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Grand Canal Rhin-Rhône. Encore un petit effort
Décidément, les mois se suivent et se ressemblent pour les promoteurs du projet de Grand Canal. Impitoyables, les rapports officiels tombent, validant l'argumentation des opposants. En mars, c'est un rapport du Conseil général des Ponts et Chaussées qui met les pieds dans le plat, en contestant la rentabilité économique du projet. En avril, c'est un rapport mixte de l'inspection générale des Finances et du Conseil général des Ponts et Chaussées qui dénonce l'absence de concertation, revoit à la hausse le coût de la liaison, conteste les à-peu-près du dossier, en conclut à sa non-rentabilité structurelle. En mai, c'est au tour du rapport Balland de réjouir le cœur des opposants. Examinant l'incidence de la liaison à grand gabarit vis-à-vis de la loi sur l'eau, il préconise « une remise à plat généralisée du projet, suivie d'une étude d'impact, dont le processus de réalisation serait encadré par un Comité de pilotage regroupant tous les acteurs intéressés, ainsi que la relance d'un débat public en amont de toute décision politique sur le projet ». On ne saurait être plus clair !
Sur le terrain, le rapport de forces évolue vite. Chaque jour qui passe confirme le basculement des élus dans le camp des opposants au Canal à grand gabarit. J.-L. Reitzer, député du Haut-Rhin, et M. Voisin, député de l'Ain, ont ainsi pris à leur tour position contre Rhin-Rhône.
C'est dans ce contexte, et alors que vient de s'ouvrir, pour plus de trois mois, la consultation des habitants des régions concernées promise par C. Lepage et A. M. Idrac, que le collectif Saône et Doubs viants-WWF, dont les Verts sont partie prenante, appelle à manifester dimanche 9 juin à Besançon (2). Histoire de démontrer une fois de plus l'irréductible hostilité des Franc-Comtois à ce projet inutile, ruineux et destructeur.
(1) Avec les trois enjeux fondamentaux que sont la préservation des écosystèmes aquatiques, des sites et des zones humides, la protection contre les pollutions, et la protection contre les inondations.
(2) Rendez-vous à Chamars à partir de 11 heures : animations, musique, prises de parole, et manifestation à partir de 14 h.
Moins d'impôts pour qui ? pour quoi ?
En annonçant une baisse de l'impôt sur le revenu dans les cinq ans, Alain Juppé pratique ce que tant d'autres gouvernements ont fait avant lui, année après année, et d'autant plus allègrement que se profilaient à l'horizon de délicats rendez-vous électoraux : l'effet d'annonce. Difficile, à l'heure où j'écris, d'analyser de façon précise les propositions du Premier ministre. Difficile de saluer l'allégement des cotisations pesant sur le travail humain, grâce au transfert sur l'ensemble des richesses des cotisations d'assurance maladie, ou la réforme de la taxe professionnelle.
Car seuls comptent les actes. Et, autant, sinon d'avantage que les principes avancés, les modalités de mise en œuvre des politiques.
La philosophie d'ensemble est connue. Le gouvernement d'Alain Juppé, tournant le dos aux promesses démagogiques – et largement incohérentes – du candidat Chirac à la présidentielle, s'est donné pour mission de satisfaire aux critères de convergence de Maastricht. « Priorité à la réduction des déficits », augmentation de la TVA, mise en place du RDS, telle est la réalité. Alors que la prestation autonomie destinée aux personnes dépendantes est reportée aux calendes grecques, que la grande politique de la ville – le « plan Marshall pour les banlieues » annoncé fièrement il y a quelques mois – se réduit à la sélection de trente neuf zones franches et au redéploiement de crédits permettant la rémunération provisoire de quelques milliers de personnes, et que des voix s'élèvent pour que disparaisse le CIE cher à Chirac, dont le coût s'avère évidemment exorbitant au regard du nombre d'emplois nouveaux créées...
Tailler dans les dépenses publiques pour pouvoir baisser les impôts… la proposition est profondément ambiguë, alors qu'une campagne de dénigrement des fonctionnaires et des services publics bat son plein.
On ne le dira jamais assez : l'impôt sur le revenu est l'impôt le plus juste qui soit. Et s'il fait mal au portefeuille d'un ménage sur deux, c'est avant tout – moyennant une remise à plat des multiples exonérations qui en déforment l'impact – un formidable outil de redistribution des richesses. C'est le moyen de la solidarité et de la responsabilité. Santé, culture, recherche, enseignement, environnement… la liste est longue des secteurs qui pâtissent déjà des choix de monsieur Juppé.
Six mois après les mouvements de décembre, la semaine d'action qui débute, à France Télécom, à EDF, à la RATP, à la SNCF… est l'occasion de prouver à nouveau notre attachement aux services publics – et aux personnels qui les font vivre.