Texte intégral
AFPA - Point Presse La Roche-sur-Yon – vendredi 12 juin 1998
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Directeur,
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
Tout d'abord je voudrais remercier Monsieur Yannick Guerin, directeur du Centre AFPA de la Roche-sur-Yon de nous accueillir dans ses locaux.
Je rappellerai la mission de service public essentielle que joue l'AFPA en concourant à la politique de l'emploi, notamment par la formation des demandeurs d'emploi.
La finalité de l'AFPA est de permettre à des personnes faiblement qualifiées ou à des personnes dont la qualification obtenue dans le système de la formation initiale n'est plus adaptée aux nouvelles technologies ou aux modes d'organisation du travail, d'acquérir, de maintenir, et de développer leur qualification tout au long de leur vie. En 1996 plus de 155 000 personnes ont suivi une formation à l'AFPA, et elle a dispensé plus de 50 millions d'heures de formation. Le prochain contrat de progrès qu'elle signera avec l'Etat améliorera et resserrera sa collaboration avec l'ANPE pour orienter et accompagner de manière plus individualisée, plus efficace les demandeurs d'emploi sur le chemin de leur insertion professionnelle. Cette rencontre dans les locaux de l'AFPA me permet d'évoquer ma visite dans l'entreprise SERTA.
Forte de 194 salariés elle consacre 4,8 % de sa masse salariale, soit 1,2 million de francs, à la formation professionnelle.
Je constate avec une grande satisfaction qu'en 1994, la société SERTA a accueilli 12 jeunes en contrat d'alternance : 10 étaient en contrat de qualification et 2 en contrat d'adaptation. Au terme de ces contrats ces 12 jeunes ont été recrutés par l'entreprise SERTA.
Cette année ce sont 8 apprentis qui sont actuellement au sein de cette société, 2 d'entre eux préparent un diplôme d'ingénieur, 1 un brevet de technicien supérieur, 2 un baccalauréat professionnel et les 3 autres un brevet d'enseignement professionnel.
Je souhaiterai m'attarder un instant sur ces contrats en alternance et d'apprentissage.
Les temps sont révolus où les connaissances et le métier appris à l'école conféraient à l'individu un statut professionnel pour la vie.
Chaque jeune doit désormais se construire son propre parcours dans un univers professionnel de plus en plus complexe.
La pluralité des voies de formation que constituent les contrats en alternance est, en l'espèce, particulièrement adaptée à la diversité des parcours auquel le jeune doit faire face.
Loin d'être une voie de rattrapage pour ceux qui montreraient moins de disposition aux apprentissages scolaires, les contrats en alternance sont une occasion offerte à tous de confronter ce qui a été appris à l'école à la réalité des situations professionnelles, en ce sens, une bonne école de l'insertion dans le monde du travail.
Dans un certain nombre de domaines les entreprises ont de plus en plus recours aux contrats de qualification pour compléter la formation déjà acquise par un jeune. De telles initiatives sont favorablement accueillies par les jeunes qui y voient une alternative positive à la poursuite d'études.
Quant à l'apprentissage l'exemple de la société SERTA illustre l'évolution de ces contrats. Ils deviennent de véritables filières de formation. La moitié des jeunes entrés en apprentissage en 1992 ont suivi plusieurs cycles successifs.
L'apprentissage est bien un mode de formation à part entière permettant de conjuguer poursuite d'études, premières expériences professionnelles et autonomie financière.
La société SERTA montre qu'aujourd'hui l'apprentissage concerne aussi des personnes d'un niveau de formation plus élevé : 75 % préparent un CAP ou un BEP et 25 % des diplômes supérieurs.
Pour ces deux entreprises que j'ai visitées aujourd'hui la formation professionnelle apparaît bien comme l'un des enjeux stratégiques prioritaires de leur développement.
Par ailleurs l'un des piliers de la réforme de la formation professionnelle sera bien la mise en place d'un système de validation des acquis professionnels.
Peut-on concevoir un système complémentaire permettant à chacun, tout au long de sa vie, d'accéder à une reconnaissance efficiente de ses acquis professionnels ? Il s'agirait par exemple, de définir des modules de compétences reconnaissant les savoirs, savoir-faire, savoirs être, acquis par le salarié tout au long de sa vie et reconnus partie prenante dans de futurs diplômes de l'Education Nationale.
Lors de ma prise de parole à la Mairie, ce midi, j'ai évoqué d'autres aspects de la formation des salariés en activité :
- l'inégalité d'accès des salariés mais aussi des entreprises devant la formation professionnelle ;
- l'évolution de la participation financière des entreprises depuis 1971 ;
- la formation comme outil stratégique du développement des hommes, des femmes et des entreprises ;
- l'alternance ;
Tous ces sujets, dans le cadre de la réforme que je prépare, méritent une évaluation. Ils doivent faire l'objet d'un diagnostic partagé, et doivent avoir comme objectif de rendre effectif ce droit – qui devient une exigence – d'une formation tout au long de la vie.
Je remercie tous ceux qui m'ont permis sur le terrain au travers de ma volonté d'écoute de mieux mesurer la plus-value apportée par la formation professionnelle aux entreprises performantes.
Discours à la mairie de la Roche-sur-Yon - Vendredi 12 juin 1998
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Député,
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
La réforme de la loi sur la formation professionnelle, souhaitée par le Premier Ministre et programmée en 1999 m'amène aujourd'hui à la Roche-sur-Yon.
Monsieur le Maire, j'ai déjà vécu une matinée riche d'enseignements avec la visite de l'entreprise SEPRO Robotique et la réunion de travail sur le bassin d'emploi de la Roche-sur-Yon.
Il est peu salutaire d'agir sans voir, sans écouter. C'est pourquoi la première étape de ma mission ministérielle intègre un travail de terrain centré sur un thème, à la rencontre des acteurs locaux, c'est du moins cette méthode que j'ai choisie.
Aujourd'hui à la Roche-sur-Yon, nous venons à la rencontre de PME performantes qui font de la formation de leurs salariés une politique d'entreprise à part entière. La société SEPRO robotique, que nous avons visitée ce matin, est à cet égard exemplaire. J'ai appris que cette entreprise de pointe de 184 salariés, dont 167 hommes, sur un secteur innovant, consacre 8,2 % de sa masse salariale à la formation professionnelle (contre une moyenne nationale toutes entreprises confondues, de 3,26 %), soit 1,9 millions de francs.
Elle est adhérente à l'Engagement de Développement de Formation conclu entre l'Etat et l'UIMM en 1996. La société SEPRO robotique a engagé dans ce cadre des dépenses à hauteur de 1,8 millions de francs au titre de son plan de formation dont 800 000 francs ont été conjointement pris en charge par l'Etat, l'Union européenne, et, fait remarquable, la Région des Pays de Loire.
En 1997, la société SEPRO robotique a fourni à ses 81 stagiaires 7 700 heures de formation.
De plus, elle a créé son propre organisme de formation qui dispense à ses clients les formations nécessaires à l'utilisation optimale et rapide des produits vendus.
Nous sommes ici dans un cercle vertueux, où les « formés » deviennent eux-mêmes formateurs, où les disparités s'estompent et où la formation, accompagne, soutient et porte l'essor de l'entreprise en favorisant sa constante adaptabilité aux besoins d'un marché en pleine évolution.
Mais ces entreprises performantes, ne reflètent pas la situation actuelle de la formation professionnelle dans la majorité des PME.
Aujourd'hui nous pouvons dire que le paysage « formation professionnelle » français s'est relativement stabilisé.
Stabilisé aussi quant aux disparités et inégalités et un constat s'impose, les PME-PMI forment moins, stricto sensu, que les grosses entreprises.
Je rappellerai en quelques mots, l'évolution de la formation professionnelle dans les entreprises depuis la loi de 1971. A cette époque, le taux légal de participation s'élevait à 0,8 % de la masse salariale et servait à financer des formations sur le temps de travail.
Les années 1970-1980 ont vu le démarrage de la loi, et notamment sa mise en route dans les entreprises. On remarque dès 1976 une nette croissance du taux de participation financière des entreprises, qui atteint 1,9 % en moyenne, et se situe déjà au-delà de l'obligation légale.
Les années 1980-1990 sont une période de modernisation de l'appareil productif des entreprises, caractérisée par des investissements lourds tant technologiques qu'organisationnels. La formation professionnelle se positionne dès lors, pour les entreprises comme un véritable outil stratégique, et la participation financière des entreprises au titre de la formation professionnelle continue à augmenter jusqu'à atteindre 3,20 %.
A partir de 1991, le taux effectif de participation financière des entreprises diminue alors que le taux d'accès des salariés à la formation professionnelle est en progression régulière et constante.
Cette situation s'explique par différents facteurs, la crise a conduit les entreprises à s'interroger sur les coûts de la formation et à faire pression sur les prix. Afin de diminuer les coûts de la formation et à faire pression sur les prix. Afin de diminuer les coûts, les entreprises ont mis en place des formations internes et la durée des actions de formation diminue.
Aujourd'hui si l'obligation légale est de 1,5 % de la masse salariale, le taux de participation moyen des entreprises est de 3,26 %. Or pour les entreprises de 10 à 20 salariés il est de 1,68 % alors qu'il atteint 4,90 % pour celles de plus de 2 000 salariés.
On peut également traduire ces inégalités autrement :
Le montant des dépenses consenties par les 2 386 entreprises de plus de 500 salariés, au titre de la formation professionnelle est de 29 milliards de francs, alors que celui engagés par les 109 797 entreprises françaises de moins de 500 salariés n'est que de 16 milliards de francs.
Le même phénomène s'observe sur le taux d'accès des salariés à la formation professionnelle. Si le taux moyen, (tous types d'entreprises et de catégories socioprofessionnelles confondus) est de 34,1 %, il n'est que de 8,1 % pour les PME de 10 à 19 salariées contre 49,6 % pour celles de plus de 2 000.
Ces chiffres parlent d'eux-mêmes, tels qu'ils sont, sans fard, sortis tout droit du traitement des données consignées dans les déclarations fiscales. Mais si les petites PME accèdent beaucoup moins à la formation continue, ce n'est pas pour autant que les salariés n'acquièrent aucun savoir, savoir-faire, savoir-être, au travers de leurs expériences professionnelles. Comment quantifier, évaluer, reconnaître ces formations « informelles » et pourtant constantes, liées à l'exercice du travail et amenant à la polyvalence à un champ de compétences élargies ? Ce sera l'un des objets de notre réforme.
Aujourd'hui et demain, la formation professionnelle à un rôle a jouée de plus en plus essentiel. Elle est appelé à devenir le fer de lance de la compétitivité des entreprises françaises sur le marché international.
L'enjeu de la réforme que je dois mener prend alors tout son sens.
Les PME qui représentent plus des ¾ des entreprises françaises doivent pouvoir accéder pleinement à la formation professionnelle, vous pouvez comptez sur moi, je m'y emploierai.