Déclaration de Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication, sur les soutiens publics au développement du multimédia en Europe, Stuttgart le 27 avril 1998.

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Circonstance : 6ème congrés allemand du multimédia, à Stuttgart, le 27 avril 1998

Texte intégral

Monsieur le ministre-président, Messieurs les présidents, Mesdames et Messieurs,

Je voudrais tout d'abord remercier la société Springer de m'avoir conviée à l'ouverture de ce 6e congrès allemand du multimédia, et vous dire, cher Erwin, le plaisir que j'ai à vous retrouver à cette occasion.

Je tenais beaucoup à être auprès de vous ce matin pour plusieurs raisons.

Tout d'abord parce qu'il existe des liens très étroits entre l’Alsace et le Bade-Wurtemberg, entre les villes de Strasbourg et de Stuttgart. Les contacts institutionnels et personnels sont nombreux, ils concernent tant les entreprises que les artistes et les citoyens. La route qui mène de Strasbourg à Stuttgart, et de Stuttgart à Strasbourg, est désormais devenue une voie naturelle.

Par ma présence auprès de vous, je tenais également à témoigner de l'intérêt que nous portons, en France, à toutes les innovations qui voient le jour en Allemagne, et c'est avec une grande curiosité que je vais tout à l'heure découvrir le stand du salon du multimédia.

L'Allemagne est l'un des pays européens qui a le plus rapidement anticipé les enjeux extraordinaires de la société de l'information. Très tôt, vous avez veillé à développer les infrastructures, l'accès aux réseaux, les nouveaux services… À cet égard, l'action que vous menez, Monsieur le ministre-président, à travers « l'Initiative media pour le Bad Wurtemberg » est exemplaire. Et je partage avec vous le souci de favoriser l'essor du marché sans oublier que le multimédia représente également un enjeu de société est un enjeu culturel.

L'émergence de la société de l'information se manifeste en effet par un ensemble de transformations profondes qui ont de fortes répercussions sur notre économie, mais aussi sur la vie des citoyens.

L'accès des citoyens européens à l'internet correspond fondamentalement à la mise en œuvre d'un nouveau progrès dans la liberté d'expression et de communication.

Elle doit correspondre aussi à une appropriation culturelle du réseau, à travers une offre de contenus riche et attrayante, et la possibilité de maîtriser ces nouveaux moyens d'expression et de communication.

Il est absolument décisif, à cet égard, que l'industrie de l'information européenne produise des contenus et des services, de qualité et diversifiés, pour le multimédia en ligne et hors-ligne. C'est là un des moyens pour rééquilibrer les échanges de l'Europe avec les États-Unis, tout en garantissant un développement culturel du multimédia adapté aux besoins des publiques européens.

Dans cette perspective, le sens de l'intervention des pouvoirs publics est clair. L'État doit favoriser l'accès du public et la formation des utilisateurs. Les services publics de la culture et de la communication doivent associer leurs efforts à ceux des entreprises pour faciliter l'édition de contenus, qui doit bénéficier, non seulement d'un environnement juridique favorable, mais éventuellement d'un soutien de l’État.

Il revient aussi à la puissance publique de garantir un fonctionnement démocratique de la société de l'information, d'éviter la mise en place d'une société de l'information à deux vitesses.

Ce sont là les principes qui ont guidé le programme d'action gouvernemental pour préparer l'entrée de la France dans la société de l’information, lancé en janvier dernier.

Sans aucun doute, l'Allemagne et la France, l'Europe dans son ensemble disposent d'atouts considérables pour réussir cette transformation, et combler progressivement les retards actuels : la richesse de notre patrimoine, la vitalité de nos créateurs, le dynamisme de nos entreprises nous autorisent à être ambitieux.

Lors des discussions récentes, suscitées par la parution du livre vert de la Commission européenne sur la convergence, j'ai eu l'occasion d'affirmer que l’Europe devait, non seulement, faciliter l'unification et l'élargissement du marché du multimédia, notamment en matière réglementaire, mais aussi qu'elle devait promouvoir une politique culturelle commune, c'est-à-dire une politique européenne des contenus et des services pour le multimédia, nécessaire en particulier pour compenser la fragmentation culturelle et linguistique de l'Union européenne.

Toutes ces transformations sont au cœur de votre congrès. Je souhaite que vos discussions soient fructueuses. Pour les raisons que je viens d'évoquer mais aussi parce que la société de l'information ouvre au dialogue franco-allemand des perspectives nouvelles : à l'avenir, nous communiquerons mieux, plus vite, sans contrainte de temps ni de lieu. Si nous y veillons, et nous y veillerons, les technologies de l'information et de la communication nous aideront à développer le sentiment d'appartenance à une communauté de destin.