au développement de ces pays. Et puis un deuxième aspect, qui est très important, qui concerne le surendettement des pays pauvres. Comme il y a un surendettement des familles chez nous, il y a aussi un surendettement des pays pauvres, certains d'entre eux sont couverts de dettes à tel point qu'ils ne peuvent plus payer et qu'en réalité ça paralyse toute tentative de redémarrage. Il me semble que ceux qui ont payé beaucoup, qui ont prêté beaucoup sont un peu responsables de cette situation, et donc il faut essayer de résoudre ces problèmes, soit en effaçant certaines dettes, soit en les étalant, soit en révisant les taux d'intérêt. Et dans ce domaine là aussi, des décisions ont été prises qui vont permettre, je crois, de progresser.

Q. : En terme de maîtrise de la mondialisation, quels sont les meilleurs alliés de la France dans ce G7 ?

R. : La maîtrise de la mondialisation, c'est ce que je viens de dire – l'aide aux pays pauvres –, mais c'est aussi autre chose : c'est faire en sorte que cette mondialisation ne s'accompagne pas d'une espèce de concurrence sauvage et débridée et qu'on mette, de ce point de vue, un petit peu d'ordre. C'est ce que nous avons essayé de faire aujourd'hui...

Q. : En étant bien compris ? Et par qui ?

R. : En étant, je crois, bien compris et soutenu par l'ensemble des sept, parce que c'est dans le document, mais bien entendu davantage par certains que par d'autres. Je crois que c'est quand même une idée qui progresse dans la communauté internationale et que les discussions à Singapour de ce point de vue seront fort intéressantes.

Q. : En tout cas, c'est le message chiraquien de ce G7 ?

R. : Bien sûr, c'est un des messages forts, c'est-à-dire que la mondialisation, c'est un élément très positif. Vous savez, la France, quatrième exportateur du monde, ne peut pas être contre le développement des échanges internationaux, ce serait « marcher sur la tête » de notre part. Souvent, je vois de la morosité autour de nous, en France. Mon sentiment, c'est que nous devrions au contraire être plus bagarreurs, moins moroses mais plus bagarreurs, car il y a des places à prendre sur les marchés mondiaux et que ces places-là c'est autant d'emplois sauvegardés ou créés dans notre pays. Mais cela ne signifie pas, en effet, qu'il ne faille pas être très attentifs par exemple aux pays qui font travailler une main-d’œuvre de prisonniers...

Q. : Est-ce que la maîtrise de la mondialisation, c'est aussi laisser partir Moulinex au Mexique pour fabriquer des produits qui pourraient être faits en France ?

R. : Tout ça, ça fait partie des sujets : il faut bien regarder les choses : on ne vous dit jamais quand il y a une bonne nouvelle, quand on a confié un marché, quand on a obtenu la direction d'entreprise chez nous, quand on a créé des emplois, quand il y a progrès de notre capacité exportatrice. Je vous rappelle que nous étions un pays déficitaire... Il y a dix ans et qu'aujourd'hui nous sommes un des pays les plus bénéficiaires en terme de commerce extérieur, c'est-à-dire que nous avons fait de gros progrès...

Q. : Mais ça veut dire aussi que si on veut maintenir ces emplois chez nous, il faut baisser de plus en plus les coûts de travail pour être...

R. : Nous avons, de temps en temps, un peu d'ordre à mettre chez nous. Nous sommes un pays qui a fait un grand progrès quant à sa présence économique de fond mais qui reste en retard en matière de déficit. Quand vous regardez la situation des comptes publics et des comptes sociaux, la France, et d'autres pays, a pris du retard, elle a laissé « filer » les déficits et naturellement cela pèse sur sa productivité, sur son efficacité et elle souhaite mettre de l'ordre. Donc, nous ne donnons pas de leçons ; nous, nous disons ce qu'il faut faire, ce que nous croyons juste de faire dans le monde pour que la mondialisation soit au bénéfice de tous, mais en même temps nous sommes conscients que nous avons des choses à faire.

Q. : Une mondialisation, c'est aussi une dérégulation, on le voit dans le transport aérien avec aujourd'hui Air Inter qui est complètement arrêté à cause de la compétition internationale qui est très dure...

R. : Mondialisation, cela n'est pas dérégulation. Simplement, cela veut dire qu'en effet, ça n'est pas très facile de garder une situation de monopole, car une situation de monopole, ça finit par se retourner aux dépens de ceux qui en bénéficient ; regardez comment en Grande-Bretagne, British Airways a réussi formidablement et à se remettre à flot et à devenir une des compagnies les plus prospères du monde. Donc tout cela est possible. Il faut regarder le loin devant soi, il faut avoir de la combattivité. C'est ce que nous faisons.

Q. : Vous approuvez l'attitude Christian Blanc ?

R. : Je ne veux pas rentrer dans les domaines qui ne sont pas les miens. Moi j'approuve les entreprises qui acceptent l'ouverture à l'extérieur, qui acceptent la compétition internationale, qui se battent avec talent.

Q. : Donc, vous dites qu'il y a des places à prendre et qu'il faut se battre...

R. : Ça crève les yeux.

Q. : Sur la présence de M Tchernomyrdine, qu'est-ce qu'on a à dire, qu'est-ce qu'on a à discuter avec les Russes ? Que va-t-on dire ce soir ?

R. : Nous allons discuter avec les Russes, non pas dans la configuration, les Russes contre les autres, mais ensemble, à huit, comme nous avons discuté à sept sur les problèmes économiques, nous allons discuter à huit sur les problèmes politiques du monde, ce qui est maintenant la tradition de ces sommets des chefs d'État.

Q. : Est--ce qu'il s'agit donc d'un soutien ? Est-ce que le G7 vote pour Eltsine comme il a voté Clinton ?

R. : Le G7 n'a pas voté Clinton et ne vote pas Eltsine. Le G7 s'occupe des affaires qui sont celles du monde. Il est tout à fait normal que nous ayons parlé du terrorisme en priorité. Franchement, c'est la moindre des choses, ne serait-ce que par solidarité à l'égard du peuple américain et parce que c'est une priorité pour tous. Nous avons été victimes du terrorisme, nous pouvons l'être demain, être solidaires et travailler ensemble sur ce sujet essentiel me parait tout à fait important.
Maintenant, vis à vis des Russes, nous souhaitons, je vais vous dire quelle est l’intention de la France, c'est que la Russie soit le plus vite possible complètement intégrée dans la Communauté internationale et qu'elle s'y sente à l'aise. Alors on a fait beaucoup de progrès, il y en a encore à faire. Pour cela, il faut prendre en considération ce que sont les préoccupations des Russes, grande nation en Europe qui a des préoccupations qu'il faut écouter. Nous ne sommes pas là pour lui dicter sa ligne de conduite. Nous sommes là pour écouter les préoccupations des Russes.

Q. : Mais soutenir des réformes en Russie c'est soutenir Eltsine ?

R. : Non, il ne faut pas comprendre les choses comme cela. Je répète que je ne crois pas que la France doive choisir un homme. En Russie ce que nous souhaitons c'est le progrès et ce sont les réformes, c'est toujours plus de démocratie parce que je pense que c'est ce qui est bon pour la Russie. Mais en même temps, il faut sortir de cette attitude qui consiste à donner des leçons à l'univers entier. Il faut au contraire être attentifs à ce que sont les préoccupations des Russes. Les Russes aujourd'hui ont des préoccupations, ils ont le sentiment surtout qu'ils sont un peu méprisés par la communauté internationale. La France tend la main à la Russie parce que c'est un peuple ami.

 

Entretien du ministre des affaires étrangères, M. Hervé de Charette, à la chaîne publique japonaise « NHK » (Lyon, 28 juin 1996)

Q. : Monsieur le ministre, vous avez parlé ce matin-de la Bosnie avec vos collègues. Où en est-on de ce dossier ?

R. : D'abord, je voudrais dire que, de ce G7 à Lyon, l'information la plus importante pour les relations franco-japonaises, c'est l'annonce du voyage du Président Chirac du 17 au 20 novembre prochain. Nous nous y préparons avec beaucoup d'enthousiasme et nous y attachons une très grande importance.
Alors, vous me parlez de la Bosnie. Nous avons aujourd'hui et demain, pour ce qui est de nos travaux, à prendre des décisions très importantes : il s'agit de la date des élections en Bosnie, et nous voulons marquer l'importance de ces élections, comme une étape dans le processus de paix. Ensuite, il y a l'élimination de M. Karadzic et Mladic, qui doivent absolument quitter la scène politique comme l'exigent d'ailleurs les accords de Paris et il faut que cela soit exécuté dans les jours qui viennent. Ce sera le deuxième point... Et, comme vous le savez, la France propose par surcroit qu'on se prépare dès maintenant à ce qui se fera l'année prochaine, c'est-à-dire la poursuite de la mise en œuvre du volet civil des accords de Paris, qu'il s'agisse du retour des réfugiés - vous savez que seuls 70 000 réfugiés sont rentrés sur 1,5 million - et qu'il s'agisse aussi de la phase de reconstruction. Donc, trois décisions : les élections, l'élimination politique de MM. Karadzic et Mladic considérée par nous comme une absolue priorité, et enfin la préparation de ce que la France appelle la période de consolidation qui, après la fin de l'année 96, permettra de poursuivre et d'achever la construction de la paix.

Q. : Monsieur le ministre, deuxième question sur l'Asie. Il y a le problème de la Corée. Les États-Unis et le Japon veulent inclure ce sujet dans la déclaration. Alors que la Chine est plutôt contre. Quelle est la position de la France ?

R. : La France a proposé qu'il y ait un passage dans la déclaration des chefs d'État et de gouvernement, une déclaration politique à huit, qui soit consacrée en effet à la situation en Corée parce que c'est un sujet d'intérêt général pour la sécurité asiatique.

Q. : Et sur la Russie ? Comment s'est passé l'entretien ?

R. : Très bien. Vous savez, la Russie est actuellement en période électorale et donc c'est une période transitoire, mais ce qui est important pour nous, ce sont deux choses : d'abord, nous encourageons la voie de la réforme et la voie de la démocratie en Russie. Les Russes sont en train de choisir leur Président, c'est la première fois dans l'histoire russe que vraiment il y a débat et un choix. D'autre part, nous souhaitons tout faire pour faciliter et encourager l'entrée complète de la Russie dans la communauté internationale. Les Russes le souhaitent, ils ont le sentiment d'avoir été tenus à l'écart depuis ces dernières années, ils ont un sentiment d'humiliation, je crois qu'il faut avoir du respect pour la grande nation russe, c'est l'intérêt des Russes, mais c'est aussi notre intérêt et le vôtre que la Russie prenne sa place comme une nation qui se développe, qui choisit l'économie de marché, c'est l'intérêt de cette nation-là d'être pleinement dans la communauté internationale.

Q. : Sur la Russie, l'Allemagne ne cache pas sa préférence pour M. Eltsine, alors que le Japon prend plutôt la position de soutenir la réforme en général.

R. : Je crois qu'il faut éviter de prendre des positions pour un candidat ou pour un autre. Naturellement, nous avons de bons rapports avec M. Eltsine. Mais vous croyez que ça va changer la décision d'un électeur russe de dire ici à grands sons de trompe : nous choisissons M. Eltsine. Cela peut même pousser quelques Russes à dire : alors, nous sommes une grande nation, on ne va pas se faire dicter nos choix de l'étranger et à voter pour lui.
Franchement, ce qui est sage, quand on est un des dirigeants des nations du monde c'est de laisser les électeurs russes choisir leur Président.

Q. : Sur la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies.

R. : Cette question n'est pas directement à l'ordre du jour des travaux du G7, mais naturellement elle est dans l'air, on sait... Comme vous le savez, la France est favorable à la réforme du Conseil de sécurité de l'ONU. Nous savons bien que le Japon et l'Allemagne aussi souhaitent entrer au Conseil de sécurité, la France, clairement, est favorable à cette idée. Mais à côté de la réforme institutionnelle, il y a aussi la réforme financière, car malheureusement, faute d'un certain nombre de pays qui ne paient pas leur cotisation, en particulier les États-Unis qui ont un très grand nombre d'années de retard, l'Organisation des Nations unies est maintenant au bord de la faillite et donc, il y a la réforme des structures, mais il y a aussi des décisions financières à prendre pour sortir de cette paralysie.